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Quand le voyage touristique prend la tournure d’un très long trip à la mad max au salon de la merguez de Perpignan, le matin est déjà moins fourni en festivalier. Ben quoi c’est normal que vous saturiez, la foi aveugle ne produit que l'exaltation dans le vide. Le monde des musiques extrêmes c’est toute une culture, une loyauté. Vous pensiez arrivez avec vos caricatures du chanteur Antoine avec chemise à fleur, cheveux longs et idées courtes, juste pour passer le temps à faire les sardines serrées devant une mainstage ?


HELLFEST XV ACTE II JOUR 4 - Report du Dimanche 26 juin 2022

Nous étions au dernier jour du dernier acte, c'était dimanche jour de messe, de liesse, alors alléluia Lucifer, Hail Satan !

Je vous souhaite une bonne et saine lecture, sachez que vous prendrez plus de plaisir en vous caressant avec un cierge, en allumant de l'encens.


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SORDIDE c'était une pluie d’astres morts et d’anges vengeurs qui s’abattait sur nos regards hallucinés et se mêlait au déluge de nos convictions anarchistes.

“Les Idées Blanches" leur 4ème album (juin 2021) libère les incantations les plus enfouies via le label Les Acteurs de l'Ombre Productions.

Pendant le mouvement planétaire "Black Lives Matter" le groupe s'engagera contre le racisme avec l'offrande La peur du noir sur la compilation « Sous les pavés, la rage » sortie le 31 juillet 2020 sur la plateforme Bandcamp.

Parfois au détour d’un set à la Temple, on zieute les patches voir s’il y a du nazillon. J’ai juste aperçu un gars avec une casquette rouge « Make America Great Again », mais je ne sais si c’est par provoc où par conviction.


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Pour info : 41.45% au second tour de l'élection présidentielle, 90 députés à l'assemblée nationale, les idées d'extrême droites sont bien implantées, il est fort probable que tu en retrouves partout, et pas qu'au Hellfest, malheureusement. Sordide a foudroyé son black anarchiste, anti-raciste, anti-nationaliste avec aspiration, et force, il est très important que cela soit dis quelque part.


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THE ATOMIC BITCHWAX c'est un groOos groove de stoner remplit par des effluves d’heavy rock70’s à la sauce revival 2.0.

C'était avec un esprit primesautier, vautré jusqu'aux oreilles en sang dans l'électricité hallucinée et la convulsion névrotique que nous accédions à ce foisonnement d'une rythmique pleine d’amphétamine, d’hurlement de riffs pour trouver son chemin dans cette félicité électrique.

Pendant la résolution de la panne d’ampli le bassiste a interprété « God Of Thunder » de KISS, re-cool.

Le trio a envoyé un set bien stonique pour faire rutiler sa muzak. Pas de palabre ce fut un brûlot de sabbat avec les doigts dans la prise.


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Nous avions eu les Ukrainiens de Jinger, voici les Russes de NYTT LAND.

Le duo s'est présenté de manière primitive, païenne, et chamanique, c'était la suite plus à l'est de Wardruna et Heilug, carrément en Sibérie.

Je ne suis pas rentré dans le trip. Celui-ci était très limité musicalement, et interprété avec très peu de vocabulaire. Primitif ?

Le gars avait un chant guttural des steppes Mongole comme la tribu The Hu...Robert (blague pour les cocos).


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BOKASSA est un groupe vraiment très bon, avec de super titres, et je dis cela pour le live, en disque je n’avais pas accroché autant.

Leur set a fluidifié du hardcore’n’roll rawk, avec ce qu'il faut de punk pour ne pas être inconvenant, ni trop stoner pour ne pas s’enfoncer dans les sables mouvants.

En live l'énergie ressort amplement façon brumeuse féerie, les structures sont plus limpides, plus franches et frontales, de ce fait ça passe crème, fouettée hein !


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Planant à des hauteurs vertigineuses YEAR OF NO LIGHT a déroulé son incantation orgiaque.

Une entrée lente, désireuse, puis un gros son crescendo, une atmosphère de feu, la densité qui s’amplifiait constamment jusqu'à ce feu grandiose de lumière supersonique.

