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Dimanche 18 juin 2023, au camping j'ai noté que personne ne buvait de la chicorée et ne mangeait des Miel pops au matin, c’est un motif de satisfaction pour s'éveiller à une belle journée.

Taper des hiéroglyphes sur un clavier par une vision panoramique d’un week-end Hellfestien s’avère un trip cosmique né sous le psychédélisme de la Valley, des tripes thrashy de la Altar, des prières du culte de la Temple, du poing levé de la Warzone et du Peep show des Mainstages. Les créateurs de contenu sur youtube ont fait leur vente privé sur une vidéo de leur expérience Hellfest (entre 3mn et 5h00 pour le plus grincheux), et les rédacteurs oldschool comme oim un report sonore & visuel à lire. Bonne lecture !


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Nous arrivions à la dernière journée, si vous vous touchiez la nuque vous sentiez une très forte tension, et pas besoin d'une carte pokémon et saturne en mercure pour pronostiquer un abus de headbanding.

DOOSESKADER fondé à Gand en 2019 et constitué à la basse et chant par Tim De Gieter (Amenra, Every Stranger Looks Like You) et Sigfried Burroughs à la batterie (The K), le groupe a sonné le glas avec un screamo sludgy acide. Nous devenions atones devant une telle beauté atomique d'explosion sonique. Cet amour Hiroshimatisant à outrance les ruines poussiéreuses du dark est arrivé à dompter la formule duo drum&bass par une lourdeur qui servait de transe avec le chant, mais aussi avec l’apport d’une programmation sonore derrière. Un sens du riffing qui tricotait avec du fil de barbelé dans une colère hystérique rentrée, entre mélancolie morose et folie atrabilaire.


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BLÓÐ est un quatuor de sludgy doom slowcore très, trèèèèèèèèèès lent, et le dimanche à 10h30 c’est un effet de vasodilation qui nous emportait dans une quiétude musicale enivrante. La fatigue aidant à ce mix de tumulte intérieur avec en sus les frissons de l’épuisement, mais je n’enlève en rien la prestation de Blóð à ceci, bien au contraire. Dans l’esprit de Windhand avec surtout une hypnose de spleen sombre, le groupe a déversé un cloaque de coulées musicales dans l'alchimie d'Alesteir Crowley. Composé du guitariste Ulrich Wegrich (Otargos, Volker) et la chanteuse Anna W (Lynn Project) le groupe a sorti son premier album en janvier 2020 via MusicÖ_Eye et Season Of Mist et a annoncé une signature chez Malpermesita Records. Blóð en marchant de sable mouvant a joué sur les braises somnambuliques et envoûtantes entre caresse et fouet, rrroarrrrr !!


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J'espère que tu aimes le Roundup parce que si sur le papier ALEISTER est un groupe de thrash metal de 3ème division (comparer à Anthrax), avec son énorme backdrop et ses qualités d’exécution, il a su tirer son épingle du jeu pour nous tricoter la gueule et passer directement en seconde division. Un utilitaire 6 vitesses faisait du grabuge dans le pit. Je revois ce gars immense, réparateur de rotofil, qui aura passé le set à s’aiguiser les épaules sur des côtes flottantes de marathonien fan du tour de France.


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SKYND avait un look parfait et de l’électro-pop pour une soirée bondage au Rouge et Noir, D612, Lieu dit Mousquette, 81120 Denat.


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Le Hellfest propose de la nouveauté et la diversité de styles musicaux chaque année, néanmoins, il s’éloigne de sa base fondatrice. La transition entre les différentes générations du début du festival en 2006 et l’actuelle moyenne d’âge du festivalier.ère qui est de 36 ans se poursuit. La mutation stylistique du metal vers la pop engendre du show, une envergure pharaonique et démentielle de l’Entertainment, ainsi qu’une multitude de propulsion à ‘’l’underground hype’’. Les valeurs/éthiques de la communauté metal/punk/hardcore telle que nous les connaissons et avons appliqué, sont encore présentes. Mais niveau musical ça fait le tri aussi. Le death metal est le grand absent de cette édition, le grind disparaît aussi. La scène Valley est devenue un laboratoire, et la Temple se vide peu à peu du Black metal. Il y a un retour du dark gothique (une mode ?), et la musique électronique et le rap sont ces dernières années plus en verve (revival 90’s et 2000’s) avec une actualité contemporaine qui en jette le dévolue dessus je suppose.

BEYOND THE STYX possède des valeurs HxC bien présentes pour un set qui fut lourd et combatif. Le groupe a répondu présent et ne lâchera jamais son sens de la lutte et de la solidarité, tout comme sa loyauté au Hardcore. Une leçon d’humilité est donnée, dont forcément ce groupe mythique a appliqué les vertus, mais qui ici se doivent d’être salué. J’ai noté que dans le pit il n’y avait pas un seul toulousiinn, toulousiinn, normal avec la tronche de parpaing qu’ils ont dû avoir au matin pour fêter la veille l’obtention du planchot de rugby 2023.


