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mercredi, février 21 2024

Journey Through the Fire


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Samedi 17 février l’asso Pollux organisait une soirée sous l’égide du renforcement musculaire à Albi avec les groupes Starfox, Akiavel et Crisix, dans un cadre propice à la fête sûre et bienveillante, du respect des choix de chacun.e, avec la volonté d’être à l'image de la société d'aujourd'hui : mixte, engagée et soucieuse d'un monde plus égalitaire et écoresponsable.

Départ de Castres punk city avec le triangle isocèle oim, waz et steph. Vers 21h15 nous arrivons à la capitale du Tarn, mes compères déversent un litron de cervoise en se dégonflant comme une baudruche Led Zep ( taaaadantatadan, tatatan tatatan…), une demi-heure plus tard nous rentrons à l’Athanor, salle de concert. Je retrouve Papaix des Dirty Fonzy et de l’Xtremefest, je le questionne sur le gros projet de l’espace culturel à l’ancienne cimenterie de Ranteil à la sortie d'Albi, qui se trouve judicieusement et idéalement placé sur l’axe Albi-Castres, et très proche de la sortie autoroute Toulouse et rocade Albigeoise. Ce complexe sera muni d’une salle de concert/spectacle de 400 personnes toujours dans une démarche de démocratisation des pratiques musicales en lien avec les musiques actuelles et amplifiées, pour sensibiliser et encourager la pratique musicale, la rendre accessible à toutes et à tous et créer du lien social ; d’un restaurant, bar, luthier (je suppose que c’est babach), un brasseur.

Leur dernier projet accompli fut l’Estafette, une guinguette-véhicule itinérante amenant un espace scénique, facilement montable à travers le Ségala pendant toute la saison estivale.

Pour en connaître davantage sur les projets, événements de Pollux, il existe l’émission de radio Pollux Mag FM en direct tous les 4èmes lundis du mois, à partir de 20h sur Radio Albigés (104.2 et 95.4FM). Rediffusion le jeudi, de 22h à minuit sur Radio Albiges, le premier jeudi du mois de 21h à 23h sur RDautan et sur Radiom. Deux heures de musique, de live, d’actus et bien plus encore, en compagnie de 3 invités : un artiste local (en live en fin d’émission), un.e acteur.ice culturel et un bénévole de l’association !

Podcast


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Nous avons raté le set de STARFOX, basé à Albi et influencé par le heavy metal de Los Angeles, le hard rock Anglais et le néo metal. Par contre nous arrivons pile poil pour AKIAVEL.

Leur black death metal influencé par Gojira, Morbid Angel, Deicide, Testament, Behemoth démontre dans son caractère intrinsèque un Alice Cooper 2.0. La charismatique chanteuse Auré performe au chant plusieurs grains de growl, ses yeux sont des herses machiavéliques très expressionnistes, et elle conte des histoires sanguinolentes. Le trio guitare, basse et batterie est dans un mode impressionniste apportant lumière et chaleur à la toile, sanguinolente, je le rappelle. Ne cherchez pas d’ombre sur scène le groupe porte sa croix inversée à l’intérieur des racines du mal.


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Un froid sépulcral sortait des enceintes en même temps qu’un épais brouillard de riffs d’acier et de fonte rythmique, le groupe ouvrait les portes des incantations en les refermant d’un coup de détonation et d’un rire maléfique. Nous entendions dans cette émanation mystérieuse la brise féerique d’une lame forgée dans l’acier lunaire. Des yeux de prières silencieuses auscultaient le dôme d’un délice de feu pendant que le groupe dans une posture d’apôtre de sanctuaire maléfique perçait la rage dans une fureur de catacombes. Vous entendiez le tonnerre car Akiavel voulait des tempêtes, des débordements dans son écume satanique.


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J'ai bien en apprécié leur set, jutant des éclairs de fonte oldschool et de lave de death moderne, et sur leur stand leurs vinyles avec des illustrations macabres étaient de toute beauté.

Si leur album concept « Væ Victis » de 2021 a remué la psyché humaine dans des vertiges de chaos sombres et de maelströms deathaliques, l’opus de 2022 « Veni Vidi Vici » a transpercé sa fulgurance par une approche plus moderne et mélodique, et plus chaude. Sur scène c’est écrasant, avec le contraste de breaks efficaces, le conte de sociopathe sera une supernova thermonucléaire avec des nuages stellaires projetées et qui s'estompent dans un bain de sang. Akiavel nous a fait prendre son Welcome to My Nightmare macabre et ‘’théâtral’’ à la sauce contemporaine du death, avec plusieurs strates de sonorités et d’émulsions émotionnelles, travaillant son matériau autant à l’intérieur du sensitif qu’au corporel extérieur (surtout dans le pit avec circle pit, slam et autres pirouettes).


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CRISIX est un groupe de thrash metal formé en 2008 à Igualada en Catalogne Espagnole. Le groupe vient de la vague revival du thrash, donc oldschool, plein fer. Ne cherchez pas plus loin, c’est du D.R.I, Nuclear Assault, Anthrax, Exodus, et Destruction pour le chant qui part dans les octaves façon feux de bengale à la Judaaaaaaaas Priest.



Leur homologue Angelus Apatrida de Castille est plus orienté vers Megadeth, Overkill, Metallica donc plus heavy prog.

Nos frontaliers Catalans sont venus avec leur atout sonique à base de charcut, clope, du pastiX et cervoise à prix revival oldscholl pour te faire revivre une épopée sonique comme dans les 80’s mais en 2023, et ouaie Marty Mcfly. Au début le concert affichait cette panoplie de théâtre de boulevard avec des comédiens amateurs rejouant des scènes de sitcom remplie d’acteurs de série B. L’on ne pouvait pas descendre plus bas, à moins d’aller en enfer, et c’est ce que le groupe a accompli, une descente dans les profondeurs avec l’apport d’un son à la hauteur des nuts à Belzébuth, brisant les vertèbres, bref nous y étions. Les bas-fonds nous attendaient avec cette malice gorgée de feux ardent. En un regard, disons le temps de la durée d’un éclair, c’est un riffing thrashy d’invasion de sauterelles apocalyptiques qui venait nous sauter à la gorge. Nous étions venus chercher la flamme et nous nous consommions dans un geyser de lave sonique sur une rampe de sk8 de rue, casquette à l'envers, à taper le moshing.


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Avec la nervosité d’une GTI sur le pédalier pendant l'hyper densité d’un trafic sur une rocade, Crisix piquait la sienne (de crise) pour s'extraire en changeant de files régulièrement avec des breakdowns à te fracasser la nuque, tout en tapant des démarrages en côte de brutasse. En 2023 au Hellfest ils ont cassé la baraque à frites avec leur énergie de speedy gonzales, et ont gravi pallier après pallier leur renommée d’incontournable de la scène européenne. Les Barcelonais ont enchaîné les riffs rapides, et pas à une bite d’amarrage, ils étaient dévastateurs avec une facilité déconcertante, pour s’affranchir de toute limite et plonger le public dans un univers complètement déjanté.

Avec la préparation psychologique de ses potes au bar, un gars gaulé comme un ficello est parti avec l’opiniâtre sensation herculéenne d'être une boule de bowling dans un jeu de quille humaine. Forcément le gars s'est embroché dans tous les sécateurs du pit avec les yeux d'un marabout du Cameroun à chaque impact : Note artistique 8/10

Le groupe plongeait dans son voyage au bout de la nuit et son public vers l'abattoir, ça sentait la merde de canard gras dans les frocs quand le groupe a fracassé du crépi en demandant un wall of death. Sur scène il y avait un gamin de 8/10 ans en pleine crisix de puberté en train de secouer ses cervicales, et de pointer la foule avec le doigté gestuel de Ronnie James Dio pour lancer des incantations maléfiques. Il a traversé le pit en slam aussi, dans deux ans il jouera à la PlayStation en backstage avec des groupies transgenres avant de monter sur scène avec son groupe de glam revival 3ème gégégénération.


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Les Barcelonais ont joué au magnétiseur, toujours partant pour fracasser tel un Dacia Duster dans un fourré de la Jonquera et décharger la sève de son thrashhhhhhhh comme un prunier son exsudat épais, couleur d’ambre, olé ! *

Sur scène ça courait comme des lapins qui ont chopés la myxomatose, sauf le bassiste avec son côté Averell Dalton. Le chanteur cherchait ses mots entre les titres comme un gars à 3 grammes devant le digicode à 4h37. Il faisait très chaud et les langues sortaient comme un clébard dans la R5 à Valras au mois d’août. Ça fait 1 mois que la Catalogne est en restriction d’eau, et le pastiX ils le boivent pur là-bas. Crisix s’est donné sa race, il a roulé capot ouvert en roulant plein fer sur la bande d’arrêt d’urgence du périf en balançant des bouteilles de thrash dans nos tronches festives.

Pour finir le groupe a procédé à de l’échangisme instrumental, donc l'équipe B a donné jour par son délire de cover à leur opus « Sessions #1 - American Thrash » via Listenable Records, au cas où tu n'aurais pas bien saisit l'usufruit de leur tambouille et filiation sonique. Il fut mis en détonation la cover des Beasty Boys « (You Gotta) Fight for Your Right (To Party!), puis le « Walk » de Panteraaaaaaaa, et Trust « Antisocial » version Anthrax. Y'a le gratteux Marc "Busi" Busqué Plaza (del toro) qui est descendu dans la fosse, bien calé au milieu du circle pit à faire tourne le lave linge en mode essorage.


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Nous sortions de l'Athanor dans la file indienne de Joey Belladonna les oreilles encore gratinées au Roundup de Catalogne, Waz & Steph marqueront leur territoire pendant 1 heure d'arrosage de malt, puis nous rentrerons au bercail en écoutant du Nuclear Assault histoire de poursuivre la même lampée thrashy.


Merci pour la soirée et la flamme à Pollux zguen Asso, Akiavel, Crisix. Pour les photos que j'ai glané à Fanny Dudognon de thorium mag, accès crash barrière, et Supertartelette.


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dimanche, février 4 2024

HELLFEST 2023 LE REPORTAGE PAR BEN « napalmivore » POUR WALLABIRZINE


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Après la double édition de l’an dernier, chargé de rattraper le temps perdu à cause de l’annulation du festival en 2020 et 2021, et une programmation gargantuesque (350 groupes sur deux week-ends !), est-ce que ce cru 2023 allait pouvoir tenir la comparaison ?

Cette année encore, l’événement se déroule sur quatre jours, du jeudi aprem au dimanche soir.


Je covoiture le mercredi aprem avec un couple d’amis, Matthieu et Delphine. On arrive à Clisson le mercredi vers 19h30. Mes potes ont loué un hébergement chez l’habitant à Sainte-Lumine de Clisson, située à 6 kilomètres du site, en pleine campagne, alors que moi je préfère l’ambiance du camping officiel. Ils me déposent donc au Leclerc de Clisson puis je m’installe au Yellow camp. Il y a déjà beaucoup de monde. Je monte ma tente puis je vais faire connaissance avec mes voisins. L’ambiance est très agréable et la soirée dure jusque tard dans la nuit.


JEUDI 15 JUIN

Le lendemain matin, je fais une virée chez Leclerc pour faire des courses : bouffe, bières spéciales à l’effigie de Bloodbath ou de Sortilège. Plein de métalleux ont investi les lieux, la galerie marchande propose un stand où des auteurs dédicacent leurs ouvrages (je reconnais notamment Laurent Karila de Hard Force) ; il y a aussi un stand de tatouage gratuit (super initiative… mais la file d‘attente est longue !) et une exposition très intéressante sur le festival, réalisée par les élèves du lycée de Clisson (le même lycée qui a été construit sur l’ancien site du Hellfest, de 2006 à 2011).


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Ce qui est génial durant la tenue du festival, c’est que la ville entière rayonne aux couleurs du Hellfest. Donc il n’est pas étonnant de croiser des hordes de métalleux dans les allées du Leclerc ou de s’adresser aux caissières qui arborent toutes des T-shirts aux couleurs du festival. On se sent projeté dans un autre monde… notre monde à nous, les métalleux. Et ça fait rudement du bien !


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Le site du festival n’ouvre qu’à 15h00 ce jour-là et les concerts ne commencent qu’à partir de 16h30. Je vais récupérer mon pass et je retrouve mes compagnons de covoiturage, accompagnés de leurs hôtes (qui n’étaient pas spécialement métalleux à l’origine mais qui assistent désormais à chaque festival et qui se mettent lentement mais sûrement à écouter du metal… encore un succès du Hellfest !). On rentre ensemble sur le Hell City Square, déjà plein comme un œuf, on se boit une p’tite bière puis on se sépare à nouveau car eux veulent faire leurs emplettes au Merch officiel alors que je souhaite assister à la prestation de CODE ORANGE - dont plusieurs personnes m’avaient dit grand bien la veille. Finalement, cette décision s’avèrera judicieuse car mes potes feront la queue pendant plus d’une heure et demie avant de pouvoir acheter du merch !

La première chose qui frappe le festivalier en pénétrant sur le site est le tout nouveau bâtiment construit pour la vente du merch officiel du Hellfest. L’organisation avait promis une expérience visuelle particulière… et il faut bien dire que c’est époustouflant. En effet, se dresse devant mes yeux un temple, baptisé « The Sanctuary », dont le design emprunte autant à l’architecture gréco-romaine qu’à Giger, qu’à l’esthétisme gothique ou qu’à la demeure des Harkonnen dans le film « Dune » de David Lynch. Ses dimensions très imposantes sont renforcées par le fait que le bâtiment est entièrement peint en noir. L’impression de géométrie est frappante, avec des colonnades de part et d’autre de l’entrée principale et des armoiries rouges placardées sur la façade. On a du mal à croire que ce bâtiment est démontable…


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Et, comble de la grandiloquence, un bouc géant surplombe le bâtiment, scrutant de ses yeux rouge incandescents les festivaliers ! Décidément, Ben Barbaud et son équipe ne font jamais les choses à moitié !!!

Par ailleurs, cet investissement colossal va permettra au festival de vendre encore plus de produits. Il est vrai que l’engouement pour le merchandising officiel est devenu si intense que l’organisation se devait de trouver une solution… …mais, ironiquement, cette modification n’aura fait que démultiplier l’attrait des festivaliers, en témoignent les files d’attentes interminables auxquelles on assistera durant tout le week-end. L’avantage, c’est que le merch représente une des sources principales de financement. En conséquence, cela augmente l’indépendance financière du festival et garantit des perspectives encore meilleures d’évolution du site dans le futur (et pourtant, ça fait des années qu’on est habitué au top ! 😊)


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Autre jolie innovation : l’organisation a installé une nouvelle sculpture juste après la cathédrale, l’entrée du public : un crâne entouré de papillons, une œuvre qui avait déjà été déclinée au Hellfest sous d’autres coloris. Cette fois-ci, le crâne est argenté (ou plutôt métallisé) et il est placé sur un socle cubique en béton estampillé « H – Welcome to Hellfest », entouré de plusieurs marches. Ce monument constitue une attraction certaine pour les festivaliers qui ne résistent pas à se faire prendre en photo devant !


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Allez, on passe aux choses sérieuses : les concerts !

CODE ORANGE

Je me dirige donc vers la Main Stage pour assister au show de Code Orange, du punk hardcore de Pennsylvanie. Je découvre un quintet plutôt jeune (bien qu’ils soient formés depuis près de 15 ans déjà) et qui a une pêche d’enfer, avec des zicos très sautillants un batteur qui mouille doublement la chemise (il cogne dur et il headbangue comme un fou !).

Le chanteur a une grosse présence et darde le public de son regard perçant, il ne chante pas forcément de manière académique en restant rivé derrière son pied de micro… Certains spectateurs, connaissant déjà les versions studio des titres, pourraient être tentés de lui reprocher une interprétation approximative… mais l’énergie est là, ce qui est emblématique de ce genre musical donc, personnellement, la pilule passe.

Code Orange semble s’inscrire dans la ligné de certains groupes tels que Converge ou Integrity mais leur formule est variée et les compos peuvent osciller entre des plans aériens et d’autres beaucoup plus énervés ; on sent tour à tour des aspects punk, hardcore, metalcore et même industriel avec un zeste de dissonance bienvenue. Le tout est néanmoins enrobé dans des structures mémorisables et des refrains efficaces. L’alternance des vocaux entre le chanteur, le batteur et la guitariste est assez bien foutue. D’ailleurs, la guitariste, elle aussi très charismatique, chante même le morceau « Bleeding in the Blur » en lead vocal (le chanteur se contente de l’appuyer lors du refrain) et elle s’en sort admirablement bien (mieux que son comparse de chanteur ?). Le public répond présent car, bien que le site soit loin d’être rempli à ce stade, il y a pourtant du monde devant la Main Stage 2. Mention spéciale à la chanson « The New Reality », super lourde et qui fait des ravages dans le mosh pit !

Au final, un groupe au répertoire varié et qui donne envie d’en découvrir plus. La première grosse surprise de ce fest !

COHEED AND CAMBRIA

J’aime bien ce groupe en studio, bien que je sois loin de connaître sa discographie sur le bout des doigts. Disons que je ne suis pas ultra fan mais certaines chansons me touchent profondément.

Néanmoins, la transition avec ce que je viens de voir est dure : les musiciens sont plutôt statiques… il faut dire que Claudio Sanchez occupe à la fois les postes de chanteur et de guitariste donc il est obligé de se concentrer sur l’interprétation des titres, qui sont progressifs et demandent une attention particulière. Bien qu’il chante et joue parfaitement bien, ça reste très contrôlé… et après le déferlement d’énergie de Code Orange, la prestation des New-Yorkais semble bien fadasse… Par ailleurs, il y a un paquet de morceaux que je connais peu – voire pas du tout donc cela ne me permet pas vraiment de rentrer dans le concert.

Je ne dirai pas que Coheed And Cambria ait donné un mauvais concert car le public qui a assisté à cette prestation semblait conquis… au final, j’ai l’impression que le potentiel de ce groupe ne se révèle pas complètement en live… ce qui explique peut-être pourquoi, après 25 ans de carrière et de nombreux titres de metal progressif de bravoure, cette formation a une position peu enviable sur l’affiche du Hellfest.


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I PREVAIL

D’ailleurs, cela est corroboré par le groupe suivant, les metalcoreux américains de I Prevail, car ceux-ci n’ont qu’une petite dizaine d’années d’existence. Mais, dans l’intervalle, ils ont publié un EP et 3 albums. Leur formule metalcore est assez originale car ils marient des plans metalcore bourrin avec du hip hop, de l’électronique ou de l’alternatif. A ce titre, leur dernier album, « True Power » est une vraie réussite… pour peu qu’on soit ouvert d’esprit ! Et le groupe va défendre ce nouvel album correctement, basant plus de la moitié de son set sur ce nouveau disque.

Le groupe arrive sur scène, je m’aperçois qu’il est composé de 2 chanteurs, l’un pour les voix mélodiques et l’autre pour les voix grognées. D’ailleurs, leur look est en rapport avec ce qu’il chante, le premier ayant une dégaine bien propre sur lui alors que le deuxième fait plutôt ours mal léché ! En plus des deux hurleurs, a formation compte 2 gratteux, un batteur et un bassiste qui assure aussi certaines parties de clavier et de percussion électronique

Le groupe va dégainer plusieurs extraits de son nouvel album (« Body Bag », « Self Destruction », Bad Things », « FWYTYK » et « Choke ») et incorpore à son set une courte reprise de « Chop Suey » de System of a Down ainsi que l’intro de « Raining Blood » de Slayer, ce qui illustre bien l’étendue de leur répertoire… cette deuxième reprise a l’avantage de provoquer un énorme circle-pit et le groupe capitalise là-dessus pour dégainer un autre brulot de son nouvel album, « Choke ». Mention spéciale à ce titre ainsi qu’à « Self-Destruction » !

Le groupe maîtrise parfaitement son set, on sent qu’ils sont tous sur la même longueur d’onde et qu’ils mettent tout leur cœur dans l’interprétation des titres… du coup, cela met le feu au public qui, malgré le soleil qui commence à plomber, bouge beaucoup dans la fosse (il faut dire qu’à ce stade, les festivaliers sont en pleine forme)

Au final, un concert très efficace et très réussi !


