Sortir un dimanche soir à l’avantage d’éviter le blues du lundi matin même avec un temps de sommeil restreint, et quand tu viens de te faire arroser par du stoner dégoulinant l’effet d’énergie est largement positif.
Samantha et oim reprenons le trajet habituel Castres/Toulouse pour la salle du Rex avec l’organisateur Noiser pour SLOMOSA & Fuzzy Grass en concert. Cool !
Fuzzy Grass est composé de Laura Luiz à la guitare, Audric Faucheux au chant et aux claviers, Thomas Hobeck à la basse, Clément Gaudry-Santiago à la batterie. Il a sorti son premier album « 1971 » en 2018, et « The revenge of the blue Nut » en 2023.
Le quatuor explore la fumée du psychédélisme des 70’s en ayant appris de l'École de Canterbury pour faire sonner le Gong. Leurs mélodies venaient dans leurs manteaux de feuilles automnales et dans un arpège escaladant l'échelle du ciel de la congrégation Led Zep, Deep Purple, Free, Rory Gallagher, Who…Il advenait évident de sentir toute la symbiose entre les musiciens sur scène, fruit d’une improvisation riche d’enseignement depuis leur début en 2015, où leur blues gorgé de fuzz et de wah-wah (Jimmy Page, Jeff Beck) avec une ligne de basse pleine de groove et l’étincelle rythmique jazzy blues de Ginger Baker/John Bonham tout à la fois. Ça joue très bien, le groupe étire les morceaux comme dans les 70’s en faisant flotter l'encens psychédélique pour que sa fumée monte dans nos combles de l’esprit, et la tire dans la boue pour se vautrer avec nous avec le mauve gipsy de Jimmy. Mais cela devient lassant si tu ne parviens pas à rentrer dans le trip, avec la sensation de voir les films ‘’Easy Rider’’ et ‘’Apocalypse Now’’ avec Christopher Nolan comme réal pour un reboot de ‘’2001 l’odyssée de L’espace’’.
Nous avons eu un solo de batterie, rare pour être mentionné c’est dire si le groupe trempe dans les seventies. J’ai préféré quand le chanteur (un mix de Jack Black et James Corden) est dans l’interprétation en faisant son Joe Cocker, plutôt que dans une forme de théâtralisation entre le personnage Swan du Phantom Of Paradise et Meat Loaf.
« Less is more » pour donner un conseil à Fuzzy Grass.
Entre le changement de plateau la sono sortait Les Beatles, Doors…J’allais au club house, pardon au merch acheter un CD à 15 balles, les t-shirt étaient à 25, les disques à 30, putainnn d’inflation…C’est chaud pour s’habiller les oreilles de musique avec du vinyle, le revival du 33 Tours est frustrant pour les mélomanes, perso j’attends que la mode passe en espérant qu’ils ne vont pas tout passer à la broyeuse, et enfin bénéficier de prix abordables pour les classes laborieuses. Donc cela fait 5 ans que je suis revenu au CD. En 5 minutes le soundcheck (la balance pour les fans de Jean D’Ormesson) était finalisé. La magie du 5 !
Slomosa est un quatuor de stoner rock, de Bergen en Norvège, c’est sa troisième venue à Toulouse : Première partie de Stöner (Brant Bjork & Nick Oliveri) en 2022 et de King Buffalo en 2023, 2024 il est enfin tête d’affiche pour défendre son excellent album « Tundra Rock » dont il débute avec « Afghansk Rev », puis le groupe envoie les titres de ses 2 albums avec leurs couchers de soleil cramoisis, des hymnes profondes avec les chants passionnés du vent claquant dans les pins, pour un riffing stoner rock tellurique et groovy à centrifuge grungy, avec un esprit punk indie revigoré.
Le chanteur et guitariste Benjamin Berdous (le mec vient du 65 ou quoi ?) synonyme physique viking au porto d'Omar Rodríguez d'At The Drive In...
...Il canalise la voute de l’arc de cercle sonique avec Marie Moe (chant, basse) et Tor Erik Bye (guitare) dans une avalanche de distorsions profondes sous une averse mélodique et la rythmique massive de Jard Hole (batterie). Slomosa déversa son encre noire sumi-e, peignant des fleurs s'ouvrant sous la pluie, et des sommets de montagnes recouverts de neige avec cette lenteur dont la profondeur nous atteint l’âme et à laquelle il faut permettre ses faims.
Chacun.ne pulsait une vibration de fumée de riffs s'évanouissant dans l'air, le Divin stoner habitait à l’intérieur en nous, pénétrant l’extase sombre et sinueuse nous imprégnant chaque pores, nous apportant un plaisir sublime qui se décantait, et où chaque sentiment devient physique. Slomosa attisait le feu de ses passions, par la force de son caractère et le réconfort de ses caresses soniques.