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WOLVENNEST est un générique de Lexomil, je n’ai rien contre ce psyché doomy post-metol, que voulez-vous, ça m’a foutu un coup de barre, je n’arrivais pas à me réveiller devant cette musique anesthésiante, j’ai regretté Municipal Waste. Mes paupières se refermaient au point de partir sereinement dans un sommeil qui me semblait…(bâille)…oooOuah pas longtemps, mais quand même suffisamment pour dire merci à ce groupe.

Rappelez-vous : À la valley, yeux fermés, esprit ouvert, hein !


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Soudain il pleuvait.


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Pitin ! je me quillais comme un Braque Français des Pyrénées et constatais que pas loin, d’autres gars avaient fait de même, mais dans le style du Drahthaar, un Braque Allemand à poils durs. Et tu le sais dans ce moment-là la première pensée c’est un bel arc électrique entre les faisceaux de pluie. Le groupe THE OLD DEAD TREE a bénéficié de la pluie pour évoluer devant une salle comble. Leur musique progressive ne m’attirait pas, et j’ai trouvé que le chanteur avait un peu de prétention, alors qu’il investissait la scène et lui donnait du rythme.

Les Belges d’EVIL INVADERS formés en 2007 ont fait usage de la force centrifugeuse de leur Heavy speed metal, avec cris aigueeeeeeeeees, riffing frontal, rythmique de forgeron. Le groupe provoqua la même agitation dans le pit que des molécules d'eau contenues dans un micro-onde à 100°C, il y avait des jeunes excités qui semblaient monter une League of Legends mais sans multi-prises. Devant la scène les membres de la sécu étaient composés de bras qui vont 20 fois mes cuisses. Il y a The Rock pour réceptionner des types de 60 kg tout mouillés, Jonah lomu à la mêlée, le videur du Makumba à la pile, et puis l’homme arbre en seconde ligne avec le sourire d’un platane et le doigt qui t’indique vissa de foutre le camp. Le set a été une fête de lames heavy dans une ambiance crustacé vin blanc à Ploumanach.


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Je suis allé sous les eaux jusqu’à la Valley où LEGION OF DOOM dirigeait son embarcation, composé de membres de la vieille garde du doom. Nous prenions des trombes de doom épaisses, interprétées pendant le déluge de Noé. Un set fluvial rappelant les changements de passage d’écluse du canal du midi pour les breaks et chanteurs qui se sont produit pendant ce concert. La valley était envahie de barbus, style milice tchétchène à casquette, de parapluie automnal, et d’une légion pluvieuse de Sancha poncho. Ce groupe de doom a appliqué à la lettre cette pensée de Confucius « Peu importe la vitesse à laquelle tu avances, tant que tu ne t’arrêtes pas ».


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Pour le set rapcore d’HO9909 les moins cons avaient sorti les chenilles crantées pour rester accrocher au bitume. Les autres servaient de guimauve et d’hélice au-dessus.


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La pluie s'est arrêtée. HALESTORM et le Pop rock ‘’metal FM’’ sur la mainstage a effectué une prestation professionnelle. Belle voix de Lzzy Hale, même trop parfaite, parfois aussi gueularde qu’une poissonnière de Sèteuuu. Leurs slows m’ont ennuyé, trop sirupeux, too much. Le batteur aussi en a fait des caisses, et c’est sûr, ça produit son effet, en comparaison celui de Legion Of Doom n’a pas le même rendu visuel, mais il fracasse. Pas le même délire. Hallestorm a fait un show, et Legion Of Doom un concert.


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Au Hellfest il y a un grand nombre d’homme blanc cisgenre hétérosexuel et pour tous ceux en manque de contact physique, remerciez la saison estivale et les moustiques de vous avoir trouvé. Et avec une prière vous pouviez espérer des punaises de lit pour de la compagnie sur votre matelas gonflable…Avec la cancel culture t'as plutôt intérêt à fermer ta gueule, car la moindre trace d'esprit justifie immédiatement une riposte bashing à celui qui ose froisser la vérité de chacun.ne en une trace de pneu humoristique. Direct tu es un con, réac, boomer. Exemple : en sortant du festival serrés comme les sardines de Patrick Sébastien, nous avons émis qu'il n'y avait pas eu de musique raï cette année, avec des wesh et des sheu pour en émettre la ponctuation, tourner de serviettes incluse. La nana à côté de moi à lever les yeux aux ciel, pour elle nous avions des tronches de Waffen SS pendant la fête de la bière à Munich. Ahahah ! Vraiment ? L'année dernière il y a avait CHEB SHATA' au VIP en train de reprendre des classiques du punk et du metal en version raï. Je suis d'une génération qui ne s’appelle pas frérot, ce n'est pas pour autant que je suis raciste. Très vite, trop vite catalogué et bashingsé par la cancel kultur, et ça commence vraiment à casser les nuts. Avant de se définir façon tiroir communautaire et mentionné sur la fiche de renseignement à dénoncer à la gestapo du bon goût, faudrait penser à vivre en toute liberté et fraternité avec toutes les différences, comme avant, oldschool.

