Kevin Gourdin, l’ancien chanteur de The Decline et celui de Slim Wild Boar a sorti avec « Mud & Concrete » une plongée dans la noirceur du folk ténébreux. Premier album via Brainstorming Records / Kismiaz / Abracadaboum de son nouveau groupe Drama King dont il a composé et enregistré (presque) tous les instruments en studio.
Si Lana Del Rey a réhabilité des étoiles dans la crème Américaine, Drama King fait de même avec l'Armorique baigné d'une lumière de basse saison. “Là où j'habite, les classes populaires côhabitent avec des gens plus aisés. Enfin côtoient surtout leurs maisons vides, occupées pour certaines que quelques semaines à l'année. Silent homes parle de ces maisons au volet closes qu'on ouvrira bien un jour ou l'autre pour y habiter ou au moins y faire résonner des rires, de la musique, la vie...” Dixit Drama King.
Le chant de crooner dépouillé habite le corps musicale avec une folk profondément ancrée dans les racines musicales anglo-saxonnes pour fleurir en beauté obscure, comme Tom Waits, Sivert Høyem, Nick Cave, Me and That Man, Wovenhand, 16 Horsepower. De légères teintes gothiques joliment fantomatiques habitées par la Foi du spleen peignent dans des ballades sombres et électriques la précarité, la montée de l'extrême droite mais aborde aussi des thèmes plus intimes comme la paternité ou la santé mentale. Le disque déroule ses rites anciens, ses mélodies planantes pour cœur chaloupé sur lesquelles se greffe une ambiance très personnelle, souvent céleste.
Les sentiments sont des forces en soi, féroces et indomptables. Peu importe comment nous essayons de les maîtriser, ils surgissent en nous, déclenchant des tempêtes qui ébranlent le cœur même de notre être. Ce disque de veilleuse noire garde les mystères de sa pureté musicale. Nous pouvons les couvrir de silence un temps, mais nous pouvons les cachez dans la tranquillité de notre flamme avec lumière, tant « Mud & Concrete » est tranchant d'extases. Il ne regarde les arbres se balancer dans le vent qu'avec les poings serrés pour avoir aspirer tant de venin, et dans un regard mélancolique avec du sucre sur les lèvres. Avec de l'encre dans le sang pour retranscrire la beauté contre des tables capricieuses et collantes de vie, Drama King bouleverse et jette l'ancre dans un océan de mélancolie.
Vous écouterez ce disque certainement à la lumière du jour, et tout vous paraîtra différent. Je crois que ce disque fait ressentir l’obscurité aussi poignante qu’aiguë, et il me semble même qu’il commence à vivre qu’après le coucher du soleil et l’apparition des étoiles. C'est un très beau disque de sensibilités, il peint des histoires que la musique met en image, et les mots qu'ils déversent sont des travelling avec lesquels on s'inonde des maux de la classe laborieuse comme ils disent, dont la devise né pour ne pas vouloir/Forcé de devoir creuse son épuisement mais pas sa quête de beauté dont ce disque en émet toute la chaleur humaine.