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Dimanche 31 juillet 2022

« Notre existence n'est qu'une brève fente de lumière entre deux éternités de ténèbres. » Vladimir Nabokov


Pendant le set de LØVVE j’ai ITW Mr Cu ! de Kicking Records.



Il m'a été rapporté que le set fastcore des Tournageois avait su trouver la faille spatio-temporelle pour faire rôtir les festivaliers. Whaouuu c'est chaud nan ?

Le guitariste Simon hurle chez Verbal Razors (Thrash Crossover) et joue de la guitare crust punk dans Ed Warner, Giny la chanteuse joue de la guitare punk hardcore dans Sisterhood Issue, de la basse dans Sueurs Froides (punk rock), et chante chez Alma (hardcore 90's). Richard à la basse joue de la guitare dans Nine Eleven, puis Severin à la batterie, jouait auparavant dans Crash Victim Cannibalism du grind et dans Cromwell O du screamo. De ce que j'ai pu voir et entendre, je dirais que ce groupe est une bête sauvage de powerviolence, dont on n’a pas encore reconnu l’espèce. S’il avait joué dans la X cage, il aurait fallu se tenir loin des barreaux si tu ne voulais pas te faire bouffer les mains.




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Un son enrobé de smoothie hardcore lourd et crémeux avec l’ascendance d’une force centrifugeuse pour en émettre la pleine puissance, c'était avec les Montpelliérains de NOTHING FROM NO ONE.

J’adore le cri et grain du chanteur, on dirait celui d’une panthère. Dans le pit deux gars se sont fonçaient dessus tête baissée avec le choc que produit la percussion des cerfs pendant la saison des amours. Dommage qu’il n’y ait pas eu assez de public pour entourer le groupe. NFNO a été offensif avec ses gènes et il est venu percuter avec son hardcore, ne reculant devant rien, ni personne.

Tu peux être un rebelle, un punk, et toujours être sain de corps et d'esprit (voir avec le groupe Change). Les meilleures personnes que j'ai rencontrées étaient des rebelles. Leur cœur comme des torches de flammes brûle dans le noir, gardant au chaud tout le monde autour d'eux.




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Vient après le cas POESIE ZERO

Provenant de la filiation de Gogol 1er aux Béruriers Noirs, le groupe a fait sa tête de con en hurlant contre l’ordre, l’anarchie, et c'est l’exutoire punk par excellence (par qui ?), avec toute son ironie, et l'anomie exprimée comme dans les vers de "Blank Generation" de Richard Hell. Tout ceci est venu se contorsionner comme Iggy, et avec des nouilles dans le nez.

Le final, François-Xavier, le chanteur, celui qui engueule tout le monde en permanence a fait asseoir le public. Bien entendu il y a des récalcitrants, alors le gars qui est aussi con qu’eux, insiste lourdement, jusqu’à qu’ils craquent, donc il parvient à faire asseoir la quasi-totalité, et une fois qu’il y est parvenu, il se tire de la scène, direct. : )

Après il était à côté du stand du label Kick Records à blablater avec les festivaliers calmement, un Dr Jekyll and Mr Hyde en somme, sacré personnage.




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NO TRIGGER c'était du Punk rock et Vincent a kiffé à mort. Le chanteur était très bien disposé à plaisanter sur le coup de mou du festivalier, c’était le dernier jour du fest. Le groupe a libéré son punk à roulette souple, flexible, les gars ont maîtrisé leur set, s’ils faisaient du skate dans la rue, ils maîtriseraient le mobilier urbain avec leur SK8. C’est idoine pour leur punk. (whaouu ‘’idoine’’ c’est cool comme terme car pas commun à employer nan ? )

J’ai trouvé que dans le chant il y avait un côté bancal, il chante juste, no souci, mais il y a un flottement à un moment qui fait que c’est tremblotant de fausseté, dans un style moins désinvolte que Fat Mike, mais vers là quand même. Bon rien à foutre. Le groupe a un bon esprit, il ne râle pas si tu es rincé, (ce sont des ricains, ils te tirent vers le haut, le françaouis est ronchon en comparaison il va rager et te pousser vers le bas, l'Anglais est plus taquin, lui il va t’entraîner vers les bas-fonds, avec cynisme).

No Trigger a gentiment fait comprendre à tout le monde que ça arrive d'être fatigué et que de toute façon nous allions passer un bon moment ensemble. Ce groupe est cool, leur set a été dans ce mood, avec ce détachement, tout en recentrant la base vers leur musique, vers une bonne vibration, et non sur leur impact. Vincent Big Jim m’a annoncé avec le même enthousiasme que quand il est rentré dans l'eau du lac que c’était ça claque du fest. Ouaie c'était de la bonne sucrine !