"N’en déplaise aux esprits chagrins, le festival a encore été plus que d’habitude une grande communion de la culture que nous aimons, célébrée ensemble, dans le respect de toutes et tous" Dixit le crew du Hellfest publié page FB du festival.

Sheu !

Autre chose, est-ce que le hellfesse existe ? Il a été longuement mentionné par divers témoignages de femmes que la particularité du festival est sa maturité sur les rapports homme/femme. La majorité de la population vient pour les groupes, faire la fête avec des ami.es, ‘’vivre un trip sonique dans un domaine extravagant’’. Néanmoins, des hommes aux pulsions hâtives viennent avec une image qu’ils ont répertorié dans des vidéos et photos de femmes libertaires vêtues avec peu de tissus, pensant qu’il y a une docilité à la bestialité plus qu’ailleurs. La brigade Hellwatch est présente et justifie aussi l’évolution des mœurs, mentalités.

"Quel que soit votre âge, votre sexe, votre physique, votre nationalité, votre accoutrement, vos goûts musicaux, le HELLFEST est un espace de liberté et d’insouciance que nous continuerons à protéger. L’ensemble des agents de sécurité, de la protection civile, du SDIS, du SAMU, de la gendarmerie et nos 60 bénévoles de la Hellwatch auront une nouvelle fois assuré ce qui est primordial pour nous, votre sécurité." Dixit le crew du Hellfest publié page FB du festival.

Si auparavant plusieurs témoignages abondaient avec l’ambition de monter un groupe de rock pour chopper des filles en coulisses, aujourd’hui l’ambition est autant artistique que cathartique. Je ne pense pas que la manette a remplacé la quéquétte pour autant dans la libido des masses.




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Fans de la 6ème dimension, VEKTOR était dans sa nébuleuse. Les trekkies ont thrashisé la Altar à coup de proton désintégrant, et les gamins étaient heureux de se faire casser la tronche par les neveux à Voivod. Un bavarois blond aux yeux bleu ciel se distinguait par une douceur médiévale dans la joute du pit.


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A deux pas commençait le backroom de SHE PAST AWAY, ce sont les arrières petites enfants des pet shop boys, ils ont réussi à deux à mettre une ambiance cold new-wave Partenaire Particulier 80’s spirit. Les gothiques qui avaient fui le ragoût de Belzébuth reviennent danser sous la pluie en se flagellant darkement. Après le dark folk, le revival dark remplace ses chaînes avec un coup de fouet électro, déjà bien entamé au succès de la synthwave sur le site. Ce jeune duo de Turkish bath a quand même dû se demander « Mais pourquoi personne ne vient à nos soirées karaoké ? » et franchement...Je ne sais pas.


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Je changeais d’écurie pour la boiserie de la Valley, je croisais deux beaux lampadaires d’Angleterre venus éclairer dans le bois du muscadet avec l’esprit des lumières d’un pub Ecossais, ils étaient en train de se charger tête contre tête. Je poursuivais mon chemin, que déjà je croisais la croix rouge prête à appliquer les règles du protocole commotion de l’ovalie. Des groupes de personnes étaient en train de grignoter. A cet effet les vegans batifolent au Hellfest, il y a des encas pour eux, ils se sentent compris dans leur combat pour la protection des animaux. Mais l’influence du cochon d’Inde leur apportent une drôle d’odeur, ne faudrait-il pas laver la cage plus d’une fois par an ?

Le groupe DOZER a envoyé du stoner de châtaignier dans l’espace, et c’était cool, l’impression que ce style aussi bénéficie moins d’attrait que durant la décante 2010, et pourtant quelle patate, bref… Le chanteur avait écrasé ses glands pour une voix émettant des tendresses mais ça n’enlevait rien au charme du bois stoner. C’est son délire. Je préfère quand c’est groOovy et gras. Mais bon, cela m'a donné envie d'écouter leur dernier opus « dozer drifting in the endless void ». A la Fédération du jonglage de poutre Dozer a scié une forêt de stoner avec un diabolo et le cul posé sur un monocycle de martien.


