WALLABIRZINE

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Report de concert

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vendredi, mai 2 2025

Petits excès de folie ordinaire !


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Je n’ai pas le talent, la verve, ni la culture musicale et littéraire de Bir, et encore moins la légitimité pour écrire une chronique ou un report de concert dans le Wallabirzine. Je ne l’ai jamais eue, et je n’ai jamais été doué pour l’écriture. Pourtant, je vais le faire. Est-ce que ce sera une réussite ? On verra bien. Dans le pire des cas, ce sera une pierre de plus à l’édifice de la culture de l’échec.

Mercredi 30 avril 2025, veille du 1er mai et de la fête des travailleurs. Mais comme dirait un certain ROOLIANO : « tiens tiens tiens », le 30 avril, c’est aussi l’anniversaire du suicide d’Hitler… Y a des anniversaires qui sont sympas à fêter, quand même. Quoi qu’il en soit, c’est bien beau tout ça, mais on ne voit pas trop où je veux en venir… Allez, je vais la faire courte : le 30 avril 2025, Charly Fiasco joue à Toulouse, à l’Autan.

Le concert est prévu pour 20h30. À 19h20, Vaia et moi sommes avachis sur le canapé après une journée de taf. 19h30 : nous voilà partis dans la Koroba Mobile. Let’s go to the punk rock show ! Pink City, here we go !

Le temps de faire la route, de trouver une place, le premier groupe termine de jouer. On ne les verra pas. En arrivant, on croise bien sûr Lolo, avec Zoé et une amie . Quel plaisir de retrouver des amis ! Zoé nous raconte son périple en Alaska (et ses séances de sport pour des Américains en mode Wall-E), Lolo se remémore de vieux souvenirs… On papote. Sauf que Charly Fiasco va commencer, il y a un monde fou. Ça fait trop d’années que j’attends, qu’on attend, Vaia et moi, de les revoir. On fonce. On prend quand même le temps de claquer une bise affectueuse à Flo, qui nous présente une amie d’enfance et son compagnon. On papote, mais faut y aller.

Précision : on n’a jamais mis les pieds à l’Autan. Ça a l’air cool, mais pourquoi tout le monde squatte le couloir ? Ah non, c’est le comptoir. On se faufile, puis on est bloqués. Que se passe-t-il ? Ah mais c’est juste blindé. Je vois la tête de Jules, qui finit de régler une cymbale. Je ne le reverrai plus de la soirée, assis derrière ses fûts. À gauche, la tête de Mato dépasse. Il affute sa guitare pour trancher du riff, À droite, un beau gosse apparaît, sourire splendide en coin. Tiens tiens tiens… c’est bien El Rooliano. Puis, au centre, notre leader charismatique de la soirée : Romain Boule, le roi des Fiasco. Zoé, Emma et Lolo sont, comme souvent, à l’avant. Vaia et moi, pile au milieu (là où on ne ressent rien ? Mais pas ce soir 😊). Je croise Céline un moment, qui me chambre (à juste titre) parce que je n’ai pas mon appareil photo. Pas d’excuse pour passer devant.

Les Fiasco enchaînent tube sur tube, dans un bar saturé, plein à craquer, mais chantant à l’unisson avec l’orchestre du soir. Romain nous expliquera qu’ils ont commencé ici, que c’est leur QG, leur bar, leur repaire. Ils jouent à domicile, et les supporters sont là : amis, connaissances, fans ou famille, tous unis pour passer une magnifique soirée de partage et de communion. Dame Anxiété est venue me rendre visite en plein concert. Elle a tendance à venir un peu trop souvent ces dernières années. J’ai peur de faire une crise de TOC. Mais tout va bien. Je vois Vaia à ma gauche, à fond, radieuse, en train de danser (enfin, c’est serré, alors c’est mini-pogo, on ne va pas se mentir). La voir et l’avoir près de moi, c’est rassurant. À droite, et autour de moi, des inconnus mais le poing levé, hurlant des « Oh oh » en chœur. C’est apaisant. On ne se connaît pas, mais on partage. On vit l’instant. Basta, donc, Anxiété. Romain, chef d’orchestre expérimenté, organise la foule. On se déplace, les « petits » passent devant, ceux qui étaient devant échangent leur place avec ceux du fond. Ça se fait naturellement. Pas un râle, ça rigole. C’est à ce moment-là que Lolo revient vers moi, en laissant sa place devant à d’autres, on chantera à tue-tête Suicide Social, bras dessus-dessous. J’en chialerais presque.

Pour vous, c’est rien. Pour moi, le punk rock, c’est ça.



Plus tard dans la soirée, je partage un moment de pur bonheur avec Nico Fraysse, en hurlant ensemble les refrains de Élite : « NOUS NE SOMMES RIEN, NI PERSONNE / NOUS SOMMES LE CHÔMAGE ET L'ALCOOL / NOUS NE SOMMES RIEN, NI PERSONNE » (en majuscules parce qu’on crie !). Ni lui ni moi ne risquons le chômage, je ne bois plus depuis des années, mais on y met toute l’intensité nécessaire.



Puis vient le clou du spectacle. Matthieu Zuzeck (<3), aka le Ryan Green(e) de la Pink City, prend la guitare de Romain, pendant que celui-ci fend la foule pour aller partager le micro au fond du bar sur Ad Vitam Æternam. Un show collectif. Personne ne sera oublié ce soir.



Les derniers « J’ai signé pour la vie » et « OH OH » résonnent encore dans mon esprit. Le concert est terminé. Tout le monde sue, tout le monde pue, j’ai plus de voix. Vaia rayonne de joie (et de sueur aussi, ça arrive même aux meilleures 😊).

Je prends le temps d’échanger quelques mots avec Roo, Mato et Romain. Je ne verrai pas Jules. Je ne veux pas être relou, ils sont crevés, ils ont tout donné, mais je devais les remercier. Ça faisait des années que je ne les avais pas vus jouer ensemble. J’ai un profond respect pour ces gars. Ils dégagent une sincérité, une simplicité que j’adore. MERCI. Vivement le prochain concert. Vivement le prochain album.

En repartant, on repasse voir Flo. Je croise Laurent Baudière, on échange des mots (et des maux) avec passion et honnêteté. (Bon, on fait aussi un peu les langues de p***, mais avec conviction 😊.) Vaia découvrira ce soir qu’elle a fait l’IUFM, il y a de nombreuses années, avec la belle-sœur de Romain. Comme quoi, le monde est petit…Trop de monde à saluer, trop de monde loupé, mais le cœur y était. Il est temps de rentrer. Je suis claqué, et il faut reprendre la route(quel massacre…). pour Castres

Si vous êtes arrivés jusqu’ici… eh bien, merci. C’est long, et je ne suis pas sûr que ce soit super intéressant, mais si vous y étiez, vous savez que ce moment était précieux. Et si vous n’y étiez pas, j’espère qu’un jour vous vivrez ça aussi.

Junk Koroba

mercredi, avril 16 2025

Immersion Invisible dans le Magnétisme de KLONE


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La soirée s'est passée à Tolosa, avec en MC Noiser Assö, grandement merci pour l'ensemble de leur combat permanent à la diffusion de concerts. C'est compliqué de réaliser un événement avec la somme de propositions, préférences inhérent à la satisfaction contemporaine. Mais Noiser y parvient.

Je suis accompagné de mon épouse Samantha, nous retrouverons Benoît Napalmnivore (Thorium Mag).

En première partie The Old Dead Tree est à l’origine un groupe de metal gothique originaire de Paris formé en 1997. Il s'inscrit dans une prolongation de plusieurs style et héritage, pour simplifier cela va de Type O Negative de Pain Of Salvation, Katatonia, avec quelques passages sympho (franchement il devrait en mettre davantage tant cela apporte une grandeur à l’ensemble), et beaucoup d’altérations musicales, ce qui en soi est à double tranchant.

D’un part parce que dans ce venin il y a cette plaie cicatricielle que le groupe triture sans cesse, (en exagérant : ‘’Regardez comme je souffre’’) et de l’autre un manque d’ancrage qui permettrait de poser un socle intime dans lequel s’épanouir. C’est assez étrange car le groupe a capté sa singularité musicale, grunge, rock gothique, metal atmosphérique, et l’on sent qu’il reste peu de chemin à parcourir pour isoler le trop plein de foisonnement, ralentir l’empressement, allonger les espaces pour une respiration plus souple, et surtout simplifier. Et il me semble que The Old Dead Tree arriverait bien davantage à se positionner sans qu’il soit tentaculaire de se perdre dans son dédale d’écorché vif. Après c’est mon point de vue, il fait ce qu’il veut de toute façon.

Le groupe défend son dernier album “Second Thoughts” sorti en décembre 2024 sur le label Season of Mist. Après une coupure en 2009 et un début de reprise 2013/2017, The Old Dead Tree reprend sa destinée en main, le groupe ouvre les artères boisées de ses textures, les riffs incisifs rayent une sinuosité et confortent au trouble sonore.

