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lundi, août 19 2024

ADVIENNE QUE POURRA / FRANK FREJNIK — Entretiens avec Sam Guillerand


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Voilà un livre que je vous conseille pleinement, de deux stakhanovistes érudits de l’underground, avec pour les questions Nasty Samy (guitariste, bassiste, rédacteur, pigiste, éditeur dans divers magazines/fanzines, animateur du podcast Now It's Dark!,etc…) et aux questions Frank Frejnik (journaliste musical, éditeur de fanzines, gérant de labels, organisateur de concerts, maquettiste/ infographiste…)

Tout d’abord Nasty Samy concepteur de cette collection « Les Derniers des Mohicans » ‘’focalisée sur des profils atypiques, discrets mais productifs, souvent peu connus car se tenant éloignés des grands trônes – sites internet, réseaux sociaux, radio, TV – devant lesquels se prosternent la populace. Des « apaches » dont les pratiques obsessionnelles sont toutefois nécessaires à ceux qu’un appétit vorace, une curiosité insatiable, pousse à gratter plus profondément, dans les coins, dans les marges, et derrière le rideau. ‘’ Le premier volume s’intitulait « Never Give Up » était consacré à Didier Balducci, véritable esthète, dandy, guitariste ( Dum Dum Boys et de quelques combos ardents), mélomane, cinéphile, grand lecteur, auteur et exégète se consacrant aux limbes de la pop culture…

Ce recueil d’entretiens tome 2, avec une préface de Patrick Foulhoux, 128 pages en format A5 14,5 x 21 cm, Editions Chaque Jour Comme Un Dimanche (également site web de Nasty Samy et clin d’œil au Moz) met en lumière Frank Frejnik à travers son existence, exposant les diverses ramifications, mouvements et métamorphoses des différents secteurs culturels, contre-culturel et sous-culture constatés, notamment au sein de son fanzine Violence (1990-1995), du mag Punk Rawk, Rock Sound, de la production de disques à travers les labels Nineteen Something et Slow Death, de ses nombreuses collaborations avec des groupes punk/hardcore/indé et partisanes, et enfin de la déflagration et transformation musicale de son apprentissage à maturation sonique.

Cela se lit avec plaisir, tant Franck est prolixe à son étude et il féconde depuis toujours cette vertu de partager tout ce qui a fondé l’audace de son existence à travers le bouillonnement culturel punk, HxC, Metal, Rock…Il y a une profondeur et clarté du propos, une loyauté et sincérité des paroles aux actes. Très intéressants aussi en bonus un dossier de la scène Française des années 1990 avec des itw de Portobello Bones, Sixpack, Garlic Frog Diet et Shaggy Hound.






lundi, avril 22 2024

LA SAGA DES $HERIFF par les $heriff


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Le groupe Les $heriff est un bolide du sud ayant enlevé les étoiles du drapeau américouaiiiiin pour les projeter dans leur moteur à explosion punk’n’roll. Suivant le blitzkrieg Ramonesque dans le feu de bengale d’une discographie furibarde aux titres qui collent la punk-gum dans le citron, il fallait bien un bouquin pour narrer « La saga des $heriff par les $heriff ».

Si en France la caisse de résonance habituelle permet de tout, tout, tout vous serez tout sur la variet, il en est autrement pour se cultiver avec l’underground. Jean-Noël Levavasseur (journaliste et écrivain ) et Stéphane Cupillard (big boss kicking crew) ont disséqué et analysé pendant le confinement la famille des $heriff et fourni 322 pages chez Kicking Music pour l’odyssée rawk’n’rollesque des despérados du punk hexagonal.

L’introduction déjà mérite rien que l’achat. Elle est de Thierry Saltet alias Punky ( livres : PUNK ROCK FESTIVAL MONT DE MARSAN 1976-1977 ; "La France et Johnny Thunders - Dans l'ombre de la croix" ; 20 auteurs, 20 nouvelles électriques autour d'O.T.H.), c’est une prose crémeuse qui vous attend, subtile et embaume de sa belle saveur littéraire.

Quand les Sheriff sont arrivés ils n’avaient pas le truc aristocratique des rockers punk de la capitale, ils ne chiaient pas dans la colle avec dédain. Ils venaient du sud et leurs riffs, leurs paroles et leurs énergies étaient prolétaire, ça parlait à beaucoup de monde, en plus dans dans la langue maternelle, et cette exaltation musicale a toujours fédéré. Ce n’est pas pour rien qu’il y a une bonne énergie à chaque concert des Sheriff, leur exaltation sonique est une filiation qui trouve encore aujourd'hui de génération électrique en génération numérique l'exact télescopage d'une explosion de colt riffique.

Le confessionnal parle de toutes les époques, de tous les membres, et ce n’est pas un isoloir où chacun campe dans ses fortifications, mais ouvre des parenthèses sur des passages de leur vie qui ont façonnés leur existence. De Vonn à la création des Sheriff prise directement depuis le Pan ! cimentant les générations atomiques jusqu’au Grand Bombardement Tardif, les décennies n’écourtent en rien la langue décibel de chaque musicien ayant télescopé son existence dans celle du groupe fétiche. À l’intérieur du réacteur avec les deux doigts dans la prise l’historique s’ouvre à cœur ouvert sur l’intensité d’une vie à sabler le fer d’un mode vie alternatif. De l’enfance à l’enrobée des tournées, la sulfateuse du temps émet et passe au crible du goudron au plume toute l’aventure. Il y a aussi un passage d'Euthanasie Juliette membre du label Gougnaf et manageuse des $heriff et un autre passage avec le Cu ! qui a pris la relève du management, ce type est un génie et il ne sort pas d’une lampe à pétrole mais de Dijon, il monte tous ses projets en étant aussi chaud que la moutarde.

Avé l’accent chantant et la sagesse des caillasses sudistes, les $heriff se racontent épistolaire, au plus près de la corde raide, lézardant sous un soleil de plomb avec le revolver des Dickies à OTH pour dégainer d’innombrables anecdotes touchantes, hilarantes, flamboyantes, où toute la légende pistolero de ces punkers se livre autour du calumet de la joie, attention le canon est toujours chaud !