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Le vieux thrash d’HOLY MOSES a de bonnes heures de route au compteur, formé en 1980 avec la chanteuse Allemande Sabina Classen, laquelle a passé le premier quart d'heure à chercher un os à ronger en zieutant avec le sourire d’hannibal Lecter les premiers rangs. Elle avait de l’énergie mais on aurait dit une vieille foldingue à arpenter la scène dans un état joyeusement gâtée. Le groupe a recousu depuis 2000 un line up qui trouve la sulfateuse thrashy à dégainer sur le public, pourtant le gang avait sorti les carabines mais à air comprimé. Nous nous sommes fait chier. Je ne sais pas ? Peut-être un décalage entre le passé de tous ces groupes et le constat qu’ils sont trop vieux aujourd’hui pour jouer ce style. C’est con mais c’était notre pensée.


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Bon à ce moment-là il y a le fan n°1 de Roberto Malone qui nous entraîne vers une mainstage, où la foule agglutinée façon camion d’ovidés, bêle, bêle, bêle comme le jour d’électrocution de Claude François sur le set des shleus d’Electric Callboy.

Oh putainn choc névralgique ! Le groupe jouait à saute-mouton poppy metAaAL avec leur zique de camping scheisse party. La jeunesse était à fond dedans, le groupe remuait la bouillasse et la merde sortait des enceintes pour être ravalée dans un euphorisant emballement par la foule. Véritable pompe à merde pour mainstage dont la compétence est de faire la fête…et ça tombait bien, car la jeunesse avait envie et besoin de s’éclater. Ce groupe hypra festif est capable de lire votre avenir dans le fond d’un verre de pastis à coup sûr, et parfait pour dégueuler aux fêtes de Bayonne.

« Ça te garde en santé - l'alcool, les groupies cochonnes, transpirer sur scène, la malbouffe - tout ça est très bon pour toi. » (Bon Scott, Janvier 1979, mort le 19 février 1980 dans son vomi).

C’est du metal ça mouaieeeeee c’est comme la peinture minimaliste, c’est une impression.


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De l’euphorie boum boum das reich fever nous passions à la joliesse d’un cimetière avec GRAVES PLEASURES, pour une version Depeche Mode du rock à moustache, string tendu inclus. Au tout début du concert nous attendions qu'il se passe un jet de lumière en nous car un temps de patience n'est jamais un temps perdu. Boooooooon…Psalmodiant le stabat mater et un lacrimosa remasterisé, les simulacres goth sont accrochées en chauve-souris dans la caverne des limbes froides, et pansent pendant un instant d’incurables blessures mélancoliques, à tous.tes les squelettes enveloppés de soie qui contemplaient les fleurs sur scène. Le groupe est venue dans une temple abandonnée de ressusciter le culte des feux sacrés et relever l'autel en ruines. Si je devais user d’une métaphore pour symboliser ce set, voyons voir…Avez-vous déjà connu la sensation désagréable d’être dans un bain qui se refroidit ?


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Durant le concert de BENEDICTION nous avons trouvé une lune noire de death metOl dans la forêt et des choses que le catéchisme ne révèle jamais. Les ouailles faisaient monter aux cieux cette célébration œcuménique, et le chanteur soulevait dans ses paroles ce genre de missel capable de soulever les opinions que l’on voue au diable. J’adore entrer dans cette église et toucher la bière bénite sur mon front, entendre le rugissement riffique et sentir l'encens herbacé de la basse, les gens hurler des hymnes, goûter au maléfice suprême et sentir mes pieds sous terre et mon âme crucifié dans les airs.


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Rash a eu la semelle de sa chaussure qui s'est ouverte, avant que son pied ne ressemble au Titanic au mud day, nous lui trouvons un sac plastique. Et Waz à côté, regardez moi cette équipe de vainqueur de catéchisme !


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Devant la mainstage les gars (re)goudronnaient les pavés avec de la chair humaine ou quoi ? Suite à l’annulation surprise d'Incubus (ça rime avec anus) ce sont les Espagnols de CRISIX qui ont broyé les têtes des headbanger avec un thrash or be thrash des familles recomposées (punk, thrash, et plus si affinités dans le pit). Ça suffoquait pour ceux qui cherchaient leur Ventoline dans les pieds sales du gars qui avait sa tête au niveau des couilles de son voisin. Le groupe cherchait il à dépasser le mur du son en défonçant la muraille de Chine ? J'observais des strates de ban de mosheurs qui se déplaçaient dans un lit de t-shirt noir et de cheveux long avec parfois des écailles de chauve qui se reflétait dans le roulis. Crisix a été sur le toit du monde à refaire la toiture et à t'envoyer la caisse à outil en travers la gueule.