Le prédicateur simiesque YONL exhortait ses disciples avec sa fureur fanatique jusqu'à qu'il y en ait dans le public qui perde connaissance. Hypnose totale, meilleure que Messmer et Mesrine.

Le groupe a allumé sa chimie musicale en foutant le feu à son bec bunsen. Sur scène il y avait deux batteries, une basse, vingt guitares, le truc c'est un orchestre tellurique. Ca vient du fin fond des ténèbres et quand ça remonte ça fait planer très haut. Oui comme une tablette de chocolat (85% noir délicat).

C'était encore une fois très beau, fabuleux, embrasé. Le seul regret de ce set fut qu'il fut bien trop court.


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SVART CROWN brûla fortement et de toute sa puissance, comme un soleil mort explose dans le firmament de sa dégradation volcanique.

Puissant et techniquement véloce, dur et tout en contraste apparent, le set a été à la hauteur de leur dernier et excellent dernier opus "Les Terres Brûlées" via les Acteurs de l'ombre. Un concert très spécial puisque c'était le dernier de cette formation.

Voici le communiqué de JB Le Bail (créateur et leader du groupe) :

"La date du dimanche 26 Juin sera notre dernière et nous sommes désolés pour celles et ceux qui auraient voulu voir le groupe une dernière fois. La flamme qui a animé ce groupe depuis près de 18 ans n'est plus, et il est impossible pour moi de continuer sans cette force. Je suis extrêmement fier du chemin parcouru, de tout ce qu'on ce que nous avons accompli autant artistiquement qu'humainement. Nous avons pu faire le tour du monde en jouant notre musique, partager notre passion, réaliser des rêves de gosses en ouvrant pour nos groupes favoris. Et ça, ça n'a aucun prix. Sans cette flamme, toute devient insurmontable et il serait malhonnête envers moi-même, mais aussi envers le public de continuer pour de mauvaises raisons...Merci à vous pour toutes ces années. Merci pour votre force. '' JB & Svart Crown

Salle comble, forcément avec un goût de tristesse, de beauté d'amertume, de fureur libératoire. A la fin le chanteur a remercié toutes les personnes qui les ont soutenues, aidées, puis il a scandé « Ouvrez vos putains de cœur, avant qu'ils ne meurent. »

Ça c’est pour tous les gens qui racontent que le black metal n’a pas d’âme.


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Le très lourd HxC, puissant et destructeur de JUDICIARY a foutu le pit en furie.

C'était très dur comme set. Lèvres fendues, nez cassés, œil au beurre noir, civière toute prête, tombeau ouvert, grâce à l’art du boxingcore le pit était une épitaphe, la dernière affaire judiciaire à traiter.

Le groupe a poussé les altères Leeway, Cro-Mags, Power Trip et ordonna un wall of death. Les deux partis s’élancèrent de 5m comme une mêlée de 1982 entre Carcassonne et Béziers. Je ne t’explique pas le maul juste après.

Les texans ont grillé à la sauce BBQ la jeunesse alternative de la Warzone, en décalottant toutes les saucisses du pit (chipo, merguez, de Toulouse à Strasbourg en passant par Morteau)


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BLOOD INCANTATION c'était une Sacré branlée, death technique entre Voivod, Obituary et Morbid Angel.

Carré, techniquement ceinture noire troisième dan, si tu cherchais la voie lactée c'était foutu, parce qu’elle avait explosé dans des dissonances prog deathalique (suite visible après le set des Mets le reste de météorite qui s'est désintégrée dans le ciel). Voix de caverne, un sens du riffing de Pluton, des doigts qui filent sur les manches comme une dactylographe cocaïnée, des breakdowns en pagaille, des atmosphères d'outre-tombe. Ouaip pas de place pour la moindre assonance du pop punk, clair. Le chanteur guitariste est dégarni sur le dessus avec des cheveux long sur les côtés, la classe (style docteur Emmett Brown mais en brun) , et le métronome du groupe a fait pleuvoir la fonte, c’était d'une lourdeur pfiouuuuu, et puis puissant comme un haltérophile.

Dans le public les jazzeux commençaient à sortir le jeu d'échec en salivant sur le côté, et les fans de Son Gokû couraient comme des trekkies à travers le cosmos de la Altar.