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Après ces 3 concerts enchaînés devant les Main Stage, et puisqu’aucun groupe ne me plaît sur le créneau suivant, j’en profite pour me poser un peu à l’ombre dans la forêt du Muscadet, avant d’aller voir ce que donne le nouveau site de la Valley.

Je traverse la forêt du Muscadet, passe le Hellfresh (toujours très rempli ces dernières années, chaleur excessive oblige) et arrive sur ce nouvel espace d’une superficie d’un hectare. La Valley était précédemment située sous un chapiteau et son atmosphère tamisée, même pour les concerts donnés en plein jour, était propice aux vagabondages psychédéliques qui vont de pair avec les genres musicaux auxquels elle est rattachée. Alors, puisque l’orga a décidé d’accorder plus de place à cette Valley (et faire d’une pierre deux coups en augmentant considérablement l’espace dédié au Merch) et de la transformer en scène extérieure, est-ce qu’on va perdre au change ?

Bon signe, la partie du site sur laquelle est installée la Valley est resté relativement vierge (soit par manque de moyen soit par choix esthétique) : le sol n’est pas pavé comme sur les autres scènes ; à la place, de grandes plaques de PVC noires ont été fixées au sol, évitant que le terrain ne se transforme en bourbier en cas de pluie (et de la pluie, il y en aura à un moment donné) mais, surtout, l’atmosphère y est très bucolique car il y a beaucoup de place et on sent la présence de la verdure grâce à une barrière végétale en bordure de site, ce qui est tout à fait dans l’esprit de la musique.

Côté logistique, des stands de restauration ont été installés tout autour de ce nouvel espace, évitant de devoir aller loin pour se restaurer et, bien évidemment, un nouveau bar a été construit, sur le même principe que les autres parties du site (c’est-à-dire à partir d’un container en tôle). Ce bar a la particularité d’être couronné de 4 poutres pyramidales auxquelles sont accrochées des sortes d’étoiles en guise de lumières.

Par ailleurs, afin de sublimer la décoration 2023 se trouve dans un coin du site la « Roue de Charon », une impressionnante sculpture mécanique créée en 2011 par un américain du nom de Pete Hudson. Cette sculpture monumentale est itinérante (elle n’a donc pas vocation à rester là tous les ans). C’est très visuel, assez imposant et interactif car, par un système de cordage relié à des poulies, les festivaliers peuvent faire tourner une roue symbolisant une pirogue conduite par des squelettes. Et cela plaît beaucoup aux gens car la roue ne cessera de tourner durant tout le week-end !

Au final, on a l’impression que La Valley prend enfin son envol et gagne toute son indépendance, ce qui est amplement mérité au regard de la vitalité des scènes musicales qu’elle défend (doom et stoner en premier lieu) et de son succès auprès des festivaliers depuis tant d’années. Donc pour moi l’organisation du Hellfest a réussi son pari sur ce coup-là et d’après ce que j’ai entendu autour de moi, les festivaliers sont plutôt emballés par cette amélioration.

Je retrouve ensuite mes potes qui souhaitent voir ARCHITECTS. N’étant intéressé ni par THE SOFT MOON ni par DARK FUNERAL, je décide de les suivre.


HOLLYWOOD VAMPIRES

On arrive donc devant la MS2 à peu près à la moitié du concert de HOLLYWOOD VAMPIRES. Je ne suis pas très intéressé par leur formule, car même si ce groupe a écrit des chansons originales, ils se cantonnent plutôt à jouer des reprises. Bien entendu, le pedigree de ses membres n’appelle aucune contestation, Alice Cooper et Joe Perry étant dans le music business depuis un demi-siècle… Ils sont, à ce titre, légitimes. Mais la prise de risque artistique est faible car leur set est surtout basé sur des reprises (The Jim Carroll Band, MC5, Killing Joke… … la reprise m’ayant le plus marqué étant celle de David Bowie, « Heroes »)

Je constate au passage que Johnny Depp est bien présent ce jour-là - alors qu’on m’indiquait qu’il ne pouvait venir en Europe par suite de problèmes médicaux (ou légaux ? …le récent scandale ultramédiatisé de son procès avec son ex-compagne Amber Heard ayant passablement terni son image). Mais même si Johnny nous gratifie de sa présence, la moue qu’il affiche montre qu’il n’est pas dans les meilleures dispositions d’esprit… Encore une star du rock’n’roll qui semble ne pas s’apercevoir de son bonheur… 😊 Le groupe pioche également dans les répertoires de ses membres et interprète des classiques absolus : « Walk This Way » de Aerosmith, « I'm Eighteen » et « School’s Out » d’Alice Cooper…

Au final, un moment agréable... mais qui pour moi vaut plus pour ses intervenants que pour la qualité de son matériel.


ARCHITECTS

La nuit va bientôt tomber sur Clisson et nous allons assister à l’un des premiers grands concerts de cette édition, avec un spectacle très basé sur le light show.

Je suis plutôt emballé par la prestation du combo britannique, leur metalcore n’étant à la base pas ma tasse de thé mais, en configuration live alors que la nuit commence à s’installer, c’est parfait !

En effet, le groupe est autant à l’aise dans un pur registre metalcore, avec des vocaux agressifs que lors de passages mid tempi planants. Le chanteur abat un gros boulot et dégaine des refrains entraînants. Comme souvent dans ce genre musical, il y a beaucoup d’alternance entre des parties puissantes et d’autres beaucoup plus éthérées, ce qui constitue la recette gagnante pour créer une grosse ambiance dans le public !

En conclusion, j’ai beaucoup aimé vivre ça sur le coup… même si je ne suis pas sûr que je réécouterai ça une fois rentré à la maison (car certaines parties, notamment au niveau vocal, me semble un peu mièvres). Au final, très chouette concert !


KISS



Je m’étais promis que, pour cette édition, soit je choisissais de voir KISS en étant très bien placé (c’est-à-dire au milieu du pit, proche la scène) soit j’allais voir autre chose (il y a notamment HYPOCRISY qui joue sous la tente).

Finalement, le concert d’Architects vient juste de se terminer donc je suis placé très à gauche de la MS1 et il paraît compliqué de se rapprocher car de nombreux fans de Kiss attendent cette date avec impatience… puisque c’est censé être la tournée d’adieu du Big Bisou (jusqu’à la prochaine fois ?). Je suis donc situé assez loin de la scène et je ne profite que moyennement du concert…

En plus, j’ai beau me dire que c’est probablement la dernière fois que je les vois en concert, la sauce ne prend pas… j’aime bien ce groupe sur disque mais il y a un côté trop « over the top » avec débauche d’effets spéciaux, fumigène à gogo, lasers... Car, un peu à la manière d’un Black Sabbath qui égrenait systématiquement les mêmes titres éculés sur la fin de leur carrière, Kiss dégaine classique sur classique et ne prend que peu de risques artistiques. On a droit à « Detroit Rock City », « Shout It Out Loud », « Deuce » ou « War Machine ». J’avoue que la prestation des Américains est de qualité, qu’ils mouillent la chemise (à leur âge canonique, c’est déjà une belle performance !) …mais j’ai beau me forcer à apprécier… ça ne marche pas. Du coup, je pars vers la Warzone alors que retentit « I Love It Loud ». J’aurai ensuite recueilli des témoignages divers sur la prestation de Kiss, la majorité d’entre eux étant plutôt positifs.


SVINKELS

La Warzone est blindée comme un œuf… je suis même assez surpris de voir qu’autant de monde assiste à la prestation des franciliens de Svinkels, bien que leur formule à mi-chemin entre le hip hop et le punk (surtout dans l’attitude) ne laisse pas grand-monde indifférent. Et, finalement, j’assiste à un bon concert, très énergique, drivé par les trois chanteurs qui sont épaulés par un DJ en lieu et place de tout autre instrument de musique.

On a droit à des classiques tels que « Krevard » ou « Cereal Killer » (« Notre torture, c’est la Tourtel…. Et on va t’en faire boire jusqu’au bout de la nuit », sur fond de sampler de « Sad But True » de METALLICA 😊), la toute première chanson qu’ils aient jamais écrite et que le public reprend à gorge déployée, avant que le DJ ne prenne possession de la scène et fasse son show… et c’est plutôt impressionnant : il utilise des samplers (de Metallica époque Ride The Lightning, de Rage Against The Machine, de hip hop…). Les Svink dégainent ensuite un autre gros tube, « Réveille le punk » et terminent leur concert sur une reprise des BAD BRAINS.

Au final, ils ont tout à fait leur place sur l’affiche du festival et je préfère avoir assisté à leur concert qu’avoir vu la fin du show de KISS !


BEHEMOTH

L’ambiance est beaucoup guerrière et haineuse que lors du show des SVINKELS.

Là aussi il y a plein de monde. Je ne suis pas ultra fan des Polonais mais j’apprécie certains titres, notamment « Ov fire and the void » où les ambiances pesantes laissent place à des déferlements de colère.

Mais c’est déjà quasiment la fin du concert car s’ensuit le dernier titre : « Bartzabel », issu de leur avant-dernier album.

Comme d’habitude, BEHEMOTH s’est montré pro et ultra carré ; cela a contenté tous ceux qui cherchent une bonne dose de Death / Black…


KATATONIA

Malheureusement, je trouve que les versions live ne sont pas à la hauteur des arrangements studio, la musique mélancolique des Suédois étant si délicate et équilibrée qu’il est impossible de reproduire toutes les subtilités sur scène (est-ce parce que je suis situé très à gauche de la scène ?).

Je ne dirai pas que le concert était mauvais… mais, n’étant pas le plus grand fan sur terre, je ne retrouve ni la niaque propre à l’exercice live de titres rock’n’roll ni la sophistication des méfaits studios, que ce soit sur des nouveaux titres comme « Austerity » ou de plus anciens comme « My Twin » ou « Soil's Song ». Le groupe axe légitimement son set autour de son dernier album, « Sky Void Of Stars », en jouant 5 titres sur 13, l’autre album le plus représenté étant « The Great Cold Distance » sorti en 2006… en revanche, aucun titre tiré de leur plus vieille période durant les années 90…

C’est la première fois que je voyais Katatonia et je ne saurai dire si leur prestation était ratée… en tout cas, je ne dirai pas que j’ai détesté ce concert… mais je suis clairement resté sur ma faim.


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VENDREDI 16 JUIN

Je passe au stand ROCK HARD et rencontre Phil Lageat, le rédacteur en chef. Il s’avère que j’avais récemment écrit un email à la rédaction pour attirer leur attention sur la sortie du dernier album de VENOMOUS CONCEPT qui était passé à la trappe.

Mon email a fini par être publié dans le courrier des lecteurs… et l’album a effectivement été chroniqué (en plus, il a reçu une très bonne note !). Au-delà de ça, je fais connaissance avec Phil et nous échangeons sur divers sujets (les abonnements chez ROCK HARD, la réédition des albums du groupe de thrash anglais SABBAT sous la forme d’un luxueux coffret…). Phil m’indique qu’il va couvrir la prestation de PETER PAN SPEEDROCK et je me dis que, bien que je n’eusse pas prévu d’aller les voir, c’est une opportunité à saisir.

Au passage, Lageat indique qu’il y a moins d’exposant « disquaire » que les années précédentes, ce que je vérifierai moi-même... Par contre, les vendeurs de goodiies / Merch sont beaucoup plus nombreux. Cela confirme la tendance selon laquelle le public du Hellfest est de moins en moins « spécialiste ».


PETER PAN SPEEDROCK

Ces Néerlandais oscillent entre le hard rock, le punk rock et le psychobilly. Ils se sont formés il y a plus d’un quart de siècle et ont une dizaine d’albums à leur actif… mais je n’ai pourtant jamais entendu parler d’eux ! Comme quoi on en apprend tous les jours…

Le concert va se dérouler en mode « tout à fond » : on est effectivement dans l’efficacité du punk rock, avec des morceaux directs, simples et très énergiques. L’originalité n’est pas vraiment de mise et, au final, cela ne me laissera pas un souvenir impérissable. Mais j’apprécie la pêche des zicos et leur bonne humeur communicative. La mascotte du groupe, un tatoueur Néerlandais répondant au surnom de « Dikke Denis », monte sur scène pour chanter « Ace Of Spades » de Motörhead, titre qui résume parfaitement la philosophie de Peter Pan Speedrock : du rock tout à fond, point.

J’ai passé un moment agréable mais cela ne me donne pas envie de creuser la question.

Dans un autre registre, je remarque que des opérateurs sont installés sur une plateforme située derrière la scène et ils font des essais de vol des drones, probablement pour les plans vidéo aériens que l’on retrouvera ensuite sur Arte Concert. Le rendu en sera bluffant ! Cela note, une fois encore, les moyens colossaux qui sont mis en œuvre pour la tenue du festival…


HELMS ALLEE

Ça y est, je vais faire mon premier concert à la Valley ! Je me lance d’ailleurs à l’aveugle car je ne connais absolument pas Helm’s Allée.

Ce groupe américain évolue sous la formule d’un trio et, fait marquant, chaque musicien assure des vocaux (la batteuse y compris !). Le guitariste / chanteur, seul membre masculin, crie à s’époumoner (bien qu’il se place parfois loin du micro, créant une ambiance de fond stridente), on a l’impression qu’il va manquer d’oxygène d’un instant à l’autre ! La batteuse tient une place centrale… d’ailleurs, le guitariste et la bassiste sont positionnés plutôt sur les côtés de la scène ; ça crée une sorte de triangle magique 😊 Musicalement, leur rock est plutôt planant, rappelant parfois le post-rock, mais certaines montées en puissance peuvent être très criardes et lourdes, tirant cette fois plutôt vers le sludge ou le noise rock.

Comme souvent sur la Valley, ce concert se révèle hypnotique. Je sors de là conquis et je me dis qu’il faut vite que je chope leur musique en disque. Merci à eux !


SKID ROW



J’ai vraiment perdu de vue ce groupe depuis un bon moment. Il faut dire qu’il y a un hiatus de 16 ans entre leurs deux derniers albums !

Mais, ayant lu de très bonnes chroniques de leur dernier album, « The Gang’s All Here » sorti en début d’année, et ayant constaté après l’avoir écouté que ces dites chroniques étaient fondées, je me fais une joie de partager un moment glam rock US ! Skid Row, après un passage à vide, vient de recruter un nouveau chanteur, de 20 ans leur cadet, et celui-ci semble avoir littéralement redonné un souffle de vie aux vieux briscards, d’après ce que j’ai lu en interview… alors, info ou intox ?

D’entré de jeu, on constate que la formule est très convaincante, le petit nouveau bouge bien, il déborde d’énergie, invective le public et headbangue. Par ailleurs il assure parfaitement les vocaux grâce à une très bonne technique vocale et du coffre. Derrière lui, le groupe n’est pas en reste et les deux gratteux et le bassiste forment comme un mur de son. Donc le plaisir est total !

Sans surprise, la set list fait la part belle à leurs deux premiers albums, quand le groupe était au faîte de sa popularité (leur premier album sorti en 1989 avait cassé la barque et s’était écoulé à plusieurs millions d’exemplaires) donc on a droit à des titres directs et taillés pour la scène tels que « Big Guns », « Piece of Me » ou « Youth Gone Wild » ainsi que « Slave to the Grind » et « Monkey Business ». On assiste au spectacle d’un groupe américain des années 80 donc les ballades sont forcément de sortie, avec, une fois de plus, deux extraits de leur premier méfait : « 18 and Life » et « I Remember You » et je dois dire que ça aura été des moments particulièrement forts du show.

Au final, une prestation impeccable, menée par un chanteur qui n’a pas à rougir par rapport à l’héritage laissé par ses prédécesseurs (notamment l’emblématique Sebastian Bach).

A la fin du concert, je me dis que c’est bien dommage que ce groupe joue en plein après-midi, sur un créneau limité et j’émets des doutes sur le fait que Mötley Crüe, autre groupe américain de la même époque et jouant dans le même registre, programmée plus tard la même journée, va réussir à faire aussi bien… au bout du compte, je ne verrai pas leur show mais j’en aurai des échos décevants.

Seul petit bémol : le fait que le groupe axe la majeure partie de son set sur des classiques plutôt que sur son dernier album (8 titres sur 9 sont issus de leurs deux premiers disques, sortis respectivement en 1989 et 1991… soit il y a 32 et 34 ans !!). Cela dénote un manque de prise de risque… mais il ne faut pas oublier qu’on est en mode festival et que les groupes doivent créer l’impact le plus fort en un temps limité. On a quand même droit à la chanson phare de leur dernier album, « The Gang's All Here ».


ALTER BRIDGE

Cela fait un bon moment que j’entends parler de ce groupe et j’ai peut-être dû entendre certains titres dans le passé mais je ne suis jamais vraiment rentré dans le truc…

...sur le trajet aller vers le Hellfest, mes potes m’ont fait écouter une paire de titres et j’ai constaté que le chanter avait une très belle voix et assurait des vocaux emplis d’émotion… Pour autant, est-ce que leur musique me touche ? Force est de constater que je ne suis pas très sensible à leur formule… J’ai constaté néanmoins que le leader Myles Kennedy chante très bien, que le groupe est sobre dans sa présentation et appliqué dans son interprétation. Mais certains refrains me semblent soit trop commerciaux soit trop lents pour emporter mon adhésion. Finalement, j’ai quand même passé un bon moment mais je trouve logique qu’ils soient programmés en fin d’après-midi plutôt qu’en pleine soirée. Et cela ne me donne pas spécialement envie de creuser la disco du groupe…


DEF LEPPARD



Dès le début du set des Anglais, je sens comme un problème, et pour cause : le son est pourri, gâché par une basse sur mixée qui écrase tout le reste ! Non seulement ça altère les morceaux mais ça gâche carrément le plaisir… car on a mal aux oreilles même en portant des bouchons de protection !!

Comme, de surcroit, les grandes heures de Def Leppard sont plutôt derrière eux que devant, ça se complique. Après un titre de leur dernier album en date (« Take What You Want », morceau d’ouverture assez direct, le groupe va dégainer plusieurs vieilleries dont des classiques (« Let's Get Rocked », « Animal », « Foolin' », « Armageddon It »). C’est très bien interprété… mais la sauce ne prend toujours pas… Alors, où est le problème ? Le manque de conviction de certains musiciens au sein du groupe ? La douloureuse sensation que le groupe connait tellement ses classiques qu’il est en pilotage automatique ? J’ai l’impression que la période glorieuse lors de laquelle Def Lep était à la fois énervé et innovateur est complétement révolue… ce qui est le comble quand on constate que la set list fait la part belle aux vieux tubes ! Mais le son est tellement dégueulasse que je décide de me barrer. Tant pis, je réécouterai tranquillement « High ‘n’Dry » ou « Hysteria » chez moi !


BOTCH

Je vais faire un tour vers la Valley pour voir ce que donne Botch. J’avais entendu parler de ce groupe à la fin des années 90 mais sans approfondir la question. Je comprends qu’après une pause de deux décennies, ce groupe plutôt novateur a décidé de remettre le couvert. J’ai finalement assisté à la fin de leur set et j’ai trouvé cela relativement agressif, notamment avec un light show frénétique et très bleuté.

De plus, leur musique est assez hachurée, préfigurant ce qui deviendra ensuite le mathcore avec des groupes comme Dillinger Escape Plan. Donc la dissonance et la frénésie sont de mise et on pense parfois à Converge, aux Melvins ou à Cave In à l’écoute de leur mixture. Le public est plutôt statique à cette heure de la journée… ou est-ce parce que la musique peut sembler difficile d’accès ? En tout cas les gens se pressent en masse devant la Valley, curieux de voir ce que cette réunion donne.

Personnellement, je reste finalement assez mitigé, mais plus à cause de leur formule hardcore alambiquée qui ne me touche pas vraiment qu’à cause de leur interprétation qui a été tout à fait correcte.


GOGOL BORDELLO



Je n’avais pas non plus prévu d’aller voir Gogol Bordello en concert. C’est juste que je me trouvais là et que je me suis dit « pourquoi pas ? ».

Et j’ai super bien fait car j’ai assisté à une curiosité que je n’aurai jamais vu dans d’autres circonstances !

