xtremefest_2022.png

Il faut quelqu'un pour polliniser le présent de souvenirs outrecuidants et permettre à l’avenir de recueillir les désirs de demain. L’Xtremefest #9 a accompli cela en 4 jours de furie sonique, de soleil rageur et de joie furibarde !


De coutume, mojito et nu-pied vont ensemble main dans la main aux abords d’un camping de la grande bleu pendant cette période estivale, mais il en va autrement pour d’autres qui utilisent cette période de relaxation avec une ambiance singulière mais tout aussi sociale.

Cela se passe à Cap Découverte, ancienne mine devenu un parc de loisirs et d'aventures pour toute la famille, avec à sa proximité une salle de spectacle et lieu d'expositions culturelles dans le département Tarn. Le festival est à taille humaine, fait par des copains pour des copains. Pas d’écran géant, de file d’attente, de décoration ostentatoire, ce qui prime c’est la musique live, les groupes sont sur scène et dans le public, la chaleur humaine est authentique pendant ce rendez-vous privilégié des punkers/hardcoreux.


*******************************************************************


Vendredi 29 juillet 2022


1.gif

Quand l'équipe du WallaBirZine composée de Junk Cacahuète, Vicent Big Jim et Bir est arrivée sur site avec tout son bardas, c’étaient des covers des Ramones pour débuter l'apéro, et hey y'a pire dans la vie nan ?

Le public crevait de chaud en tapotant du pied, il cherchait tranquillement Rockaway Beach dans les basques du piment d'Espelette. Sur scène c'était la panoplie complète des 4 fantastiques de N-Y avec, perruques et perfectos en plein cagnas, jeans de contrebande, riffs élastiques et rythmique binaire, il ne manquait plus que les espadrilles de Bayonne. A un moment il y a même eu Fabulle de Ben & Fist en featuring pour « Shena is a punk rocker ». Au final, THE CABRONES a praliné le chewing gum des Ramones avec sa saveur milk-shake fraise à la bière sauvage.

Oui je sais, il ne faut surtout pas employer le terme punk-gum cela gêne les vieux punks.




*******************************************************************


Nous passions à l’ombre dans la salle à l’intérieur. Il y faisait plus frais, enfin, pas longtemps parce que de retour de sa tournée ONE BURNING MATCH a prolongé un set efficace, avec ce côté sanguin que nous lui connaissons fort bien.

Fer de lance de cette locomotive le chanteur guitariste a une énergie débordante, dans laquelle les Clermontois se sont engouffrés à toute berzingue dedans. Stable en mêlée, offensif dans les rucks, le groupe a désossé la couenne du pit avec un hardcore véloce. Les Clermontois fournissaient un set de tempête devant un pit de Toulousain comme après un repas cassoulet.

Quand un live se termine à l’intérieur, c’est la salle à l’extérieur qui prend le relai. Si vous avez bien suivi il y a donc 2 scènes, et une qui joue uniquement. Rien en simultanée, si tu rates un groupe c’est que tu n’y étais pas.




*******************************************************************


Le trio féminin THE VENOMOUS PINKS a encrassé son punk rock'n'roll avec un grain vocal très abrasif (le plus gros : le n°16). Basé en Arizona et élevé sous la mère Joan Jett avec les sons de guitare buzzsaw du Johnny Ramone. Le résultat affiche un brin de cacophonie garage rock parfois, mais qui fait partie du venin du power trio. Il y a des zestes de sucre d'orge pour les mélodies, et un son aussi foutraque que leur set sera bancal, au final ce génial chaos féminin m’a fait penser au L7, du moins dans son esprit punk, et même si ces filles n'ont pas le même sex apple que Brody Dalle elles ont l'essentiel : l'essence du punk rawk.

L'xtremefest avait pour cette édition pas mal de groupes avec des filles comme musiciennes, et l'ombre de Brody Dalle a plané fortement.




*******************************************************************


La mannschaft RYKER'S est venue abattre la scène intérieure nommée ‘’Family stage’’ avec son mood typé New-York hardcore. Les refrains lorgnaient parfois méchamment dans la oi et tout le temps il y avait une ferveur, un côté crew hooligan avec le punch de faire battre et vivre le suc d’un baume du tigre HxC lourd, maousse costaud. C’était dans la veine d’Agnostic Front, Sick Of It All qui va droit dans le cœur. Formé en 1992, vingt ans plus tard le groupe est une valeur sûre, il a électrocuté un set qui a filé des ampoules dans les ranchers. Leur nouvel Album "Ours Was A Noble Cause" est dans le choc de leur live. Kid D au chant a apporté une réelle dynamique amicale, fraternelle pour un Hard to the Core !




*******************************************************************


Mood différent avec le punk rock Californien de GET DEAD. Le sunset Tarnais s’est cajolé des mélodies du quintette, le public s’est régalé d'assouplir son corps avec des guitares anti-folk & skapunk, pour ce côté festif qui sied à ravir avec l'état d'esprit de l'Xtremefamily. Sam King le chanteur est un Arno punk avec une gouaille et sympathie qui se mélangent avec une aura joviale et une liberté désinvolte. Dans le week-end j'ai croisé la tchatche avec un gars de La Rochelle qui est venu en particulier pour le set des Franciscanais de Get Dead. C'était sa première à l'Xtremefest et il a pris son panard tout le week-end, surtout avec Get Dead bien entendu.