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Je n’attendais rien de GRADE 2, et bien cela m’a fait un bien fou d’entendre du punk Anglais. Toute cette gouaille Britannique, ce son, ces riffs.

Dana punk rockeuse de Montpellier et Guillaume Circus ont réalisé une ITW du groupe pour le mag et webzine WFenec, et n'ont pas tari d'éloge à leur propos, notamment sur leur gentillesse. Dana a filé un cadeau au guitariste pour son aniv le jour même. Cool !

Le trio, basse guitare, batterie, a fait du bon boulot sur scène. Ils sont jeunes, je dirais la vingtaine. Ils sont frais, la formule trio leur convient admirablement, il y a une dynamique pleine explosibilité, bennnnn ils sont jeunes quoi ! J’avais lu pas mal de chroniques positives sur leur album d'ailleurs. C’est validé en live. Musicalement je dirais que c’est une réactualisation de The Clash, The Damned, et The Adverts.




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Pendant que War On Women annulait sa date pour une panne de véhicule, c’est FASTLANE qui sera catapulté sur la grande scène intérieure à 19h40. Le punk mélo des Bordelais a rafistolé pour cet occaz un set bondissant, même si encore la scène semble trop grande pour eux. Je trouve formidable d'avoir laissé à ce groupe une place, une chance de se produire sur scène alors que le festival aurait très bien pu ne rien mettre. D’habitude c'est ce que tous font.




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Un mec au physique de prof de science naturelle en milieu hostile scrutait le pit de la Zguen Stage extérieure comme une analyse d'urine en retour de Jonquera. Je ne sais pas ce qu’il foutait là 40 ans, toujours puceau ?!? Mais sur scène il y avait THE LAST GANG, en première ligne on dirait la fille de Brody Dalle des Distillers.

Bonne prestation, set carré, punk’n’roll, pour rappel le public était lessivé. En 2mn tout le monde était ragaillardi. C’est-à-dire qu’elle est toute mimi la chanteuse avec sa mèche sur un côté, hey super chant, avec cette voix rocailleuse qu’on dirait venue de Narbonne avec sa pierrade fulminante et la rugosité sèche d’un maquis. Leurs titres ondoient sous la crème et la graisse du punk, mais ouaie c’était cool, gras aussi, et le groupe a laissé mariner le public dans son four avec les recommandations de la cuisine des mousquetaires de Maïté : « Si ça tape contre la vitre c'est que ce n'est pas assez cuit »




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Il y a des groupes qui s’installent et d’autres qui passent, tout comme les personnages et les gens dans la vie.

CIRCLE JERK c’est un peu des deux, et aussi c’est la base, les fondations, l'étincelle du punk HxC Les titres dont courts, 1 à 2 mn, c'est à dire qu'en 10 mn le groupe avait joué 3 albums. Pour les paroles c’étaient « Fuck the world, cramons cette société, poursuivons nos rêves de vivre ensemble avec nos différences, opprimé.es lève-toi, etc… ». Sur scène les vieux croûtons envoient la poudre à canon, avec désinvolture et un rien à foutre de professionnel. Ce all-star band est conçu avec au chant Keith Morris (Black Flag, OFF!, Bug Lamp), basse par Zander Schloss (The Weirdos, Joe Strummer), batterie par un nouveau frappeur, normalement Joey Castillo ( The Bronx, Danzig, Queens of the Stone Age, Sugartooth, Wasted Youth) mais je ne l’ai pas reconnu...Et à la guitare Greg Hetson membre fondateur du groupe et ex-Bad Religion qui a dominé le débat, dans son coin. Le nouveau batteur a fait cracher le beat.

Dans la fosse au lion, de jeunes gens saisissaient la force centrifugeuse d’appartenance à cette tribu, avec une légèreté d'adoption. C'était raw, brut, parfait pour tous les bad brains punker


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DIRTY FONZY en remplaçant de luxe de The Flatliners a fait son set fédérateur. Pugnaces, enthousiastes, leurs titres ont claqué, et le public a retrouvé un bol de jouvence avec toute sa pêche et son envie. Un lac de jouvence même, comme quoi hein...Côté ambiance de folie c'était un feux d'artifice. Riche d'une année de décibel après leurs performances remarquées au Hellfest et à Garorock, Les Dirty avaient un set rôdé à la ferveur. Les corps étaient en excitation au début du set monophasé, ils se contorsionnaient à la fin en yogis H.I.P H.O.P une fois que le groupe accéléra sur le triphasé pour que le courant passe partout, et bordel de merde, faut reconnaître que le groupe a pressé comme un jus d’orange chaque corps. Euphorisant !