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Quand tu prends place dans la file d'attente en début de soirée pour les toilettes tu deviens gardien de la pissotière du musée des sous-bock de Dunkerque, quel bordel. Nous sommes passés faire un coucou à notre pote JB (allez C.O) au bar des mainstages, il est bénévole depuis la dernière double édition. Il nous a affirmé qu'il y a une bonne dynamique, ambiance entre les bénévoles et il s’éclate bien, il n’a pas pu assister au concert qu’il voulait mais comme il a toujours une bonne humeur, c’est cool.

Nous nous plaçons pour Panteraaaaaaa. Mais avant c’était le comic con de TENACIOUS D.

Pour ce show c’étaient Jack Daniel et son comparse Kyle Gass 130 kilos de magret dans le coffre à bière, et je ne compte pas l’huile d'olive. Les acteurs studio font un spectacle de mime à la guitare folk bretonnant des hissez ho américaouin avec de la jeanlain (un batteur et un bassiste parfois). C’était poussif. Vendu comme un groupe capable d'allumer un stade en stroboscope pour lapin duracell. heyyy on se serait cru à un concert de Vincent Delerm un lundi matin dans un métro Parisien. Jack Black a passé le concert à flûter des blagues à Toto dans son micro pour que nous puissions éjaculer un rire gras de ses canulars. Le plus du set : Le groupe a respecté l’économie énergétique.


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Y'a du people derrière nous, pfiouuuuuuuuuuuuuu !!!


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Metalhead avec cheveux, Metaloeuf sans cheveux (Ndlr : le F d’œuf a l’aptitude d’un H aspiré dans ce cas précis)...Nous abordions les deux meilleurs concerts de tout le week-end, sans le savoir…

GroOove metAl avec LE groupe représentatif du style : PANTERRRRA PANTERRRRRAA PANTERRRRAAA

Faire revivre ce groupe mythique en lui rendant les hommages avec Philip « Phil » Anselmo - chant (1986–2003, depuis 2022), Rex « Rocker » Robert Brown à la basse (Kill Devil Hill), Charlie Benante à la batterie (Anthrax), Zakk Wylde à la guitare (Black Label Society). Une cathédrale de nostalgie lançait sa nuit, les veuves, les fantômes et les mourants chantaient dans la moelle épinière et voûtée d’un mythe éperdu. Le son a été monstrueux, gras, lourd, mais lourrrrrrrrrrrrd, c’est simple, le groupe a appliqué les règles du bilboquet mais avec une boule de bowling dans nos tronches. Le crépuscule se déversait dans ce groupe. Le tonnerre grondait et les riffs crépitaient d’orage aux yeux de cristal, tout devenait un furieux déluge. Philou fouettait les mots et dégorgeait de son grain de couille de taureau comme un coup de vent sinueux à l'air libre. Derrière les musiciens faisaient jaillir une musique furieuse comme un ouragan. Benante aux futs a été un métronome hors pair, une frappe d’enculééééééééééééééééééé. Zack a honoré le riffing de Dimebag de sa superbe, et sans soli d’une demi-heure perché sur un transpontin. C'était un très bel hommage, le concert a été exécuté dans le corps idéal d’une musique composée de cornes, de crocs et d'ailes pour une set list de bastards ! Le groupe a été un volcan enfonçant ses sabots empreints de rage 90's. PANTERAOOOW !


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Pendant ce set une bomba latina s'est pointée dans une tenue moulée pile à son corps de déesse. Elle s’avançait avec cette qualité pluridisciplinaire d’affirmer son indépendance et sa liberté tout en faisant apparaître le désir de plaire. Mon voisin, sosie de Woody Harrelson, se mordait les poings en zieutant le cul de la donzelle avec un sourire de segpa et l’écume salivaire d’une hypersalivation de Saint Bernard. Puis il m'a regardé et j'avais l'impression qu'il allait pleurer tellement il était bouleversé par cette vision idyllique de sa représentation féminine absolue. La nana s'éclatera avec ses ami.es et personne ne la fera chier. J'ai supposé que le sosie de Woody Harrelson a dû se plonger les noyaux dans un seau à glaçon pendant le reste de la soirée.

« Les filles ont des couilles, elles les ont juste un peu plus haut, c'est tout » Joan Jett.


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Le sachet plastique de la chaussure de Rash n'a pas tenu, un pichet de bière fera bouche pied...Thrasherrrrrrrrrrrrs !!


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00h14 en clôture de l’Altar tu pouvais signer ton TESTAMENT avec ton sang.

Les thrasheux californiens ont laminé, titre après titre, grenade thrashy après bombe à neutron, et sous la tente c’était le coup de feu dans un resto routier un vendredi midi sur L’A75. Le son était énorme, la qualité d'interprétation fabuleuse, ne me parlait pas des M&M's (Metallica & Megadeth) en concert...