Les micros sont ornés de branches. Un gars à côté de moi serre les mâchoires pour avoir plus de charisme malgré un petit ventre tout rond de trentenaire. La voix du groupe c’est Manuel Munoz, il joue la diva, c’est à la fois trop mais fait partie intégrante du ton musical. Il faut dire que les racines de la spécificité musicale de The Old Dead Tree trouve le bois flottant d’une essence que l’on trouve graver dans leur écorce à coup de couteau. Des motifs, des courbes, des pictogrammes formant le langage lacéré que le chanteur brûle dans la pinède rythmique et mélodique. Ce que l’on saisit c’est un tourment omniprésent, qui enlace jusqu’à étouffer, marque par ses épines des écorchures qui ne s’estompent jamais.

Le son n’était pas flatteur, parfois l’on n’entendait même pas les chuchotements du chanteur, au lieu d’apporter une fragilité intimiste c’était davantage un film muet. Dès qu’il élevait son chant clair alors là oui il y avait un accompagnement avec la musique, une longe qui permettait d’escalader. Ses growls croassent une abrasion et viennent de la gorge, ce qui dénature la puissance selon moi. Il demandera au public de reprendre un refrain dont je n’ai pas encore réussi à saisir pour le reprendre, ( Benoît a lui aussi eu le même ressenti). Je passe sur son insolent pain au chocolat roublard, l’on sent qu’il est joueur, affiche une pluralité expressive tant dans son chant que dans l’interprétation, cela concourt à accroître une surabondance avec laquelle on se perd. Sans être convaincu par leur set, je perçois la gageure dark, leurs racines, qui à mon sens doit être simplifiée afin que The Old Dead Tree à la place de faire monter la sève s’enracine avec la maturité d’un châtaignier, plutôt que les fouets de souffrances de ses chaînes (entendre chêne). Il doit transmettre ses filaments musicaux par des racines stables et posées, cela ne changera pas aux épines de piquer, mais permettre aux fleurs de s’ouvrir et aux fruits de gorger un sucre de douceur.

Ne juge pas si tu n’es pas prête à l’être toi-même (la bible).

Il ne m’est point avisé de paraître condescendant envers le set des Parisiens. Je mets dans cet espace un ressenti en correspondance avec d’autres pour apporter une vision éclairante d’un événement. Loin de moi la réalisation d’une critique qui permettrait une quelconque ambition vaniteuse. Peut-être que nous ne saisissions pas les turpitudes sombres et les mouvements que le groupe fait proliférer dans sa forêt au rythme de son audace créatrice, nous révélant un nouvel angle de vue pour lequel nous étions jusque-là aveugle, en nous contentant de la conformité de notre zone de confort.


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Peu-après c’était à la force tranquille de KLONE d’éclore. Nous changions de galaxie !

Klone ne s’oblige à teindre une image romanesque de sa musique pour se donner en spectacle. La configuration des membres qui compose le groupe est actuellement féconde, elle enracine, développe, consolide, transmet une force évidente, elle extrait une assurance d’expérience qui en a forgée l’ancrage dans une humilité vigoureuse. Le Klone qui arrive sur scène est légitime, il condense une aura.

Mes écoutes métalliques sont conservées dans une boîte fermée à clé à même la peau. Elles sortent et m'envahissent comme des rayons de soleil, rendent ce monde plus facile à traverser, plus facile à espérer. Ici-bas, le son est gigantesque. Chaque musicien sert le collectif, tire vers le haut une émulation de son art et affect avec quintessence. Son esprit est un ruisseau toujours en train de murmurer pour trouver un passage perméable à s’épanouir. Leurs mélodies poussées par le souffle saccadé et frémissant de fleur imaginaire, ondulent dans un océan de remous, de reliefs doux à la nature puissante, sculptées dans la luxuriance des compositions de Guillaume Bernard. C'est lui la force tranquille, le liant qui du rêve/désir transpose une matière en évidence. Le batteur Florent Berthet (Kadinja, Myrath) à la place de Florent Marcadet (Carpenter Brut), apporte une assisse opulente à la richesse mélodique des Poitevins. J'ai trouvé aussi que le bassiste Jean-Étienne Maillard a gagné en liberté d'action en live. Le guitariste Aldrick Guadagnino est parfait, je rêve d'avoir sa chevelure. Le chanteur Yann Ligner affiche une barbe poivre et sel, ses yeux parlent une tendresse que la mer divague dans la contemplation, et sa voix, oOoh mon dieu ! C'est la meilleure version de klone en ce moment, il y a tous les éléments pour faire grandir et élever leur musique, ce soir-là c'était géant et absolument manifeste.

Je sais que je me répète, néanmoins je ne cesserai de le clamer tant qu’il n’y aura pas la reconnaissance internationale à cette injustice, car Klone est le meilleur groupe de metal atmosphérique du monde, et de trèèèèèèèèèèèèès loin, tous les autres sont surcotés. C’est à chaque album et concert une évidence nette, flagrante, manifeste, lumineuse. J'en veux pour preuve la capacité que ce groupe masse dans sa puissance, une humilité tellurique qui vous transperce, non pour écraser ou imposer, mais pour communier. Mon épouse Samantha a les yeux fermés, la pomme des mains tournée vers le haut, comme quand petite elle priait, elle le fait naturellement, son corps suit la fluidité musicale, fait corps avec le sien, je constate que ce n’est pas la seule, beaucoup de femmes dans le public sont absorbées. C’est très rare un groupe qui réunit, relie le masculin et féminin. Klone a cette capacité de saisir la complexité et le mystère intérieur féminin, ce que la plupart des hommes ne pipe absolument rien à cette affaire. Il a aussi l’aptitude de faire gronder une masculinité de puissance, et je l’identifie avec une maturité et sagesse incroyable, car il faut être disposé à entendre ses errances, ses émotions, à accorder du temps à saisir le mal qui ronge pour lui laisser la place de se pardonner, à s’écouter pleinement pour pouvoir s’accomplir. Klone est passé par là, il est gorgé d’une douceur dont il tire sa force.


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Les récents morceaux comme « The Unseen », « Magnetic », « Afer The Sun » possèdent un magma se chargeant à son noyau en fusion de la lave sombre et subtile de l'opus précédent avec « Meanwhile » « Blink of an Eye », « Bystander ». L'orage émotionnel du « Grand Voyage » transperce avec « Yonder », « Sad and Slow »...Et nous accueillons le soleil avec « Immersion », « The Drifter », « Nebulous »...parce que la discographie de Klone est aussi puissante et éthérée qu'une rivière, puis que l'on voudrait par-dessus tout que le concert ne s'arrête plus jamais. Yann propulse l’éruption par des growls surpuissants de rage, et là cela vient du ventre, tel un lion. C’est magnifique parce que ce feux est naturel, il n’y a pas d’artifices, ce groupe communique un lien puissant, quelque chose de pur, de vrai, d’élémentaire, qui a toujours été là quelque part en chacun, que l’on sent de manière instinctive, ne pouvant pas être définie comme rationnel, mais entre le spirituel et le palpable, du moins que notre corps, notre esprit et notre âme en soit toucher profondément. Il agit comme une nourriture vibratoire. Il élève son cœur musical à la source, dans ce voyage existentiel qui nous amène ici à vivre des émotions, en lien avec une éternité de liant qui nous dépasse. Klone touche se dépassement, cette union entre ciel et terre.

Samantha m’indique que la plus belle réussite des hommes est la musique. C’est tellement vrai. Elle touche tout le monde, tout le temps, elle est un fil conducteur à découvrir d'autres voix lactée, à affirmer nos sensibilités. Elle est une énergie qui nous permet de flotter à travers notre vie pour accéder avec ferveur à une forme transcendantale de nous-même.

Le public reflète à ce moment là le cristal d'archange guerrier transformé en hommes-fleurs. Un ange passe entre chaque titre, diffusant un halo de vérité. La nuit projetait des velléités de velours noir et concevait en l’instant son étoile polaire comme guide de translation sinusoïdale. Derrière le groupe un écran projette des images, un vaste océan où le vague forme l'allégorie d'une puissance naturelle gorgée d'obscurité et de plénitude. Pendant un instant de pénombre le chanteur mettra son corps et sa tête penchés en arrière, les bras grand ouverts, comme si il était tenu par un fil invisible entre les cieux et la terre, traduction parfaite que Klone symbolise, ce trait d’union que la musique est capable d’émettre la foi en une espérance.

Dans une époque où l’on nous inflige une destinée faite de doute, de mensonge, de perte avec fracas, et qui fait écho à cette obscurité que beaucoup de groupe actuels façonnent avec dissonance, rouille, barbelé, torture à coups de disqueuses et de tourments...Il y a Klone, qui vient avec une probité lumineuse, mais aussi avec ses propres fissures sombres, mais il y a toujours davantage de lumière. Mais quel bonheur d’être affranchi, de pouvoir respirer profondément dans un souffle qui nous apporte la stature de grandir avec sérénité.


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Le concert touche doucement à sa fin, s'en suit une bronca d’applaudissement. Rappel, Klone revient sous les vivats, entame le dernier titre du soir.

A un moment Yann tel un magicien absorbe la musique en fermant son poing qui met en suspend la musique pendant une fraction de millième de secondes. Ceci dans le morceau « Yonder » n’existe nullement, connaissant le morceau par cœur tu es interpellé par l’innovation. Il relâche l’étreinte de ses doigts redevenant une main souple qui vient allonger d’un geste lent la reprise de la musique. Vous avez un rendu similaire quand vous roulez en voiture et qu'il pleut fortement, que l'impact est puissant et puis vous passez sous un pont et tout s'arrête net, puis vous pénétrez à nouveau la pluie. C'est Samantha qui m'a filée cette très belle allégorie.

