WALLABIRZINE

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Tag - rock lunaire

Fil des billets

samedi, mars 2 2024

OLIN JANUSZ - Please Leave Quietly


OLIN_JANUSZ_-_Please_Leave_Quietly.jpg

"Please Leave Quietly" c’est 9 titres de du Slowcore, folk’Alt-Country, ça parle des hommes sous la pluie, dans la neige, de leur nuit sans sommeil avec une sensibilité que la modernité a flingué sans sommation d’une balle dans la nuque.

Prendre ce chemin de traverse avec Olin Janusz c’est traverser les méandres bucoliques d’instants de vie, difficiles, d’incompréhension, ou autres…Mais surtout un disque de compassion, dans le sens d'accepter ce qui est (Let It Be des Beatles), en tout, et en chacun, inscrit sur le mode de la confession. La musique suit ce chemin, avec des mélodies chamarrées d’accords mineur, des cordes luxuriantes, une pedal steel arachnide tissant le sel à absoudre sur fond de tempos languides. Le grain vocal puise dans un ton grave une sobriété languide et atrabilaire. La musique est une ode à la lenteur intimiste, vulnérable, faisant crépiter le feu intérieur façon Lambchop, Arab Strap, Smog, Tindersticks, Sparklehorse.

Elle est aussi vivace qu’une ombre enténébrée dans un sanctuaire où l’on arrive à percevoir de cette noirceur les étoiles blanches, imperceptibles mais palpables dans une nuit automnale. Quand la haine, la rancœur, la colère éteignent notre soleil intérieur, l’unique lumière allumée des souvenirs revient avec la quiétude de l’amour. Nick Cave l'a saisit, Olin en perpétue la clarté, l'éclat, l'illumination.

Olin Januz transporte ses reliques en étoile rêveuse accoutumée à la tristesse et aux fleurs des cimetières, mais il atteint surtout ce spleen où la peine est une plaine dans laquelle on laisse ses regrets derrière soi, pour poursuivre avec sa mélancolie une indépendance et connexion à tout.




mercredi, janvier 24 2024

OFF TO THE LUNA - The pond, The Fire, And the Macrocosm


To explore or to loose the way - 13

« La liberté est quelque chose que vous êtes, pas quelque chose que vous avez » Corrado Malanga

Le premier E.P du trio Off to the Luna (Jazz, Classique, Électronique) composé de Santiago Gervasoni, Matis Regnault et de Simon Brunel vient faire déambuler une cinématique musicale teintée d’onirisme, dans une absolue de fragrances mélodiques. Son âme est là où tu gardes le cœur de ton univers étoilé et l’essence des feux de la passion.

« The pond, The Fire, And the Macrocosm » sorti le 17 Novembre 2022, chez Daydream Music, en partenariat avec Étincelle Production, exprime langages et sonorités acoustiques et électroniques. En 5 titres il est ce vecteur d’un trip introspectif et d’une harmonie subtile, où le trio sonde une liberté de ton, s’affranchit des marges et fait voyager sa musique dans l’échappatoire du vol d’un oiseau, dans la fluidité hypnotique de l’eau d’un ruisseau, d’un funambule dans l’éther des rêves, d’une âme douce dans un monde plein de rochers saillants, d’un baume de lune qui apaise et est aussi lumineux qu’un soleil qui brûle.

Off to the Luna réunit de ce voyage instrumental les pellicules imagées qu’elle fera apparaître de votre sensibilité, par une peinture de couleurs, de sculpture de contrastes tout au long de vos errances poétiques.



dimanche, janvier 21 2024

CECILE SERAUD - Xaos


CecileSeraud_Xaos-Digisleeve.indd

Tous les choses que nous oublions crient à l’aide dans nos rêves. Certain.nes d’entre-nous cherchons dans les montagnes musicales les endroits inconnus qui manquent à nos expériences pas encore vécues, pour des moments que nous figerons dans la nostalgie de notre existence souterraine. Comme l'écho d'une suspension, d'une errance, et de son oubli silencieux et magnifique, sans retenir la moindre larme émotionnelle.

Cécile Seraud est une pianiste et compositrice basée à Lorient (Bretagne), et son premier album “Shoden” sort en 2020 sous influence musicale de Yann Tiersen.