Gogol Bordello joue du « Gypsy Punk » depuis un quart de siècle, c’est-à-dire qu’ils mélangent la musique tzigane avec le punk… improbable ! Et leur musique est effectivement plutôt up-tempo, avec un violon omniprésent. Une accordéoniste harmonise aussi les morceaux de cette troupe haute en couleurs composée d’une petite dizaine de personnes. Le chanteur, perfecto clouté, casquette vissée sur la tête et bouteille de vin à la main, dépense une énergie folle et est clairement le centre d’attraction. Autre personnage qui m’a fortement impressionné : le violoniste, un homme âgé mais débordant lui aussi d’énergie et, surtout, jouant avec une virtuosité hallucinante, ce qui entraîne le show vers des niveaux d’intensité incontestables.

Au final, un moment super convivial et une excellente manière de clôturer cette deuxième journée de concerts !


L’AFTER SHOW DU VENDREDI

Il est quasiment 2 heures du matin lorsque je me dirige vers l’espace VIP / presse. Cet espace représente un havre de paix au cœur de la furie. Le décor a encore évolué depuis l’an dernier car la « piscine » a été transformée en un véritable bassin japonais contenant de très jolis nénuphars et une belle eau verdâtre. Ce devait être le cas dès le départ mais il faut croire que les travaux n’avaient pu être menés à leur terme… du coup, ce bassin contenait une belle eau cristalline… et ceux qui étaient présents lors des deux précédentes éditions, assommés par les températures caniculaires, n’avaient pas hésité longtemps avant de détourner son utilisation.


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L’ambiance bat son plein avec un DJ qui balance du son et l’endroit est bondé. Du coup, on fait des rencontres, on discute avec des bénévoles. Lorsque je quitte le site, je passe devant le Metal Corner ; il y a là aussi un DJ qui opère devant une tente bondée ; j’entends le morceau final, la très jolie ballade « Home Sweet Home » tirée de l’album « Theater Of Pain » de Mötley Crüe. L’endroit va fermer donc, pour un surplus d’ambiance, direction : camping.

Depuis que le Hellfest existe, certaines pratiques sont bien rodées donc on sait où trouver l’ambiance en after : je me rends au White Camp pour assister à des joutes de caddie. C’est toujours marrant à regarder, bien que je trouve que la spontanéité des débuts a disparu et que cela devient très (trop ?) codifié : de grands barbares torses nus s’érigent en arbitre et définissent les règles du jeu (y a-t-il un espace de sécurité suffisant ? peut-on donner des coups à l’autre ?) avant de donner le signal de départ et que les caddies ne s’élancent l’un contre l’autre. Signe des temps, je constate que les filles se mettent également à cette pratique !

Puis je décide d’aller m’encanailler au Macumba où la fête bat son plein : la tente est blindée et l’ambiance est plutôt alcoolisée : loin d’être un havre de douceur et de raffinerie, malgré ce que laisseraient penser les standards disco qui sont diffusés dans les enceintes, ce soir on est plutôt dans la beuverie, preuve en est ce circle pit déclenché sur le hit de Gilbert Montagné « sous les sunlights des Tropiques » ! Certaines personnes déplorent que la magie disco des débuts semble s’être envolée… moi je trouve ça plutôt marrant. Lorsque je regagne ma tente, il est quasiment 5 heures du matin et j’entends encore au loin le Macumba diffuser « Vous saurez tout sur le zizi » de Pierre Perret… Pas de doute, la journée du vendredi aura été totalement réussie !

Je me couche vanné mais content !!


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SAMEDI 17 JUIN

Je traîne ce samedi matin car la fatigue commence à se faire sentir. En même temps, bien que la programmation soit alléchante avec plein de jeunes valeurs montantes (Cobra The Impaler, Pestifer) et de groupes plus réputés (Evergrey, Gorod…), je n’ai qu’un seul objectif en tête : assister à la prestation de mes chouchous d’Iron Maiden, tête d’affiche de la journée. Donc je prends le temps d’émerger.

Je vais faire un tour du côté de la main Stage pour voir un peu ce que donne ENFORCER… mais leur attitude trop caricaturale me laisse sur ma faim et je me casse assez vite. Comme peu de groupes me bottent à ce stade, je profite de ce temps mort pour faire mes emplettes à l’Extrem Merch et je constate que Lageat avait raison : il y a beaucoup moins de vendeurs de disques qu’avant… pour les collectionneurs de vinyles comme moi, c’est dommage ! Bien sûr, il y a toujours le stand de Season Of Mist… mais ni Listenable ni Music Fear Satan ne sont venus cette année et plein de petits disquaires sont absents (Punishment 18, Metal Mailorder / Source Of Deluge…). A la place, on trouve énormément de stands de goodies, allant du mug à l’accoutrement gothique, aux grimoires avec reliures en cuir, certes très beaux… mais ce changement me parait très emblématique du changement du public du Hellfest : plus jeune, en tout cas plus axé sur le merchandising et sur le streaming que sur l’achat des supports physiques de musique…


SOUL GLO

Je ne connais pas du tout ce groupe donc j’y vais au hasard. Je rencontre une formation bigarrée, composée d’un chanteur, d’un guitariste et d’un bassiste blacks accompagnés d’un batteur blanc.

Avant toute chose, le chanteur réclame un pétard avant de démarrer, un festivalier lui envoie ce qu’il demande et il se le fume pendant que le guitariste envoie quelques samplers… la tension monte et je vais assister à un moment chaotique, dans le sens où il règne sur scène un sentiment d’urgence et où on sent que les choses pourraient déraper à tout moment. La première chanson est dédicacée aux blacks présents dans l’assistance… dans la plus pure tradition hardcore, le groupe balance un message revendicatif, principalement axé sur la reconnaissance des minorités. Quand ça démarre, ça dépote méchamment, la voix est aigüe, parfois criée, la guitare peut se faire dissonante et frayer sur les terres de l’indie rock. Le batteur, torse poil, est très en chair et il cogne son kit comme un malade.

Au final, une formule très variée avec du hardcore, du hip-hop, de l’indie rock, du noise, le tout englobé dans une sensation de chaos à peine contrôlé. Très bonne attitude, très bon concert et un groupe à creuser quand je serai de retour à la maison !


PRO-PAIN


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Ça fait un bail que je n’ai pas vu Pro-Pain en live : ils étaient venus au Hellfest en 2014 mais je les avais ratés, ma seule expérience live remontant à 1997 quand ils avaient joué à l’ancien Bikini à Toulouse.

Et puis il faut bien avouer que ce très bon second couteau du hardcore new yorkais s’est fait un peu plus rare sur la scène ces dernières années, son dernier album remontant à 2015 (alors que pendant deux décennies ils ont aligné les albums à une cadence folle). C’est donc avec impatience que j’attends de les revoir.

Après une intro mid-tempo tirés des accords de « Shreds of Dignity », c’est sur « Unrestrained » que le concert commence. D’emblée, on retrouve la bonne vieille formule qui a fait le succès des hardcoreux : des riffs simples, de gros gang vocals qui viennent renforcer le côté street hardcore et une musique qui oscille souvent entre le hardcore pur jus et des accélérations thrash metal dignes de Slayer. Il y a très peu de fioritures, pas de soli de guitare compliqués, ce n’est pas le genre de la maison, tout est misé sur l’efficacité et l’énergie… et ça se ressent dans le pit, qui est très dynamique mais sans être méchant. Il faut dire que le groupe joue en plein après-midi et que le soleil cogne. La mid-tempo « Stand Tall » défonce tout sur son passage mais même des titres plus rapides comme « Un-American » ou « Neocon » réservent leur lot de mosh part. Pro-Pain enchaîne les morceaux sans temp mort et on a l’impression que plus ça va, plus ils dégainent des titres speed (le début de « Gone Fishin’ » est à la limite du grindcore) et plus le mosh pit est déchaîné!


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Le concert passe à une vitesse folle et sans qu’on ait eu le temps de crier gare, on se retrouve déjà avec l’hymne de leur deuxième LP, « Make War Not Love ».

A titre personnel, je regrette que le groupe n’ait pas joué certains titres de leur premier album que j’adore tels que « The Stench Of Piss » ou « Foul Taste Of Freedom » (il n’y a d’ailleurs eu aucun extrait de ce premier méfait… était-ce pour des problèmes de droits ?) ou « Don’t Kill Yourself To Live »… mais c’est compréhensible vu la longévité de leur carrière et le fait que cela fait longtemps que j’ai décroché.

Au final, le gang de Gary Meskil aura mis une sacrée claque au public clissonnais. Vite, un nouvel album !


POWERWOLF

Je n’avais pas spécialement prévu d’assister à la prestation de Powerwolf mais il s’avère qu’ils jouent juste avant Iron Maiden, concert programmé sur la Main Stage 1 que je ne veux absolument pas louper. Je me place donc devant cette scène, le plus près possible (il y a déjà beaucoup de monde en place et je dois me trouver à une vingtaine de mètres des barrières). Et donc je profite du show… que je vais finalement trouver très bon !

A la base, je range Powerwolf dans la même catégorie que des groupes comme Arch Enemy (bien que dans un genre musical différent) car je ne les trouve pas particulièrement innovants, car ils respectent à mon avis un peu trop les codes du genre en offrant au public ce qu’il attend… par contre, ils se démarquent des autres formations du même genre par leur professionnalisme et leur ambition.

Powerwolf est un groupe extrêmement populaire en Allemagne, ils ne jouent que dans des salles de la taille des Zenith français et leur activité discographique est très chargée, avec des sorties d’albums régulières, entrecoupées de singles digitaux, de live, de réenregistrements de leurs morceaux avec des chanteurs emblématiques de la scène… Ils font donc preuve d’un marketing très agressif… et cela fonctionne bien puisqu’en France, cela fait quelques années que la sauce prend et il est logique de retrouver le combo allemand sur ce créneau enviable, juste avant la tête d’affiche qu’est Iron Maiden… Pour autant, j’ai récemment appris que le groupe venait seulement de se produire pour la première fois aux Etats Unis ! C’est dire l’écart de popularité entre ces territoires. Alors, à quoi avons-nous droit ?

Ici, les petits plats sont mis dans les grands : l’entrée sur scène est grandiloquente, avec une herse géante qui se lève en fond de scène et les musiciens qui entrent les uns après les autres, précédés de moines encapuchonnés tenant des torches en feu. Dès le départ, on remarque la très forte présence du chanteur Attila Dorn qui mène véritablement le groupe, en assurant parfaitement ses vocaux mais surtout en interagissant avec le public dans un français tout à fait correct ; il sait motiver les foules en faisant chanter, en remerciant le public. L’autre personnage du groupe qui occupe un rôle prépondérant est le claviériste / organiste Falk Maria Schlegel qui, en plus de jouer ses parties, vient se positionner sur le devant de la scène pour invectiver les fans, brandissant son poing en l’air au rythme de la musique, balançant son étole dans tous les sens. C’est en le voyant aussi impliqué que je réalise à quel point Powerwolf se veut une formation professionnelle. Autre preuve à l’appui, l’énorme production scénique qui est déployée : on a droit à un backdrop différent pour quasiment chaque chanson, avec leur mascotte (le loup, forcément) mis en situation, un peu à la manière d’Eddie The ‘ead d’Iron Maiden. Il y a des effets pyrotechniques à gogo, un canon à confetti… et même un lance-flamme sur « Fire and Forgive » ainsi qu’un rideau d’étincelles incandescentes sur la dernière chanson « Werewolves of Armenia ».

Comme c’est souvent le cas en live, les musiciens concluent leur show en prenant une photo finale avec les fans (vu l’affluence du festival, c’est toujours porteur en termes de marketing pour un futur disque 😊).

Quand bien même Powerwolf ne révolutionne pas le genre du Heavy Metal, il faut bien avouer qu’ils proposent une flopée de titres entraînants, entre classiques tels que « Amen & Attack », « Armata Strigoi », « We Drink Your Blood »… et autres titres moins spectaculaires mais tout aussi efficaces. A noter que « Beast Of Gevaudan » est ici chantée en français (comme le single sorti en 2021, qu’on retrouve aussi sur la récente compilation « Interludium »). Mention spéciale à « Demons Are a Girl's Best Friend » – qui est probablement ma préférée de leur répertoire. Les morceaux s’enchaînent sans temps mort, Powerwolf maîtrise vraiment son sujet.


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IRON MAIDEN

L’ambiance avant que début le concert est vraiment festive et on sent que beaucoup de monde attend ce moment historique !

En effet, dans la mesure où aucun show de la tournée « Somewhere On Tour » qui a eu lieu en 1986 n’avait été enregistré (pour des questions de budget), il n’existe aucun témoignage live officiel de certains extraits de ce disque – d’où le désir légitime de Steve Harris, pygmalion du groupe, de réparer cette erreur 40 ans après… désir largement appuyé par des hordes de fans qui vénèrent cette période historique de leur groupe fétiche. Pour autant, ce show n’est pas une copie conforme de ce qui s’est passé dans le passé : Iron Maiden a choisi d’articuler son set autour de ce vieil album mais aussi de son tout dernier méfait sonore, « Senjutsu », et de parsemer le tout de quelques classiques intemporels.

Le décor de scène est particulièrement beau, avec des backdrops montrant une ville futuriste nimbée de bleu. La nuit n’est pas encore tombée quand retentissent les premiers accords de la musique du film « Blade Runner », musique initialement écrite par Vangelis et qui servait aussi d’introduction aux concerts de la tournée de 1986. Ce film de science-fiction réalisé par Ridley Scott aura posé le décor pour le sixième album studio du groupe anglais, « Somewhere in Time ».

Le groupe déboule sur scène et entame le début de l’album de 1986 avec « Caught Somewhere in Time ». Bruce Dickinson, le chanteur, porte un imperméable kaki et des lunettes de soleil « futuristes » ; ça change de son costume de scène lors de la tournée initiale (un perfecto parcouru de tiges de néon illuminées qui devaient donner l’impression de sang circulant dans des tissus et alimentant un cœur en plastique… mais l’effet produit était plutôt raté, il faut bien l’avouer). Le son est énorme, super bien réglé et la chanson est interprétée sans une seule fausse note. Le concert commence donc très fort !



Bruce introduit la chanson suivante en français : « Un étranger dans un étrange pays » et « Stranger In A Strange Land » démarre… pour moi, c’est un sentiment magique : c’est comme si une machine à remonter le temps fonctionnait à plein régime et me téléportait en 1987, lorsque j’ai commencé à écouter du hard rock. A cette époque, je vénérais littéralement Iron Maiden et j’aurai adoré les voir en concert... Il m’aura fallu attendre 1992 et la tournée « Fear Of The Dark » pour concrétiser ce rêve. Donc les premiers moments de ce concert sont inestimables. Là aussi, la chanson est superbement interprétée et Janick Gers la conclue par un solo tout en finesse (lui qui a parfois un jeu très « chaotique »).

Après ces deux titres vieux de presque 40 ans, Maiden revient au présent. Les interventions vocales de Bruce entre les chansons se font souvent en français, même si elles sont parfois moins bien maitrisées que celles du chanteur de Powerwolf (à sa décharge, il utilise un vocabulaire plus riche donc plus compliqué). Bruce nous demande si nous apercevons des lettres de feu dans le ciel et envoie « The Writing on the Wall », issu de leur dernier LP « Senjutsu ». Succès garanti pour ce titre mid tempo aux relents de folk rock… comme quoi Maiden, tout en conservant une identité bien à lui, aura su amener des variations bienvenues à sa formule. Sans transition, le groupe enchaîne avec « Days of Future Past », à mon avis moins marquante puis avec un troisième extrait de « Senjutsu », la chanson « The Time Machine », que j’adore et qui passe très bien le test de la scène.

Après un petit interlude via « The Prisoner », extrait de « The Number Of The Beast », leur album le plus populaire et dont les extraits marchent toujours aussi bien en live, les anglais reviennent une nouvelle fois sur leur dernier disque – qu’ils défendent décidément fort bien – avec un titre-fleuve de plus de 10 minutes, « Death of the Celts » (Bruce déclare en ouverture qu’on « ne peut pas tuer une civilisation et que ceci constitue un avertissement »). Si les 4 derniers titres de l’album « Senjutsu » sont tous très longs et peuvent être indigestes aux oreilles de certains, leur interprétation en live leur donne tout leur sens. 

On revient à un autre classique, « Can I Play With Madness » (bien que Bruce brouille les pistes en évoquant un autre titre de leur répertoire qui emploie le même mot : « Sea Of Madness »… issu de « Somewhere in Time » !). Cette chanson joyeuse insuffle un zeste de légèreté, avant qu’on ne replonge en 1986 pour un autre hymne : « Heaven Can Wait » avec sa partie centrale où le public peut scander des oh-oh-oh en cœur. C’est à ce moment-là que la mascotte Eddie choisit de monter sur scène et défie Bruce avec son pistolet-laser ; le chanteur ne s’en laisse pas compter et riposte avec un canon-laser placé sur le côté droit de la scène ! L’apparition de la mascotte est toujours un moment kitsch et j’oscille toujours entre le rire, la honte et l’indifférence (je remarque au passage que certains musiciens comme Steve Harris ou Adrian Smith restent parfaitement impassibles face à ses apparitions). Mais Iron Maiden serait-il le même sans sa fameuse mascotte ?


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Vient ensuite le moment le plus spécial du concert : l’interprétation – pour la première fois de leur carrière – du titre de clôture de « Somewhere in Time » : « Alexander the Great ». Ce titre à tiroir, qu’on pourrait qualifier comme étant du metal progressif, nous montre tout l’étendue du talent des Anglais, autant à l’aise dans un registre léger que plus appuyé.

S’ensuit un autre grand classique vieux d’une trentaine d’années : « Fear of the Dark ». Et je réalise avec un brin de dépit que de nombreuses personnes semblent bien mieux connaître ce titre que les extraits de « Somewhere in Time » ! Il est sûr que cette chanson, bien qu’elle soit issue d’un album controversé et plus décousu que les albums des années 80 qui représente la période d’or du groupe, est imparable en live car elle fait participer le public comme jamais ; il est donc naturel qu’elle se soit imposée dans les set list… mais je reste avec l’impression qu’une bonne partie du public est très jeune et je me demande dans quelle mesure les gens réalisent à quel point cette tournée est particulière…

Pour clôturer la première partie du set, impossible de passer à côté de la chanson « Iron Maiden ». Bruce, qui change souvent de costume, revient sur scène avec un perfecto noir, vêtement emblématique du hard rock des années 80. Durant le break du milieu, c’est une autre mascotte, cette fois-ci à l’effigie de « Senjutsu », qui déboule sur scène et défie le public avec son sabre, pendant qu’un 2eme Eddie gérant gonflable et éclairé de rouge apparaît derrière la batterie de Nicko. Rien de vraiment nouveau pour qui a vu le groupe à de nombreuses reprises… mais c’est toujours très efficace !

Vien ensuite le rappel… qui va nous réserve une très belle surprise, puisque Maiden va rester sur le même schéma en puisant dans son dernier album, dans son album de 1986 puis en choisissant un classique absolu. On a donc tout d’abord droit à un autre morceau-fleuve de « Senjutsu », le titre « Hell on Earth », très progressif dans sa structure et présentant une très jolie mélodie, bien que le thème parle de la fin de notre monde, avec un backdrop présentant Eddie en statue de la liberté enfouie dans le sable d’un monde postapocalyptique (c’est un pastiche de l’affiche du film de « La Planète Des Singes »). Tout comme « Death of the Celts », ce titre passe très bien en live… même s’il invite plus à la rêverie qu’à la furie du rock’n’roll.

Pour la dernière ligne droite, Iron Maiden dégaine le classique des classiques, « The Trooper », toujours hyper efficace et générant une adhésion immédiate et massive puis clôture le bal avec « Wasted Years », le single de 1986 qui avait cartonné dans les charts à l’époque.