Cet instant c’était de la perfection même, comme quand une danseuse déroule après des entraînements intensifs des gestes répétés pour enfin reproduire le jour du spectacle une perfection idyllique qui vous saisit par sa pureté, ne vous laissant pas le temps à votre intellect de réagir. Vous êtes saisit, stupéfait, cela ne parait rien, mais c’est un acte, un geste qui conditionne la justesse de l’osmose du groupe en live. Où chacun vit son existence dans la foi et la confiance de l’autre à s’épanouir, à donner force et puissance à chaque détail pour une émotion, une correspondance que le public entend, ressent, encourage et fusionne avec l’épiderme d’une unicité complète. Ce geste qui absorbe, met en suspend et laisse reprendre avec délicatesse apporte de l’importance au silence, il amplifie la maturité du groupe à saisir l’instant dans une apothéose de détails, toute la finesse lumineuse qu’il crée, toute la profondeur ténébreuse à faire éclore dans une opulence généreuse de fluidité, de reliefs et de puissances.

La plupart des gens marche la tête basse car personne ne dit ce qu'il ressent vraiment, tout est conservé toujours en chacun.ne. Et c’est ce qui plaît, fascine dans l’art en général, il s’y dévoile ce qui se terre en soi avec un son qui arrive de l'obscurité dans un labyrinthe pour un océan de lumière qui s'y divulgue tout à la fois.

Klone rend saisissant son aura, il dépasse le simple cadre du concert en un moment où l’on communie la ferveur de sa propre lumière, ou l’on ressent le crépitement émotionnel retentir son tonnerre dans un instant d’éternité, telle une onde vibratoire de lumière perce l’obscurité pour dévoiler un chemin d’espérance, où le chant des hommes relie des cieux à la terre la noble prérogative universelle : la musique est ‘essence de l’âme et Klone en porte la foi.

Merci à Klone, Noiser, Ben Ö napalm, et Samantha !



mercredi, mars 5 2025

HARDCORE ALBI PARTY - Hope For Tomorrow


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Plateau HxC avec No Turning Back + Calcine + Ørdem (les 3 sont passés à l'Xtremfest) dans la salle de l'Athanor, place de l'Amitié Entre les Peuples, 81000 Albi avec l'asso Pollux un samedi soir sur la terre.

J'y vais tout seul, galère pour se garer car à Albi c'était le carnaval donc fête foraine, ambiance la Pitchouli avec des gamines qui hurlent et des gars qui tapent tapent tapent sur la machine à coup de poing. J'arrive presto à l'Athanor, pas foule, j’ai pris des photos des sets avec le téléphone, la qualité n’est très clairement pas là, mais bon comme l'image est désormais plus importante que l'écrit...


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Donc pour le look c'était short, chemise basbeball, veste foot US (pour oim), shirt HxC, basket, converse, ambiance crew de rigueur.

Formé en 2013 à Toulouse Ørdem a fondé son HxC dans plusieurs singles, 1 E.P « Mad Mirror » et un premier long « The Truth Welcomes Disillusion » 11 ogives avec « Losing Sleep » en titre bonus via Useless Pride Records en 2023.

Ørdem empile la brique rose sonique dans le suc d’un hardcore beatdown metalcore post-hardcore, cela fait office de fourre-tout contemporain, je ne sais pas si les gens assimilent vraiment toutes les nuances subtiles de ce groupe. Quand je regarde un coucher de soleil, je ne me dis pas : « Adoucis un peu l'orange dans le coin droit. » Je n'essaie pas de contrôler un coucher de soleil. Je le regarde avec émerveillement se dérouler.


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Dans la fosse une étoile reste une étoile même si personne ne la regarde, donc quelques étoiles filantes, puis des comètes à crêtes viennent se frotter la chair, le public est épars, la salle n'est pas comble, où sont les rageux du hardcore quand ce n'est pas l'Xtremefest ?

Quand on est jeune, on meurt plusieurs fois d’émotions. C'est une aventure dans laquelle on se précipite pour connaître le plus d’expériences et accroître confiance et maturité. Parfois les murs sont trop hauts pour révéler le mystère, et il faut du temps pour trouver le bon passage. Ørdem est souvent de première partie, il a remplacé au pied levé les Anglais de Higher Power à l'Xtremefest 2022, je me suis dit qu’il devait en avoir marre d’être bloqué dans cette zone, de ne pouvoir avancer pleinement, comme Madeleine sur la Croix appelant « Dieu tout-puissant, donne-moi le courage d’arracher ce clou d’un seul coup. » Dieu a entendu sa supplication et elle l’a fait.

Un peu comme oim, trempant ma plume dans mon propre sang, et j’écris… j’écris pourquoi ? Pour retranscrire ce que perçois des pensées folles au fond de mon âme !

Le groupe fait son set, sans fard, sans trop de flamme, et plutôt tendu pour apporter de la densité et une presque froideur dans sa lame hardcore/postHxCore. Peut-être que cet alliage est encore trop frais, pas assez dilué avec leur propre souffrance pour être admis, mais bientôt...Au fait vous avez la prog de cette année ? Il y a Ørdem dedans !


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Pendant que les routiers de l’A69 attendent encore le feu vert pour dégommer l’asphalte et pisser dans une bouteille de Mont-roucous pour aller encore plus vite, le temps de la crédulité se terminait par une sommation surprise, qui changeait la fréquence des battements du cœur pour le groupe Calcine.

Le public se presse davantage, apparemment il veut prendre sa dérouillée, ça tombe bien Calcine torche son set en 30mn, nous met sur le cul, avec palpation de la prostate, main de maçon en papier verre et le plus gros grain de surcroît, et des mains de travailleur veinées et patinées avec dans les yeux cette charge d’existence émotionnelle par un regard, un silence, une respiration.

Parfois il y avait un circle pit allant aussi vite que Sarko avec son bracelet électronique pointer au commissariat un lundi matin de retour d'Ibiza. J'ai vu Buzz l'éclair et un ficello qui se témoignaient une belle pudeur en attendant la grêle de Calcine, finalement le ficello a commencé à gesticuler comme si il allait bouffer l'appui tête arrière d'une 306 pigeot, et buzz aussi câblé que dans l'Ariège est parti comme une laguna avec un becquet de compet. 3 mn plus tard, douche comprise, les 2 gaziers transpiraient un seau de vaseline, les créteux balançaient leur rangers au pinacle de la distortion des riffs, la hurleuse balançait la hargne au père Lachaise. Il flottait dans l'air ce poing serré que l'homme tend et remue comme un éclair quand la foudre va grêler des giboulées et que tu ne sais plus si le ciel à perdu la tête. Calcine n'a pas duré longtemps, un feu de paille, reste les cendres.


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On dirait une peinture cette photo :

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Puis est arrivé No Turning Back, formé aux Pays Bas en 1997, adepte du New York Hardcore, premier album « Revenge Is A Right » en 2003 avec GSR Music, le dernier « Destroy » en 2019 via Take Control Records, il y a plus près l'E.P « Conquer » en 2023.

Nous étions comme aspiré.es dans un vortex spatio-temporel, c'était comme souscrire un abonnement au Club-Internet avec le forfait "Transparence" 97 francs par mois pour 20 heures de connexion Internet. Mais bon quand tu as vécu cette époque c’est toujours cool. Les jneus qui grandissent avec cette vague hardcore qui mélange des riffs death metal (voir Calcine) regardaient les Hollandais comme un dinosaure.

Mais No Turning Back ne fait pas que raviver les souvenirs soniques d’une époque, il fait émerger du fond de l’iceberg un modèle de pensée où le combat était frontal, la plupart du temps quand les mots ne suffisaient pas toujours, les mains parlaient alors. Pour No Turning Back pas de trump, poutine & co’. Le chanteur remet de l’ordre dans la profusion et confusion des idées reçues, et pour résumer il dira : « Si tu valides ce modèle de pensée tu n’as rien à faire ici avec nous. »

« Ce sont nos choix qui montrent ce que nous sommes vraiment, bien plus que nos capacités » JK Rowling


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Je sais que je vais être perçu comme un boomer qui balance ses mégots par la fenêtre de son SUV, mais le chanteur a une ressemblance d'attitude/physique avec Philou Anselmo, crane rasé, ce besoin de papoter ardemment entre les titres, d'arriver à capter l'auditoire à la cool (ne me sortait pas le bras levé de Philou par pitié, réduire un état d'ébriété à l'ensemble d'une existence c'est aussi débile que son geste odieux), bref, il y a un quelque chose de similaire, un capital sympathie, du moins pour moi.

Mate le gazier que je mets tout à son avantage bien entendu :


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Leur hardcore me fend le cœur par des émotions vivaces qui se font la guerre, certaines entraînent vers les cieux alors que les autres souhaitent nous tabasser des pensées malignes liés à nos souffrances et peurs. Nous sentions cette vibration hardcore cogner toujours plus fort, pour les hommes c'est dans la poitrine et dans le ventre…C'était cool No Turning Back, pas du tout la saveur tenace d'une urine d'asperge, mais davantage la sensation d'un groupe qui avance dans sa zone de confort, se branlant des exigences narcissiques pour se corréler avec la fondation de ses spasmes soniques : balancer un hardcore sincère.