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Putain ! Nous y sommes : FLOGGING MOLLY, la fanfreluche festive d’une bourrée auvergnate déguisé en pub, archhhhh désolé, mais j’peux pas.

Faire les sardines, lever les bras sur Les lacs du connemara j’peux pas. Tu me demanderais d’aller à 600m de hauteur riveter un boulon sur une poutrelle de 15 cm, pas de soucis, mais le festif, nan. Junk a kiffé, Vincent big Jim a surkiffé, Mr Cu a sur-surkiffé du surkiffage. Le public a festoyé à ce Punk Celtique Américain à sa grande majorité en cherchant du trèfle à quatre feuille à quatre pattes pour se rouler des splifs de verdure. Mandoline, banjo, tin whistle (petite flûte aussi nommée "flageolet" en français), bouzouki, accordéon, et Uilleann pipes (nom contemporain donné à la cornemuse irlandaise). Bravo les potos, et pas un drapeau breton à l'horizon avec ça, chapeau.

J'entends encore ce putain de flûtiau et ça me réveille la nuit, alors que j'ai toute la collec de Cannibal Corpse. Mais je comprends ce besoin de farandole, de convivialité qui vous rappelle le troquet du coin, le bar de votre jeunesse, ce rendez-vous de sociabilisation. Enfin tout ce truc qui fait le joint entre les alcooliques anonymes de la Guinness et des apéritifs anisés.




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Personne n'est plus précieux dans ce monde que quelqu'un qui allège le fardeau d'un autre.

Le festival a suivi « la formation “réduction des risques en milieu festif’’, pour adapter ses pratiques aux critères du label, et intégrer le groupe de travail de lutte contre les violences sexistes et sexuelles initié par le réseau et quelques structures adhérentes, l’Xtreme Fest garantit son implication sur les questions de prévention, réduction des risques et santé des publics sur toute la durée du festival, et au-delà, en participant à des sessions de formation, en développant les partenariats avec les structures professionnelles, en échangeant avec d’autres professionnels du milieu des musiques actuelles sur les pratiques en termes de prévention. » 

Le festival a mis en place une charte, une cellule de soutien et de surveillance.


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Bravo c’est formidable de faire avancer les mentalités, cela justifie l'engagement du festival et de l'association sur des différentes luttes de protection, d’acceptation des différences, de changer les comportements néfastes, et répond aussi aux accusations de laxisme contre l’Xtremefest, contre Pollux association.

Depuis l'affaire médiapart la scène s'est sclérosée, plus personne ne doit émettre le moindre contraste, sinon tout est accentué, détourné en ‘’divergence’’, et cette erreur n’est plus tolérable, Elle devient blasphématoire. Personne ne semble faire le tri pour lancer une machine à laver son linge sale en famille en mélangeant tout le paquet. On n'ose même plus émettre le mot résilience.

Chacun.ne est libre d'évoluer différemment et le festival en prône l'acceptation avec un gage de responsabilité. Des accents forts sont mis en place. Ce n’est pas facile, tant les susceptibilités sont réactives. Le constat est visible avec la woke generation qui pense avoir la légitimité de punir celui qui ne se soumet pas à sa moralité. Nous savons que dans une société puritaine les verbes châtier, réprimander, réformer, écraser, étouffer, venger sont les plus employés. Parce qu’il ne faudrait pas finir avec des passages piéton pour arriver jusque dans la fosse, ni mettre des radars pour contrôler la vitesse d’un circle pit non plus.

Nous nous mélangeons sans cesse avec des quantités inconnues d’inconnu.es, tout en formant une base de communauté de cœur, mais personne n’est à l’abri de croiser une personne malveillante. En réduire la confrontation par le biais d’une démarche responsable est utile, changer les comportements est primordial pour assurer une protection. Un changement relationnel est en train de voir le jour, engloutissant un monde ancien, patriarcal, misogyne...Et il était temps qu'il crève .

Mais il ne faut pas tendre l’ensemble d'une communauté vers une rigueur liberticide. J'avais un exemple concret d'une personne par rapport à l'utilisation de cette charte contre une autre, mais malheureusement j'attends toujours le témoignage pour pouvoir publier, malgré de nombreuses relances. Ce n'était pas bien méchant, en fait c'était confondre dans ce cas une liberté artistique en la dissolvant sous l’égide d’un comportement jugé malveillant. Comme s’il n’y avait plus de nuance, de contraste, qu’il fallait uniformiser à un seul dictat.