Au final, Maiden aura très bien joué, les morceaux sont superbement interprétés avec l’imbrication harmonieuse des trois guitares qui est désormais une de leur composante. J’ai noté quelques petits pains par ci par là mais rien de catastrophique. Bien entendu, les musiciens ont vieilli et sont plus statiques qu’avant (surtout Steve Harris qui avait l’habitude d’arpenter la scène de long en large) mais je n’ai pas l’impression qu’ils donnent une image pathétique de vieux croulants qui auraient dépassé la date de péremption. J’en veux pour preuve Nicko Mc Brain, qui vient récemment de fêter son 71eme anniversaire ( ! ) et qui a toujours une frappe d’enfer ! (même si on aura appris quelques semaines plus tard que le batteur venait d’être victime d’un AVC et avait perdu une bonne partie de ses capacités, qu’il a récupéré juste à temps à force de travail acharné… quelle preuve de courage !). Quant à lui, Bruce aura prouvé, si besoin était, qu’il reste un chanteur exceptionnel, peut être le meilleur toute catégorie et toute génération confondue. Doté d’un énorme capital sympathie, les Anglais se montrent dignes de leur héritage. Si seulement tous les groupes pouvaient en faire autant…

Petit point décevant : tout au long du concert, on aura eu droit à une avalanche de crowdsurfers, souvent très jeunes, qui partaient de très loin et qui obligeaient les spectateurs à surveiller leurs arrières… il n’y avait d’ailleurs pas grand-chose de rock’n’roll là-dedans !


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Et encore un crowdsurfer sur Iron Maiden…………..

Autre petit point décevant : qu’il n’y ait pas eu plus de chanson de « Somewhere in Time » ! Car si je comprends que « The Loneliness Of The Long Distance Runner » ou « Déjà-vu » aient été écartées, j’aurai vraiment aimé que « Sea Of Madness » puisse être interprétée… mais les die-hard fan comme moi n’en auront jamais assez de toute façon !!! 😊


VOÏVOD



J’adore Voïvod et je prévoyais d’aller voir leur concert… mais l’affluence est massive sur le site et la circulation compliquée. Je visionnerai donc à posteriori certaines vidéos sur You Tube. Je trouve d’ailleurs regrettable que ce concert n’ait pas été diffusé sur Arte car la set list avait de quoi faire baver plus d’un thrasheur progeux : en effet, Voïvod fête cette année ses 40 ans de carrière et sort « Morgöth Tales », une compilation de vieux titres réenregistrés spécialement pour l’occasion. Les fans présents à ce concert auront donc droit à des interprétations live de titres couvrant quasiment l’ensemble de la carrière de Voïvod, de vieux brulots comme « Thrashing Rage », « Killing Technology » ou « Macrosolutions to Megaproblems » jusqu’à des chansons plus nouvelles telles que « Holographic Thinking » tirée de leur dernier LP. A noter la présence de Eric Forrest, chanteur des Quebecois durant les années 90 et relocalisé en France (dans notre belle ville de Toulouse au passage !) qui interprètera avec eux deux titres, « Voivod » et « Rise ». Tout au long de son parcours, ce groupe canadien se sera montré novateur et original. Respect !!


CLUTCH



Bien que ce groupe américain existe depuis plus de 3 décennies, je suis assez peu familier avec leur musique. En fait, j’avais découvert le groupe il y a très longtemps, à ses débuts lorsqu’il était signé sur le label Earache Records, via son titre « Impetus »… puis je les avais complétement perdus de vue… jusqu’à acheter une paire de disques ces dernières années, puis les voir en live pour la première fois de ma vie fin 2022 au Bikini, concert qui se sera révélé fameux. Comme WITHIN TEMPTATION qui joue sur la MS n’est pas ma tasse de thé et que THE HU, qui joue sur La Temple, jouit d’un succès tel qu’il est virtuellement impossible d’approcher la tente de près, je décide de revoir les rockers de Clutch. Je fais ce choix car je sais aussi qu’ils varient beaucoup leur set list.

Comme nous sommes en condition de festival, le temps de jeu est réduit par rapport à une date classique en salle. C’est probablement la raison pour laquelle « Slaughter Beach », qui est quand même jouée dès le début des hostilités, ne sera que le seul extrait de leur dernier LP car le groupe va ensuite se concentrer sur ses classiques tels que « Earth Rocker », « X-Ray Visions » ou « Firebirds ! ». Je suis rudement content d’entendre « D.C. Sound Attack ! ». Le groupe est impérial mais comme souvent c’est le chanteur Neil Fallon qui attire tous les regards ; il n’a pas franchement une dégaine de sex symbol… mais c’est son charisme qui fait toute la différence : il vit ses chansons et le timbre grave de sa voix apporte beaucoup de chaleur à l’interprétation des titres. Ca rocke, ca groove, ca pogote gentiment dans les rangs… d’ailleurs moi aussi je suis peu à peu pris par le demon du groove et je me rapproche irrémédiablement du devant de la scène, malgré la fatigue accumulée, pour dandiner mon popotin comme beaucoup de monde autour de moi. L’ambiance est très festive… et c’est comme ça que que le rock devrait être !

Le concert se finit de la même manière qu’à Toulouse avec deux classiques absolus, qui portent la foule en liesse et que tout le monde chante à tue-tête : « Electric Worry » et « The Face ».

Clutch est venu, Clutch a joué, Clutch a vaincu ! En ce qui me concerne, ils rentrent désormais dans la catégorie des groupes majeurs !


CARPENTER BRUT

Je constate que beaucoup de monde a déjà quitté le site donc on peut très facilement s’avancer jusqu’à une distance raisonnable (ce qui est assez rare désormais au Hellfest pour être stipulé… et qui avait été tout bonnement impossible en 2018 car ils avaient été programmés sous la Temple qui était littéralement bondée, comme The Hu cette année).

J’arrive alors que le concert a déjà commencé depuis un certain temps, je me poste au milieu de la foule et je m’immerge dans cette ambiance électro-métal, à grand renfort de lights mauves et bleus. Les musiciens sont éclairés à contre-jour donc on ne distingue que leur silhouette ; on a l’impression d’être en boîte de nuit, ce qui colle parfaitement au genre musical et ça conclue la soirée du samedi de la plus belle des manières. Le leader, Franck Hueso, est installé au milieu de la scène, lunettes noires vissées sur le crâne, il mixe et joue du synthé derrière un pupitre éclairé avec le logo du groupe (une forme de pentagramme intitulé le « brutagram » !). Néanmoins, bien que j’apprécie la formule musicale de Carpenter Brut, je trouve certains morceaux trop commerciaux (« Beware the Beast » étant pour moi un exemple frappant… mais « Lipstick Masquerade », chantée par l’invitée Persha, est du même acabit). Finalement, je m’aperçois que je préfère Carpenter Brut lorsqu’il évolue en formule instrumentale, comme pendant « Disco Zombi Italia », « Color Me Blood » ou « Hairspray Hurricane ».

On a droit à certains nouveaux titres, issus de « Leather Terror », comme « Day Stalker » ou « Imaginary Fire », pour lequel le groupe est rejoint par l’ancien chanteur de The Dillinger Escape Plan, Greg Puciato, présent sur cette édition du Hellfest avec son groupe actuel et qui avait prêté sa participation à la version studio de cette chanson. Et ce n’est pas le seul invité de cette nuit… on a vraiment l’impression que Carpenter Brut a mis les petits plats dans les grands pour cette occasion : Johannes Andersson, leader de Tribulation, viendra prêter main forte sur « Leather Terror » (avec gerbes pyrotechniques). La dernière ligne droite du concert voit le groupe interpréter de superbes titres tels que « Turbo Killer » - sur laquelle Franck demande un wall of death ! - « Le Perv », et bien entendu la reprise de Michael Sembello, « Maniac », sur laquelle sont invités à chanter Yann Ligner, chanteur de Klone, et Persha. Cette version ultra boostée montre à quel point ce standard pop des années 80 peut être fédérateur auprès du public du Hellfest. Encore un groupe français dont on peut être fier car il déploie une vision très personnelle et très efficace, à défaut d’être purement metal (mais ce terme signifie-t-il encore quelque chose en 2023 avec l’éclatement du style et l’apparition de multiples sous-genres ?)

Au final, carton plein pour Carpenter Brut et une fin de soirée terrible !!





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DIMANCHE 18 JUIN

Tout comme la veille, la fatigue commence à se faire durement sentir. En tout début de journée, il n’y a aucun groupe qui m’intéresse.

J’irai bien voir HO99O9 sur les coups de 13h00 mais, comme prévu lors des récents bulletins météo, un énorme orage éclate, le tonnerre gronde et il pleut fort pendant plusieurs heures. Alors forcément plein de gens restent au camping, soit dans leur tente soit sous les tonnelles. Néanmoins, cela ne refroidit pas les ardeurs de certains festivaliers qui prennent déjà l’apéro et gueulent à chaque coup de tonnerre, comme pour invoquer Thor et les dieux païen. C’est assez fun à entendre !

J’ai un objectif : les Américains de VEKTOR. Donc je prends mon courage à deux mains et me dirige vers l’entrée du site. Je constate que malgré les aménagements, il a tellement plu qu’il y a beaucoup de boue sur les allées du camping et sur le site ; bien entendu c’est moins catastrophique qu’en 2007 mais cela rend les conditions d’accueil moins accueillantes… même si certains fans n’en ont cure et se vautreront dans des marres de boue, simplement pour amuser la galerie 😊


VEKTOR

Ce groupe américain de thrash progressif m’avait littéralement scotché lorsque j’avais découvert sa musique en 2016 grâce à son 3eme album, « Terminal Redux ». Il avait malheureusement splitté peu de temps après, pour ne se reformer qu’en 2020. Le split single « Transmission Of Chaos », paru en 2021 et partagé avec les néerlandais de Cryptosis (ex Distillator) était lui aussi excellent… donc je me disais que tout ceci était la garantie de passer un bon moment… mais il y a une marge, parfois énorme, entre rendu studio et rendu live. En fait, Vektor est assez appliqué dans l’interprétation de ses titres mais sa musique est tellement technique qu’il est dur de trouver ces versions meilleures que leur pendant studio. Le son était pourtant bon et, une fois de plus, l’interprétation était top niveau. Mais la production scénique n’avait rien à voir avec mon dernier concert de la veille (Ndrl : Carpenter Brut) et j’ai eu du mal à me plonger dans leur univers. Peut-être n’étais-je pas dans le bon état d’esprit… dommage ! J’attends quand même leur prochain album avec impatience.

Mention spéciale au titre « Recharching The Void » que Vektor a scindé pour y insérer des plans de Pink Floyd !


HOLY MOSES

Holy Moses vient de publier, à la surprise de tous, un nouvel album, le premier en neuf années d’absence… mais ils ont parallèlement annoncé l’arrêt prochain du groupe, la chanteuse et seule rescapée de la formation originale (qui date tout de même de 1982 !) ayant bientôt 60 ans et souhaitant laisser la place à la jeune génération… attitude classe !

On a droit à une intro de George Michael (ou de son groupe Wham ?) en musique de fond avant que le concert ne commence. La fantastique pochette du dernier album, « Invisible Queen », réalisé par le hongrois Gyula Havancsák, sert de backdrop (au passage, je suis ravi que le groupe teuton finisse sa carrière sur un album aussi talentueux musicalement et aussi joli visuellement).

Trois jeunes musiciens accompagnent Sabina pour cette tournée d’adieux, des mecs qui ne paient pas de mine car ils ont les cheveux courts (voire le crâne rasé pour le bassiste… pas très old school tout ça 😊)… mais ils portent tous la bonne vieille veste patchée avec pléiades de groupes référentiels (et le guitariste a même un Tshirt Gojira !). Sabina arrive sur scène, toute fluette… …on se dit qu’elle ne va pas casser des briques… et pourtant son timbre de voix ne laisse aucun doute sur la puissance dégagée… Sabina ne fait pas que grogner, elle peut avoir des vocaux plus arrachés. Par contre, bien qu’elle fasse largement le job, on sent que par manque d’activité scénique intensive, elle ne maitrise pas complètement la communication avec les foules (elle headbangue plus facilement qu’elle ne regarde le public dans les yeux). Ses comparses sont au top, le seul guitariste Peter Geltat assure comme une bête en alternant des parties rythmiques complexes et des soli qui ne le sont pas moins donc on ne sent aucun manque par rapport aux versions studio (ok, c’est moins technique que Vektor… mais il y a quand même de chouettes soli). Les allemands vont dégainer pas mal de titres de leur troisième album, le référentiel « The New Machine Of Lichtenstein » (Def Con II, Panic, SSP et The New Machine). Sabina bouge beaucoup sur scène et ses vocaux, très rauques, offrent au public une rasade de thrash metal old school (à ce titre, la vocaliste insiste très souvent sur cette dénomination de « old school thrash metal »). Cette formule musicale est bien plus basique et brutale que celle de beaucoup d’autres formations actuelles du même genre. Puis le groupe teuton honore son dernier album avec la chanson titre « Invisible Queen », qui passe très bien l’épreuve du live et se montre même plus percutante sous cette forme.



Bien que l’audience soit un peu clairsemée, elle est composée de curieux amassés aux premiers rangs - car Holy Moses s’est fait extrêmement rare en nos contrées durant toute sa carrière et le public présent ne boude pas sa joie en montrant un maximum de respect entre les chansons.

Sabina évoque sa décision d’arrêter le groupe à la fin de l’année, elle remercie le public et les fans et note que le dernier album semble apprécié… car le compteur des vues You Tube de leur dernier clip a franchi un cap fatidique (c’est désormais à cela qu’on mesure la popularité !). Holy Moses dégaine « Cult Of The Machine », encore un titre de leur nouvel album et qui possède un refrain vicieux. Très efficace.

Vient ensuite « Nothing for My Mum » tiré de Theotocy (1991), aux relents death metal (quelle voix !) puis un autre titre que je n’ai pas réussi à identifier ainsi que “Undead Dogs” issu de leur album « Redefined Mayhem » (un titre correct mais loin d’être à mon avis dans le peloton de tête des classiques du groupe, et dont l’apparition sur la set list est surtout due au fait que c’est ce line-up qui a enregistré ce titre en 2014)

Le set se conclut par le titre le plus fameux du répertoire, le fantastique « Finished With The Dogs », au cours duquel réclame Sabina réclame des « old school pit » ! 😊

Sabina invite enfin le public présent à se rendre à son ultime concert le 27 décembre 2023, date à laquelle elle fêtera ses 60 printemps. Elle remercie ses potes de Voïvod (qui ont joué la veille) puis dégaine le dernier titre de la journée, « Current Of Death », issu lui aussi du référentiel « Finished With The Dogs »… encore un titre mené tambour battant… mais dont le refrain mélodique passe mal l’épreuve du live (il aurait peut-être fallu inviter les copains de VoÏvod pour donner de la voix !)

La fin du concert est ponctuée de vifs remerciements à l’attention de son public, elle fait scander la foule et on la sent très émue ; elle a d’ailleurs du mal à quitter la scène.

Au final, Holy Moses aura donné un très bon concert de thrash metal old school, flamboyant par ses soli mais trempé dans un moule plutôt extrême (qui nous ramène effectivement aux premières heures du thrash metal européen et à des œuvres telles que « Infernal Overkill » de Kreator, « Persecution Mania » de Sodom ou « Zombie Attack » de Tankard). Un concert clivant, que certains jeunes ont pu détester car la formule peut sembler trop basique par rapport aux canons actuels du genre mais que les fans de la première heure ont dégusté jusqu’à la lie. Pour moi, un des meilleurs concerts du fest.


BENEDICTION



Le groupe de Birmingham a été prévu en remplacement de dernière minute à la suite de la défection des New-Yorkais de Suffocation, eux-mêmes récemment en tournée en Europe mais dont plusieurs membres ont souffert de blessures suite à ce périple… c’est que jouer du death metal à une vitesse folle peut entraîner des complications !

Dès le début, on constate que l’affluence est correcte… même si la tente n’est pas bondée. Le backdrop est simple avec seulement le logo du groupe encadré de part et d’autre d’un démon et d’une nonne portant un crucifix. Une intro un peu mystique composée de chant féminin retentit puis les musiciens rentrent sur scène. D’entrée de jeu, on remarque que le batteur est beaucoup plus jeune que les autres (il est d’ailleurs très énergique). Les vieux briscards que sont les 2 gratteux sont rodés à la scène et ils vont headbanguer tout au long du concert ! Le bassiste, à l’instar du batteur, est tout jeune : il a 33 ans… soit 20 ans de moins que les membres historiques ! (on rappelle que le bassiste emblématique du combo est parti en 2017, quand Benediction était en pause, afin de monter Memoriam avec l’ancien chanteur de Bolt Thrower… Memoriam qui avait foulé les planches de la même scène un an auparavant). La formation 2023 de Benediction peut aussi compter dans ses rangs le retour du chanteur emblématique Dave Ingram (en poste durant les années 90), grand barbu hirsute à l’humour typically british ; il possède un tatouage Benediction sur le bras gauche et un tatoo Motorhead sur la cuisse (qu’on devine à travers son jean déchiré) et ceci résume à peu près sa philosophie : faire une musique basique, directe et sans fioriture. Sa voix est profonde et très caverneuse et il est parfait pour ce job !

Benediction attaque par les 2 premiers titres de son dernier album « Scriptures » : le très basique « Iterations of I » puis « Scriptures in Scarlet », avant de déterrer quelques vieilleries comme « Visions in the shroud », le premier titre de leur 2eme album … ou « Unfound Mortality »… le premier titre de leur 3eme album (décidément !). L’audience est passive au début, il n’y a que de touts petits pogos… les gens sont-ils fatigués ? ou attentifs ? Mais le groupe est applaudi entre chaque morceau. Benediction développe une formule très rythmique, très compacte, il y a peu de place pour les digressions progressives ou les cassures de tempi. « Nightfear » issue de « Transcend The Rubicon » (le plus gros succès des anglais ?) déploie son riff efficace et le pogo s’intensifie, à la grande joie du chanteur. Ça enchaine avec un extrait du même album : « I Bow to None ». Puis « Agonised » de l’album « Grind Bastard » prend la suite (un album un tantinet plus expérimental… bien que le mot « expérimental » ne s’applique que très partiellement à la musique de Benediction) : certains tempi plus lourds déclenchent un gros pit.

Retour au nouvel album avec le titre « Progenitors of a New Paradigm », sympa mais sans plus. Puis arrive « The Grotesque », issu du EP sortie en 1994 et « Jumping At Shadows » tirée de « The Grand Leveller », plus lourde mais avec une ambiance bien pesante, titre qui s’enflamme à la fin et déclenche un petit circle pit (on sent que les gens sont fatigués) ; Benediction enchaîne directement avec « Subconscious » Terror tiré de leur séminal premier album paru en 1991, à l’époque ou Mark « Barney » Greenway était vocaliste du gang.

Puis, plutôt que de quitter la scène et attendre que le public réclame un rappel, Benediction préfère rester sur place et enchaîner directement avec les 2 derniers titres du set : tout d’abord « Foetus Noose », qu’ils dédient à leurs potes de Paradise Lost (avec notamment un riff à la Slayer en milieu de set) et enfin « Stormcrow », lui aussi issu du dernier méfait des anglais, portant à 4 le nombre d’extraits de cet album (soit un tiers du set) ; Benediction assume donc complètement son dernier disque et c’est tout à fait logique vu la qualité de celui-ci

Dave en profite pour montrer son torse tatoué, à l’effigie d’un pentacle noir barré par un éclair rouge (serait-il fan d’Anthrax, période « We’ve Come For You All » ? 😊) Vient enfin la photo finale des zicos avec le public en toile de fond, on sent qu’un concert de cette envergure fait plaisir aux musiciens qui ne sont pas habitués à se produire devant de telles foules. Le guitariste Darren Brookes se montre particulièrement reconnaissant envers les fans.

Au final, on aura eu droit à un bon mix dans lequel on entendait bien tous les instruments et le groupe a affiché une impressionnante cohésion… Bref, il aura prouvé qu’il avait de beaux restes. La bonne surprise du festival !


TENACIOUS D

Je ne me suis jamais vraiment mis à la musique de Tenacious D, malgré les conseils de nombreux potes.