*******************************************************************


Le quatuor AUTHORITY ZERO a poursuivi sa liesse skate punker avec une énergie débordante que le public d'allumé a éclairé d'une fête. Vincent Big Jim était super heureux, c’était la nostalgie du lycée qui revenait avec ses tubes mélodiques. Le public était ravi de reprendre en chœur les salves punky. Le chanteur a une superbe voix, toutes les harmonies et mélodies résonnent et ressortent au grand jour, dans le pit il y avait de nombreux sourires et très peu de mornifles cette fois-ci. Nous étions davantage dans le cœur sensible d’une réjouissance mélo.




*******************************************************************


Dans l'esprit on peut voir SUZI MOON dans la vision d'une Poison Ivy des Cramps, mais Suzi Moon est une coquine avec ses poses lascives. Elle a joué dans le band Civet et Turbulent Hearts. Elle s’est dressée langoureuse dans un punk à califournien sur le raw’n’roll.

Cette princesse incandescente à l’esprit de diva est venue conquérir le public pour en faire un compagnon de route dans son road trip de Californie, avec son air lunaire et tous les excès du punk. Cela aurait pu rester dans une attitude que l’on jauge comme une incarnation de personnage. Mais que nenni (marrante cette expression tout de même), Suzi Moon est authentique, à fleur de peau, dans une presqu’île électrifiée des rites du rock’n’roll.



Elle est venue à la quasi-fin du concert au milieu du pit avec micro et guitare (elle est gauchère), et le public s’est enroulé à elle comme l’ancre stabilise et l’amarre accueille. A ce moment-là elle composait cet appel dans le combiné de l’intime qui fait vivre un évènement unique avec son public. Plus la ferveur gagnait et davantage la communion s’immolait : « Mettre un frein à la femme, c'est mettre une limite à la mer. » Félix Lope De Vega

Il y a aussi des moments de douceur, de communion que l'on a pas vu arriver, et qui nous surprennes pour la qualité de leur étreinte, ce fut le cas avec Suzi Moon.












*******************************************************************


MILLENCOLIN est un groupe suédois de punk rock, originaire d'Örebro, formé en octobre 1992, il est sympathique, et a été sympa. Le groupe a fait son job nostalgique avec l’envie de fournir ses tubes mélodiques et la flamme qui va avec. Que de souvenirs remontent des limbes de l’adolescence. Il semble bien que Millencolin avait remis le turbo pour sa prestation à l’Xtremefest. Un léger cynisme entre les titres en guise d’humour suédois a fini de stratifier le bois des scandinaves. Le set est rôdé, Nikola Sarcevic le bassiste chanteur a toujours ce détachement venant prévaloir à de nombreuses personnes une vision négative de sa prestation. Disons que le ska punk sautillant des débuts, puis le punk à roulette ont laissé place à un punk rock de quadragénaire. Je reconnais qu’essayer de conquérir le public en essayant de parler sa langue avec des mots comme ‘’fromage, et chèvre’’ aura tout de même permis à POESIE ZERO DE SE FOUTRE DE LEUR GUEULE !

Quel cinoche ce groupe, mais il a fait le job, comme un bon movie !


millencolin.gif


*******************************************************************


BRUTUS a fait tonner les cieux de l’Xtremefest avec la splendeur de ses récifs musicaux post-hardcore, et c’était superbe.

Le trio ne joue pas, il sculpte en live et libère tous ses arômes. Il y a du Björk pour les envolées vocales, et même dans l’expression des chansons. Le groupe apparait très différent de la programmation, et pourtant cette différence est accueillie avec félicité, tant le groupe déploie ses ailes, ses blessures, fêlures, rages. Brutus est un trio qui parle le langage de la roche, des nuages et des rêves, et son âme hurle ce que chair damne, en ce "Quelque chose en moi vibre en une odeur sombre et rêveuse - une odeur de lunes et d'ombres mourantes."


*******************************************************************


Est-ce que parfois vous vous sentez appartenir à la société du spectacle ? Parce que les gars d’ANTI-FLAG connaissent les ficelles qui permettent d’enrobée le set en agissant sur l’enthousiasme. Ce sont de sacrés vendeurs, même s’ils hurlent à l’anticapitalisme. Le groupe a statufié une scénographie qui impose un regain d’énergie livré clef en main tout le long du set, et en 2 mn chrono. Portant haut les couleurs de leur hymne, Anti-flag symbolise cette alchimie entre ferveur pop punker et ironie d’une rébellion adulescente. Bref, les ricains ont tenu le public dans le poche comme disait Jane Birkin.


antiflag.gif

Tout ce manège fait entièrement partie de l’évolution du punk, qui de provocateur est passé dans le filtre de la pop.