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REGARDE HANGMAN’S CHAIR TOMBER LES HOMMES

Belle rencontre avec deux poids lourds de la musique sombre hexagonale, lourd volatile en ouvrant une tessiture dark incandescente, c’était un beau moment de communion pastel, noir et rose. La salle était comble et il y avait un paquet de monde devant le chapiteau Valley pour voir ces bombardiers soniques saturer les airs ténébreux.


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J'ai entendu gueuler plusieurs fois dans le week-end « Manowaar rend l’argent » davantage que le classique « Apréoooooo » qui égale depuis ce temps le Seven Nation Army des White Stripes en lourdinguerie.
Quand on sait que Manowar a pris l'oseille et annulé à la dernière minute du concert à Clisson, c'est marrant.
Il n'y a qu'une fois que j’ai entendu un gars : « Il me reste 20 balles, je vais acheter un t-shirt de Manowar et le brûler au camping » Rire.
Son pote lui a répondu « Je ferais pire si j'étais toi, je le mettrais »


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Le trio MIDNIGHT a foutu les potards à 11, comme Motörhead.

De façon proctologique le groupe est allé puiser dans les profondeurs musicales pour nous fouetter les annales du genre. C'était Black Tusk/Venom/Motörhead/Bathory avec du black’n’roll de souillon primitif, et les gaziers étaient à donf. Coool !

Le groupe a lancé son choc sonique et bestial avec le désir d’invoquer des succubes par distraction maléfique et offrande au rock’n’roll. Le trio a fait rougir monstrueusement sa foudre sur scène, avec sa splendeur corrompue, brillante, funeste, crade, et tout cet aspect théâtral pour Hamlet chez les bikers, avec des cagoules, du cuir et des clous.

Ça puait l'essence du heavy räwk'n'roll, la luxure, l'huile de tronçonneuse. Le chant dégorgeait, les riffs bastonnaient, la rythmique pesait sur chaque frappe le poids d'un radiateur en fonte, c'était ooooooouch féroce, véloce, molosse !

Midnight c’est une très bonne série Z


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INCENDIARY ? Putain mais rien que le nom c'est déjà un super indicateur.

Tu le sais si tu vas là-bas tu vas y laisser au moins une vertèbre. Ce HxC moderne de la grosse pomme a envoyé le pâté de tête contre tête, et le pit s’est fracassé en quatre, puis en deux, puis en tas de pue et d’intestins grêle.

Le wall of death s’annonçait à peine que déjà les flacons de synthol dans les protège-dents abondaient.

Incendiary c'était une ceinture noire troisième dent, le reste était parti s’incruster dans les joints du pavé au sol. Ne cherche pas de l’or mais plutôt des molaires à la Warzone.


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Avec ces breakdowns saccadés le groupe a apposé son rythme de purée de phalange et de poids lourds, comme un taureau andalou dans une ruelle de feria sur des rouquins irlandais.


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VLTIMAS C’était The Undertaker au chant

Du heavy death épique pour un metal extrême black avec David Vincent (ex-Morbid Angel), Flo Mounier (Cryptopsy) et Rune Eriksen (Aura Noir), pour une communication de catcheur de la WWE (VVF pour la version originale sous-titrée en Français).

Bien fait, pas mal réalisé, la dimension iconique était présente, mais au final harnaché de vieux démons et de fantômes avides le groupe laissera derrière sa prestation qu’une amertume de sable et un combat joué avec des tripes d’arnaqueurs.


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UFOMAMMUT nous a pétri sa race avec un set où l'on a réalisé un voyage intersidéral, envoutant et grandiose.

Le Sludge est de plus en plus rare au Hellfest, c'est regrettable, quand on a pu assister à toutes ces prestations magnifiques par le passé.

Avec un trip hop ‘’metOlnirique’’ (metol + onirique) les Italiens ont offert plein de rêve ouaté.