Il y a Alex Skolnick, guitariste le plus sous-estimé des 35 dernières années. Le gars a déployé une qualité, mannnnnnn dieu, devant laquelle Rash et Waz tous deux guitaristes se sont brisés les cervicales avec les mêmes taches dans le falzar que le sosie Woody Harrelson. Chuck Billy a pris encore un peu de ventrèche mais au chant c'est comme sur disque. Testament je les avais vu en 2016 à l'Xtremefest, et j'avais bien entendu pris une fessée. Ce concert nous avons pris une torgnole monumentale.

Le feu d'artifice du festival débuta à l'extérieur. Cette nuit musicale ne pouvait être tuée par aucun soleil, le groupe devenait une nuit minérale accordant son rire et ses lames de rivières sombres, il nourrissait nos ombres et nous mourrions d’un spleen cantique. « Un instant de plus » chuchotèrent les flammes et les corps en feu. Le groupe prolongea la noce et c’était comme cueillir les fleurs qui poussent au milieu de l'enfer. Quand Testament arrêta je consumais ma dernière cendre en la laissant papillonner dans le noir silence d’une alcôve émotive. Le festival finissait ses ablutions soniques, je ne laissais aucune empreinte, avec cette sensation d’être un fantôme observant au milieu d’un océan d’existence hérissé d’excitation, la splendeur sonique dans sa chair. Raconter ne sert qu’à entretenir les plaies, comme on préserve les braises.




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L’univers du metal est un monolithe battu par les vents et une houle de mépris depuis ses fondements. Les hardos étaient là à vivre leur passion en clandestin, bien souvent moqués, vilipendés pour leur mauvais goût musicaux et vestimentaire. Au début le Hellfest c'était génial parce que nous n'avions jamais eu un festival en France de cette folie impossible.

Coincé entre l'enclume commerciale et le marteau des true qui nous accusent d'être plus "lisses" ou "Twitter-compatibles" avec la gentrification du Metal dans le plus démesuré des rassemblements de beaufs Metalleux en France…Les anciens festivaliers et festivalières ne se retrouvent plus dedans, la tournure musicale est bouffé par la pop culture la plus diabolique, elle s’immisce partout et métastase l’adn d’un style musical en le rognant pour le métamorphoser à sa sauce, parfois avec des moyens colossaux derrière pour une imitation canada dry (« une chose ou une personne qui a l'apparence de ce qu'elle prétend être sans en avoir les qualités ».)

L'affiche était constituée pourtant par 50% de nouveaux groupes dans cette édition 2023 pour 183 groupes dont la grosse majorité tournait autour des décantes 90’s, 2000’s et 2010’s. Un constat d’importance et déflagrateur de l’évolution de la programmation, puisqu’il y a un paquet de groupes déjà venu depuis 15 éditions. Les dinosaures du metal (des 70's/80's) meurent et leur génération avec. Tous ces groupes font un dernier tour de piste et dans le public il en va de même, c’est difficile de vieillir, de plus retenir sa jeunesse et de l’admettre. Il y a eu plusieurs générations de festivaliers présentes pour revivre, vivre, découvrir tous ces groupes, maintenant qu’ils sont rassasiés, la programmation évolue de fait vers un chemin revival des décantes 90’s, 2000’s, et plus contemporaine. Rien que la scène Valley dispose depuis des années d’une fluctuation de style et de laboratoire musical à tendance. C'est la fin d'une époque, une transition s'effectue dans laquelle les générations se retrouvent moins, voire plus du tout, que ce soit dans le mode de pensée, de faire la fête, de réaction, de valeurs, d’éthique, il y a clairement une cassure nette : Oldschool VS Newschool.


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J'ai noté que les jeunes générations qui pratiquent le crowd-surfing le font avec leur téléphone pour un direct sur tic-toc. Les vieilles générations agissent différemment, comme Liliane 54 ans, elle porte un short et des bas résilles rouges qui lui donne un air de babybel et Jeannot son conjoint a lui un bob de Satan Joker et un T-shirt de Mötley Crüe avec la viande qui sort du tricot de peau, ensemble le couple prend son aise sur des chaises pliantes au milieu de jeunes gens ivres dégainant des nikemouk, des hey cousins, en célébrant le metOl 2.01. Liliane s’en fout elle se trouve sexy et jeannot doit penser que c’est toujours mieux d’être là que devant une soirée téloche, au moins ici il peut toucher des yeux. Il y a un décalage, mais comme dans la dernière trilogie de Star War il peut y avoir entente et une passation de pouvoir.