Comme beaucoup, j’apprécie leur côté parodique mais, n’étant pas parfaitement anglophone, je passe à côté de nombreuses tournures humoristiques. A titre de comparaison, j’aime bien prendre une petite dose d’Ultra Vomit de temps en temps car, au-delà de leur musique, j’apprécie surtout les touches d’humour glissées dans leurs paroles. Par ailleurs, l’optique du groupe, s’axant plus sur le côté acoustique folk-rock que sur le côté saturé, ne me parle pas plus que ça. Néanmoins, je suis content de pouvoir assister à leur prestation, d’autant plus que le groupe est assez discret en Europe… et ça explique peut-être l’engouement du public du Hellfest qui se presse en masse devant le MS1.

Premier gag, le backdrop affiche un logo avec une typographie absolument dégueulasse ressemblant à celle d’un groupe de brutal death metal lambda, ce qui contraste avec les dégaines hyper décontractées de Jack Black et Kyle Gass. Le premier porte un ensemble T-shirt / short chatoyant avec des flammes “Hot Wheels” et arbore une barbe digne des plus grands ermites. Mais c’est surtout lorsqu’il entonne ses textes qu’il paraît possédé… on sent le feu sacré dans son regard et, ça, c’est metal ! Son acolyte l’accompagne à la guitare acoustique et parfois aux vocaux, mais c’est surtout l’avalanche de gags entre les morceaux qui fait mouche, par exemple quand le roadie censé déclencher les effets pyrotechniques avoue son impuissance ou quand le duo fait un concours de la meilleure ligne mélodique jouée sur un saxophone-jouet, miniature pour l’un et géant pour l’autre. Jack sort quelques références aux mastodontes du genre, en dansant comme Angus Young d’AC-DC ou en évoquant Iron Maiden lors de l’utilisation d’effets pyrotechniques.

Au final, je dirai que j’ai passé un agréable moment, pas prise de tête, une sorte de récréation avant les choses sérieuses…


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PANTERA

Et les choses sérieuses vont pouvoir commencer.

Dire que cet événement est historique est un euphémisme : Pantera, figure de proue de ce qu’on aura appelé le “groove metal” dans les années 90, aux côtés de Machine Head, Prong ou encore White Zombie, ne s’est pas produit en concert depuis près de vingt ans ! Dissous par suite de dissensions internes en 2003, il n’y avait aucun espoir de voir le groupe se reformer puisque son guitariste emblématique, Dimebag Darell, avait été tué sur scène lors d’un concert de son nouveau groupe, Damageplan, par un fan américain dérangé l’accusant d’avoir sabordé Pantera ! (ce qui, au passage, ne tient pas la route une minute…). Pour couronner le tout, on avait appris la mort de son frère batteur, Vinnie Paul Abbott, en 2018 (c’est d’ailleurs en plein Hellfest que l’info était tombée, ce qui avait sidéré nombre d’entre nous… certes, le bonhomme était en surpoids depuis longtemps mais ne donnait pas l’impression d’être si malade que ça…).

Bref, tout espoir de voir le combo texan se réunir après ça s’était définitivement envolé… et puis, le temps passant, la nostalgie grandissant… …quasi proportionnellement à la pression des producteurs de spectacle pour organiser un juteuse tournée de reformation, l’idée que Pantera puisse ressusciter est devenue une réalité tangible. Anselmo s’était déjà produit à de nombreuses occasions au Hellfest avec ses groupes respectifs et il avait même repris plusieurs titres de Pantera l’année précédente (avec The Illegals). Fin 2022, on apprend donc que Pantera remet le couvert et qu’il choisit deux musiciens proches de l’histoire du groupe pour remplacer les disparus : le guitariste Zakk Wylde (Ozzy Osbourne, Black Label Society…) qui était déjà pote avec eux dans les 90’s et peut revendiquer le statut de guitar hero au même titre que Dimebag puis Charlie Benante, batteur d’Anthrax, dans le circuit depuis 4 décennies (on se souvient que Dimebag avait enregistré plusieurs soli pour différents albums d’Anthrax s’étalant sur la période 1995-2003, il était donc très proche des thasheurs new-yorkais). Mais même si Zakk et Charlie peuvent apparaitre comme des choix logiques, peut-on pour autant considérer la démarche de Pantera légitime ? Je suis un peu sceptique à ce sujet mais, n’ayant jamais eu l’occasion de voir Pantera en live, je ne boude pas mon plaisir.

Un énorme rideau à l’effigie du groupe Texan a été tendu devant la scène, masquant ce qui se passe en coulisse ; c’est alors que la version studio de la chanson « Regular People (Conceit) » retentit des enceintes et que les écrans géants diffusent des images d’archive se focalisant sur les frères Abbott du temps de leur vivant. Les aficionados auront reconnu la homemade video « Vulgar Videos » sortie en 1993 et compilant toutes les bêtises qu’un groupe de rock peut faire en tournée. A la fin de cette diffusion, seules les silhouettes géantes de Vinnie et Dimebag restent sur le grand écran. Tous ces détails placent clairement la représentation sous le signe de l’hommage… et, au cours du concert, on aura doit à d’autres manifestations de ce type : le batteur Charlie possède 4 grosses caisses, dont 2 sont estampillées CFH (Cowboys From Hell) et 2 autres montrent les visages des frangins, il porte un T-shirt spécial montrant les frangins Abbott dessinés version Simpson (lui qui est grand fan de comics) ; le guitariste Zakk Wylde, bien qu’il conserve  la marque Warhammer avec laquelle il joue depuis longtemps, joue sur un nouveau modèle inspiré de celle de Dimebag (la fameuse Dean ML bleue lardée d’éclairs) et porte une veste en jean avec patches des frères Abbott… même Anselmo, qui s’était brouillé avec les frères Abbott, porte le T-shirt rouge de cette tournée commémorative (avec la pochette de « Vulgar Display Of Power » de face et l’inscription « for legacy » dans le dos). On a l’impression que tout est fait pour ne pas froisser ceux qui auraient pu trouver la démarche illégitime et intéressée…

Une fois l’intro passée, le rideau tombe, les fumigènes jaillissent et le concert commence au son de « A New Level ». Toutes mes appréhensions s’envolent en une fraction de seconde et je me retrouve, un peu comme Iron Maiden la veille, propulsé 30 ans en arrière, ressentant l’excitation que cette nouvelle forme de musique avait pu produire chez moi et chez tous les fans de metal dans les 90’s. Le son est hyper massif, plutôt bien réglé mais très écrasant… est-ce le rendu live ? ou jouent-ils plus lentement ?? En tout cas, je me sens comme pulvérisé par autant de puissance !



Anselmo est plutôt statique et donne l’impression de s’économiser, probablement pour se concentrer sur sa performance. Je crains qu’il ne manque de patate car il semble un brin en retrait au début du show… mais cette impression disparaîtra au fur à mesure et il délivrera une prestation très correcte, chantant juste même sur les passages compliqués et nous rappelant à quel point il est un grand vocaliste. Il a souvent les bras tendus vers le ciel, comme s’il implorait la puissance de la foule et mâchouille en permanence un vieux chewing-gum ; étonnamment sa voix est beaucoup moins aigüe lorsqu’il s’adresse à la foule entre les morceaux que lorsqu’il chante…

Ses compères assurent parfaitement la partie musicale : Rex, toujours discret, fait le job à la basse, il assure quelques chœurs par ci par là et se balade un peu sur scène. Zakk Wylde, qui semble avoir pris un petit coup de vieux et qui affiche une dégaine d’ermite (comme Jack Black… mais version plus « musculeuse »), n’en fait pas trop : il exécute les parties rythmiques et les soli très fidèlement mais il ne se montre pas démonstratif, comme s’il s’appliquait à ne pas voler la vedette à Dimebag. Enfin, Charlie reproduit les plans batterie hyper fidèlement ; même le son des toms, très secs, évoque Vinnie Paul. Grosso modo, à part à de très rares instants, l’interprétation est franchement très correcte.

La foule, au départ attentive, est rapidement conquise et j’ai le sentiment qu’on assiste à une réunion des générations, entre les vieux fans qui ont vécu les années Pantera et les plus jeunes, dont certains sont même nés après le split de 2003. Il faut dire que la set list ne laisse aucun répit au public, enchainant les morceaux hyper entraînants, qu’ils soient heavy ou rapides : après « A New Level » est dégainé un autre extrait de « Vulgar Display » via le titre d’ouverture « Mouth For War » puis vient la triplette tirée de « Far Beyond Driven » : « Strength Beyond Strength » / « Becoming » / « I'm Broken »… le concert pourrait s’arrêter là qu’il serait déjà réussi !

Anselmo demande qui a vu Pantera dans les 90’s et qui voit Pantera pour la première fois (il fera aussi un autre sondage pour savoir si les gens reviendraient les voir s’ils refaisaient une future tournée… des plans en vue ??).

A part « Suicide Note Pt. II » et « Yesterday Don't Mean Shit » qui sont tirés d’autres albums, la set list fait la part belle à ma période préférée de leur discographie, entre 1992 et 1994, avec les fantastiques « Vulgar Display Of Power » ainsi que « Far Beyond Driven ». Même l’album qui les a popularisés, « Cowboys From Hell », est étonnamment peu défendu (on a droit à quelques passages en playback de « Cemetery Gates », là aussi avec vidéos d’archives diffuses sur les écrans géants, puis à un court extrait de « Domination » mais qui est fondu avec « Hollow » et enfin à la chanson titre). Mais les plus gros cartons du jour se nomment « 5 Minutes Alone », « Fucking Hostile » et « Walk » (la chanson dont Anselmo dit qu’elle fait bouger 99,99% des gens en concert… et il a raison !!!). Le concert est mené sans temps mort et il passe à la vitesse de la lumière car il ne comporte aucun titre faible. Alors, évidemment on peut reprocher aux musiciens, Anselmo en premier lieu, leur côté statique… Bien entendu, le Pantera de 2023 est moins énergique que celui des années 90, au moins au niveau de la prestation physique… Les musiciens en sont conscients car Anselmo lui- même évoque cet aspect à un moment donné. Mais il n’empêche que le show donné ce jour respecte les codes mis en place à l’origine : de la puissance et du groove, tout simplement (d’ailleurs le décor scénique est assez sobre avec un écran géant en guise de backdrop qui affiche souvent le logo massif, transpercé d’éclairs, de feu ou de barbelé).

Ce concert aura donc rempli toutes ses promesses, m’aura permis de rattraper le temps passé et aura constitué le meilleur final d’une édition Hellfest depuis longtemps !


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TESTAMENT

Dès le départ, on remarque une production avec de gros moyens : la batterie est surélevée et entourée d’un backdrop à l’effigie du crâne du premier album « The Legacy ». Des drapeaux cachent les amplis de façade et ceux-ci sont à l’effigie des moines encapuchonnés de « Souls Of Black »… mais, surtout, il y a un très gros light show !

Ces 20 dernières années, Testament a vraiment assis sa réputation et leur concert sont couronnées de succès. L’affluence est maximale, la tente est blindée et le public très réceptif à leur metal.

Les américains enchaînent les classiques comme d’autres enfilent des perles : Le groupe attaque fort avec « Rise Up », ultra efficace, et enchaîne avec « The New Order », classique absolu. Dès le départ du concert, le pari est gagné ! Pourtant, la pression ne retombe pas avec des tubes comme « The Preacher »

Chuck Billy utilise une estrade, bien qu’il soit loin d’être petit, et cela lui donne encore plus de présence scénique. Ça enchaîne avec « Children Of The Next Level » issu de leur dernier album Titans Of Creation qui, si elle n’a pas la force de frappe des classiques susmentionnés, n’en reste pas moins un très bon titre. La remarque est également valable pour le titre suivant, « The Pale King » issu de l’album de 2016. Par contre, après ça, c’est une ribambelle de hits en-veux-tu-en-voilà, autant issus des premières heures (« Practice What You Preach »), de leur milieu de carrière (« D.N.R. (Do Not Resuscitate) », « 3 Days in Darkness ») et de leur retour en fanfare en 2008 (« The Formation of Damnation »). Le concert se conclut sur les deux chansons les plus solides du répertoire des ricains : « Over The Wall » et « Into The Pit ».

Si l’on peut regretter que Testament dégaine souvent les mêmes chansons, force est de constater qu’ils ont bâti un répertoire hyper solide qui pioche dans les différentes périodes de leur discographie… et surtout que ce sont des bêtes de scène : rarement j’ai ressenti cette sensation d’un équilibre quasi-parfait entre l’efficacité des morceaux bien écrits et la flamboyance des musiciens, qui tapent chacun à leur tour des soli éblouissants : on sait à quel point Alex Skolnick est un guitariste virtuose… pourtant les interventions d’Eric Peterson sont elles aussi très pertinentes. Steve Di Giorgio assure comme une bête à la basse et on peut en dire autant du batteur actuel… et tout ce beau petit monde est chapoté par un Chuck Billy impérial de bout en bout.

Au final, un excellent concert et une très bonne manière de clôturer cette édition !


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Juste après Testament, je sors de la tente pour assister au feu d’artifice. Cela fait quelques années qu’on est habitués à en prendre plein les yeux donc l’effet de surprise ne joue plus trop. Mais il faut bien avouer que voir le ciel de Clisson éclairé à ce point, sur fond d’une sono balançant des classiques du hard rock, ça fait toujours rudement plaisir.

Petit point négatif : l’écran géant annonce que les pass 2024 seront mis en vente quelques jours plus tard, avant la fin du mois de juin ! Et j’entends plusieurs personnes autour de moi s’insurger contre cette décision, et pour cause : certains ont cramé toutes leurs économies lors de cette édition… comment pourront-ils casser la tirelire si celle-ci est vide ?

BILAN

Au final, je tire un bilan très positif de cette édition 2023 : personnellement - et j’aurai tendance à écrire « comme d’habitude » - j’ai raté plusieurs groupes que je prévoyais d’aller voir… mais, en revanche, j’en ai vu d’autres que je n’aurai jamais imaginé voir ! Et c’est ce qui fait du Hellfest une expérience immersive, où les lignes bougent et où les découvertes sont légion.

Voici mon top concert :

Meilleur concert : Iron Maiden

Révélation : Code Orange

Déception : Def Leppard & Katatonia

Côté météo, les conditions auront été très variables… mais ça aura mis un peu de piment à la fête.

Côté affluence, je n’ai pas expérimenté de difficulté particulière… le site est très bondé depuis plusieurs éditions… suis-je habitué à cette foule massive ? J’ai entendu dire que certaines personnes ont mis 1h30 pour passer les portes de la cathédrale et c’est regrettable.

Côté son, j’ai trouvé le son plutôt bien réglé de manière générale … sauf sur DEF LEPPARD où c’était intenable !

Coté service, et notamment le service de recharge de batterie de téléphone portable, je regrette que le nombre de stands aient été réduits (celui situé sur l’espace presse a disparu) et que l’accès à ces stands soient compliqués. Mon téléphone est resté déchargé pendant plus de 24 heures et je n’ai pas pu prendre autant de photos que ce que j’aurai voulu.

Le Hellfest a désormais atteint une notoriété sans égale, c’est le premier festival français de musique – tout genre confondu – et je constate que les critiques se font plus acerbes à son encontre : le festival a dû se justifier sur la programmation de certains groupes, controversés car empêtrés dans des affaires de violence conjugale, à une époque où ces sujets ne sont plus acceptables. Il doit également se justifier sur le contresens écologique que peut représenter un événement de cette ampleur, avec notamment des hectolitres de fioul nécessaires au bon fonctionnement des lance-flammes répartis sur le site.

Une semaine après, l’organisation fait volte-face et ne met en vente que la moitié des pass 2024 au lieu de la totalité. Ces pass trouveront preneurs en un temps record, laissant une nouvelle fois beaucoup de monde sur le carreau et prouvant que le pari de Ben Barbaud et Yohan Le Nevé est réussi : le Hellfest reste dans le cœur des fans de musique quoi qu’il arrive.


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Le crâne de l’entrée, encore plus beau de nuit…

samedi, novembre 25 2023

Le tumulte de la Botanique païenne au théâtre


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Le 21 Novembre l’association Toulousaine Noiser s’était délocalisée à la salle Altigone à Saint-Orens-de-Gameville, la programmation proposée marchait dans une forêt épaisse, souvent sombre, mais tout le temps percée de lumière. Trois groupes ont joué, pour trois filles au chant et pas un bassiste.

Nous étions assis, et pour mon épouse Samantha c’était une première de vivre un concert de la sorte. Elle a eu la sensation d’être davantage éprise par la musique, car son corps était en pause, et son esprit en éveil : « Le fait d'être assise c'est comme si tu étais attachée et que l'on te faisait des chatouilles consenties . Tu prends toute la musique sans que ton corps puisse en dégager l'aura, tu gardes tout dans tes profondeurs et la circulation vibratoire est différente. » Dixit Samantha


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LYS MORKE se présente en duo. Elle chante, joue de la guitare, pianote, belle voix avec parfois un chant autotuné, et un acolyte l'accompagne pour la partie rythmique.

Lys Morke (de son vrai nom Irene Talló) est une auteure-compositrice-interprète, guitariste et artiste visuelle de Terrassa (à côté de Barcelone), elle propose une dark indie électronique à travers les prismes de ce mélange hétérogène 2.0. La sensation d’avoir une actrice de Pedro Almodovar mise en scène par Massive Attack avec les atmosphères poppy de Grimes, épaulées par des projections vidéos. Son univers est riche et finalement assez équilibré pour ne pas se perdre dans un fouillis farfelu et trop pop.

Le côté intimiste se retrouve dans la sensation profonde des morceaux, et non dans ce qu’il pourrait restreindre un duo, tant les titres offrent une étendu de relation sensible, d’épaisseur électro, dans le chant mélodique. Le duo offrira un bel équilibre, même si le caractère intime sera préféré à l’effervescence de titres plus poppy. Lys Morke nous a offert son trip, et il était étrangement cool avec une intimité qui possédait la lumière d’un cœur pur.


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A.A.WILLIAMS est une artiste anglaise proposant une musique à la croisée du Post-Rock, du Metal et de la musique classique, le tout teinté d'une ambiance gothique.

C’est en trio avec un guitariste (lignes claires et solos), elle au chant et guitare (souvent jouant soit des riffs soit les parties basses) et un batteur. Si au début le chant est à peine audible il deviendra plus important et son caractère primordial abondera à ce que nous nous apaisions sur de la poudre à canon et dans une tourbière pleine de venin aiguisé. Même si parfois l’on s’ennuie un peu tant les titres sont fabriqués dans la même essence, cette douleur ankylosée coulera par des applaudissements polis, puis par davantage d'apothéose au fil du set Si la plupart des titres allongent leur mouvance et flottent paisiblement, il n’est pas rare que soudainement une explosion se fasse entendre, et aura fait sursauter les trois donzelles juste devant moi, pour ébahir dans un magma de puissance et d’intensité que le post-rock et blackgaze en émettent la solution fuligineuse.


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Le concert nous aura fait plonger les yeux vers la canopée avec ces châteaux gothiques marbrés de satin et d’hémoglobine intimiste, que A.A Williams peint. Elle a une très belle voix au final. J’avais pu en apprécier la teinte au Hellfest.

J’aime cette douce odeur de foudre qui m’entoure dans des forêts éteintes et des bois calcinés de dark. Une sorte de pourriture paillée, profonde et riche qui n’a aucune connotation de mort ou de fin, mais plutôt de vie romanesque chargée de plainte et de douleur excitante, avec son expression sentimentaliste de destruction perpétuelle et de renaissance.

Dans le faible clair obscur qui a épousé le fiel, la tourmente autour de la chapelle de AA Williams, les tombes effondrées et les ossements secs ne pouvaient faire de mal à personne. Je me suis demandé, mais quelle langue parle la lumière de ses yeux quand elle sombre dans les ténèbres avec un tel ravissement ?

AA Williams a cueilli ses lys sauvages pour nous suspendre à sa force de chèvrefeuille gothique, et de son cœur saignant elle a été étoilée par une pleine Lune magique pour nous dévoiler ses confessions vulnérables.


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KALANDRA est un groupe de pop alternative nordique composé de quatre musiciens norvégiens et suédois (Jogeir Daae Mæland, Katrine Stenbekk, Florian Döderlein Winter et Oskar Johnsen Rydh) qui tissent des mélodies éthérées dans des paysages musicaux païen serti de pop rock incantatoire.