Elle vient en nomade suspendre la mélancolie brumeuse de Mum, Sigur Ros, Arvo Pärt, Ólafur Arnalds pour ce second opus, fruit de trois années de travail et de belles collaborations (Thomas Poli, Gaëlle Kerrien...), enregistré par Sylvain Texier (Ô Lake) où résonnent les fractures contemporains, ces terres de l’intime glacées d’incertitudes, d’une nostalgie fragmentée par des éclats de joie. La rémanence des notes au piano danse sur des flocons minuscules de violoncelle, voix, guitare et ce disque mélancolique d’une sobriété élégante est muni d’une humilité raffinée.

Xaos » signifie le chaos en grec, l’infinité de l’espace, l’obscurité, les ténèbres, ce qui est désordonné et n’a pas encore de sens. Mais son étymologie rappelle que c’est aussi le premier état d’un monde nouveau, le commencement avec tout ce que cela comporte d’effervescence créative parce que comme le dit Albert Camus : « Créer, c’est aussi donner une forme à son destin. »

Happé par les géographies secrètes de Cécile Seraud je sens encore les brumes musicales aux pas étouffés dans la neige qui guettent sous les portes ombreuses au passage des fantômes. Dans cette densité de spleen aux reflets de lac de montagne où flottent parfois des cendres, la pianiste égrène et tisse des vertiges que l'on malaxe dans les ombres lacrymales, dans l’immensité interstellaire que notre âme pianote sur terre en quête de prémonitions et de sensations émotionnelles.



vendredi, décembre 22 2023

ROBOT ORCHESTRA – V


Robot_Orchestra_-_V.jpg

Le cinquième album de ROBOT ORCHESTRA « V » est muni de 6 titres de post-noise furieuse, de krautröck incantatoire progressiste, et de mathpop atmosphérique.

La charpente mélodique du duo Steve Perreux (guitare, chant) et Dimitri Chaillou (batterie, chant) translate une intelligence rêveuse, une aptitude à l’invisible marquant une présence intense reflétant la typographie de sa propre intériorité.

L’album est fleuri de mélodies tubéreuses, avec une texture versatile, parfois capricieuse, sa singularité constitutive forme des filaments de renversement sonique, pour un rock mutant et pénétrant par ses multiples métamorphoses. Les chants polyphoniques ajourent le voyage ainsi que les apports de Johan Gardré (violon) et François-Pierre Fol (violoncelle), pour une géographie de mémoire que le duo a mis en musique de ses dernières tournées.

L’œuvre musicale est complexe et fluide, elle fluctue son onde, tout comme son émanation dans cet équilibre si rare, symbole filial de Radiohead, Godspeed You Black Emperor à Fugazi, apportant le recueil onirique à une sensibilité visible et sincère.

« V » de Robot Orchestra sortira le 16 Février chez Season of Mist /Klonosphere comme un désir qui dérive sa furie à travers un paysage apaisé de rêve sonore, son écho laissera traîner ses passions soniques en vous, comme se consomme un feu d’été.



samedi, novembre 25 2023

Le tumulte de la Botanique païenne au théâtre


titre_1.jpg titre_2.gif


Le 21 Novembre l’association Toulousaine Noiser s’était délocalisée à la salle Altigone à Saint-Orens-de-Gameville, la programmation proposée marchait dans une forêt épaisse, souvent sombre, mais tout le temps percée de lumière. Trois groupes ont joué, pour trois filles au chant et pas un bassiste.

Nous étions assis, et pour mon épouse Samantha c’était une première de vivre un concert de la sorte. Elle a eu la sensation d’être davantage éprise par la musique, car son corps était en pause, et son esprit en éveil : « Le fait d'être assise c'est comme si tu étais attachée et que l'on te faisait des chatouilles consenties . Tu prends toute la musique sans que ton corps puisse en dégager l'aura, tu gardes tout dans tes profondeurs et la circulation vibratoire est différente. » Dixit Samantha


lys_morke_1.jpg

LYS MORKE se présente en duo. Elle chante, joue de la guitare, pianote, belle voix avec parfois un chant autotuné, et un acolyte l'accompagne pour la partie rythmique.