Chacun.ne pèse ses mots, tant il y a de la crispation, la moindre teneur est immédiatement sujet à controverse, les muselières serrent, la dérive vers une rigueur était sous-jacente, et le silence de ce témoignage étouffé dégorge vers cette rigueur.


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Tout aussi intéressant fut l'échange du public avec le dernier groupe du week-end, qui était CHANGE et sa force straight-edge.

Le groupe de Vancouver a voulu dessouder notre conscience avec son hardcore en une musique purgative, mais le punk à bière s’en branle des discours, il veut du bruit, de la mousse, hurler avec son poing levé. Le chanteur aura beau expliquer sa démarche (en anglais), le public ne captera pas. Il prend ceci comme des conseils moralistes, pourtant il y était question d'unité, de compassion, d'acceptation, le public punk n'était pas apte à prendre une dynamite sXe dans les canines. Pour lui dans alcool il y a cool (c'est la réplique de l'été), elle a gommé le sans alcool la fête est plus folle.

Dès que ça envoyait le fer d’un hardcore sXe, la houle revenait, comme ce gars de 90 plombes qui a fait du rouleau à pâtisserie sur des quiches de 61.2kgs. Pourtant le groupe rentrait dans le lard du système de défonce, avec un son brut très offensif et des titres secs. Il y a là une superbe énergie, une force de vie. Mais elle n'était pas écoutée, pas plus qu'entendue. Elle était comprise comme du sXe radicalisé qui accuse et culpabilise, et nous revenions à Certain individu se croit si supérieur qu'il pense avoir la légitimité de punir celui qui ne se soumet pas à sa moralité.

Les straight-edge de CHANGE ont pratiqué la transhumance sur les moutons noirs de l’Xtremefest #9, pour d'autres c'était différent, comme derrière la ligne de démarcation où un quinquagénaire regardait la horde sauvage comme un habitué du PMU devant la course du quinte +. Tu vois, partout il y a distinctes façons de vivre, d’agir et de réagir, et chaque communauté à ses propres lignes de démarcation, ainsi que ses sous-genres, car chacune et chacun avons construit notre espace de liberté avec les fondations de notre compréhension du monde.

Le libéralisme, la pop, gagnent partout du terrain, son côté linaire arase, tout comme ces personnes qui passent sous le bistouri de la chirurgie plastique pour n’être plus qu’un analogue reflet d'un autre, alors que par nature chacune et chacun est unique et à ses propres différences. Chacun est libre de faire ce qu'il veut de son corps. Il y a des gens qui fument, d'autres qui picolent, se droguent, d'autres font du yoga, du sport, etc...C'est une multitude de choix de vie.

Il reste encore au punk rock son essence d’effrontée et d’apostat, ceci est son ADN.

Au Hellfest quand tu filmes, ou que tu prends en photo une personne elle te fait le signe des cornes du diable, à l’Xtremefest elle tend son majeur. Étonnant non ? Il ne s’agit pas d’une insulte. Mais d’une réponse rebelle à cette envahissement libéral qui promeut la différence que pour mieux abroger à son esclavagisme linéaire.

Laissons aussi à chaque génération le soin d’apporter sa pierre à l’édifice, même si certaines détruisent pour bâtir des églises sur d’anciens lieu de prière païenne, où dans des lieux de révoltes réprimés dans le sang, laissons-les devenir de docile fantassin de leur dictature. Après tout nous ne sommes que des punkers affranchis de liberté tangible et d’audace insoumise. Alors Fvck off ! (voir le majeur tendu du punk)



Bientôt la dernière lumière jaune s’immolait, nous gardions le filtre de cette saveur de lumière qui n'était pas la nôtre, qui n'était que celle à laquelle nous venions d’entendre la beauté dans la connaissance lente et plongeante des mots essayant de trouver un chemin vers notre guidance. La nuit s’étendait sur le site dans un mélange de feu intérieur, de rouille corporelle et de poussière d'étoiles. Nous filtrions dans chacune de nos brèches affectives des cœurs de cendres émotives venant se suspendre au coton nocturne.

FINE


Retrouvez toutes les photos sur la page facebook du WBZ et les vidéos sur la chaine Youtube du Wbz de cette édition de l'Xtremefest.


Merci à Pollux, à l'Xtremefest, à tous ses bénévoles, à Cécile & MrCu !, à Hoggins de Radiom, à RadioFMR et Radio Booster, aux copines et aux coupaings punker/hardcoreux. Et puis surtout n'oubliez pas de remercier quand vous les verrez vous filmer Junk Cacahuète et Vincent Big Jim (comme les groupes nous nous payons avec vos applaudissements, sinon nous acceptons volontiers les cacahuètes, jus d'orange, ou tasse de thé)