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L’encre du tattoo nous oblige à divulguer des fragments d’existence, les rythmes de certains cœurs, des regards qui s’éclipsent du monde, à cet instant où bascule l’émoi de son enveloppe terrestre et sa pleine réalisation avec le cosmos.


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Merci à Pollux, Ørdem, Calcine, No Turning Back. et un concert bien fun sXe sur Tolosa à venir :


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mercredi, février 5 2025

SURGICAL STEEL


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Nous évoluons tous.tes avec inquiétude dans nos contraintes où règnent la nostalgie ayant marqué le cœur comme un empire. Ettttt parfois tu quittes un quotidien pour pénétrer une cabine téléphonique Anglaise et parler avec des tripes le langage des abysses soniques sur 3 niveaux de dimensions parallèles, et avec un humour décalé. Wesh !

Nouvelle soirée avec les compagnons de la chanson NOISER avec pour thème une roteuse à grind, sombreros mexicanos et les Beatles du Death metal : Carcass & Brujeria & Rotten Sound à la salle du Bikini.

Noiser est une association à but non lucratif fondée en 2010 par quatre mousquetaires, depuis un régiment qui tient la dragée haute in Tolosa intra et extramuros pour ‘’œuvrer à la cohésion du tissu culturel toulousain, français, international en collaboration avec un grand nombre d’acteurs : ville, groupes émergents ou groupes professionnels, associations, tourneurs français et étrangers, salles, disquaires, artistes graphiques, imprimeurs, producteurs de merchandising, maraîchers, brasseurs, jusqu’aux artisans boulangers !’’ Noiser aime écrire de mémorable laïus sur leur newsletter, comme j’apprécie de retranscrire je fais mon report avec le poids des mots et le choc des photos bricolées, oui à l’ancienne, oldschool, même si l’époque est à l’adage ‘’seul le visuel compte’’, et que n’ayant pas le droit à l’image, sans accréditation, sheuuuuuu, ‘’Support your local scene’’ comme ils disent ahahahah, et sans l’utilisation d’une IA. Donc une humanité faite avec regard, interprétation, errance gonzo, lésions et ecchymoses, étourderie, délire, fourberie, phantasme, je n’ai jamais su me vendre, trop passionné et honnête pour galvauder, même si j’avoue ma mauvaise foi en une vérité passionnelle. Je suis ce que j’ai toujours été : un rêveur. J’ai créé le WallaBirZine et Mysteriis Moon fanzine et webzine avec comme unique but de participer au courant alternatif. Je suis autant dans l’action que dans la réflexion. Je parle avec un accent et j’écris avec le cœur.

Ceci est un report unique et éphémère. Amen, hell’o, aloha, té, yo, va chier à la vigne, CiaO))) & namasté !


Pour ouvrir les débats et froisser les draps : ROTTEN SOUND est un groupe de grindcore finlandais, originaire de Vaasa Formé en 1993 avec 8 albums au compteur.


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Le groupe a trouvé le refuge de ses désirs musicaux pour les remonter jusqu'aux racines grindesques nordiques avec des surtensions de nerfs riffiques. Sa colère rubiconde surnage dans un océan malsain, et de son bras s’enfoncent des atmosphères très lourdes dont il balaie le tout par une rythmique qui assomme. De visu le groupe s’est brossé les ratiches à la ponceuse, sa dégaine est celle d’un prolo fatigué (comme oim) par la violence mais qu’il retourne dans une musique sanguine, et son set bénéficie des effets spéciaux d’une série fauchée sur Netflix, oui à l’ancienne, oldschool.

C’est leur première visite dans le pays du cassoulet et si le quatuor redoute un peu l’accueil, il se met en préchauffage pour briser la glace et comme un couple en défaillance a certainement ‘’ besoin d’un peu de temps’’. Puis leur son devient plus impactant, avec davantage de poids, le quatuor prend conscience que les sudistes apprécient leur musak à décoller le papier peint, et après trois titres Rotten Sound trouve la boîte d’allumettes et un jerrican d’essence pour enflammer le pit façon octogone.


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L’on verra ainsi notre pote Graaaaaatte balayer la fosse dans tous les sens et flotter au-dessus des airs dans des positions que le Kâma-Sûtra réfute pourtant bien. Ce fan de Napalm Death aime passer du temps dans la fosse à se frotter contre les parois humaines, et comme dit Waz : « il n’est clairement pas là pour trier des haricots ».

« Pas plus que les écosser » rajouterais-je.


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Le bassiste a la tête de l’ado qui doit descendre les poubelles un dimanche soir au mois de novembre parce que ça sent déjà trop mauvais, que les éboueurs passent demain et que sinon demain matin on va encore oublier, et qui finalement trouve des flaques d’eau pour s’éclater dedans. Le batteur monte les blanc en mayonnaise dans un raffut de mille rythmique, le gratteux se démène dans un brouillard de riff à démanger le pit, et le chanteur s’époumone à trancher dans le vif. Rotten Sound avec la rage des pouls soniques bat comme les trompettes de Jéricho et dégorge, boulègue un set cool, sans trop en faire, juste le truc syndical, mais qui touche par son honnêteté et sa loyauté à faire ce qu’il sait faire.



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BRUJERIA est un groupe de death metal mexicano-américain originaire de Los Angeles, en Californie.


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Il ne reste que Fantasma au chant, alors qu’avant il y avait des joutes orales avec Juan Brujo et Pinche Peach où la scène était prise d’assaut. Les 2 sont morts, et le backdrop du groupe leur rend hommage. Désormais c’est du surplace, il y a moins d’envie, sur scène c’est l’ambiance d'un match en régionale de pétanque sur glace, ouaie du curling c'est ce qu'je dis. Et niveau engouement le groupe a un point commun avec un poulet en train de rôtir, il tourne en rond.

En début de set le son de la guitare est ridicule, heureusement en milieu il y a eu une rectification, mais bon l’impression de voir un groupe de baloche caricaturant une caricature. Dans le pit Graaaaaate était en mode livreur de colis indépendant chez Amazon, partout à déplacer de la couenne d'andouille torché au houblon (c’est la procédure normale).

Brujeria a perdu de sa hargne, le sens du combat. C'est du chiqué !


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Elon Musk & co pense aux emblèmes totémiques, aux mâchoires de loup, aux symboles claniques, son rêve de domination est celui d’un chef de gang, d'un parti politique, les idéologies le font vibrer, Brujeria aussi, enfin maintenant c’est davantage la marie-jeanne. Le groupe n’a plus rien à voir avec ce qu’il fut. Il est un reflet dans le miroir d’un autre, le rêve ou le délire d’une virgule se prenant pour un point d’exclamation.

Pendant le set mon pote Waz se fait réprimander parce qu’une fille ne voit pas bien la scène. Il se pousse plusieurs fois, mais comme elle insiste il lui dit que de toute façon si ce n’est pas lui il y aura de toute façon une autre personne devant elle. Il aurait fallu qu’elle aille carrément devant au crash barrière. Son homme interfère à ce propos, et waz lui répond qu’en fait ils sont dans un concert, pas au théâtre ce soir et qu’il valait mieux qu’ils restent chez eux devant la TV. Le gars au physique de super fan de raclette de caractère à pâte mi-dure, 8 semaines d'affinage, à 3.99 euros chez Aldi, a roumégué un temps puis s’est tue, turlututu chapeau pointu ! Public aussi disruptif que l'envahissement pop actuel.

Brujeria ce n’était vraiment pas fun, pas terrible du tout musicalement, Fantasma a réussi a gratter une boulette d’adihasch dans le public ce fut son fait d’arme, ce chanteur a fini avec en karaoké une cover de la macarena où il scande ‘’ooooh marijuana brujeria !’’ vous voyez le délire ? Tout est dit. Faut tenir sa langue avec son addiction haschich...


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Comme chacun je ne suis pas infaillible, ma fragile carcasse terrestre vieillit, j’ai écumé les rades, ne me sens pas encore vieux singe mais j’ai capté les grimaces, et là c’était des simagrées. Bon, passons à bien autre chose… Après je croise Guy (et sa femme Nathalie), je vois exactement les mêmes personnes selon le style musical à chaque concert depuis pfiouuuuuuuuuuu, bref, il me demande si je vais au Hellfest, il m’indique qu’il a revendu ses places et qu’ils vont à l’Alcatraz en Belgique. Je convoite ce festival depuis de nombreuses années (mais c’est loin pitinnnn), et cette année l’affiche est nettement plus enviable que la prog du Hellfest qui est devenue rdv en terre inconnue pour les fans de metal, alors que pour les genZ.2.0___ c’est lol.

Bien entendu toutes les connaissances que j’ai croisées nous nous retrouverons à Une Nuit En Enfer à St Sulpice La Pointe pour le 15 mars 2025%7D&locale=fr_FR].