Bien entendu les vieux blasés donnent du Black Sabbath comme papier carbone, alors que bon il s’est passé 40 ans entre, avec la manifestation sonique de beaucoup de filiation, mais bon…Devant la scène les perturbations abondaient de caramels mous dans la distorsion des corps, ça se chauffait les côtes au bois de santal et dix minutes après ça sentait le chien mouillé et uniquement la bière renversée, pas de suze à cette heure sombre, Skål (santé en Nørvégiën). Derrière il y avait les troisièmes lignes en train de regarder les mouches valdinguer. Parfois un jeune avec le caractère d'un Babybel venait s’écraser dessus façon camembert de 6 jours au soleil. Sur les côtés les têtes se balançaient au rythme du haut du corps et à chaque fin de titre une averse d’applaudissement. Le groupe a bien mérité d'être tête d’affiche.
A un moment il y eut l’instant PMU avec looping de l’agence tout risque affûté comme une lame laguiole pour couper du roquefort de Tarbes, il avait dû bouffer des pilules d'Imodium pour venir 3 fois se faire soulever et se rétamer la tronche sur le sol pas meuble du Rex.
Samantha est restée derrière moi et entourée par des 3ème lignes, dans un château-fort quoi. Elle a remué ardemment sa tignasse, et bien éclatée sur son morceau préféré « Rice », puis pendant 2 jours elle avait la nuque raide, façon périscope de sous-marin. Pendant un concert de stoner j’adore quand le groove libère cet élan chorégraphique de mouvement d’avant en arrière que le public pratique en même temps, tel des vagues identiques. Vous devenez ce qui vous entoure, les énergies sont contagieuses.
Nous étions des lisières où le temps s'écoulait au rythme du cœur avec le corps musical de Slomosa nous ancrant à son tellurisme. Dans cet océan où les marées se chargent de foudre nous nagions comme des sirènes sans crainte des profondeurs entre fureur et délicatesse. Slomosa faisait griller le public avec un son à la dimension de mammouth du florilège de ses hits enflammés de ciel sur la terre, délicat et subtil, hanté par le « Song For The Deaf » de Queens Of The Stone Age, par le son des guitares exposé au souffle du fer et du titane. A moitié set je remarquais une faiblesse du ‘’volume’’ des guitares en comparaison avec le début, mais qui a été rectifié rapidement pour mettre le volume jusqu’à faire déborder les écluses. Car Slomosa s’écoute avec un volume excessif, il faut que le gras riffique ruisselle, et puis très important d’entendre toutes les nuances des lignes mélodiques.
Nous faisions corps dans un océan temporel, où chacun.ne ira nourrir son corail, et même avec le poids d’une enclume pour la résonance que Slomosa transporte comme une révélation. Je puais le houblon avec ma veste en jeans sans manche qui avait fait buvard, mais je m’en foutais, j’étais au chaud, avec les miens dans un bain de stoner. La salle du Rex qui partage en début de soirée concert pour devenir boite de nuit après n’était pas en reste avec son sol, tu imagines le nettoyage exprès qu’il faut réaliser après…Mais bon c’est intelligent de fusionner les pratiques pour avoir le plus de taux d’occupation et être compétitif, c’est dans la pluralité du buraliste qui en plus fait réception de colis, vente de timbre, tabac, jeu de loterie, et caviste…
A un moment le chanteur demanda une ambiance tamisée entre le Nokia qui s’allume et puis le briquet qui te torche le pouce en 2mn, le public joua le jeu de lumière, même les péquenauds à moustaches et casquette truck for america great again, puis le groupe arrosa avec sa purée de riff gras dans des couleurs de braises ardentes, le chant faisait émerger le grand frisson venu avec la brise d’une tentation comme prophétie sonique. L’on s’enfonçait dans la nuit avec cette musique à l’énergie alcaline, véritable soleil d’or mélodique au groove tenace et à la puissance de feu élégiaque.
Le public gronda pour le rappel que Slomosa déversera pendant deux titres noir comme l’onyx de son premier album éponyme. Fin du concert !
Heinnnnnnn, cela a durée 1h15, le même temps que le premier groupe, ils sont communistes Slomosa ? La relativité d’Einstein prenait à ce moment-là un coup de gravier par la gueule, comme si vous veniez de découvrir les fraises à la chantilly en une cuillère et que l’on vous reprenez le bol des mains. 1h15 c’est aussi rapide que de voir mémé bruler au crématorium, ou un film d'action des 80's.
Ok Slomosa est un groupe super en concert, aussi puissant et cool sur scène que sur disque. J’avais vu des vidéos avec des faussetés dans le chant, mais là quelques passages limites…Par contre agréablement surpris par le son des guitares bien grassouilles, et le groove imparable. A revivre pour une 4ème en Occitanie (clin d’œil à Noiser)
Set List Slomosa :
Afghansk Rev
Estonia
Cabin Fever
Rice
In My Mind's Desert
Psykonaut
Battling Guns
Red Thundra
Monomann
There Is Nothing New Under the Sun
Horses
Rappel :
Scavengers
Kevin
Merci à Fuzzy Grass, Slomosa, Rex club, Noiser, Hugo blondin Ferrer pour les photos, et puis n'oublie pas que :