Un paquet de freaks attentait leur dose de projections soniques avec le secret espoir d'entendre les puissances telluriques prendre formes visuelles dans leur âme cosmique. Le savant mélange de métaux lourds et de sensation amniotique contenait la plupart du temps des cristaux soniques et des minéraux de feu, avec parfois même d'autres additifs véhéments. La Valley s'empourprait de cloques suppurantes provenant des enceintes et de l’électricité galvanique d'Ufomammut. Une vaste chaleur apportait la transe lascive, et un état vaseux d’un contrecoup salvateur.


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Ufomammut c'est comme Uncommonmenfrommars, il y a carrément trop de M.


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Je suis fan de CULT OF FIRE

Quand le rideau s'est ouvert, sur scène le décorum prenait les atours d'une messe noire.

Ahh putain cool ! T’es déjà excité.e pour le spectacle à venir…


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Une table avec des bougies liturgiques, des statuettes, des peintures, des tentures, les visages sont masqués, le chanteur a des cornes immenses. Le début était très long à se mettre en place. Encens satanique, Black hindouiste, et un son de guitare de cisaille pourri. Les deux guitaristes étaient assis sur d’énorme trône de cobra magnifique, mais il y avait un côté statique et non visible à la fois qui perturbait la vision, heureusement que le son s’est amélioré et que leur black atmosphérique a pris de l’ampleur, pour un set qui a première vu aurait pu tourner à la farce de mauvais goût. Finalement cela a souligné un groupe créatif, soucieux du moindre détail et munit de bons titres, avec du sampling pour dynamiser l'exposé. Le set était original et détonant. Le genre de spectacle qui plaît au Hellfest.

J’adore l’Inde et le Black metal donc séduit par l’ensemble, son côté épique, sur disque c’est nettement plus frontal et pas assez retranscrit en live. Cult Of Fire n’est pas passé très loin de la correctionnelle.

Depuis toujours quand je suis à la Temple et à la Valley il y a une dimension beaucoup plus intense qui me bouleverse profondément. Je pense nous sommes des humains ayant une expérience spirituelle de la musique, et nous sommes traversé.es par une spiritualité musicale pendant notre existence humaine. Dans les deux scènes cités, c’est révélateur. Profondément spirituel. Profondément sexuel. Profondément ludique. Profondément enragé. Toutefois ces deux scènes tendent depuis quelques lunes déjà des manifestations de l'orient hindouistes, bouddhistes (et encore il y a eu l'annulation cette année de My Sleeping Karma, OM)

Je garde de ce set la sensation à kali-fourchon (bim 2 points) de la préservation du black atmosphérique, de la transformation et de la destruction.

काली माता


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Sur disque THOU ne m'a jamais trop emballé. Donc je n'avais rien à attendre, si ce n'est une surprise kinder. Le cadeau est pas terrible et le chocolat dégueu, mais content d’avoir eu une surprise.

Le groupe s’est aligné nonchalamment avec le visage d'un ancien élève d’école d’informatique ayant connu le quotidien professionnel du stagiaire longue durée. Trois guitares pour nuancer le propos sludge brut, et bien crade. La Louisiane peut s’enorgueillir de détenir les spécimens les plus cool et sales du globe avec Eyehategod et Acid Bath, rajoute le blaze de Thou à ce panel représentatif.

Pour le chant c’était un gueulard au regard fixe, qui se l'est joué bad boy blasé, il mettra même des lunettes de soleil à la Lou Reed (lulu power). Avec cela tu rajoutais une batterie fanfare de bûcheron, et un bassiste (en chemise) qui rigolait tout le temps, le seul à avoir une drogue récréative dans le groupe, apparemment. Les autres collègues étant aussi expressifs qu’une huître de Vendée.

La musique de Thou est cool, âpre et tellurique, pas de soucis, mais la présence scénique est quasi nulle, d'une humeur indigeste, le groupe a déclamé une pétaradante fascination pour la misanthropie, mais il nous a servi un set de coussin péteur avec la cassolette démonstration d'un plat d'haricot blanc Tarbais.

Thou était sadique mais n'a pas été foutu d'aller au bout de son trip, déception kinder.


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Aparté :Je viens du söuth, et comme je n'ai pas eu une seule piqûre en 11 jours, j'en ai conclu qu' au-dessus de la Loire vous n'avez pas encore le redoutable moustique tigre. Tssssssss, celui-là c'est le gitan des insectes.