La vente d'un rite de passage pour tout métalleux qui se respecte, c’est faux, ce n’est pas parce que tu es allé au Hellfest que tu vas être adhérent au fan club de Rob Halford. Vous savez pourquoi c’était mieux avant le Hellfest ? Parce que c’était une brèche de lumière dans la nuit, et que nous pouvions enfin sortir du bois maléfique pour célébrer ce « moment de réaffirmation de l’identité des métalleux, de dévotion envers les artistes, » identifié dans la thèse de Corentin Charbonnier « La communauté metal : le Hellfest comme lieu de pèlerinage ».

En fonction de toutes les mutations écrites tout au long de ce report (si tu veux les savoir, va falloir lire, hé ouaie) le Hellfest se métamorphosent au fur et à mesure avec des choix musicaux, artistiques, financiers, comptables, logistiques, éthiques, pluridisciplinaires, pour installer de nouveaux adeptes, et qui ont découvert (en plastique) que c'était cool, hype, qu’il fallait le faire au moins une fois dans sa vie. Par causalité le public roots est parti, ou ne se sent plus, ou de moins en moins en adéquation et s’éloigne, donnant ainsi au festival la garance de destituer les fidèles pour une marée de pikachu bisounours, poseurs sucks, touristes en bobs cochonou, partenaire vip, familly trip école montessori ou tu laisses le chniard chié sur la table en l'applaudissant, fêtards/festaïres/débauchés/arsouilles…Et par une mise au ban des mélomanes, des passionné.es, des trüe. J’arrive encore à faire abstraction de la bétaillère pour me concentrer sur les concerts parce que je suis passionné.

Le snobisme du métalleux et son élitisme prévaut quand il s'agit de segmenter le true du quidam, le pur du touriste. Mais “Ce sont toujours les cons qui l'emportent. surnombre !” Frédéric Dard.

De nouvelles générations écriront leur Hellfest, il ne sera jamais ce que nous avons vécu, c'est certain, il devient ce que chacun y vit.

Du coup les anciens hardos sont scrutés comme Le Glaude et Le Bombé dans « La soupe au chou » en version Wayne's World au zoo de Beauval.



Une dualité s’est installée dans chaque pan culturel entre les générations nées avant internet et celle nées avec. La coexistence suit le chemin de la programmation et de sa transmutation. Le Hellfest ne peut plus se targuer d'être le représentant des musiques extrêmes, et la tendance de sa programmation en légitime l’évolution. Le festival a choisi une dimension Trend, synonyme de tendance et d’évolution conjoncturelle pour surfer avec séduction sur les nouvelles générations consommatrices à l’excès de junk food musicale. Cette évolution démographie est regrettable pour tous les groupes même s’il y a bien longtemps qu’ils ont fait la différence entre festival et concert. Cela leur apporte la même visibilité qu’avec les réseaux sociaux, et comme le nombre de vue prédomine, CQFD. Il y a déjà des groupes qui ont manifesté leur position pour refuser d’apparaître au Hellfest.

Et pourtant : "Le Hellfest a une nouvelle fois fait honneur aux musiques extrêmes dans leur ensemble, et ce, quels que soient les styles musicaux et les revendications qu’ils transmettent ! Le credo du festival restera le même pour l’an prochain : proposer un maximum d’offres musicales dans une ambiance fun et bienveillante, tout en garantissant, la sécurité des festivaliers et festivalières." Dixit le crew du Hellfest publié page FB du festival.

Autre constat déflagrateur, il doit rester 3 disquaires à l’xtreme market ??? Qui aurait cru une pareille mutation invraisemblable, mais au final en corrélation avec la situation de l’objet musical en tant que tel, et des générations qui consomment principalement sur plates formes digitales. Un monde s’éteint et un autre s’éveille. Voilà le constat de cette édition. Il n’en reste pas moins que le Hellfest est excessif sur le trip qu’il propose, ainsi qu’en terme de tarification globale sur tout ce qu’il propose. La déco est chiadée, mais l faut la raffinerie Gonfreville-l'Orcher, en Seine-Maritime, pour faire fonctionner la locomotive, et c’est devenu chiant sur le prix du billet.


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Conclusion

Vous n'aurez jamais un festival à la hauteur de vos réquisitoires, il n'existera jamais. Désolé, le service après-vente n’existe pas chez Satan. Bravo à l’organisation et à toutes les équipes, vous effectuez un travail exigeant et êtes très efficaces.

Comme beaucoup c'est la première année sans blues, sans contrecoup. La sensation que le métal est devenu inoffensif et le Hellfest l’a rendu domestique et fréquentable.

Le hellfest est une marque qui travaille par des actions marketing visant à constituer une image de marque immédiatement identifiable et véhiculant une perception positive, cool, unique, etc...Par ailleurs elle travaille pour le tourisme du territoire Loire atlantique en plus de vendre du spectacle et du merchandising.