Entendre ce feux musical de firmament, d’éternité et d’infini est un spectacle intense à entendre dans le creux de votre sensibilité pour que les étoiles dialoguent ensemble. Il émane de ce groupe une présence translucide emportée vers les hautes étendues sauvages.

Nous avons été étourdi.es par ce rêve d'opium, par la clarté d’une lune et le parfum des bois sombres, le soleil païen, des chants d’oiseaux, l’embrun des roses et des genêts à l’aurore. Notamment avec l’apport de ce chant absolument envoûtant. Le groupe parle dans la douceur des fables, et ses racines descendent jusqu'aux profondeurs du monde, à travers la terre humide, à travers les veines de plomb et d'argent. Nous étions tout de fibre dans ce parfum des racines et des feuilles, dans l'odeur épaisse de la sève du sapin, dans la noirceur d’une forêt où l’on contemple les ténèbres au bord du précipice, avec les tremblements de la voie lactée comme souffle épique.

J’ai vu ce groupe au Hellfest, et le public avait été happé. Il en sera de même, même si techniquement il y aura des couacs, le concert reste inoubliable, avec au milieu de la lune et des roses, la belle sensation de sentir l'herbe chaude qui chantait la demeure du vent. Mes pieds étaient nus et je sentais grandir à travers moi, directement dans mon cœur les empreintes d’une lumière immémoriale, réminiscence des peuples anciens, de ces jours écarlates et nuits incantatoires où l’homme faisait l’amour à la nature.

Nous étions transporté.es dans toutes les forêts du monde qui ont gardé le mystère de chacun de nos pas dans la douceur de leur mousse rhizoïde, permettant l'ancrage du substrat vers les pétales du cœur de chaque personne, désormais en fleur.


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L'asso Noiser est n'est pas un prestataire de concert c'est un passeur d'âmes !

Un grand Merci infini et éternel à toute l'équipe Noiser, à la salle Altigone et leur personnel, à Lys Morke, AA Williams et Kalandra pour cette très belle soirée.


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mardi, octobre 31 2023

Calanque culturelle et précipice générationnel


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Les illusions poussiéreuses de la fin de l'été cédaient la place aux beautés dorées de l'automne, plus nettes et plus éphémères. C’est dans ce calque incertain que je dérobais à la courbe du quotidien cette saveur de rejoindre le ban culturel sous l’égide de fadas, capables de donner vie et corps à un concert de rock.

Castres est une ville d’Occitanie, qui depuis 1992 bénéficie d’un IUT avec des infrastructures d'enseignement et de recherche de haut niveau et d’une équipe pédagogique. L’IUT héberge 5 départements de formation : Chimie, Informatique, Métiers du Multimédia et de l'Internet (MMI), Packaging, Emballage, Conditionnement (PEC), et Techniques de Commercialisation. Il y a aussi l'INU Champollion à travers l'école d'ingénieurs ISIS, spécialisée dans le domaine de la santé connectée. Dans un écosystème particulièrement actif, l'école forme depuis 2006 des ingénieurs informaticiens dotés d'une double compétence "numérique et santé".

En plus de tout ceci les étudiants bénéficient de la Maison de Campus. Conçu sur le concept des « Learning centre » = lieu de vie et de travail est ouvert à tous les étudiants de Castres-Mazamet. Situé à proximité du restaurant universitaire, entre l’IUT, l’école d’ingénieurs ISIS et le lycée, ce bâtiment de 1 000 m² propose des espaces de documentation, de rencontre et de convivialité. Il est pensé pour répondre aux évolutions des pratiques pédagogiques (pédagogie par projet, travail collaboratif, recours au numérique) …500 m² sont notamment consacrés à la médiathèque inter-universitaire, à laquelle sont associés des salles de travail en libre accès, des bureaux dédiés à l’animation de la vie étudiante ainsi qu’un espace de détente : le ‘’ Learning café’’. Le fablab INNOFAB y est également implanté, et le Syndicat mixte y a ses bureaux.

Un putain de havre à la cool, esprit 2.0 silicon valley…Bref, comme pour les skate park qui pullulent partout désormais, cette jeunesse ne se rend pas du tout compte de toutes les infrastructures misent à sa disposition, mais quelle chance.

Dans mon village nous skations sur des trottoirs cabossés et morcelés de pièges crevassés sur lesquels nous ricochions en cascade, et sans casque, sans rien, génération mercurochrome. Une pile de magazines + une planche en bois et nous avions un tremplin. Rien n’était stable, les magazines étaient lisses, nous faisions avec. Alors des HALF-CAB, HEELFLIP, BACKSIDE 180°, FAKIE OLLIE, FAKIE POP SHOVE-IT, VARIAL KICKFLIP, NOLLIE POP SHOVE/NOLLIE FRONTSIDE SHOVE-IT, et mes couilles sur le tapis du salon n’avaient pas lieu dans une discussion, déjà fallait avoir un skate.

C’est la première fois que je foutais les pieds à la maison campus. Mon souvenir du Lycée professionnel du Sidobre de Castres c’est que nous avions un cimetière en face, et pour tout loisir, une cour avec 4 bancs, il y avait aussi une mixité sociale que ne connaitrons jamais les universités. Pas la même ambiance.

La soirée était organisée par l’association La lune Derrière Les Granges et l’équipe pédagogique/étudiante de la maison du Campus. 2 groupes de rock, début des concerts 18h30, gratuit. Du caviar ! Tu n’as juste qu’à te déplacer.

Bilan : si je décompte les groupes, l’orga, il y avait une dizaine de personnes, moyenne d’âge 45 ans.

Concert gratuit = lol (sigle signifiant Laughing Out Loud ) moi de ce signe j’y vois davantage le cynisme flatulant d’un trou du cul ironique.

Je reviendrais à l’attaque de cette démission du corps étudiant plus loin…D’abord place au concert.


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Premier groupe c’est le jeune trio Toulousain Brotherwood (la vingtaine comme moyenne d’âge) qui se lance à 19h20 pour un rock entre Placebo, Nirvana, Arctic Monkeys, the Strokes, Radiohead. Le chanteur possède un déhanché subtil, un truc un peu théâtral, peu commun, qui contraste avec leur musique, mais une présence certaine. Son chant est lui aussi capable d’offrir une palette assez vaste permettant de tailler dans plusieurs styles et de faire vivre leur rock, notamment à gorge déployée pour envoyer la sauce grungy. Le trio se démène à la cool, pas de pression, il fait son set, navigue dans cette tranche musicale début des 2000’s avec tous ces groupes en The. Poinçonnant un venin venu des 90’s, et toujours cette gestuelle venu des 80’s. La base rythmique assure les arrière, vient parfois pointer un truc un peu funky slapé à la basse, des breaks furibard à la batterie.

Je ne connaissais pas du tout, Brotherwood fait son petit effet kiss cool, leur jeune âge pour faire du rock fait l’effet d’un anachronisme, ou de cette densité peu palpable avec les intérêts actuels de la jeunesse. Oui c’est étonnant de faire du rock à 20 ans désormais, Brotherwood le fait très bien.


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Puis le second groupe, la tête d’affiche, avec les Clermontois de Young Harts, pour dérouler un set punchy, dévoilant le sel de leur dernier opus « All I Got » nettement plus venimeux que leur précédent, avec la griffe d’un rock indie explorant une ample gamme de luxuriance racée. Le groupe me fait penser à Kings of Leon, avec au départ un rock rugueux (blues sudiste dans le cas des Amerloques) puis au fil des tournées un rock plus élégant, urbain même. Bon maintenant Kings Of Leon s’est paumé dans les méandres d’une pop chichiteuse, ce qui est loin d’être le cas de Young Harts. Mais il y a en commun cette soif de l’échappatoire, d’offrir un spleen teintée de brume et de chaleur bestiale tout à la fois, un évanouissement spectral avec un esprit venu des âges du rock comme le Velvet Underground, The Doors, The Doobie Brothers, Eagles, et nettement plus punk rock pour nos Clermontois. J’avais préféré leur premier « Truth Fades » dont le groupe avait effectué une tournée en passant par Castres, vous pouvez consulter l’ITW filmée sur la chaine youtube du wallabirzine et un passage de leur set.

Mais depuis ce concert j’ai (re)écouté leur dernier et il est vraiment très bon. Bien assimilé et compris leur épanouissement désormais. Le chanteur a une superbe voix, basse et riffing guitare excellent et un batteur en mode bûcheron namasté, des chœurs chamarrés. Cool, vraiment !

Cris le chanteur d’origine Anglaise jouait auparavant dans The Elderberries, groupe montait avec des compatriotes britanniques, un canadien et un batteur Français, dans un mood du rock 70’s, Led Zep, Ac/Dc, j’avais réalisé des chroniques de leurs albums dans le webzine Thefrenchtouch, qui n’existe plus.

Nous avons passé un super moment avec les ami.es, Brotherwood et Young Harts, gratuit en plus, merci pour tout. Pour le reste bon courage à ces battants pour organiser des concerts, éduquer c’est rabâcher, mais quand tu es devant le mur de l’isolement, c’est encore plus dur. Ne lâcher rien, tant pis pour les autres.

Retrouvez les photos de junk de cette soirée Lune Calling #53 sur la page FB du WBZ.


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Tout a été accompli pour réduire la curiosité des gens sur un écran qui tient dans une main. Tout ce qu’il y a autour n’a plus lieu. L’humain 2.0 végète ses substances neuronales dans le camp concentrationnaire mondial du virtuel. Le monde d’avant est mort, celui d’après se vit sous pixel.

Restons en vie dans le réel comme une blessure bouillonnante de fraîcheur glaciale, n’accablons personne, il y a des instants où la réussite est juste dans le cœur de ceux et celles qui sont dans l’action, pleinement satisfaits et qui de fait, se réalisent.

J’ai lu un article dans la presse sur une étude dont la conclusion claironnait que l'homme devenait de plus en plus bête, abruti et con. Pourtant le génie de l'homme a consisté à projeter un neutron sur un atome lourd instable, et quand ce dernier éclate alors en 2 atomes plus légers, cela produit des rayonnements radioactifs et 2 ou 3 neutrons capables à leur tour de provoquer une fission, pour la création d'une énergie. Tout comme il a pu en haut de la chaîne alimentaire asseoir sa domination sur d'autres et être un loup pour l'homme, avec comme opportunité de le faire cravacher à sa place. Ainsi dans un réacteur de polymérisation lier des monomères tels que de l'éthylène et du propylène entre eux pour former des chaînes polymères, et donc du plastique, que l'on retrouve in fine (je raccourcie le délire) pour qu'un gars puisse se retrouver devant sa TV a maté des séries au kilomètres en bouffant un burger fabriqué dans un hangar de Seine-Saint-Denis et non un resto branché parisien, livré par un esclaVtrepreneur indépendant sur une trottinette électrique. Tout ceci se passe en ce moment même, dans cette ère où la musique est compressée comme cette époque de cynisme avec laquelle on cloisonne les peuples dans des tiroirs communautaire all inclusive.

C’était mieux avant ? C’était différent. Cela ne sert à rien de comparer, chaque époque vit son jour et devient nuit pour que la nostalgie passe dans chaque fissure du temps. Mais comme pour chaque génération il est important de tout remettre dans son contexte et le vécu.


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Il y a des possibilités qui se perpétuent, et c’est tout l’art du commerce : « C’est incroyable que seules trois chansons aient réussi à me faire vivre pendant 30 ans ! » dixit Nicolas Peyrac

Je pense que Jul pourra dire la même chose dans 30 ans. (attention le signe c’est jul ce n’est pas lol, ne pas confondre, vous pouvez y voir autre chose).

Revenons à cette soirée. Le monde sonore livrait ses mystères comme si l'on savait d'où venaient les vagues tonitruantes qui frappent les rochers, le sifflement du vent qui lisse les herbes et le clapotis des petites vagues soniques dans la lagune ténébreuse. De cette nuit pourrions nous trouver une lune noire dans la forêt musicale, mais au fait, qui s’en souciait ? Comme toujours ne subsistent que le bord des choses et le bruit de ce qui n’est plus.


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Le brouillard me collait au cœur, la pluie torrentielle de mes pensées polymorphes trempaient dans un arôme de cannelle. C'était un soir automnal et mon corps en suivait l’afflux par une rigidité d'agacement qui viendrait tendre ces douleurs passagères que l'esprit endurcit en beau misanthrope. Je constatais que la vie étudiante n'était pas qu’une vacuité mais un strapontin où se joue un avenir professionnel, bien plus important à accomplir pour assure ses arrières, apporter une dimension safe à l’avenir incertain. Pas de place au danger, tout doit être sous contrôle, secure, pris dans une assurance vie. Reste-t-il une place libre, non pas pour du temps de cerveau disponible, mais à l'échappatoire, à une vérité que le rock en permet la perception, l'émancipation, le danger ?

Les anciens gueulent que le rock est mort, crucifié sur les monts de l'industrie de masse, ventru à vomir par des U2, Coldplay, zombifié dans son cuir élimé comme un vieux débris tel que Rolling Stones et consorts ?? Qui pour le pleurer aujourd'hui ? Bien qu’encore il se fait déplumer jusqu'à purger ce qu’il reste dans cet os à moelle.


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Où sont les flammes promises, le suc, la sève, la magie noire, le venin bestial ? Sont-elles donc toutes éteintes dans l'hérésie d'une retraite, dans cet hospice où viennent vomir le temps d'une publicité glacée les emblèmes, les gloires du passé, dans un artefact nostalgique siliconé depuis, ou en gestation de reconversion vintage, recyclé en commerce équitable ?

"C'est ainsi que nous avançons, barques luttant contre un courant qui nous rejette sans cesse vers le passé." Francis Scott Fitzgerald

Les flammes sont présentes, encore faut-il te déplacer pour faire fondre ce boulet qui te retient à une vie déjà mort-né.

Chacun est libre, de ses choix, du sens de son existence, de disposer de son temps, de l’occuper. Alors : Faut-il encore prendre ou perdre son temps à organiser des concerts ? Prendre sur soi pour éduquer, passer le flambeau, les rites de passages à des générations qui ont déjà choisis de vivre en coupant le cordon ombilical culturel ?

Personne ne reviendra sur nos pas, chaque génération crèvera, certaine avec le devoir accompli et le poing tendu, et d’autres pas.

Certes vous n'avez pas choisi, peut-être que l'on vous à imposer un chemin vers l’équarrissoir, si un charnier à ciel ouvert se prépare, c'est la mort d'une sagesse raffinée, d’un amour pour le rock, d’une révolution possible. La sensation que certaines générations montantes n’ont plus de révolte, de rébellion, qu’elles suivent une autoroute lisse, avec sa dose de publicité racoleuse, de parfum d’ambiance, l'électricité statique, le son clinique et propre d’un sol carrelé sur des pas faisant écho au vide intersidéral.

Nous vivons sur une île tranquille d’ignorance au milieu des mers noires de l’infini. Nous avons laissé de l’arbre des connaissances des trognons à moitié bectés pour un nouvel âge sombre, mais façonné par la société du spectacle. La plupart des festivals sont une foire économique gigantesque où se lie l’esprit de lumière d’un camping estival aux fêtes de Bayonne, à une free party, kermesse, et séminaire commercial, et dans une poche de résistance, la niche de l’underground bat de l’aile, certains iront les brûler comme Icare, mais la plupart resteront dans les catacombes, en marge, mais ils existent. Encore faut-il vous déplacer pour entendre cette résonance, cette beauté, la vibration incantatoire qu’elle émettra à tout jamais, délicate symphonie qui résonnera en vous chaque fois que vous poserez le pied sur ces terres.


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vendredi, août 11 2023

XTREMEFEST 2023 - FOREVER MILITANT



Selon Sigmund Freud « Au commencement des temps, les mots et la magie étaient une seule et même chose ». Aujourd'hui les mots sont comme une brise qui parfois ouvre un volet, mais ne pénètre jamais à l'intérieur si la fenêtre est fermée. Passer des nuits blanches à turbiner des textes de free jazz avec un gout de café noir le lendemain, juste pour un pouce levé sur facebook, ahahah paye ta loose perditos !

Aloha les passionné.es de Convivialité, Respect, Inclusion, Solidarité, la nature de la vie ne répond à aucune loi, aucune règle. Elle est impermanente dans un fracas permanent, et cette nuance l’Xtremefest l’avait bien pigé pour vous gâter ce dimanche 31 juillet, ohhhhhhhhhhhhhhh yeah !

Pendant l’entr’acte du site électrique vous pouviez aller au lac accessible de 10h à 20h, par le télésiège situé sur le parvis de Cap Découverte ou par la navette gratuite située à la Maison de la Forme. En bas vous aviez une plage de sable fin avec baignade surveillée, des toilettes, un point d’eau, les activités nautiques (wakeboard, paddle, pédalo…) et une auberge proposées par Cap Découverte, vous aviez aussi et première pour le festival, une scène acoustique et un bar proposée en collaboration avec l’association Tonight We Folk ! Dans ce petit chapiteau cosy tout au long du week-end sont passé.es : Heeka, Mike Noegraf, Trint (des incos), Windflower Union, The sobers. Nous avons vu Yawners, il y avait un super son, musicalement c’était plaisant au début, puis redondant par la suite, il manquait au moins un(e) autre musicien.ne pour l’accompagner et mettre du relief.

L’initiative de cette scène est remarquable, cool moment, j’espère que cette première aura une seconde mouture pour l’année prochaine. Avec les collisions et contusions que le public s'était déjà administré, en arrivant à la plage il ne m’aurait pas semblé extravagant de voir des gars en train d'essayer de faire des ricochets avec du sable par exemple.

C’est vrai que c’est un grand plus pour les festivaliers ce lac, puis avec des concerts les pieds dans la flotte. Ici vous vous sentez peinard, lâchant du lest, calme, détendu, dans l’attitude de David Lee Roth de Van Halen en 1979 qui disait « J'ai essayé le jogging, mais ça faisait tomber les glaçons de mon verre. »



Je ne connaissais pas le trio PLASTIC AGE et j'ai vraiment apprécié leur indie rock, la structure de leurs compositions dynamisée par une filiation fofolle aux B-52’s, Pixies et au post-punk anglais du début des 2000's. Le groupe s'est donné sur la scène de l’Estafette comme un soleil et a recouvert son ombre d'une aura qui viendra saupoudrer un set fruité, ultra-vitaminé et hyper dansant (quelle rythmique), venimeux et aimanté d'une euphorie émotive (guitare et chant basse). J’ai trouvé le groupe en osmose, plein de peps, et leur live a propulsé un attrait joyeux et explosif. Le set m’a touché comme un poème que j’avais rencontré dans un rêve peuplé d’écumes et de décibels. Ce fut une très belle découverte.


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Yo jeune fauve, ce matin tu avais pris grand soin de te raser et de te passer de la lotion après-rasage. Vu ta tête de constipé devant le début de set d'UNDERGROUNG THERAPY et son mood metal rock garage grunge indie rock, tu savais que tu t’étais chié et que c’était davantage du synthol sur ta nuque qu’il fallait. Dans le pit de la X cage c’était Samson de Tolosa contre Béziat…du Tarn, et ouaie ! Le groupe tricota sur le fil du rasoir les entrailles d'un set peuplé de laine et de sang sous ses coutures musicales. Dans la fosse les gars sont jeunes, dynamiques, ils aiment le contact, les sports de combat, une discipline de heurt, et en même temps ils sont remplis d’ecchymoses existentielles, ils se cognent au réel. Underground Therapy a malaxé son patchwork sonique menant un set à l’épée et atteignait la brûlure vive qui reste.

MADAM est un palindrome et surtout un trio féminin choc de rock garage et il déménage ! Leur 5 titres EP ll » a été mis en boîte au Swampland Studio par Lo' Spider (Jerry Spider Band), gage de qualité. Un torrent de lave rock, heavy, grungy se répand sur la scène de l’Estafette et rapidement le trio n’est plus qu’une parcelle d’âme unique qui se tisse sans césure. Une seule âme impalpable de l’un à l’autre corps musical vient se répandre. Leurs compositions venaient nous frôler d’une obscurité aveugle puis nous pénétrer par une force impétueuse, en laissant derrière elle des frissons de fées légères. Il y a quelque chose de très farouche et d’à la fois mystique dans leur musique attirée par la noirceur, avec laquelle ce trio a pris vie dans le cœur de la musique du diable en Reine solaire du crépuscule.