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Formé en 1989 par les frères Ritual Butcherer à la guitare, Lord Angelslayer à la basse/chant, et Goat Aggressor à la batterie depuis 2017, le trio Finlandais d'ARCHGOAT a euthanasié la sacristie.

Le groupe s'est avancé comme un boucher dans un abattoir, le visage était une muraille de glace à vous refroidir le sang, avec comme musique de quoi faire surgir la bestialité en un cri inhumain.

Le chanteur et bassiste était une sorte de Seer, le divin dans la série viking, et si tu te souviens bien, il faut lui lécher la main avant qu'il ne te dévoile ton destin.

Noooon n'essaye surtout pas de le faire avec lui, si tu veux connaître ton avenir gratte plutôt un Tac-O-Tac, lis dans des cartes Pokemon, des os de poulet de Bresse, tiens toi à ça uniquement.

Vu le cloutage du groupe, l'ascension jusqu'à Chambéry ne leur fera pas peur. Je pense à cet effet qu'ils ont dû couper la tête de plusieurs hérissons mâles et qu'ils se les sont enfilés sur tout l’avant-bras.

Ce fut un set sans concession, du mépris dans les yeux, celui qui les regardait avec une attente fringante tenait deux secondes à soutenir le malaise. Les mecs sont patibulaires. Après quand tu vois des guignols en pikachu se foutre de ta musique, forcément hein...C'est du black metAl oldschool, fais pas chier, prend la purée dans la tronche, jouis très fort et glorifie Satan. Le groupe n’était pas là pour convaincre les indécis. Le set était un choc, pratiqué au forceps pour faciliter l'impulsion et non l'expulsion.

Pour papa Ours de Finlande c'était encore l'hiver, l’œil torve et l'hibernation en muselière, le groupe a dû livrer la prestation la plus flemmarde de toutes les grottes du Lot. Et quand il a eut fini il s'est barré de scène sans attendre son reste, ça c'était le truc le plus punk de tout le festival.


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Faux départ sur faux départ, à la fin c'est disqualification. La panne récurrente d’ampli de basse a amoindri le tonus d'EYEHATEGOD.

Le groupe a produit le mini minimum syndical, le set n'était pas transcendant, pas de larsen, pas d’éclat. En tout cas pour qui a connu Eyehategod avec sa lumière noire dévaster des concerts de malade mental. D'hab c'est un truc que tu te bouffes en plein bide, qui te fait ressurgir les choses les plus malsaines au fond de toi. Une catharsis comme peu de groupes peuvent le faire.

Je n’ai toutefois pas boudé mon plaisir parce qu’il y a encore la même vigueur misanthropique dans le sludge des Néo-Orléanais.


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Le black souple, flottant, spleen brut avec un brin de mélancolie propre de MGLA a bercé en continue une émotion qui disait « Étoiles, cachez vos feux, que la lumière ne puisse voir mes profonds et sombres désirs »

Ainsi le groupe a joué à chaud sa symphonie des froides et tristes rêveries délétères, elles conjuguaient l'éternité des peines et absorbaient la vie en recrachant le mal.

La Temple était pleine, le groupe arrivera à saturer l'espace sonique pendant cette nuit faite d'obscurité crayeuse et électrique. Une voix rauque de râle avait déroulé sa litanie, comme un tour de chauffe incantatoire, presque chamanique, avant que les morceaux n'explosent, rugissants, rougissants de cette noirceur explicative et solennelle en train de hurler : « Les gens sont damnés dès l'origine »


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NAPALM DEATH ce sera toujours du grind motherfucker & une totale anarchie en concert.

Le set a fait palpiter le cœur par des agitations vivaces qui se font la guerre, certaines nous entraînaient vers les cieux alors que les autres souhaitaient nous tabasser par des pensées malignes liées à nos souffrances et peurs.

A côté de moi je me suis aperçu (poil au cul, oui bon ça arrive) que j’avais Le rédac chef de l’excellent et unique mag New Noise, et d’une bonne partie de sa rédaction. L’équipe fringante laissait agir les convulsions soniques au Napalm de la mort. Il me tarde de lire leur compte-rendu du fest.