Vous pouvez faire de même avec les médias underground ravalé par du maquillage à la cool, et ami des réseaux sociaux. Voyez le captage d'écran des youtubeurs qui domine le monde des médias avec un formatage digne des plus grandes enseignes de marketing. C’est avec cet eugénisme médiatique que l’influenceur devient un ami dissimulé en vendeur professionnel. Il rassure l’investisseur et le client, ainsi le business est rentable. Le même modèle a proliféré pendant des décennies avec les ventes à la maison, réunion Tupperware, bougie parfumée, lingerie fine, par une copine d’une amie, etc…

Dans la niche inféodée de l'underground, la singularité déploie ses ailes avec la même saveur amoureuse qu'Ugolin dans le Manon des Sources de Marcel Pagnol, pour l'authentique.

Et tu vois, c’est pile à cette intersection que le changement doit s’opérer, soit tu suis la ligne directrice des influenceurs, et tu es in, hip, smart, dans le coup (choisis ta mention en fonction de ton âge), soit tu stagnes et tu es foutu, car l’immobilisme demeure néfaste.

Mais si tu résistes un certain temps, un jour tu deviens culte.

Le WallaBirZine a toujours été en marge de tout, si tu veux nous suivre, ne regarde jamais une direction, pas plus qu’une bifurcation, nous sommes dans le fossé, la rigole, le caniveau, le bartas dans la langue du sud. Mais nous sommes quelque part, à toi de nous trouver !


25.gif

Retrouvez toutes les photos sur la page facebook du WBZ et les vidéos sur la chaine Youtube du Wbz de cette édition de l'Xtremefest.


*******************************************************************


Dernier raout du soir avec CLOWNS véritable Highlights du week-ends !

Le chanteur a une similitude avec la bouille de Romain Boule. Je le vois partout en ce moment Romain (voir report du Hellfest) il doit me tarder que Charly Fiasco reprenne la scène.

Donc le chanteur de Clowns avec sa folie Australienne et la mise en jambe d’un prof de fitness zumba chez Véronique et Davina, on peut annoncer qu’il a eu le look le plus typé de tout le fest. Son petit short bleu me remémorait mon service militaire, si tu taillais du 40 on te refilait du 36, ça moulait un max et t’avais la frite en allumette. Le pire c’était pour le maillot de bain, là c’était du 32, exprès pour que tes kiwis sortent sur les côtés en bulle, et soient pressurés à l’intérieur en compression de César. Je ne suis jamais allé à la piscine.

Son chant est musqué et envoie la même densité que le riffing hyper punk brut. Les deux gratteux sont physiquement proches des look du metal. Le frisé à moustache aurait très bien pu jouer dans Saxon lors de la tournée de « Innocence Is No Excuse » en 1985, et l’autre dans Amon Amarth actuellement ne détonnerait nullement avec sa corpulence et sa tignasse. La bassiste a disposé d’un renfort au chant indispensable au sucre des titres capiteux. Le batteur a dû tronçonner une forêt de bois précieux derrière ses futs. Le set ? Ooooooh putain une véritable furie, une branlée grandiose, comme celle reçu par le Castres Olympique en finale contre Montpellier cette année 2022. Le groupe a fait tonner des titres avec cette électrocution furibarde qui grêle sur le pit d’une sensation qui ne permet plus de savoir où est ta tête, et avec une surdose de voltage. Le rythme des morceaux ne permettait même plus de reprendre son souffle à un moment, Clowns a littéralement broyé le public dans un set de tabanas (taré).

La soirée se terminait dans cette tornade de bourrasque australe comme un immense tourbillon de fraicheur iodée au beau milieu d’un volcan en rut.


2.gif


Pour la partie vidéo du WallaBirZine, cette année nos efforts se sont concentrés sur la prise live des concerts, nous espérons que derrière ce travail de prise de son (avec l'aide d'Hoggins de Radiom) et d'images vous trouverez de quoi étancher votre soif de découverte, de nostalgie, d'éveil culturel.

Ce travail nécessite pendant la durée du festival l'accord des groupes, avec des exigences (exemple : filmer uniquement les trois premières titres), il y a beaucoup, beaucoup d'heures de travail de montage par la suite.

Mais ce n'est pas fini, il faut avoir la validation des groupes sur le résultat final pour le publier. A l'heure actuelle nous n'avons pas la totalité des validations, de ce fait, il y a certain live qui ne sont malheureusement pas accessible pour le moment; et il ne le seront probablement jamais. C'est déjà arrivé. Cela signifie que le fruit de ce travail est anéanti.

Vous regardez toutes ces vidéos, comme vous êtes en train de lire ce report gratuitement. Comprenez bien que cet acte militant et bénévole occupe beaucoup de notre temps, et de l'argent, et que très souvent il n'est pas reconnu à sa juste valeur.

A quoi bon tout ceci ? Faut-il faire payer pour mettre une valeur à un travail ? A vous d'y répondre sur notre page facebook !

Pour le moment nous poursuivons notre aventure humaine avec comme mantra cette phrase de René Char " Il faut intarissablement se passionner, en dépit d'équivoques découragements et même si minimes que soient les réparations."


19.gif