MESSA – The Spin
Par Bir le mercredi, mars 26 2025, 07:00 - chronique de disques - Lien permanent
L’âme sombre de Messa danse avec les papillons goth et pousse dans les orchidées sauvages. Écrit pendant six semaines de sessions quotidiennes dans une villa vieille de 500 ans près de la belle ville natale du quatuor, Bassano Del Grappa (VI) dans le nord de l'Italie, Messa a appliqué une exigence scrupuleuse au processus pour trouver un nouveau langage, comme à chaque album.
Le groupe composé de Sara – chant, Marco – guitares/basse, Alberto – guitares et Rocco – batterie, a cette fois enregistré dans trois lieux et à des moments différents. Si la palette sonore des Italiens provient du jazz et du blues, du punk et du prog, du black metal et de l'ambient sombre, afin d’élargir leurs horizons sonores l'influence de ce disque remonte aux débuts du rock gothique/dark wave, avec Sisters Of Mercy, Virgin Prunes, mais ausi Killing Joke, Mercyful Fate, Jimmy Page, Journey, The Sound, Boy Harsher et Vangelis comme ayant eu un impact significatif sur la création de ‘’The Spin’’.
Le groupe a déclaré : "Les premiers que nous essayons de surprendre, c'est nous-mêmes. "Cela semble bizarre, mais nous nous efforçons vraiment de sortir de notre zone de confort et de devenir de meilleurs musiciens, compositeurs et interprètes. Il doit toujours y avoir quelque chose que vous n'avez jamais essayé auparavant. C'est de plus en plus difficile à chaque fois".
Pour obtenir le son authentique Messa a assemblé des équipements originaux des années 80 pour fonder l'architecture de l'album : "de la batterie et des amplis à la console de mixage, aux effets de chorus, aux réverbérations et bien sûr aux pianos et synthétiseurs de l'époque comme le CP80 et le Juno 106".
Les titres fondent dans une tendresse fantomatique avec un son qui hante les cœurs brisés, jonchés d’étoiles tragiques et déchues. Dans ce maelstrom doomy fait de tempêtes silencieuses qui s’éloignent, Messa parvient à dire dans son suaire goth bluesy ce que beaucoup hurlent avec fureur. La délicatesse omniprésente est ici peuplée d’orages doux. La flamme vive est réconfortante dans tous les atours ténébreux. L’opus rend muet d’admiration pour marquer la quête de soi avec toute la fragilité en une poésie sonore.
La chanteuse Sara a commenté son interprétation et ses paroles : « Pour ce disque, j'ai renoncé à une partie de ma propre santé mentale. On ne peut pas mentir quand on chante. Mon but était d’enregistrer mes parties de la manière la plus honnête possible. Au niveau du mix, les voix sont plus mises en avant, à la manière des années 80. Les paroles abordent de nombreux sujets tout au long du disque : la destruction de son ego, l’amour maudit impossible, l’abandon de soi-même, les attentes des autres, l’auto-sabotage, la résurrection. Pendant notre tournée aux États-Unis, j’ai relu quelques livres de Cormac McCarthy. C’était crucial pour ouvrir la voie à laquelle je voulais m’exprimer. Je pense que les paroles cette fois-ci sont plus « directes ». J’ai utilisé des métaphores comme je l’ai toujours fait, mais je voulais être plus nu et plus brut verbalement. Je n’ai jamais parlé aussi clairement dans nos précédents disques d’insécurité, de misère, de malaise, d’angoisse et de détresse. »
Cette musique de brume puissante et majestueuse ne blasphème pas, elle sourit doucement et silencieusement avance vers l’obscurité d’un pas caressant, marquant dans sa tendresse un envoûtement spectral. Messa possède cette puissante maturité et sait être calme, son mystère est dans ses os, sang et chair, se révèle et touche en profondeur.