Dans l’air chargé de soif de torgnole le groupe dominait son propos combatif comme ce qu'est la bière tiède au festivalier : la réponse.

Devant la scène Altar des gars en piteux états se faisaient goudronner avec de la chair humaine par des hommes qui font corps avec leur discipline de légionnaire, et dans la foule des corps flottant lestaient les bras de toute part, y'avait même des mioches par moment. Le groupe était en totale communion avec la violence du monde, Napalm Death entraînait dans son élan cette rage que l’anarchiste signe d’un poing rageur et révolutionnaire.


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MERCYFUL FATE c’était La messe satanique du dimanche soir, elle a révélé aux apôtres ses tonnerres et ses flammes…La voici donc cette claque géante de Lucifer, maître cornu et Belzébuth tout à la fois.

Historiquement la présence de Mercyful Fate est plus importante que celle des Mets dans l’univers du metOl. Le king est arrivé comme un vieux démon et son chant a fait péter les verres, les pare-brise, vitres, vitraux à moins de 5 km. Il y eut des riffs heavy metal que l’on a retrouvé dans la quasi-totalité des groupes du week-end. Et puis que dire de cet escalier de la mort qui prenait visuellement toute la scène, 45% de pente au bas mot, et en faux marbre de Turquie. Je ne sais pas comment il ne se vautre pas, si c’est la hanche nous ne reverrons plus jamais King Diamond.

Nous étions plongé.es dans les ténèbres, à cette heure lugubre où le diable exercera un empire absolu sur les impénitents irréductibles. Le set devenait une évidence liturgique avec son goût d’hémoglobine maléfique propre à un rite sacramentel. La Magie des noirs augure se manifestait avec des musiciens jetant leur venin sonique en une musique maléfique, et se répandait dans la douceur d’une nuit vermeil comme une nuée de vapeur nocive très sombre.

Rappel : Pas de Mercyful Fate pas de Metallica


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Une fois le show terminé je me déplaçais en filou en contournant tout le site pour passer et me faufiler sur la gauche de la mainstage 2. Jusqu'à présent la populace se lassait d'aller jusqu'au fond du site. Là, c’était aussi gavé qu'une oie du Périgord un 25 décembre. « Kill 'Em All » me venait à l’esprit immédiatement avec « l’enfer c’est les autres » de Jean-Paul. Finalement je mis pied à terre pour Master Of Puppets.



C’était surtout l’écran géant qui me permettait de voir METALLICA.


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Finalement cet imminent groupe de grand frère a toujours été un groupe intimidant. Il a conçu des chef d'œuvre intemporel, fait une grosse bouse (LULU avec Loulou), poussé le metal vers le mainstream tout en conservant son assise et son aura.

Metallica vit sur ses acquis avec sa longue carrière, mais pas que puisqu’il a sorti en 2008 « Death Magnetic » et « Hardwired… to Self-Destruct » en 2016. Ce soir c'était grand soleil, une Vittel fraise, un set de professionnel, avec l'esprit show must go on, malgré les patates d'Ulrich (Sérieux, Dave Lombardo revient en live c'est un carnage), un jeu avec le petit pull sur l’épaule pour ne pas prendre froid.

L'adolescence venait à glisser en nous avec cet effet de donner corps à nos fantasmes. Le groupe était là, enfin, et ce qu'il nous a confié dans l'antichambre de nos désirs à suffit à nous protéger. Il mettait le feu au corps sculptural de sa dimension de groupe culte, et révéla sa véritable essence en gaspillant tel un feu de paille un set ostentatoire qui pétait dans la soie.

Et bien mon salaud, au prix où est le baril de gazoil, c’est vraiment de l’arrogance.

J’étais content mais sans plus, heureux et un brin déçu, peut-être étais je intimidé par l’envergure, par cette peuplade silencieuse. Autour de moi les paroles étaient rarement reprises, je sentais la gêne, mis à part sur « Nothing Else Matters», pour le reste ça a fait pschiiiiit. C’est comme cela…

Amusantes les plaisanteries de Hetfield tout le long du set, tout comme ce clin d'œil pendant « Seek And Destroy » sur les écrans affichant le ticket de concert de 1984, au Riff de Toulouse. J'en connais qui y était, gloire à eux.