Lys Morke (de son vrai nom Irene Talló) est une auteure-compositrice-interprète, guitariste et artiste visuelle de Terrassa (à côté de Barcelone), elle propose une dark indie électronique à travers les prismes de ce mélange hétérogène 2.0. La sensation d’avoir une actrice de Pedro Almodovar mise en scène par Massive Attack avec les atmosphères poppy de Grimes, épaulées par des projections vidéos. Son univers est riche et finalement assez équilibré pour ne pas se perdre dans un fouillis farfelu et trop pop.

Le côté intimiste se retrouve dans la sensation profonde des morceaux, et non dans ce qu’il pourrait restreindre un duo, tant les titres offrent une étendu de relation sensible, d’épaisseur électro, dans le chant mélodique. Le duo offrira un bel équilibre, même si le caractère intime sera préféré à l’effervescence de titres plus poppy. Lys Morke nous a offert son trip, et il était étrangement cool avec une intimité qui possédait la lumière d’un cœur pur.


1.gif 2.jpg

A.A.WILLIAMS est une artiste anglaise proposant une musique à la croisée du Post-Rock, du Metal et de la musique classique, le tout teinté d'une ambiance gothique.

C’est en trio avec un guitariste (lignes claires et solos), elle au chant et guitare (souvent jouant soit des riffs soit les parties basses) et un batteur. Si au début le chant est à peine audible il deviendra plus important et son caractère primordial abondera à ce que nous nous apaisions sur de la poudre à canon et dans une tourbière pleine de venin aiguisé. Même si parfois l’on s’ennuie un peu tant les titres sont fabriqués dans la même essence, cette douleur ankylosée coulera par des applaudissements polis, puis par davantage d'apothéose au fil du set Si la plupart des titres allongent leur mouvance et flottent paisiblement, il n’est pas rare que soudainement une explosion se fasse entendre, et aura fait sursauter les trois donzelles juste devant moi, pour ébahir dans un magma de puissance et d’intensité que le post-rock et blackgaze en émettent la solution fuligineuse.


aa_williams__2_.jpg

Le concert nous aura fait plonger les yeux vers la canopée avec ces châteaux gothiques marbrés de satin et d’hémoglobine intimiste, que A.A Williams peint. Elle a une très belle voix au final. J’avais pu en apprécier la teinte au Hellfest.

J’aime cette douce odeur de foudre qui m’entoure dans des forêts éteintes et des bois calcinés de dark. Une sorte de pourriture paillée, profonde et riche qui n’a aucune connotation de mort ou de fin, mais plutôt de vie romanesque chargée de plainte et de douleur excitante, avec son expression sentimentaliste de destruction perpétuelle et de renaissance.

Dans le faible clair obscur qui a épousé le fiel, la tourmente autour de la chapelle de AA Williams, les tombes effondrées et les ossements secs ne pouvaient faire de mal à personne. Je me suis demandé, mais quelle langue parle la lumière de ses yeux quand elle sombre dans les ténèbres avec un tel ravissement ?

AA Williams a cueilli ses lys sauvages pour nous suspendre à sa force de chèvrefeuille gothique, et de son cœur saignant elle a été étoilée par une pleine Lune magique pour nous dévoiler ses confessions vulnérables.


blood.gif


kalandra_1.jpg

KALANDRA est un groupe de pop alternative nordique composé de quatre musiciens norvégiens et suédois (Jogeir Daae Mæland, Katrine Stenbekk, Florian Döderlein Winter et Oskar Johnsen Rydh) qui tissent des mélodies éthérées dans des paysages musicaux païen serti de pop rock incantatoire.

Entendre ce feux musical de firmament, d’éternité et d’infini est un spectacle intense à entendre dans le creux de votre sensibilité pour que les étoiles dialoguent ensemble. Il émane de ce groupe une présence translucide emportée vers les hautes étendues sauvages.