THE DESCENDENTS ayant annulé ce sont nos bons vieux $HERIFF qui ont dégainés un set au soleil de plomb. Des salves de hits, joués à toute berzingue, avec du fun à gogo, des refrains repris en chœur, poings levés, bref comme d’habitude un super moment avec les Montpelliérains.


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Pas vu SNUFF, mais Junk et Vincent oui, et ils ont adoré, tant mieux, dans le pit il s’est échangé beaucoup de carte de punkémons entre initié.es.

A l’Xtremefest il n’y a pas de personnes qui essaient d’être différentes juste pour être différentes. Il n’y pas une unité de clonages, d’individus moulés dans le formol d’une hype réfléchissante, il y a un consortium d’individu.es formant l’Xtremfamily, où l’excentricité est une énergie.

L’inclusivité est naturelle dans l’underground, la coalition contre-culturelle a toujours promu une zone à défendre pour les minorités. Il existe et existera malgré tout, des connards dans le lot (pas le département hein) pour ternir la communauté. Parce que des gars ont abusé de leur pouvoir de domination, ce sont tous les autres qui payent derrière. A l’Xtremefest tu n’es pas comme un retraité dans les rues de Bangkok, la fête responsable veille au grain. C’est une bonne chose qui a valeur et déférence.

L’époque implique quotas et règles pour justifier la mutation en cours de l’après Mouvement #MeToo. C’est aussi une époque où tu peux subir l’opprobre et la vindicte populaire dès le moindre propos ou humour malhabile. Je me souviens qu’en janvier 2015 l’opinion était Charlie Hebdo, aujourd’hui c’est loin tout ça. L’impression que l’on glisse dans un abus où il y aura des réunions fondatrices permettant la mise en place de décret dragibus dans le pit, pour jouer à l’aquaponeys participatif pendant le concert d’un groupe de hardcore trans.

Qu’est-ce qui différencie la sororité active de la virilité dans le pit ? Juste le poids des mots pour en traduire la valeur. Une fille et un gars dans un pit c’est juste 2 personnes qui pogotent.

Pour le moment c’est une nouvelle époque, nouvelle mœurs, nouvelles addictions, et tout ce qui viendra du passé sera de la merde en barre. Cela a toujours existé pour chaque génération qui a foutu en l’air la précédente. Faut bien faire son trou, alors ça creuse. Si tu ne comprends rien de l’époque actuelle, c’est que tu es bon pour le cimetière des pachydermes. Tu te conformes où tu crèves, traduit comme un boomer, un réac, etc…Puis vous écouterez un bon vieux Cannibal Corpse en repensant à votre vie d’avant. Ce qui est chiant aujourd’hui c’est le quota. C’est réduire l’humain à un individu et à une communauté de genre, catégorie, variété, et ça AVANT, dans le punk rock, ça n’avait pas lieu. Tant mieux si les trans, homo, femmes, bi, etc…soient accepté.Es partout, tout le temps comme ils sont, et c’est NORMAL dans une société qui a conçu les droits universels des citoyen.Es, et de l’homme/femme/handicapé.es/trans/bi/d’un gars qui met le lait avant les céréales, et etc...

Nous les aimons !

Le week-end suivant l'Xtremefest je suis allé à un festival de musique électronique, le FAMILY PIKNIK à Frontignan, et j’ai remarqué que l’inclusivité était bien présente, que tout le monde profitait du moment sans qu’il y soit un service de vigilance. Apparemment dans la musique électronique ils ont déjà passé ce temps de renforcement pour faire le tri des brebis galeuses, déjà parce que c’est dans l’ADN de cette communauté de cœur, et aussi peut-être car je présume que les gens qui ne partagent pas les mêmes valeurs ne viennent pas se mélanger avec l’inclusivité de la communauté électro/techno.

J’évoque ceci car j’ai eu des confrontations avec des articles (et même rejeté), soit les personnes n’avaient pas saisi l’amorce d’humour, et ceci est une interminable éducation (Charlie Hebdo a dû et doit encore expliquer le dessin qui suscite la polémique), soit les personnes ont un esprit si obtus que rien ne plus outrepasser de leur vérité radicale (essayer de parler à des kalachnikovs).

Il m’avait toujours semblé (apparemment naïvement) qu’en faisant fi des genres, catégories et variétés, être punk c’était avant tout une liberté d’esprit, de création, de confrontation d’idées et d’échanges de point de vue, de respect pour les minorités, et de fraternité. Il est nécessaire de protéger mais pas asservir la totalité à des protections liberticides, limitant l’accès à un point de vue et d’humour aussi incommodant que de dormir en cuillère avec Gérard Depardieu soufflant une haleine de hareng séché une nuit de fête du Beaujolais.

Par ailleurs, faut-il mettre des faux rires de sitcom américaine pour faire comprendre qu’il s’agit d’un trait d’humour à chacun de mes textes ?



A l’Xtremefest j’ai vu (en autre) deux bonhommes s’embrassaient goulûment, j’aurais pu aller vers eux pour leur demander ce qu’ils pensent de l’inclusivité mis en place par le festival ? et s’ils se sentent (assez/enfin) admis ? Mais j’ai fait comme d’hab, je n’ai vu qu’un couple qui s’aimait.

Jusqu’à peu le festival Xtremefest n’était ouvert qu’aux festivaliers, œuvrant une teinte de mystère comme un portail spatio-temporel dont les plus grosses supputations concouraient autour de soirées-raclette vegan au chou romanesco à 5h00 dans le camping, que tous les festivaliers ont la même élocution que les acteurs de « Sous le soleil », qu’ils utilisent du savon hydratant au beurre de karité en portant des t-shirts noirs, puis surtout que l’unique danse est proche d’une mêlée de rugby et que la musique est très violente. La gratuité du jeudi soir aura permis de combler le mystère, car ici on ne fait pas de manières, on mange avec les doigts en tapant sur l’épaule d’un collègue pour lui indiquer « Cool Raoul ! » même si le concert à commencer.

Le comble du partage c’est d’avoir un affabulateur de ta propre communauté qui profitera d’un pouvoir quelconque pour soumettre à sa volonté et pulsion. C'est une vendetta sur l'ensemble et une double injustice, pour celle ou celui qui a subi la violence sexuelle ou et sexiste, et tous les autres qui seront jeté.es dans le même sac que le salaud parce qu'ils seront jugé.es responsables et tiers. Le comble du partage c’est aussi d’ouvrir les écluses à d’autres pour faire découvrir toute une communauté de musique, d’univers, etc…Et dans le lot de trouver une minorité de personnes qui ne partagent pas les mêmes valeurs que les tiennes, et agissent différemment, parce qu’elles ne connaissent pas les codes et valeurs, mais aussi de trouver encore une autre minorité dans ce lot qui n’en ont strictement rien à foutre, et profiteront du tout-venant selon leurs pulsions. C’est un risque. Quand il y a un risque on met en place des protections communes (fête responsable) et à défaut des protections individuelles (l’assurance de vôtre vigilance).

Mais que tous ces efforts ne nous limitent pas et ouvrent l’espace à davantage de tolérance, tout en respectant la sève de ce qui nous a défini et construit. Je ne sais pas si la démocratisation de l’underground est en cours ? Pour constater que bientôt à la plage des enfants au doux nom fleuri de Capucine et Clothilde joueront à faire des circle pit dans l’eau à force d'une réappropriation des codes, et qui vous proposeront de « faire la course » pour savoir qui est le plus fort, et vous battront en vous expectorant « Cheuuuuuuuuu ! »


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Le groupe SCOWL a démonté-remonté son public comme un parachutiste son famas avec son punk hardcore américain. Formé à de Santa Cruz, Californie, ce groupe arrive du pipeline métaphorique de la sous-culture punk post-Warped Tour, avec cette nouvelle vague régénératrice distribué en autre par les groupes Gulch, Drain, Sunami, Scowl, Xibalba, Skeletal Remains, Maya Over Eyes, Real Bay Shit, Angel Du$t, Code Orange…

Remplie de voix haletantes, de mélodies luxuriantes et d’une introspective fondamentale Scowl active de Judge pour son hardcore Xxxtremement racé et direct à The Adolescent des titres accrocheurs, fureteurs des crevasses et d'une ruée constante de tonalités vocales continues dans une rafale HxC de rock grunge déformée à combustion lente.


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"Scowl nous donne l'opportunité de nous exprimer pleinement exactement comme nous le voulons. La mode et l'art adjacents à la culture punk ont ​​toujours été une énorme source d'inspiration pour moi et tout ce que j'ai fait » dixit la chanteuse Kat Mos, dont l'esthétique amusante et mignonne (habillée avec une jupette de pompom girl, cheveux vert Green Day époque ‘’kerplunk !’’, des converses rouges, socquette blanche et t-shirt Gorilla Biscuit) est en contraste avec le dérivé masculin standard audacieux souvent associé au hardcore. On ressent que sa filiation majeure va de Kim Gordon à Kathleen Hanna. Sur scène son style est personnel et dynamique, elle grogne et hurle des frustrations qu'elle revendique avec assurance et cool. Nous ne sommes pas dans le pessimisme grunge qui ramène tout à soi et de son « Si mes yeux pouvaient montrer mon âme, tout le monde pleurerait en me voyant sourire. » de Kurt Cobain, mais pas loin quand même, disons le cul prit entre la synergie contemporaine assez narcissique des réseaux sociaux et qui s’active en permettant de faire avancer l’inclusivité tant identitaire que musicale.

J’adore leur logo, avec son lettrage nuageux et d’une fleur pour le O. Deux covers seront interprétés avec le « Do You Wanna Dance » des Ramones et « 99 Luftballons » de Nena, sinon ça a joué fort, avec un bon esprit. Gwardeath était au premier rang en mode lover et il était tout ébouriffé à la fin.

FOR I AM généra une fissure de punk rock bien ample entre le grillage de la X Stage, générateur de ce que l’on nomme une déculotté. L'air était satiné de mélodie, mastiqué de cette punkgum étoilée et agitée de cendre. Pour tous les karatékas du pit la journée était en Saturne et viendra rendre visite dans leur garage sonore en provenance de Détroit. En résumé un doliprane eut été cependant plus efficace. For I Am laissera une démangeaison punky sur l’asphalte et agitation dans les cœurs.


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Pas vu GOOD RIDDANCE mais Junk et Vincent oui, et ils ont adoré. Apparemment ça a bougé sauvagement au point que Junk se fraya un chemin dans la houle du Mordor, en pays de Sauron quand il fait du skateboard, et parviendra à prendre des photos comme s’il était dans la lave des Failles du Destin. Vincent avait mangé des épinards donc aucun soucis.

J’écris avec plusieurs niveaux de lecture à différente hauteur de vue, exemple : « Toutes les choses coulent » selon Héraclite ou le capitaine du Titanic ?

Si tu n’a pas saisi, poursuit quand même ta saine lecture…


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« Celui qui n’a pas de sang sur son épée quand il crève, je viole son putain d’cadavre ! » citation prise dans Game of Thrones, similaire à ce que j’attendais de la part du public pour le set de WALLS OF JERICHO.

Candace débarque en mode prof de fitness, et là tu sais communément que ça va taper fort et que tu vas souffrir. Le groupe ne tape pas, il frappe très fort et de suite. Les mecs qui avaient allumé une mèche de leur bédo haschischien vont cracher leur poumon dans une trachée en feu, et déféquer par la suite comme des canards un liquide verdâtre tellement ils en auront chié.

Le groupe provoque la même électrisation dans le pit quand les quignons et électrons libres gagnent en mobilité combatives et lorsque la circulation du courant est facilitée de partout. L'intensité du courant qui se met à circuler dans les corps provoque, théoriquement, des picotements très désagréables mais, dans la pratique, l'expérience est tout à fait déconseillée quand l’ébullition gagne en connerie et bravoure guerrière. Donc soit il y a un problème de son, soit un gars est en train de se faire péter les vertèbres, ce n'est pas possible autrement. Des gars qui pratiquent le tricking (sport extrême issue des arts martiaux) ont jumelé il me semble différentes acrobaties du taekwondo, de la gymnastique, capoeira, freerun et breakdance dans leur danse combative. Pendant ce temps Walls Of Jericho répandait la foudre, le lancer du char d’assaut et tout le monde était content de prendre sa dose de fonte.

Bon c’est propre, professionnel, rien ne dépasse, tout est projeté dans un process bien établit. Assujettit au riffing la fosse est surtout en mode servage de Candance en suivant ses directives avec l’attention d’une classe de court préparatoire avant la fessée d’une dictée surprise. Elle rage avec autant de ferraille qu'un gitan avec ses chevalières le poing fermé, et rapidement le set tourne en moissonneuse batteuse pendant la moisson juste avant que pète un orage démentiel.


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Quand enfin l’infirmerie est pleine, Candace passe en mode pilate, pour travailler le muscle profond. Les fans de muscu ont réduit leur taux de masse graisseuse sans entraîner de réduction de la masse musculaire, les karatékacores font du ninjutsu mais au ralenti, les jambes semblent plus lourdes, les traits sont tirés….pas grave. Hey à l’arrière avec celles et ceux qui sont resté.es pacifiques, on vous respecte aussi parce vous avez déjà effectué une roue arrière avec le vieux vélo de pépé en 1996, hein !

J'ai remarqué un truc particulier pendant ce feu de la saint Candance. Je vous plante le décor, simple, basique. Le géant qui doit jouer 3ème ligne au XV ariégeois de Saverdun, munit de ce regard où l’on sent que quelque chose œuvre dans les sous-couches avec des gastéropodes se promenant dans sa tête. Il avait une assisse de rhinocéros avec ses cuisseaux de fûts de bière, peinard, il dépassait de la mêlée tel un mirador et personne ne le faisait chier. Juste à côté de lui une tige de fer, aussi nerveuse qu’un toxico en sevrage, et tel un bon chien de meute, toujours prêt à sauter dans un étang glacé pour ramener de la plume dans le feu de l’action, la tige de fer s’en est allée pour jouer à la bougie de 103 et foutre un allumage dans tout le pit pour faire résonner les corps à l'heure du pâté de campagne. Bien entendu, les jeunes chiots de la fosse ont suivi avec la truffe en l’air, langue pendante et le bordel a crépité d’un pet de cassoulet. La bétaillère s’est mise à tourner comme une bétonnière Portugaise, suffocante de poussière de ciment un jour de crépis grossier. D’un coup les gastéropodes qui se promenaient dans la tête du géant venaient d’allumer un néon rouge et qui clignotait comme le Dallas de la Jonquera. En s’apercevant que son comparse se faisait valdinguer comme l’on tourne les serviettes dans le Béarn au loto des chasseurs, aussitôt il est rentré et a prêté main forte (et c’est un euphémisme), en soulevant un mètre cube de boyaux et d’os humain de la surface du sol érable, juste pour s’éclater avec son copain. Après ? Demandez au thanatopracteur de Blaye-les-mines de vous raconter la suite…

Par ailleurs, Walls Of Jericho finira avec son titre "Revival Never Goes Out Of Style" datant de 2004 empruntant le sing along "Bro Hymn" de PENNYWISE de 1991. Junk Cacahuète l'avait remarqué, et ouaiiiiiiie !

Pas mal de gars ont kiffé le trio CIGAR. Oui ‘’kiffé’’ c’est dire de leur âge.


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Composé que de gars, formé à Portland le groupe a fait glisser une rasade de sk8 punk rawk. Je ressens ce groupe comme le café, dans la délice, l'amertume et la dépendance. Punk mélo est une définition de la fin des 90’s mais qui vient à propos justifier un choc névralgique musical suffisamment intense devant la X Stage, à l’heure où les braves étaient en train de se recoudre après le bulldozer de Détroit.

Un jeune m’a bousculé avec l’intensité de partir au front munit du regard de la joconde parce qu’il voulait jouer à l’homme mystère, un quart d'heure après il était sur le côté droit en PLS avec le sourire de Mona Lisa. Je décidais de m’avancer plus que de raison dans le feu de l’action. Coupe mulet, une odeur de Bacalhau et des paluches de maçon portoss venaient s’abattre devant moi, il me semble que c’était celle du gars du crépis de Walls Of Jericho, elles étaient rugueuses à te décoller deux centimètre de couenne d’un pet…Oui de cassoulet, toujours, Toulouse est proche. Ça se cambre le torse en priant l’abbé tonnière, prêt à t’abattre des parpaings plein de 50. Même avec du punk mélodique les ratiches tombent comme les feuilles d’automne et les ortho-dentistes d’Occitanie avaient déjà préparé les gouttières pour lundi. Je m’accordais à revenir à l’arrière, avec les sages. Le groupe poursuivait son assemblage mélodique, avec mitrailleuse à la batterie, une basse qui doit faire saigner les doigts et des lignes de guitares créatives avec une gamme vocale tout aussi impressionnante pour le leader Rami Krayem. Efficace.


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Le dernier groupe à jouer c’étaient les Arizoniens d’AUTHORITY ZERO, pour un set bien mélo aussi, avec son mélange de Bad Religion, Pennywise, Sublime. Bien fait, le public ne rechignait pas à la saveur flottante d’un set actif. Ça passe crème ce bonbon qui n’est pas pour la gorge mais pour mâchouiller tranquille en remuant du croupion. Un macho dirait que c’est du punk de gonzesse, mais c’est un con. Attention dans le cadre fixé par la Convivialité, Respect, Inclusion, Solidarité, finalement en termes d’inclusivité, il faut aussi inclure ce macho, même si c’est un con ?

Nous sommes toutes et tous le con de quelqu’un, c’est la base de l’humilité de la scène punk hardcore, qui laisse une existence et non une place vacante à celle et ceux qui y viennent.

Ce groupe m’a fait l’effet nostalgique de la pluie chaude et collante de fin d'août qui tombe d’un ton flasque et épais après un épisode caniculaire, dont on sait que l'été ne reviendra pas.

Voilà l’Xtremefest 2023 était fini, sachez qu’un vote à main levé avait lieu à la charcuterie musicale dans la nuit de dimanche à lundi pour attribuer un titre honorifique ainsi qu’un sous-pull en acrylique pour cet été, au meilleur ronflement du camping.

Conclusion de la contusion sonique :

Le temps dissout l'inutile et préserve l'essentiel, l’Xtremefest a changé de lieu mais pas d’âme. Ici le collectif passe avant tout, et si chacun est un être indivisible, il se confond dans cette foule en un arc-en-ciel de couleurs. L’xtremefest est conçu par une association, mot à sens multiple qui signifie beaucoup avec souvent très peu, dont la passion l’emporte à faire un usage humaniste de chaque création réalisée. L’xtremefamily voit le feu dans ton corps, l'enfant dans ton rire et l'océan dans ton cœur. Elle offre une profondeur à l’existence en y joignant le culturel à l’engagement, le territoire à l’échange, le respect à l’inclusivité. Ce fut un week-end fait de remous et de sensations dans l’écume de 3 jours insensés pour des souvenirs enterrés à des moments bien vivants. En quittant le lieu vous deveniez un dimanche soir d’automne en hiver. Alors vivement 2024 avec l’Xtremfamily, parce que si vous avez fait le choix d’un crédit Sofinco pour aller au Hellfest 2024, vous aurez effectué le choix du spectacle et non celui du cœur.


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Les winners du jour :

Les malheureux cyclistes venus depuis Carmaux (ils se reconnaîtront) qui n’ont pas eu la force nécessaire de reprendre leur mode de vie de pédale dans la nuit de dimanche à lundi, devaient répondre à la question suivante pour rentrer chez elle : Pourquoi le mot estomac se termine par un C ?

Le gars élevé au croustibats à l'ail et aux fines herbes qui pogotait en dégazant des aisselles. Il deviendra ami(e) avec un randonneur vêtu d’un chapeau de paille et d’un bâton de marche en châtaignier aussi trémoussant en conversation qu’une cystite.

Le gazier avec une barbe et le haut des joues luisantes similaire au nains de blanche neige, qui a dû renverser l’équivalent de 10 verres sur les festivaliers par son état d’ébriété, son téléphone aura comme sonnerie d’appel le riff de « Money For Nothing » de Dire Straits et sera sur la mailing-list d’un commercial ayant sans arrêt de légères quintes de toux et spécialiste d’analyses d’urine.