Le temps est un insaisissable mystère et l’éternité est son énigme demeure. Personne n’est un refuge sûr pour quiconque. Nous sommes des étapes, des passages, des intervalles, des transitions, nous traversons la vie en météore, interprétant nos envies dans la boule de cristal de nos pulsions, nous fonctionnons par des cycles de luttes sur des blessures discrètes, et de survie pour admettre notre désert existentiel à remplir, à façonner notre insonorisation avec la gestation de nos souvenirs. Tu penses être ce que tu vis dans les marées imprévisibles de ton existence. Mais là où personne ne peut te quitter, te remplacer, tu fais face à toi-même, dans ce lieu saint où tu pleures à l’intérieur, entends ce cri assourdissant que tu es le seul à entendre. Ta solitude est ton unique refuge, et son seuil est une porte sur l’éternité. Ne me juge pas par ce que tu lis, ou crois saisir... Je suis une longue histoire que tes yeux n'ont jamais lue. Je comble peut-être un vide en toi en ce moment même, pose un puzzle qui dessine comme une lumière qui fend l’obscurité dans le phare de ton existence, un dessein. Peut-être à peine perçu si tu ne vois qu’en surface.


Mais il est là, au chaud, et quoi de mieux pour être bousculé qu’un flipper Ducro ?

Avé CARCASS, groupe cultissime de death metal originaire de Liverpool, en Angleterre. Formé en 1985 par Ken Owen et Bill Steer sous plusieurs sous-genres de metal extrême et finir par obtenir sa griffe sonore et visuelle.


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Les Beatles du Death Metal mention boucherie chevaline avec mention free mélodique est ce que l’on peut appeler un groupe culte, unique par et en son genre, dont la définition semblera toujours inappropriée tant les genres fusionnent pour aboutir au fondement sonore et musical d’une singularité unique. Carcass a bâti sa musique sur une création consubstantielle, la sienne. N’écoutant que la pulsation inspirante et d’aspiration de leur souffle. Carcass répare, Carcass remplace, mais surtout a fondé au regard des mortels la pierre philosophale d’une précision anatomique sonique, elle-même poussée dans une saturation d’acide lactique dans chaque mélodie, pour une rigidité macabre et étrangeté d’atmosphère palpable. C’est aussi complexe à comprendre qu’un Belge prononçant 78 et 95. (nonante huit…), mais l’on s’y fait, mieux, on y prend goût, bref cette délectation musicale est une affaire de bon goût, de puriste pour parler vrai, et la salle n’est pas pleine.

Composé de Jeff Walker chant, basse (sans cheveu), Bill Steer guitare avec son look de bluesman des 70’s,
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Puis de Daniel Wilding, batterie (robuste et précis) et Ben Ash seconde guitare en remplacement de Michael Amott, ok c’est difficile de passer derrière ce monstre de la 6 cordes, pourtant le gars assure des leads de fou, fada pour le south east.

Dès que Carcass est arrivé le premier riffs a résonné un son à la hauteur du culte, génial, dense, robuste, précis, ouaie comme le batteur. En 5 secondes le groupe nous lamine la tronche, les oreilles je ne t’en parle même pas, ça lustre plus que dans un Car Wash et cire autant que Linda Lovelace dans Gorge Profonde. Je me suis tout le temps demandé d’où sortait ce groupe ? Il vient d’ailleurs c’est certain, d’Angleterre my sir ! Carcass c’est les Monthy Pithon et Doctor Who en même temps, c’est une autre galaxie, des titres en quadriphonie, totalement hors norme, même si depuis une tripotée de groupes se sont influencés avec, il demeure à part, insulaire.

Imposant son apparence puissance par une démonomanie maniaque, le groupe plonge dans les profondeurs souterraines de sa disco pour en extirper le mal-être par une inspiration effluve. Il s’en échappe lorsque sa chair musicale est en feu et qu’il doit survivre à sa propre destruction. Leur Rigor Mortis Tour d'après leur titre Eleanor Rigor Mortis de l’album Torn Arteries datant de 2021, fier à fer à souder dans tous les esprits qui suppurent du death. Le groupe charge sa pression et volume en mesures de notes, noires, propulsant systoles mélodiques et diastoles rythmiques dans une équilibre et ordre naturel à travers les atmosphères. Leurs pulsations et impulsions allument le souffle sonore dans une vibration intense.


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Y’a un pote à Waz que nous croisons en partant qui roumèguera sur le set, argumentant sur les solos pas assez de bonnes qualités de ce d’Amott sur disque, qu’il y avait trop de medley. L’on sentait bien sa frustration, son désarroi, chose à laquelle nous ne pouvions répondre parce que nous nous étions régalés, les feuilles encore dégoulinantes de ce spectre sonique avide de cette pureté sanguine. Il nous a raconté que lors de la soirée avec Dark Tranquillity il s’était également ennuyé mais qu’avec Moonspell il était parti dans leur mood avec une satisfaction qu’il n’avait pas ressentie depuis bien longtemps.

Dans la nuit, alors que je lambinais dans un sommeil précaire à remettre en place le tohu-bohu ingéré, je saisissais la teneur de sa déception, il lui a manqué du temps pour pénétrer l’univers Carcassien, vous savez cette absorption latente où le corps musical sonde vos profondeurs pour n’en faire qu’une. Avec Moonspell il était arrivé à ce stade où lentement le groupe Portugais s’était introduit avec son venin pour s’immiscer dans chacune de ses fissures, et l’éclairer de sa propre lumière.

SET LIST

Buried Dreams

Kelly's Meat Emporium

Incarnated Solvent Abuse

No Love Lost

Tomorrow Belongs to Nobody / Death Certificate

Dance of Ixtab (Psychopomp & Circumstance March No. 1 in B)

Black Star / Keep On Rotting in the Free World

Genital Grinder

Pyosisified (Rotten to the Gore)

Exhume to Consume

316L Grade Surgical Steel

This Mortal Coil

Rappel

Drum Solo

Corporal Jigsore Quandary

Ruptured in Purulence

Heartwork


J’ai été submergé un nouvelle fois par l’ampleur, l’immensité écrasante de Carcass, groupe si vaste et si lointain qu’il donne la sensation palpable de notre insignifiance. Merci pour cette soirée à Noiser, Rotten Sound, Brujeria la Legalización de Ska-P, et surtout CARCASS.


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vendredi, novembre 8 2024

RED THUNDRA


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Sortir un dimanche soir à l’avantage d’éviter le blues du lundi matin même avec un temps de sommeil restreint, et quand tu viens de te faire arroser par du stoner dégoulinant l’effet d’énergie est largement positif.

Samantha et oim reprenons le trajet habituel Castres/Toulouse pour la salle du Rex avec l’organisateur Noiser pour SLOMOSA & Fuzzy Grass en concert. Cool !


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Fuzzy Grass est composé de Laura Luiz à la guitare, Audric Faucheux au chant et aux claviers, Thomas Hobeck à la basse, Clément Gaudry-Santiago à la batterie. Il a sorti son premier album « 1971 » en 2018, et « The revenge of the blue Nut » en 2023.

Le quatuor explore la fumée du psychédélisme des 70’s en ayant appris de l'École de Canterbury pour faire sonner le Gong. Leurs mélodies venaient dans leurs manteaux de feuilles automnales et dans un arpège escaladant l'échelle du ciel de la congrégation Led Zep, Deep Purple, Free, Rory Gallagher, Who…Il advenait évident de sentir toute la symbiose entre les musiciens sur scène, fruit d’une improvisation riche d’enseignement depuis leur début en 2015, où leur blues gorgé de fuzz et de wah-wah (Jimmy Page, Jeff Beck) avec une ligne de basse pleine de groove et l’étincelle rythmique jazzy blues de Ginger Baker/John Bonham tout à la fois. Ça joue très bien, le groupe étire les morceaux comme dans les 70’s en faisant flotter l'encens psychédélique pour que sa fumée monte dans nos combles de l’esprit, et la tire dans la boue pour se vautrer avec nous avec le mauve gipsy de Jimmy. Mais cela devient lassant si tu ne parviens pas à rentrer dans le trip, avec la sensation de voir les films ‘’Easy Rider’’ et ‘’Apocalypse Now’’ avec Christopher Nolan comme réal pour un reboot de ‘’2001 l’odyssée de L’espace’’.

Nous avons eu un solo de batterie, rare pour être mentionné c’est dire si le groupe trempe dans les seventies. J’ai préféré quand le chanteur (un mix de Jack Black et James Corden) est dans l’interprétation en faisant son Joe Cocker, plutôt que dans une forme de théâtralisation entre le personnage Swan du Phantom Of Paradise et Meat Loaf.

« Less is more » pour donner un conseil à Fuzzy Grass.


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Entre le changement de plateau la sono sortait Les Beatles, Doors…J’allais au club house, pardon au merch acheter un CD à 15 balles, les t-shirt étaient à 25, les disques à 30, putainnn d’inflation…C’est chaud pour s’habiller les oreilles de musique avec du vinyle, le revival du 33 Tours est frustrant pour les mélomanes, perso j’attends que la mode passe en espérant qu’ils ne vont pas tout passer à la broyeuse, et enfin bénéficier de prix abordables pour les classes laborieuses. Donc cela fait 5 ans que je suis revenu au CD. En 5 minutes le soundcheck (la balance pour les fans de Jean D’Ormesson) était finalisé. La magie du 5 !