La set list ? Mouaiie pour une première au Hellfest le groupe aurait pu nous la jouer feux d’artifices de légende, là aussi, d’un côté il y avait matière mais de part la qualité et l’envergure je m’attendais à beaucoup plus. Sinon c’était Metallica quand même, Hetfield est un astre, Hammet un éternel teenager de la planète whawha, Trujilo un soleil d’Amérique, et Ulrich un boulanger (pain au maïs, au sésame, au raisin)

Le final fut libellé par mille doigts invoquant un Dieu dans une union d’Enfer, de Purgatoire, et de Paradis. (ndlr : Suite à ce concert Metallica avait annulé la date suivante pour un cas de covid, ça c’est joué à rien.)


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Je consumais ma dernière cendre en la laissant papillonner dans le noir silence d’une alcôve émotive. Le festival finissait ses ablutions soniques par un feux d’artifice magnifique. Je quittais le site en ne laissant aucune empreinte, avec cette sensation d’être un fantôme observant au milieu d’un océan d’existences, hérissé d’excitation, de fatigue, avec la splendeur dans la chair.

Je vais au Hellfest depuis 2009, alors 2022 ?

C'est D I N G U E le chemin parcouru par ce festival, son expansion, son évolution tonitruante, son électrisation médiatique, ses concepts, son savoir-faire, c’est devenu un rêve dans le rêve, une locomotive de tête, et un putain de business. Parfois cela fait tourner la tête trop vite et l’on souhaiterait que le manège s’arrête, que les stratégies plan marketing tactico tactique stoppent, mais les dernières affirmations du comité directoire atteste d'un futur puy du fou metOl, avec la finalité de concerts comme tête de gondole ?

Chaque année le festival peut se voir comme un produit marketing, un évènementiel conventionnel avec des prestations de services qui perd une partie de ses prompt mélomanes, mais augmente sa part de marché avec de nouveaux festivaliers dépensiers.

Le Hellfest est tendance, sa réussite commerciale est une force de vente du made in Loire-Atlantique, on en parle comme d'une curiosité de bête de foire mais dont l'appât du gain demeure dans une société marchande et de spectacle une véritable manne.

La pop culture en pénètre de plus en plus les compartiments pour son intérêt, et la musique metal en est impactée désormais, mais vers où cela nous mène ? et quand est ce que cela va t'il s'arrêter ?


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C'est compréhensible que les originaux (oldschool) rouspètent sur la légitimé des novices (touristes).

Les oldschool étaient là bien avant, ils ont soutenu pendant toutes ces années, pendant les moments de disette, de traversée du désert, avec la loyauté qui a assuré la pérennité de la communauté metal. Parce que ce style a été conspué, méprisé et que le défendre a toujours été un acte fort, rebelle et d'engagement. Le oldschool c'est la fondation, l'ossature, la clef de voûte. Maintenant qu'il y a un début de reconnaissance, que l'or et la soie parviennent en pain blanc, ils se sentent évincés au profit d'une nouvelle catégorie de profiteur avantagé, favorisé, privilégié.

Pendant que le mélomane acquiert une culture, l'épicurien picore à sa guise. Ce sont des caractères différents.

Le Hellfest se composent avec cette multitude de pensée, caractère, tempérament, humeur, originalité, personnalité, mentalité, existence. Si tu fais le tri, tu réduits, et l'expansion est une action qui réussit au festival. C'est grâce à cela, à ses décisions, et ses choix que la pérennité est de fait. En s'opposant à la stagnation, en s'écartant de sa zone de confort, il a pu muter.

Il est normal qu'une partie de sa population oldschool se sente lésée et dépossédée par l'envergure et stratégie du crew. Les changements bouleversent tous ceux qui ont segmentés leur dogme, vérité, croyance, révélation.

Mais tout ne tourne pas uniquement autour de rapport mercantile au Hellfest, à la base ce qui prime ce sont les concerts. Tout le reste c'est du bonus.