Vous pouvez admirer le portfolio de Junk cacahuète sur la page FB du WallaBiZine.



Merci à :

Junk Cacahuète et Vincent Big Jim, ils ont galopé comme une trotteuse durant tout le week-end avec leurs appareils de mesure visuelle émotive, avec l’esprit du lapin d’Alice Au Pays Des Merveilles.

Tous les bénévoles du festival pour leur gentillesse, leur disponibilité, leur engagement.

Le crew de l’Xtremefest, Pollux asso pour tout ce qu’ils effectuent jour après jour, année après année. Certains bâtissent des empires alors que d’autres des vérités actives et pérennes.

Tous les ami(e)s et les échanges amicaux avec les nouveaux. Hey vous pouvez venir voir la team du WBZ avec sérénité nous n'avons jamais mangé personne, et nous demander quelle drogue nous prenons ?

A tous les groupes pour leur assaut, tuerie, échauffourée, choc, commotion, émotion, traumatisme, boomerang, rencontre, rendez-vous, retrouvaille, confrontation, révolte, résistance, rencontre, passion, émotivité.

A ce public de sauvage qui a donné la meilleure réponse à la folie : HxC power it’s a same Xtremfamily Blood !

J'espère que vous avez eu du plaisir à lire ce report, bisous & CiaO)))


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Bir (reporter de chronique éruptive pour le WallaBirZine & Mysteriis Moon)


jeudi, août 10 2023

XTREMEFEST 2023 - FIGHT FIRE WITH FIRE


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Samedi 29 juillet 2023, on ne revient jamais par hasard, car pour revenir il faut connaître la route. Ceux qui reviennent savent où ils vont et pourquoi. Tu ne retournes que là où tu te sens bien, tu retournes à ce qui manque, tu retournes là où tu ne peux pas oublier.

Nous commençons notre journée par le punk rock mélo poppy emo de TOPSY TURVY’S. Sur la scène de l’estafette, le soleil est présent mais pas écrasant, le groupe déploie sa symphonie des couleurs, exposant une énergie candide avec ce soupçon émotif qui sied si bien à l’heure de la tendresse humaine. Le groupe chaparde son élan contre une ébouriffante teneur vitaminée, et fait claquer ses mélodies chamarrées. Je constate qu’il n’y a que des types et des filles à casquette et pas un chapeau, ne comprends pas l’omniprésence de ce couvre-chef ?!? Pourtant c’est le bob cet année nan ?



Le quatuor FALLEN LILLIES a joué dans la X cage, et heureusement car l’impression que ces lionnes allaient nous bouffer littéralement. Leur mélange de punk rawk hard rock a décalaminé avec une belle sauvagerie et surtout un gros rock. Le chant est hypra rauque, dans le mix de Brody Dalle / Courtney Love, il a ramoné les conduits auditifs avec des grumeaux soniques, et leur musak s’engouffrait dans la brèche de The Donnas aka Girlschool et Joan Jett and the Blackhearts. Les filles jouent à fond, le public est chaud patate, la rencontre donne une collision de béatitude primitive. Le groupe a envoyé du bois et fallait vraiment faire gaffe aux termites. Après ce choc anaphylactique et des entrailles desséchées le public avait rejoint la machine carrée pour se restaurer auprès d’une mousse revitalisante.

Le groupe SLOPE a bazardé son trip HxC post-Turnstile hipster2.0 sur une asphalte de jeunes philatélistes dont le côté timbré a honoré le pit et du " Rien de beau sans lutte." de Platon.

Le groupe a commencé sa charge et dans le pit ça tournait aussi vite que les pâles d'un hélico que tu perçois quand t'as la gerbe au niveau de la glotte. Un tourbillon tumultueux et excitant qui étourdissait et submergeait indéfiniment s’est mis en branle, impossible de le freiner, de l’arrêter, et tant mieux. Un gros beat, un bon flow, il y a du Beasty Boys première mouture, du Mucky Pup, Murphy's Law avec des plans funky dans la sauce de ces Allemands, lesquels ont bien digéré les nuances pour en établir tout le contraste contemporain. La précision germanique est là, c’est propre, carré. Le groupe s'affiche avec des fringues sans marques, pas d'effigie de groupe, avec cet esprit des 90's, sans fard à paupière, le groupe étant un véhicule musical et non un spectacle avec des héros à admirer.

Slope (ne rajouter pas un A) est une ronce, pire que le lierre, il s'accroche partout dans ton crane et te percute la gueule avec le sourire de Benny Hill quand il reluque des dessous féminins. Le set est un brasier crossover et le groupe s’amuse comme un enfant psychopathe qui brûle des insectes à la loupe. Je vois dans cette déflagration des corps dans la fosse aux lions, une dresseuse de moustique tigre, un danseur de capoeira, un videur du Macumba, un désosseur de dinosaure, une acrobate dans une cage à ours, un médiateur de rue…Et surtout que des sourires.


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Vous avez dormi dans une toile de jute et sur un matelas gonflable à demi dégonflé, mangé du thon à la catalane à même la boîte et mâché des chewing-gums « Hollywood » goût pêche/mangue tout le week-end, et bien bravo à vous, si, si ! De cette folie circassienne qu'est un camping d’un festival, « Y’en a pour une heure à tout péter » c’est la phrase que vous avez entendu tout le week-end dès le début de l’apéro et qui vous aura fait transpirer l’équivalent de 8 packs de Cristalline à rater pas mal de concerts. La vie est très souvent une question de choix. Dans le pit il y a un code d’honneur à respecter scrupuleusement, comme le bushido des samouraïs. A l’Xtremefest apprendrez à esquiver les shurikens du pit sinon, vous attraperez le scorbut. ohhhhhhhhhhhhhhh yeah !

DRUNKTANK a empilé un set de sk8 punk comme un massage exécuté par le jeune 3ème ligne surpuissant des U20 de l'équipe de France de rugby Posolo Tuilagi et ses 149 kg de viande. Dans le pit des gars transformés en cochon truffier dans le Périgord cherchaient la carte bleu de leur collègue, avec les naseaux aux abois et leurs mains qui servaient de cousin péteur aux mosheurs et autres hardcoreux bien rigolards. Le groupe avait dressé une rampe de SK8 pour son set mais en version rampe de ski en longueur. Vive la voltige sonique, la glissage mélo, le hardpunk se jouant à 200 km/heure, l’adrénaline quoi ! Dans la X cage le groupe a envoyé crépiter un feu de joie, et autour c’était aussi festif que la compagnie créole dans un champ de betterave jouant au rugby plage à Lloret del mar.


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Pollux asso n’utilise pas des subventionnées pour aider Raël à fabriquer des samoussas. Elle crée du lien, des projets tel un dynamiteur culturel qui pioche dans les mines de l’underground le combustible qui fait chauffer l’émotion. Tout au long de l’année cet acteur culturel attise une pléthore d’acte de résistance et de dynamo au courant alternatif.


Un Gillou ayant eu très tôt le traumatisme d’une addiction à la polenta parlera impunément pendant le début du set de YAMNERS, puis il se ravisera comblé de préférer désormais la paëlla underground de l’espagnole, basée sur un condensé live de rock indé avec des brumes mélodiques émotives. Le public a été transporté par cet aura. L’été est enivrant, tout scintille dans le ciel, dans l’eau, parfois la lumière s'assourdie, Yamners a eu cette lumière innocente, naturelle et radieuse durant son set, avec cette pointe émotive qui stipulait « Ce ne sont pas les larmes que tu verses mais la façon dont tu les essuies qui importe, qui emporte. »

Les occasions de s'émerveiller ne sont jamais rares, mais ce sont les émerveillé.es qui manquent, tant la plupart des gens regardent à travers leur téléphone alors qu’il ne faudrait aucun filtre entre le regard et la chose ou l'être regardé. Nos yeux parlent un langage que le corps traduit malgré soi. Il ne faudrait être qu’une page blanche dans une nuit cristallisée d’atomes en fusion avec des gens qui ne sont plus entre parenthèses. Des gens avec qui l'on part dans des immersions profondes, et en apnée. L'ancrage à la vie passe par le feu interne qui caresse les parties blessées bien souvent.

L’époque n’est plus la même, pourquoi je dis ça, cela fait combien de temps que vous n’avez pas vu un t-shit du Che Guevara à un concert ? Heyyyyyyyy et bien le chanteur de STICK TO YOUR GUNS en avait un, justement. Pendant leur concert tu entendais plus de nuque brisée que dans un film de Steven Seagal. Le guitariste avait un t-shirt du Rollins band, devenu rare aussi comme référence.

STYG est un groupe de hardcore mélodique américain provenant de Orange County, formé en 2003, et en live son aplomb vous laisse pantois. Même si l’amerloque essaye d’amadouer le quidam sudiste avec un phrasé équivalent à un mètre de Ricard, une tasse de cacahuètes et des canisses verte en plastique de chez action comme brise vue dans l’exécution de son étalage professionnel, très efficace au demeurant, leur HxC mélo vient sous des aspects sinueux et frontal pour décoller lors de refrains, et que dire de leur face brutal mélodique breakdown crépitant le fiel et des textes établissant une critique de notre société actuelle, vraiment parfait. Dans le pit des gaziers arrivant en black block ont dû rêver d’un bouclier anti-émeute ou d’une intervention du RAID dès le début de l'émeute. Un jeune m’a semblé découvrir le groupe et est reparti pour acheter un tapis d’étirement des ischion-jambiers et un abonnement à Basic Fit, option fonte.

Si vous étudiez la science et le cosmos, vous apprenez que le fer dans votre sang a été littéralement forgé dans une étoile. Vous êtes la même étoile, un enfer qui cherche à s'enflammer par la pression de la gravité, la félicité résultant d'une pure fusion. Dans le public il y a de tout, pour tous et toutes, et chacun est différent et accepté en tant que tel. On ne voyage pas avec tout le monde car tous les quais ne font pas le même effet. Certaines personnes sont mal à l’aise avec le silence, il faut qu’elle trépigne dans le bruit pour calmer leur angoisse dans le vacarme. D’autres ont besoin de silence pour entendre leur vacarme à l’intérieur. Chacun.ne a des besoins différents et des manières de les mettre en joue, en feu, en tendresse, en corrélation avec eux-mêmes. Il faut que ça parle à ma fréquence pour que je puise partager avec quelqu'un qui brûle comme le soleil sans crainte d’être vulnérable, être capable de se reconstituer une nouvelle peau, de muer comme un serpent, dans une transition de chrysalide de papillon, être à ce point capable de s’éplucher. Une importance que l’Xtremefest respecte pour que chacun.ne puisse participer à sa hauteur, vibratoire, et par extension d’intention.


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THE DEAD KRAZUKIES était sur la scène de l’estafette, je n’ai pas vu leur concert mais Junk a apprécié le set des Basquo-landais qu’il a trouvé davantage dynamique que lors de leur dernier passage à Albi. Gut Buster des NOFUTAL avait la tête de béatitude à chanter « O Catarinetta bella! Tchi-tchi » de Tino Rossi après, et Bruno Bronson avait une envie de remuer comme Alex Owens sur le “Maniac” de Michael Sembello.

Dans le pit il y a toujours cet échange fantaisiste par contact entre deux épidermes, même avec le punk de GRADE 2 qui mène au Clash. Le groupe revient pour la seconde fois et il a mis tout le monde à l'heure d'un pub anglais. Slamdiving à gogo devant la X cage, les pintes volent, le trio a contaminé sa passion électrique pour nous foudroyer avec des riffs punk rock typiquement Britannique. Le public est resté un bon moment à les ovationner après leur set, c'était immanquable et parlait à de très nombreuses gé gé gé nérations...Yan du Fanzine Cafzic et de l’émission radiophonique Electric Trouble a retrouvé son point d’ancrage avec ce groupe par rapport à la programmation. Je suis d’accord avec lui, ce groupe fédère, il parle un langage rock omniprésent dans de très nombreuses couches absorbés par les styles, sous-genre, cisgenre.


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Les cartoonesques TOY DOLLS ont entamé un set vivace, et tournicoter leur musique animée avec leur élasticité légendaire. Si tu veux avoir des infos sur les Toy Doll ils sont encore dans le minitel hein ! Le trio (et oui un autre durant ce festival), a été formé en 1979, seul Olga le guitariste chanteur est membre fondateur. Toy dolls a jugulé son esprit farceur et sa musique légataire d’une institution punk Britannique, c’était le moment Mr Bean du festival avec des gags soniques à gogo comme la mayo des Sheriffs mais avec un fish and chips et des pintes d’India Pale Ale. Pas un groupe Anglais ne nous fera chanter le « Swing Low, Sweet Chariot » par contre, c’est certain.

Après cet épisode festif, le temps a changé d’aspect intégralement. Pinaise ce sont les giboulées de mars en plein mois de juillet, il grêle des cailloux dans le pit avec ALEA JACT EST. Le groupe a commencé immédiatement à faire de la couture avec les ligaments du pit, puis il a joué à la guerre frontale, de celle où tu pars en gueulant armes à la main en percutant l’autre d’en face. Ouais un wall of death, sauf que là et pour tout remettre dans le contexte, se joue dans une tension où tu toises ton vis-à-vis dans un duel de regard contre Elie Semoun. Mais n’enlève en rien à la torgnole party que nous a offerte à gorge déployée et main dans la gueule Alea Jacte Est.

Pas une once de répits, tout en fractionné. Ouuuuuch ! Dans la fosse nous avions le pilier de la B de Sidobre Montagne XV, celui qui avait toujours les sandwiches au pâté de campagne dans le sac après les matchs en minimes, et juste en face trois marathoniens fans de punk hardcore. Sans avoir foutu les pieds à Lourdes le trio venait de prendre le rocher de la vierge et un semi-remorque dans la coque squelettique. Résultat : les trois nourris à la barquette de céleri ont vu en 5mn la vierge Marie sur un 38T faire des tête à queue et des doigts d’honneur avec des effluves de pâté de campagne. Bienvenue dans le pays de l’olive.


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Alea Jacta Est était crevé de faim, il lui fallait des corps qui s’empilent dans une lutte de testostérone, expurgeant un monticule de riffs en acier, et du feu qui sortait des enceintes par jet de dragon ayant une bronchite enflammée. Le groupe a tranché ses compostions dans une lourdeur apoplectique. Le hurleur au microphone doit faire des bains de bouche au kérosène tous les matins pour se gargariser les cordes vocales. En formation gallo-romaine dans la X Cage le groupe a envahi tout l’espace sonore en Spartacus de l’arène, et comme d’habitude établi son empire dans les contusions soniques d’un ancrage sonore compact, et frontal. Tout ceci établi sous le précepte de Marc Aurèle en développant le thème de l'appropriation (oikeiosis), pensée selon laquelle chaque être de la nature doit vivre selon sa nature propre afin d'être en accord avec l'ordre nécessaire du monde.

Mais pourquoi ce groupe formé en 2006 à Tolosa n’a jamais sorti un album live ?!?

Parce que c’est littéralement dans le live que toute sa qualité musicale s’active et se ressent.

J’adore leur passage frontal et soudain se déleste d’un temps suspendu et d’une lourdeur sans commune mesure. Alea Jacta Est étant une locution latine qui aurait été prononcée par Jules César, avec comme valeur : qu'on ne peut plus reculer, qu'aucune marche arrière n'est désormais possible, lorsque l'on est confronté à un obstacle.

Pendant qu’au bar un gars à la ‘’gueule de métèque de Juif errant, de pâtre grec et ses cheveux aux quatre vents’’ tournait de l’œil avec la tronche pété du Cyclope quand Ulysse et ses potes lui bourre la gueule avec du picrate, juste à côté de lui un autre camarade à barbe de viking du vignoble des saouls scrutait d’un œil de taupe la bacchanale du pit des hardcoreux, et leur mythologique danse musquée. Hagard le nouveau dieu des vikings partit en trombe dans le pit rejoindre le valhalla des guerriers, et personne ne sera jamais pourquoi le pâtre Grec s’en allait avec lui dans la meute ?!?

Après le set ‘’Walk on heads into the Pit or Die’’ était dans toutes les tronches déformées et mâchoires défoncées. Un gars inactif dans le pit avait visiblement la trotteuse à l'arrêt, apparemment il n'aurait pas répondu favorablement au protocole commotion de l’après match des Toulousains. Il fallait un suivi psychologiquement d’une semaine minimum pour s’en remettre après. Un match âpre, rude au combat, comme les guerriers du Castres Olympique ; )


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CAPRA (« chèvre » en italien) voit le jour en 2016 à Lafayette en Louisiane sous forme de quatuor officiant dans un Hardcore Punk Metal. Leur premier album « In Transmission » en 2021 a été produit par Taylor Young (Nails, Twitching Tongues). Ce qui nous attendait c’est une véritable tornade de pied-de-biche entre Converge, Every Time I Die, Nails, saupoudré par ce sound of south qui va de Black Tusk jusqu’à Eyehategod répandre un cool adipeux dans cette bile de conviction sonique. L’ensemble émettant une sensibilité unique et un supplément d’âme qui fait toute la différence.

La rythmique a assis une alternance de frénésie et de massivité dans une force de frappe au diapason d’un riffing qui tranchait dans le gras et l’alambiqué. Crow Lotus au chant puissant dynamisait le champ de souffre et de marais hargneux. Tout menait à une urgence expansive, et vers une sève musicale ou torgnole et marécage virulent abreuvent un spectre explosif, intensif. L’odeur terreuse d’une pluie de coup de sang et de poing est venue réveiller la tourbe dans la fosse, pour un set au Destop pour les cages à miel. On nous a rabâché que l'art ne peut pas vraiment changer quoi que ce soit. Pourtant il façonne nos paysages éthiques, ouvre à la vie intérieure des autres. C'est un terrain d'entraînement pour la possibilité, il met en évidence les inégalités et propose d'autres manières de vivre, de ressentir, de s’épanouir. Faire corps avec la musique, ressentir son intensité et sa présence, la laisser suspendre dans l’air de chaque intimité, pour la laisser se répandre et en faire une implosion de soi, c’est une possibilité féconde. Tu restes dans un premier temps sans voix, puis il vient de ta caverne ce cri de libération ultime qui dégorge tes ténèbres et ouvre dans les ronces pour découvrir une nouvelle voie. Super concert pour un super groupe, avec densité, nervosité, vélocité mélodique, un HxC punk metal de Louisiane chaotique, crachant l’amertume et l’acrimonie d’un monde méprisable comme une tornade vient tout balayer d’un revers de main. Je me dis que le monde tel qu’il est ne peut pas être mauvais si il existe un groupe comme Capra.

La soirée concert se terminait. A côté des 2 scènes il y a le bowl pour les riders, convertit en espace de détente et dancefloor. Je m’attendais à ce que le DJ passe des musiques latines et caliente pour faire trémousser le Saturday night fever, et c’est le rap du crou de Stupeflip qui vient trépaner les guibolles. Junk Cacahuète & Vincent Big Jim font la même tronche guillerette de Luffy du manga ‘’One Piece’’.


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Les grands winners du jour sont :

Les cyclistes venus depuis Carmaux (ils se reconnaîtront) qui ne sont pas tombés dans les galeries de plusieurs kilomètres de profondeur sans devenir des esclaves des hommes-taupes dans la nuit de samedi à dimanche pour éviter la marée-chaussée, ont gagné un épisode de Louis La Brocante en VHS (sous blister).

Le vieux punk qui a dû sulfater un bon 1,5 litre de Côte de Tarn par jour et par habitant venu me glousser son tannin tout en rondeur en disposant du monologue d’un historien de PMU a gagné un dentifrice trible action saveur menthe fraiche.

Le gars en train d’expliquer à sa compagne pourquoi il s’est retrouvé dans l’autre tente où il y avait la bombasse avec la même contenance et prose explicative que Jawad Bendaoud, a gagné un sac de cerise et devra craché chaque noyau au-delà de 3.14 mètres.

Bravo à eux !

Vous pouvez admirer le portfolio de Junk cacahuète au jus d’orange sanguine sur la page FB du WallaBiZine.


Il ne restait déjà plus qu'un jour de vagues perpétuelles...


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