Slomosa est un quatuor de stoner rock, de Bergen en Norvège, c’est sa troisième venue à Toulouse : Première partie de Stöner (Brant Bjork & Nick Oliveri) en 2022 et de King Buffalo en 2023, 2024 il est enfin tête d’affiche pour défendre son excellent album « Tundra Rock » dont il débute avec « Afghansk Rev », puis le groupe envoie les titres de ses 2 albums avec leurs couchers de soleil cramoisis, des hymnes profondes avec les chants passionnés du vent claquant dans les pins, pour un riffing stoner rock tellurique et groovy à centrifuge grungy, avec un esprit punk indie revigoré.

Le chanteur et guitariste Benjamin Berdous (le mec vient du 65 ou quoi ?) synonyme physique viking au porto d'Omar Rodríguez d'At The Drive In...
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...Il canalise la voute de l’arc de cercle sonique avec Marie Moe (chant, basse) et Tor Erik Bye (guitare) dans une avalanche de distorsions profondes sous une averse mélodique et la rythmique massive de Jard Hole (batterie). Slomosa déversa son encre noire sumi-e, peignant des fleurs s'ouvrant sous la pluie, et des sommets de montagnes recouverts de neige avec cette lenteur dont la profondeur nous atteint l’âme et à laquelle il faut permettre ses faims.

Chacun.ne pulsait une vibration de fumée de riffs s'évanouissant dans l'air, le Divin stoner habitait à l’intérieur en nous, pénétrant l’extase sombre et sinueuse nous imprégnant chaque pores, nous apportant un plaisir sublime qui se décantait, et où chaque sentiment devient physique. Slomosa attisait le feu de ses passions, par la force de son caractère et le réconfort de ses caresses soniques.

Bien entendu les vieux blasés donnent du Black Sabbath comme papier carbone, alors que bon il s’est passé 40 ans entre, avec la manifestation sonique de beaucoup de filiation, mais bon…Devant la scène les perturbations abondaient de caramels mous dans la distorsion des corps, ça se chauffait les côtes au bois de santal et dix minutes après ça sentait le chien mouillé et uniquement la bière renversée, pas de suze à cette heure sombre, Skål (santé en Nørvégiën). Derrière il y avait les troisièmes lignes en train de regarder les mouches valdinguer. Parfois un jeune avec le caractère d'un Babybel venait s’écraser dessus façon camembert de 6 jours au soleil. Sur les côtés les têtes se balançaient au rythme du haut du corps et à chaque fin de titre une averse d’applaudissement. Le groupe a bien mérité d'être tête d’affiche.

A un moment il y eut l’instant PMU avec looping de l’agence tout risque affûté comme une lame laguiole pour couper du roquefort de Tarbes, il avait dû bouffer des pilules d'Imodium pour venir 3 fois se faire soulever et se rétamer la tronche sur le sol pas meuble du Rex.


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Samantha est restée derrière moi et entourée par des 3ème lignes, dans un château-fort quoi. Elle a remué ardemment sa tignasse, et bien éclatée sur son morceau préféré « Rice », puis pendant 2 jours elle avait la nuque raide, façon périscope de sous-marin. Pendant un concert de stoner j’adore quand le groove libère cet élan chorégraphique de mouvement d’avant en arrière que le public pratique en même temps, tel des vagues identiques. Vous devenez ce qui vous entoure, les énergies sont contagieuses.

Nous étions des lisières où le temps s'écoulait au rythme du cœur avec le corps musical de Slomosa nous ancrant à son tellurisme. Dans cet océan où les marées se chargent de foudre nous nagions comme des sirènes sans crainte des profondeurs entre fureur et délicatesse. Slomosa faisait griller le public avec un son à la dimension de mammouth du florilège de ses hits enflammés de ciel sur la terre, délicat et subtil, hanté par le « Song For The Deaf » de Queens Of The Stone Age, par le son des guitares exposé au souffle du fer et du titane. A moitié set je remarquais une faiblesse du ‘’volume’’ des guitares en comparaison avec le début, mais qui a été rectifié rapidement pour mettre le volume jusqu’à faire déborder les écluses. Car Slomosa s’écoute avec un volume excessif, il faut que le gras riffique ruisselle, et puis très important d’entendre toutes les nuances des lignes mélodiques.


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Nous faisions corps dans un océan temporel, où chacun.ne ira nourrir son corail, et même avec le poids d’une enclume pour la résonance que Slomosa transporte comme une révélation. Je puais le houblon avec ma veste en jeans sans manche qui avait fait buvard, mais je m’en foutais, j’étais au chaud, avec les miens dans un bain de stoner. La salle du Rex qui partage en début de soirée concert pour devenir boite de nuit après n’était pas en reste avec son sol, tu imagines le nettoyage exprès qu’il faut réaliser après…Mais bon c’est intelligent de fusionner les pratiques pour avoir le plus de taux d’occupation et être compétitif, c’est dans la pluralité du buraliste qui en plus fait réception de colis, vente de timbre, tabac, jeu de loterie, et caviste…

A un moment le chanteur demanda une ambiance tamisée entre le Nokia qui s’allume et puis le briquet qui te torche le pouce en 2mn, le public joua le jeu de lumière, même les péquenauds à moustaches et casquette truck for america great again, puis le groupe arrosa avec sa purée de riff gras dans des couleurs de braises ardentes, le chant faisait émerger le grand frisson venu avec la brise d’une tentation comme prophétie sonique. L’on s’enfonçait dans la nuit avec cette musique à l’énergie alcaline, véritable soleil d’or mélodique au groove tenace et à la puissance de feu élégiaque.


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Le public gronda pour le rappel que Slomosa déversera pendant deux titres noir comme l’onyx de son premier album éponyme. Fin du concert !

Heinnnnnnn, cela a durée 1h15, le même temps que le premier groupe, ils sont communistes Slomosa ? La relativité d’Einstein prenait à ce moment-là un coup de gravier par la gueule, comme si vous veniez de découvrir les fraises à la chantilly en une cuillère et que l’on vous reprenez le bol des mains. 1h15 c’est aussi rapide que de voir mémé bruler au crématorium, ou un film d'action des 80's.

Ok Slomosa est un groupe super en concert, aussi puissant et cool sur scène que sur disque. J’avais vu des vidéos avec des faussetés dans le chant, mais là quelques passages limites…Par contre agréablement surpris par le son des guitares bien grassouilles, et le groove imparable. A revivre pour une 4ème en Occitanie (clin d’œil à Noiser)

Set List Slomosa :

Afghansk Rev

Estonia

Cabin Fever

Rice

In My Mind's Desert

Psykonaut

Battling Guns

Red Thundra

Monomann

There Is Nothing New Under the Sun

Horses

Rappel :

Scavengers

Kevin


Merci à Fuzzy Grass, Slomosa, Rex club, Noiser, Hugo blondin Ferrer pour les photos, et puis n'oublie pas que :


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jeudi, octobre 3 2024

Welcöme to Nørse


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La musique est une flèche. Il faut viser juste pour atteindre son but.

Dimanche 29 septembre 2024, à Toulouse, salle du Rex, organisé par l’asso Noiser, mon épouse Samantha et oim en mode lover venons de Castres, 72 km plus à l’est, 1h30 de route, aller. L’air ambiant est doux pour cet été indien maussade, d’un doré que la lumière douce et lourde renvoi avec mélancolie. Quand nous arrivons la salle est déjà bondée et la première partie vient de débuter.

C’est Lili Refrain (since 2007), multi-instrumentiste, compositrice et interprète Italienne, basée à Rome. Elle est seule à bord imprégnée d’énergies rituelles dans un navire chamanique qu’elle construit dans un art semi-lyrique pendant 45mn. J’avais déjà assisté à sa prestation lors du Hellfest 2022.



Elle construit ses chansons à partir des sons superposés par un looper pour harmoniser guitare électrique, rythmique sur tambour, chant et des boucles en temps réel, sans utiliser d'ordinateur ni de pistes préenregistrées. Sa représentation théâtrale du rite confère répétition minimaliste qui au fur et à mesure des différents apports amène à de nouvelles atmosphères, mélodies, pour voguer dans la transe avec elle, et ça tangue en tous sens. Les lumières sont attrayantes et mettent du relief au concert de Lili. Le concert doit se vivre comme une expérience viscérale et cathartique, et c’est vrai qu’aux confins du psychédélisme, transe folk, pagan métal, entre hypnose et exaltation avec la catalepsie d’un opéra lyrique, c’est à la fois un rite, un concert et un spectacle. Elle catalyse un son impressionnant qu'elle parvient à créer de son océan brumeux et tribal. Elle remplit quasiment tout l’espace sonore avec son chant, sa voix est puissante, l’on peut l’inscrire dans cette variation new-age où Björk, Lisa Gerard de Dead Can Dance, et pour la version française la chanteuse Camille, officient). Elle est prise et éprise pleinement dans l’exaltation de son art et son magnétisme est palpable. C’est son emprise de louve romaine, de prêtresse préchrétienne. Ensorcelée et ensorcelante, dans ses yeux couverts de peintures rouge l’on distingue le styx.

Elle pèle le cœur de sa musique comme une grenade, nous l’offre les paumes tournées vers l'extérieur pour y croquer dedans à pleine bouche, rouge de sang.