Chaque année le festival témoigne d’une programmation qui suscite le/les débat(s). Cette année c’était Johnny Depp, Tommy Lee pour violences conjugales, mais également dans la tourmente médiatique avec Ben Barbaut (président du comité directoire, un truc dans le genre…) qui a joué à Patrick Balkany et s’est fait choper la main dans le sac, ainsi qu’avec la mise en vente des places 2024 à la fin du festival, une manœuvre qui a suscité des commentaires et un réaménagement pour équilibrer les oldschool avec les newschool.

Pourtant il y a de nouveaux et d’autres groupes oldschool et newschool, ayant foi et respect au :




La preuve, la Hellstage dans l’espace HELL CITY SQUARE proposait des groupes underground meilleur que certain groupe de mainstage.

Maintenant quel avenir ? Vivre ton rêve d'être un hardos au Hellfest bientôt en réalité virtuelle depuis ton salon ?

« Coachella est différent des festivals européens. C’est ce qu’on appelle en Grande Bretagne des ‘festivals boutiques’. Ils ne sont pas destinés aux gamins mais plutôt à des trentenaires et des quadragénaires, de jeunes familles qui ont grandi avec la musique indé, qui ont leurs propres boulots et un peu plus d’argent à dépenser et qui aiment être à l’aise et voir des groupes d’une façon un peu plus civilisée » John Cummings (Mogwai)

Si le Hellfest souhaite conserver un public de hardos/metalhead, il est impératif de fournir une programmation fidèle et respectueuse à base de black, death, grind, thrash, speed, power, progressif, hardcore, punk, doom, sludge, stoner, drone, prog, psyché, crossover, mais OLDSCHOOL et de foutre une scène pop metal et découverte pour les poppeux, touristas, partenaire particulier, hellfest chauvin (léchage de roubignolle inclus). Les dernières déclarations du Crew démontrent le contraire.

Quand je regarde la programmation du motocultor, brutal assault, grasspop il y a les groupes que le Hellfest a déjà programmé et d’autres qui sont en tournée festival à travers l’Europe. La synthWave de Carpenter Brut y est programmée partout. Même les autres festivals suivent la mouvance pour ne pas rater le coche des tendances. C’est une logique comptable. De toute façon il y a une obligation entrepreneuriale prise avec les partenaires financiers, le Hellfest est une société de pestacle, et mes propos n’y changeront que dalle. Chaque année il y en a des festivaliers qui s’en vont et d’autres qui arrivent, perpétuel mouvement que l’on peut retrouver dans la roue de Charon, incarnation de Charon, le gondolier issu de la mythologie grecque qui faisait traverser le Styx aux âmes des morts, elle a été créée par l'artiste américain Peter Hudson pour le festival Burning Man, et est en tournée en Europe, présente pour le Hellfest 2023. Du spectacle mec, et pas autre chose. Big Brother bourre la tronche de tout ton espace, et il sait faire de la place pour te vendre son illusion d’optique primale avec autant de manière qu’un commercial de grille-pain ou qu’un influenceur .ce.

Notre félicité consiste à nous faire un monde metOl thunder tout à nous. Nous voulons du metal, du vrai, du pur, du true, oldschool, et de la découverte newschool. Vous pouvez foutre vos merdes commerciales dans un coin et vous vautrez dedans s’il faut faire du fric avec du pognon et qu’il y a de la demande, mais ne galvaudez pas ce qui vous a nourri et fait grandir, à jouer avec le feu on finit par se cramer définitivement, Satan se marre déjà en enfer, n’espérez pas que l’on achètera vos cendres une fois sous terre avec mise en bière sponsorisé par kanterbrau deluxe édition thé matcha au plume de pan.



Même si le Hellfest prend la tangente d’une nouvelle voie pour suivre les différents mouvements précurseurs et vendeurs dans une société du spectacle, la mort n'arrête pas l'amour, et toute cette nostalgie d’avoir vécu de très belles heures. Je ne vais pas cracher dans la soupe, j'ai tellement assisté à des concerts incroyables, donc Merci, merci pour tout, et je reconnais la grandeur de votre réalisation tout comme j’ai pu remercier les vieux groupes de tout ce qu’ils ont offert (je pense surtout à KISS pour leur adieu).

La grandeur pharaonique du festival exige une organisation tout aussi considérable, et mis à part l’attente à l’entrée (fouille) et la sortie façon entonnoir de toute la peuplade, il n’y a rien à redire. Tous les bénévoles, les techniciens/techniciennes ont été parfait, tant par leur amabilité que leur sens du devoir. J’avancerais que l’âme initiale du Hellfest est là, avec eux, alors merci, merci, merci.

FINE !


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