Nous avons été étourdi.es par ce rêve d'opium, par la clarté d’une lune et le parfum des bois sombres, le soleil païen, des chants d’oiseaux, l’embrun des roses et des genêts à l’aurore. Notamment avec l’apport de ce chant absolument envoûtant. Le groupe parle dans la douceur des fables, et ses racines descendent jusqu'aux profondeurs du monde, à travers la terre humide, à travers les veines de plomb et d'argent. Nous étions tout de fibre dans ce parfum des racines et des feuilles, dans l'odeur épaisse de la sève du sapin, dans la noirceur d’une forêt où l’on contemple les ténèbres au bord du précipice, avec les tremblements de la voie lactée comme souffle épique.

J’ai vu ce groupe au Hellfest, et le public avait été happé. Il en sera de même, même si techniquement il y aura des couacs, le concert reste inoubliable, avec au milieu de la lune et des roses, la belle sensation de sentir l'herbe chaude qui chantait la demeure du vent. Mes pieds étaient nus et je sentais grandir à travers moi, directement dans mon cœur les empreintes d’une lumière immémoriale, réminiscence des peuples anciens, de ces jours écarlates et nuits incantatoires où l’homme faisait l’amour à la nature.

Nous étions transporté.es dans toutes les forêts du monde qui ont gardé le mystère de chacun de nos pas dans la douceur de leur mousse rhizoïde, permettant l'ancrage du substrat vers les pétales du cœur de chaque personne, désormais en fleur.


kalandra_2.jpg

L'asso Noiser est n'est pas un prestataire de concert c'est un passeur d'âmes !

Un grand Merci infini et éternel à toute l'équipe Noiser, à la salle Altigone et leur personnel, à Lys Morke, AA Williams et Kalandra pour cette très belle soirée.


lys_morke_2.gif


vendredi, novembre 24 2023

SLOWDIVE – Everything Is Alive


SLOWDIVE___Everything_Is_Alive.jpg

Je suis hanté par le shoegaze contemplatif de Slowdive.

«  Everything Is Alive » est le cinquième album studio du groupe de rock anglais Slowdive , sorti le 1er septembre 2023 via Dead Oceans. Il s'agit de leur premier album en six ans et du deuxième depuis leur reformation, après leur album éponyme sorti en 2017. Le groupe Mojave 3 formé en 1995 par Rachel Goswell et Neil Halstead lors de la séparation de Slowdive avait proliféré une nuance, mais jamais l'éclat brumeux du shoegaze.

Slowdive est entré en studio en septembre 2020 pour commencer l'enregistrement  Pendant la pandémie, le groupe a subi la perte de la mère de Rachel Goswell et du père de Simon Scott .Neil Halstead  a écrit toutes les chansons de l'album, a déclaré que la musique était plutôt une « évasion » de l'obscurité que traversaient les membres du groupe. Goswell a lutté contre l'alcoolisme à la suite de son chagrin avant d'entrer dans la sobriété. "Je pensais que ce serait un disque assez sombre, mais une fois que nous nous sommes réunis en tant que groupe, je pense qu'une partie de cette obscurité s'est dissipée et que certains morceaux sont devenus un peu plus légers", a déclaré Halstead. 

Ici la maturité et la profondeur du sentiment transcendent le genre et le style avec la nébuleuse grisâtre du « Faith » de The Cure, et le « Forest Fire » sous codéine de Lloyd Cole And The Commotions. L'halo tellurique de Slowdive est teinté par des textures émotionnelles, des voix vaporeuses, une réverbération sonore, avec des diamants de riff brumeux, et puis surtout une amplitude d'electronica amplifiant texture et saveur, hauteur et chaleur, torpeur et rondeur, créant une myriade d'épopée sonore frémissant de saveur. L'album est né du foisonnement que Halstead a écrit avec des synthétiseurs modulaires en 2019 pour un disque solo électronique. 

Munit d'une plastique synthétique « Everything Is Alive » nage dans les cumulus nimbus les voies de l'âme humaine, il chanfreine leur musique d'une traversée chimérique et désertique, expérimentale et accessible, débordant d'atmosphère aqueuse, pour ne pas dire intra-utérine, dans une profondeur d'émotions ouatées. Bien entendu le disque est méditatif, il estompe une impression vaporeuse nuancée par des titres longs, et se délestant de chair musicale pour apparaître lumineusement squelettique.

Cosmique et onirique jamais Slowdive n'était apparu aussi solaire dans sa merveilleuse voix lactée émotionnelle et son spleen sonique.




- page 1 de 3