« Age Of Aquarius » via Nuclear Blast Records est le 7ème album de Perturbator, œuvre minée de spleen, où la balistique noire est perforée de sévices électrosoniques tentaculaires.
Si James "Perturbator" Kent reste cet endiablé créateur dans les fils électroniques de John Carpenter, Tangerine Dream, Goblin, Kraftwerk, Nine Inch Nails, Godflesh, Lorn, Mayhem, les anciens néons au sucre fluorescent se sont peu à peu estompés vers des sonorités obscures libellant une froideur dark, intensité austère, texture maligne, atmosphère claustrophobe. Plus proche de son époque et de ses contemporains à travers sa vision asséchée, le compositeur multi-instrumentiste séjourne dans son exploration sonore en noircissant musicalement la décadence de l'humanité : "La première partie de Age of Aquarius est centrée sur le conflit. Sur la misanthropie et la violence qui sommeillent en chacun de nous. La seconde partie de l'album parle ensuite d'individualisme. Du fait de comprendre que la pensée de groupe ne mène nulle part et qu'avoir son propre libre arbitre est la chose la plus essentielle que nous ayons dans la vie. Nous vivons aujourd'hui dans un climat où les gens se divisent à propos de tout. Chaque débat est bilatéral, très extrême, très belliqueux, et les gens sont très attachés à la pensée de groupe : « il y a ce côté et il y a l'autre côté, et si vous n'êtes pas du mien, vous avez tort »". Dixit James Kent.
Pertubator a évaporé la nostalgie retrogaming synthwave des 80’s pour la noirceur dark-synth. Son évolution s’est construite dans sa crypte où le jeune Kent a trouvé sa kryptonite et c’est le dark. Matière noire, perverse qui permet de fondre l’acier dans le cuir, les coups de sang dans ceux d’un fouet pour danser dans les catacombes pendant qu’en haut les guerriers de la nuit monopolisent la brutalité de leurs idéaux barbares. Avec les participations de Alcest sur le titre « Age Of Aquarius », Author & Punisher pour « Venus », le chant de Greta Link dans « Lady Moon » et Ulver dans « Apocalypse Now ».
L’opus sommeille dans une torpeur maligne ambiant, éthéré d’obscurité, je redoutais d’entendre une apoplexie de stuc bureaucratique Kafkaïen avec un mood très urbain, replié dans un sadomasochisme, et c’est une exploration du spleen contemporain, avec une froideur pleine de flamme, de férocité cynique, et finalement s’avère très humain. Les sons possèdent une lumière pleine d’espérance qui malgré la soumission à l’obscurité angoissante mène une existence où le manichéisme est subtil et recouvre l’Abîme de sa substance.