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Mais c’est redondant, car la structure similaire et minimaliste de son approche restreinte (elle est seule) car même avec un looper et autres instruments, c’est aussi monocorde qu’un gosse qui te demande 400 fois « C’est quoi ça ? ». Ça vous semble vache, mais c’est l’effet que cela m’a fait, à force.

Je reconnais entièrement la performance et l’art de Lili Refrain, de plus elle témoigne de cette bienveillance 2.0 que tous les kikouyous de la planète pratiquent en clignant des yeux tout en penchant la tête, elle est sympathique et attachiante. Elle a prononcé quelques mots en Français dans ce drapé de R tout aussi charmant que prononcé par Monica Bellucci.

Le mysticisme et l'érotisme sont des concepts différents qui parlent de la même chose au fond. Ils arrivent à leurs conclusions d'une manière différente, mais à la fin la conclusion est la même, qui est le désir humain d'échapper aux choses terrestres et d'entrer dans un état transcendant. Lili Refrain est une artiste qui sans enfreindre les lois musicales pratique une musique qui tient davantage de la performance, même si elle marque sa présence, elle n'a pas l'aura de Kalandra, mais elle arrive à cet état de transcendance assez violent pour que cela devient un choc esthétique, sonore et visuel.



Après la fin de Lili Refrain les clopeurs ont fui vers l’extérieur, nous en profitions pour nous rapprocher de la scène. Il y a des gens qui se considèrent comme uniques, géniaux, spéciaux...Et tous les autres, qui le sont, mais en silence. Être artiste, c’est guérir pour toujours ses propres blessures et en même temps les exposer sans cesse. C’est nourrir sa passion et l’entendre crépiter féroce, forte, pleine de feu, plus fort que ses peurs. Entre les deux, il y a une communion.


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KALANDRA est un quatuor norvégien fondé en 2012, il puise ses racines dans la folk nordique mélancolique, tissant des mélodies éthérées dans des paysages musicaux bruts, aériens.

Pendant 1h30 d’un set enchanteur, gracieux, attachant, touchant, planant dans ces ivresses vertigineuses où les mélodies s'étendent en ligne sans fin, le long d'une baie Scandinave, l’on s’immerge dans le calme et un paysage intérieur où Kalandra murmure que l'aube se lève continuellement comme les étoiles qui brillent et scintillent dans la voie Lactée.

La mauvaise personne te trouvera en paix et te laissera en morceaux. La bonne personne te trouvera en morceaux et te conduira vers la paix…C’est dans ce refuge qui envahit l'âme et aspire chaque parcelle des promesses échangées sous les étoiles jamais éteintes que le concert touche à ce point.

D’un toucher doux contre des cordes de plumes et de bois, une excellente structure de l'ensemble des deux albums sera jouée. De leur nouvel album “A Frame of Mind” sorti en septembre 2024 le groupe explore un côté plus obscur, fragile de leur univers, mais aussi plus vivifiant avec l'apport d’une nouvelle énergie, il jouera les titres ‘’I Am’’, ‘’The State of the World’’, ‘’Segla’’, ‘’Are You Ready ?’’ Et en rappel ‘’Bardaginn’’chanté en islandais.

De leur excellent précédent opus plus aérien “The Line” sorti en octobre 2020 le quatuor interprétera ‘’The Waiting Game’’, ‘’Slow Motion’’, ‘’Naïve’’, ‘’Borders’’, ‘’Virkelighetens Etterklang’’, ‘’Ensom’’, ‘’It Gets Easier’’, ‘’Brave New World’’.

Le groupe interprète toujours la cover ‘’Helvegen’’ de Wardruna et leur instrumental ‘’Bukkehorn jam’’ où Jogeir Daae Maeland le guitariste jouera dans une sorte de cor en bois de cerf la mélodie principale.

Katrine Stenbekk au chant est un diamant brut, sorte d’Elizabeth Fraser de Cocteau Twins. En maîtresse de cérémonie elle enveloppe le concert d’une beauté diaphane tissant des paysages sonores d’une douceur salvatrice et remplit de plénitude, d’émotions troublantes, d’une pureté soyeuse. Ses lèvres séraphines dansaient au milieu des nuages qu’elle portait en elle, avec son chant épris d’une nature féroce et à la fois gorgée d’une quiétude de mousse. Les chansons tamisées qui ont commencé délicatement se terminaient avec beaucoup d'emphase. Florian Döderlein Winter joue parfois avec un archer sur sa guitare en une présence fantomatique, comme Jónsi de Sigur Rós, groupe dont la sensibilité se ressent dans la musique de Kalandra également. Le batteur Oskar Johnsen Rydh a une frappe plus abouti, je l’ai trouvé bien meilleur, et ses parties ramènent toujours en plus d’une rythmique un essor mélodique riche.


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« Il existe un langage bien plus ancien et plus profond que les mots. C'est le langage des corps, du corps sur corps, du vent sur la neige, de la pluie sur les arbres, de la vague sur la pierre. C'est le langage du rêve, du geste, du symbole, de la mémoire. Nous avons oublié cette langue. Nous ne nous souvenons même pas qu'il existe. » Derrick Jensen

Kalandra le parle couramment, et cela nous relie à une puissance ancienne. L’on est bercé tout le temps avec, par cette intensité brumeuse dont la présence palpable émerge haut au-dessus des vallées et des collines, le regard penché sur des jonquilles dorées à côté d’un lac où glisse un ruisseau se réfugiant sous les arbres, flottant et dansant dans la brise. Kalandra joue de grâce et de beauté, nous éloignant de notre vie quotidienne en étant au cœur des mystères de la vie, bercé par la mousse sur les rochers, par tous les éons et tous les ordres du temps. C’est un voyage sonore où aucun diable n’est autorisé à franchir l'orée de cette forêt. C'est un havre qui laisse le temps de se mouvoir pour contempler sa propre nåture fleurir en soi, capable de nous retenir pour s’ancrer, tellement difficile de faire décrocher les gens de leur besoin/consommation sociaux-virtuelle, c’en est presque miraculeux. Kalandra nous enracine avec un nouveau feuillage et nous fait ressentir une sensation d’étrangeté ineffable, mais pure. Tous ces points d'ancrage permettent de nous stabiliser loin des tempêtes de la vie qui font rage.

J’ai trouvé la chanteuse Katrine plus affable, moins timorée que lors du précédent concert du 21 novembre 2023 à la salle Altigone de Saint Orens. Parfois elle s'en allait derrière les deux guitaristes, secouant la tête dans une danse enjouée avec les vagues musicales qui dansaient autour en joie, avec ses feuilles étincelantes. Et nous ressentions cette danse comme la caresse d’être une fougère dans un sous-bois scintillant de lumière.


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L’on boit à la source de quelque chose de pur car sacré. J'ai retenu mon souffle comme nous le faisons parfois pour arrêter le temps lorsque quelque chose de merveilleux nous a touché. Kalandra peint son dessein de vastes territoires éthériques dans ses prières, de blessures inavouables avec la tristesse des choses secrètes, aux mouvements tendres, à tout ce qui nous plie et nous déploie, et nous accompagne comme on laisse une poignée de terre avec ses graines. 

L'imagination est un vaste désert de possibilités. Nous sommes chacun capables de jouir de cette extase. Pour vraiment la vivre, vous devez récupérer votre propre sensibilité pour répondre à vos besoins et désirs uniques en œuvre d'art. La musicalité ouatée de Kalandra, la clarté de son aura, de sa puissance ancienne est un câlin mélodique, une neige éternelle de pureté en concert, elle captive sous la langue humide de ces psaumes post-rockien comme un nouvel amour implanté, qui flâne dans vos entrailles en un torrent de lave élégante et de corde sensible. Ce fut un concert dans ce qu’il y a de plus céleste et féerique.



Setlist

I Am

The Waiting Game

The State of the World

Slow Motion

Naive

Borders

Segla

Virkelighetens Etterklang

Bukkehorn jam

Ensom

Are You Ready?

It Gets Easier

Helvegen (Wardruna cover)

Brave New World

Rappel : Bardaginn

Merci à Lili Refrain, Kalandra, Noiser, le Rex Club, au public venu nombreux.


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samedi, septembre 28 2024

SWEET EMOTION


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Mercredi 25 septembre 2024, rendez-vous avec la délicatesse musicale et un sanctuaire dans un même édifice, c’est l’association Toulousaine Noiser qui a conçu cette date de concert avec 2 groupes en ‘’acoustique’’, Maudits et Klone dans l’église de Gesù.

Il faisait beau, il faisait frais, j’avais sur ma peau des cohortes de frissons prêtent à s’envoler en poussière d’étoiles sur les autres vibrations autour de moi, je ne cherchais rien de plus qu’une célébration musicale mais avec l’introspection d’une aura dans une chapelle. Rentrer dans une église est toujours délicat. Les fidèles ont déchargé leur esprit de tout ce qui les peine et Dieu en aura pris soin. Celle de Gesù a été désacralisée en 2000 quand la mairie l’a racheté. Cela reste un lieu saint puisque nous allions y célébrer sous la forme d’un culte où repose l’espérance (pourvu que Klone joue mon titre préféré), la dévotion (le banc en bois me défonce le cul mais je vais rester assis sans rien dire jusqu’à la fin), la bénédiction (embrasement émotif de la musique et du lieu), la cérémonie (unis dans une communion particulière).