Bref, tout le paradoxe est là, c'est trop grand, trop tout, pas assez ci, pas assez ça, ce n'est plus ce que c'était ma pov dame, mais on trouve cela génial au final, c'est comme un concert de Metallica. De toute façon tant qu'il y a une programmation alléchante ça tient bon, on redemande cette effervescence hormonale d’adrénaline, endorphine, dopamine, sérotonine, ocytocine, satanine.


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Point négatif :

  • TROP DE MONDE (à partir de 19h00 c’est full) et toutes les scènes ont été agrandies. Le site est très vaste, donc il est possible de trouver des solutions pour éviter la populace mais il faut être organisé.e, et aimer la marche nordique. (je perds 2 kg par week-end).
  • Le touriste novice, le néophyte égocentrique qui se fout de tout, la bleusaille qui découvre l'illumination ? Je déteste tous les pantalons avec des poches sur le côté, le rond de serviette dans l'oreille, l'anneau de la vache qui rit dans les naseaux, mais je tolère absolument les personnes qui en portent. Il est là, il s'éduque, s'affranchi, ingurgite, s'endoctrine, se déniaise et le bordel est assez vaste pour vivre différemment l’événement, chacun à sa place et surtout le respect se doit d'être réciproque sinon cela ne fonctionne pas, jamais !
  • Le son. La qualité sonore sera la différence entre les festivals. J’insiste mais il est impératif de faire honneur aux univers musicaux, aux groupes, à l’art scénique, à l’astre noir sonique, à l’entité Hellfest avec un son de meilleure qualité. Prendre le partie de moins de décoration pour un meilleur son pour l’avenir me semble judicieux.
  • Mais pourquoi tout le monde se barre en même temps le dimanche soir ? C’est un entonnoir le bordel après. Dormez puis prenez la route à la cool le lendemain...
  • Par Belzébuth, A R R E T E Z de façonner des cœurs avec vos doigts pour montrer aux groupes que vous appréciez, foutez les vous au fion jusqu'aux amygdales et hurler à la place.

* La baisse significative depuis les dernières éditions d'une population oldschool, mélomane, trve sur le site, cela s'en ressent fortement dans l'ambiance générale, le sort des concerts, l'attrait, la symbiose d'appartenance à la communauté des musiques extrêmes. A force le festival va se Las Vegariser en Sin-sson City et plus du tout Clisson Rock City.


Point positif :

  • LA PROGRAMMATION reste le critère n°1. Les groupes qui s’y produisent comprennent l’opportunité positive de s’y produire, il y a de la valeur à venir jouer au Hellfest, il y a du monde qui assiste au concert, c’est valorisant. Il est vrai que davantage de personnes passionnées changent l’issue d’un set, étant donné leur connaissance et respect du groupe, des différents codes du metal.
  • Les écrans géant à chaque scène, et heureusement. C’est mieux quand tu es près du groupe, mais tu n’es pas tout seul, ce sont 70000 personnes par jour.
  • La déco, l’organisation, le professionnalisme général, la gestion des crises climatiques, la restauration (chère) mais bonne, avec une excellente signalétique des allergènes et veg, sauf pour le pain au chocolat que je ne sais toujours pas ce que c’est ?
  • J’ai apprécié les pissotières entre la scène Valley et Temple. Isolé dans un module, plus besoin d’écouter ton voisin uriner et te raconter son intuition sur la pluviométrie avec un relent de saucisson à l’aïl et de beurre salé Breton.
  • Le Hellfest c’est devenu gigantesque, cette double version a été colossale, monumentale, extrême, démesurée, et phénoménale. J’ai été un heureux de pouvoir assister à cette page de l’histoire, même si et c’est ce qui est vraiment fou, c’est que chaque ce festival devient légendaire, immortel, infernal. Planer à Clisson Rock City permet le temps d’un week-end extraordinaire d’être dans l’illusion d’un vortex de phantasme extravagant, une boule d’hallucination et de délire, dans une liberté de représentation mirifique et de vision utopique. Et c’est aussi intense (avec des passages plus chiants parfois), et puissant de le vivre.


Merci à Roger Wessier, à l'ensemble du crew Hellfestien, à tous les bénévoles, aux groupes, aux copains, et gloire à Satan !


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§« Il y a un moment ou les mots s'usent. Et le silence commence à raconter. » § Khalil Gibran


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