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Dans chaque religion le dieu est un super-héros et gare à sa volonté divine si vous ne respectez pas son code de conduite pour obtenir sa rédemption. Je ne te colle pas en plus le sticker parental advisory pour que tu comprennes le contraste quand il s’agit des musiques extrêmes ou et affiliées metal dans un lieu saint. Bref rentrer dans une église c’est aussi apprécié l’artisanat de tous les gens qui ont conçu l’édifice, et celle de Gesu à Toulouse est magnifique. J’ai adoré l’intérieur de style néogothique méridional avec des colonnes peintes, les ogives romanes, les vitraux. Merci à l’asso Noiser d’avoir permis un concert dans un tel lieu.

Dans la vie le plus fou c’est le flou, cette instante incapacité à se défaire d’un labyrinthe sur lequel nous avons forcé le trait et qui disparaît dans les brumes non envisagées, c’est-à-dire le Néant, qui est tout. Ça fout le vertige nan ?

Comme chacun pense, chacun vient différemment dans un lieu, avec ses attentes, son passé, etc…Chacun crée son réel.

Le groupe Maudits est un trio de post-metal doomy ambiant avec des membres de Throane, Ovtrenoir et d'anciens membres de The Last Embrace, ce soir-là c’est un duo électro acoustique. Pour densifier tout l’espace sonore leur set sera adapté au lieu et la fluette équipe s’équipera d’une boite à rythme pré-enregistrée, qui deviendra la base du son trip-hop, du guitariste Olivier Dubuc maniant à coup de pédale looper plusieurs lignes et couches que le violoncelliste Raphael Verguin de leur album « Précipice » via Klonosphere et Season Of Mist, en dialoguera le phrasé tout en élévation et profondeur. Funambule en équilibre entre les frontières de plusieurs mondes, jetant à la sacristie ses confessions soniques, le duo pose son souffle sonique instrumental nous laissant gré de choisir les images à apparaître dans le fil de nos pensées ressenties. Le son ne rendra pas honneur à tous les contrastes, nous perdions sous le volume rythmique et du violoncelle une partie des couches de guitares au fur et à mesure de l’intensité croissante de chaque titre. Ceci s’affinera néanmoins au fil du set. Conçu d’une manière similaire, chaque titre débutait en introduction par le guitariste qui juxtaposait plusieurs couches mélodiques laissant de petites traces sur le bon chemin, puis le violoncelle rentrait apportant une vue plus enlevé.


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Ce moment semblait poser un souffle d’espérance dans une chapelle. Quand la rythmique venait elle engageait vers une nouvelle voie et lumière dans un trip-hop post-metal où chaque instrument trouvait sa voie dans une boule envahissant tout l’espace, et montant dans un flux tellurique. Puis d’un coup tout revenait vers la quiétude de l’introduction, le duo l’étirait jusqu’au silence que le public attendait pour applaudir. Maudits fécondait son existence en vivant son art dans l’âtre invisible qui laisse à chacun la liberté de saisir son message. Pendant que la pierre de l’église se réfléchissait dans l’antre de la nef et jusque dans les yeux du public, à travers nos fissures la lumière de Maudits venait nous pénétrer dans son clair-obscur pour un retour aux catacombes, au spleen, au poète maudit.

Les quelques mots jetés du guitariste avaient cette candeur touchante de briser dans ce lieu toute austérité et permettre le rapprochement qui permet à chacun de trouver sa place, son champ d’écoute, afin de tout accueillir. Il est vrai que l’attrait craintif que l’on peut attendre dans chaque instant peut paralyser parce que tout est éphémère. Que notre ère d’impulsivité contemporaine nous pousse dans une frénésie à vivre vite alors que nous perdons le sens premier du moment présent avec le regret d’un cimetière à ciel ouvert une fois que l’instant est terminé, pour déjà passer à autre chose. Il me semble que dans ce lieu, même désacralisé, il reste le sacre d’un moment gracieux dont cette soirée fut couronnée.

Maudits interpréta la cover de Portishead "Roads" avec Catherine la chanteuse de SOL HARA. La chanson est culte et le chant de Beth Gibbons si singulier qu'il faut de l'audace pour cette hauteur. D’une teinte forcément différente de l’originale celle-ci ne galvauda nullement l’élévation et permis de mettre de la poussière d’étoiles dans ce partage et témoignage musical.



« La musique est la seule religion qui tient ses promesses. » Frank Zappa

Il ne faut pas confondre religion et spiritualité. Comme beaucoup d’athée mon argument contre Dieu était que sa création semblait cruelle et injuste. Prouver que Dieu n'existait pas légitimait la possibilité d’une justice en apportant du sens à la vie. La foi, l'espérance et la charité sont les trois principales idéologies du christianisme. Pourtant ce qui me bouleverse à chaque fois c’est l’acte de résilience et de pardon. Cela transcende toute idée de justice pour s’abandonner à l’amour. Cela ne fait pas de vous quelqu’un de naïf, je sais dire non et me défendre.

Ma quête spirituelle repose dans les limbes de chaque instant comme une graine qui vient à éclore pour en nourrir le sens. Vivre en paix demeure ma tranquillité d’esprit. Je n’ai pas à me torturer pour celui ou celle qui ne me comprends pas. Je ne veux plus stagner, m'arrêter, m'entêter pour les autres qui stagnent, s’entêtent et vous arrêtent dans leur zone parce qu’ils se pensent plus fort, connaissent tout et mieux que tout le monde. Ils font toujours semblant d'être fort... pour aller bien. Chaque acte est un morceau que nous laissons derrière nous...Libre à toi de le saisir et de le comprendre, l’admettre, puis d’en faire autant. Sois intense, vrai avec toi-même. Sois émotif, sensible et pleure si tu le ressens profondément. Oublie ceux qui ne te comprennent pas, et ne cherche pas à convaincre.

Klone est un groupe de rock metal atmosphérique, en ce début automnal 2024 il entame une tournée à travers l’hexagone et en acoustique pour quelques dates. Riche d’une discographie alliant sensibilité et flamme, il est un baume pour l’âme, et il vient dans nos profondeurs en caresser les sens.

J’adore cette phrase de Saint Augustin dans ‘’Les aveux’’ : « J'ai pris feu dans ta paix. »

Et c’est exactement l’effet que Klone exerce.

Les gens oublient souvent l'érotisme de la connexion par la musique. La façon dont un corps frissonne quand son âme a été caressée par celle d'un autre. Le confort quand quelqu'un non seulement vous comprend, mais vous ressent. La délivrance quand cette personne parle un langage musical qui est dans la même vibration que vous.


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D’emblée nous sommes immergés dans le bain amniotique de Klone, entre ciel et terre, l’espace musicale se développe et dessine notre paysage intérieur les yeux grands ouverts. Le son au début empêchera d’entendre toutes les nuances, du moins de là où nous étions placés. Après pas facile tant l'édifice regorge de réverbération d'obtenir une acoustique irréprochable. Mon épouse m'a émis que souvent ne trouvant pas son compte quand à la qualité sonore en live, elle justifiait ce manque par une écoute approfondie et intensive de l'artiste afin d'avoir toutes les nuances manquantes du live. Je trouve que c'est très juste. Et lors de ce concert les lignes de guitares et basse apparaissaient en sourdine, vraiment regrettable quand on connaît la qualité des compositions et des fluctuantes variations de Klone. Par contre le batteur nous avons très bien entendu toute sa détermination, ce qui a développé des sourires complaisants sur le visage des autres musiciens. Le chant aérien, puissant, juste et émotif de Yann Lignier, pour nous emporter dans les plumes de son lourd édredon était sublime, et ses râles growlés rapportaient une puissante noirceur comme un retour de flammes.


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Les musiciens ont ravi par la qualité de leur interprétation, Klone est un gage de qualité, leurs titres progressifs vous font voyager à travers plusieurs cimes et degrés d’émotions, en catalysant profondément le noyau vivant de chaque concert. La douce immersion était là entre soie et feutre, nuage et racine où le temple musical de Klone développa à travers sa discographie toute son histoire, avec notamment le titre éponyme « The Unseen » de leur prochain album.



Mon voisin beat-boxer assis le rang devant était un imitateur de klaxon de tacot à chaque fin de chanson, c’était à la fois incongru et marrant. « Black Hole Sun » de Soudgarden en cover lissait lentement à l'intérieur du prieuré l’ombre de Chris Cornell. Il manquait le titre subliminal « Immersion » pour parfaire cet instant suspendu dans le cloître émotif de chacun. Mais cela n’a pas empêché une standing ovation tellurique qui viendra faire rougir les mains d’une communion amoureuse entre Klone et son public.



L’on féconde une grâce naturelle dans chaque moment vécu, et cette sensation ne s’efface jamais, l’on garde précieusement sa lumière, elle vient nous nourrir, nous faire grandir, évoluer dans une force paisible que l’on a nommé spiritualité, tel un cyKlone ascensionnel.

Merci à Noiser, Klone, Maudit, Hugo Ferrer et Olivier Dubuc pour les photos, et Yves De Rock (ROBERT OpeNightmare) pour la vidéo de Maudits.


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