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REPORT HELLFEST 2014


Dans les yeux féroces d'un monde conservateur, ils ne sont que des ombres impies en perpétuelles souffrances, le reflet absolue d'une mutilation avilissante du monde moderne et de sa lente dénaturation vers sa fin apocalyptique.

Mais les martyrs continuent chaque année à rallier avec le visage extasié le corridor du saint ossuaire. De là ils convergent ensuite face à l'entrée d'où ils sentent se soulever le sable des arènes et l'odeur volcanique d'une musique surpuissante se mélanger avec la clameur venant de l'amphithéâtre sanguinaire. Ils en approchent libérés de leur chaîne esclavagiste, et pénètrent dans la lumière éblouissante du HELLFEST en vivant à plein volume l'immortalité de leur jeunesse.


Ces faits se déroulent pendant le troisième week-end de juin annonçant le solstice de l'été et la cérémonie sonique du pandémonium entertainment.

C'était ma sixième année consécutive dans les entrailles du Hellfest, je vous en livre mon interprétation.

Mais auparavant, et pour ceux qui ne connaissent pas le WallaBirZine, et le découvrent (bienvenue), le WBZ crée une image lyrique de la réalité qui peut paraître artificielle à première vue, pourtant elle est conçue par un type normal mais doté d'un super-pouvoir : Un troisième œil menant sous l'égide d'une novö-Vision, et lui apporte une vue panoramique du reportage gonzo. Celui-ci devient une sorte d'occultisme cannibale qui dévore la réalité. N'imaginez pas une seule seconde que ceci soit de la suffisance, ni de la prétention, laissez vous simplement emporter par sa coulée.

Je vous souhaite une bonne lecture, et surtout un bon trip !


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Voilà une année que nous attendions avec délice que s'ouvrent les portes du prieuré démoniaque, et que les sabots méphistophéliques des pénitents gambadent à nouveau dans la fureur de leur cri de jouissance, en faisant émerger la vigueur de leur jeunesse éternelle à braver un week-end d'enfer.

Car ce festival est un théâtre à ciel ouvert sur les limbes de la musique extrême, c'est un dynamiteur de chapelle claustrale puisque le poumon de sa réussite est d'ouvrir les artères d'une programmation variée pour laisser un air libertaire s'y engouffrer avec contraste. C'est un bâtisseur d'aqueduc capable de fédérer une pléthore de styles musicaux avec la fraternité d'un public qui en a établi la chambre mortuaire de ses inhibitions, lui permettant de devenir soi-même, ou de travestir son enthousiasme pour un jeu de rôle géant pendant trois jours de bacchanale.

C'est tout cela et même plus à chaque fois en fait...3,2,1

FIRE


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VENDREDI c'était Can I Play with Madness

Après une longue journée de route et une courte nuit la vieille, j'ai trouvé le gîte et le sieur Gui De Champi du webzine W fenec ( un gars très très cool ) en ce vendredi matin ensoleillé, qui continuera de briller durant tout le week-end, merci à l'astre solaire de sa mansuétude cette année 2014. J'étais ainsi en mode coolitude, car je savais que pour une fois je n'allais pas prendre vingt litres de flotte/seconde sur le coin du museau.

Ma première constatation en arrivant devant le site du Hellfest, c'est que chaque année il ajoute/renouvelle ses parures, et que les gars avaient foutu la barre encore plus haut. Cette année juste devant l'entrée du site, et au milieu d'un rond-point apparaissait une guitare géante, puis à proximité il y avait le sigle du Hellfest en fer, lui aussi en taille XXL suivi de la mention CLISSON ROCK CITY. Deux repères hors norme pour lesquels les festivaliers conservaient la commémoration avec des photos souvenirs, car le métalleux est fétichiste, il idolâtre le culte de sa fratrie.

Cependant et pour cette année, le Hellcity Square était la place d'armes, lieu de rendez-vous par excellence, situé juste avant de pénétrer dans la zone du festival. C'était le lieu de présence de l'extremarket aussi, donc l'endroit privilégié où l'on pouvait glaner du bracelet clouté, du Judas Priest en pictures-disque, etc...La récession qu'enregistrait les ambulants disquaires des festivals face à leur congénère vendant des shirts à couille, se jaugeait à la mine déconfite de leur bac à solde, remplit avec les albums de Foreigner et de Rush à 1 euros qui ne partaient même pas.

Par contre, et c'était le gros bémol du festival, soit tu allais à l'extremaket avant de rentrer dans le festival, sinon il te fallait repasser par la zone des fouilles après à chaque fois.

Apparemment le Hellcity Square s'inspirait du Camden Town. Quand tu faisais un 360° panoramique c'était hallucinant, les gars ont réussi à créer une place géante mec, avec des façades de boutiques, mais ouaie une avenue en pavé et c'est tout un symbole de la grandeur, de l'ampleur, de l'évolution du festival.

Non mais trop dingue quoi !!! C'était carrément Mickey chez Anton Lavey.


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Après avoir récupéré le pass presse de Gui, ce fut MARS RED SKY qui nous a réveillé les sens en douceur avec ses aurores boréales mélodiques et son krautrock pileux. La rythmique était lourde et intensive, le chant doux, et les riffs de doom apportèrent l’alcôve de blues nécessaire pour un instant de plénitude heavy, et de contemplation dans les profondeurs d'un rock résolument planant.

C'était cool et il y avait en plus du public, donc j'ai pu constater un autre bon point positif c'est qu'enfin les portes du purgatoire s'ouvraient avant que débute les premiers groupes, permettant au public d'accéder en nombre au set sans en perdre « trop de miette ».

De ce fait, les gens sont arrivés avec le sourire, et sous la tente de la Valley le public avait tout comme nous cette plénitude hagarde que l'on observe quand le groupe a transpercé une brèche émotionnelle intense à l'intérieur de soi, en se faisant cueillir à froid par une chaleur sensitive. C'est un truc assez profond à ressentir pour que l'on comprenne qu'après d'où cela provenait en fait.

C'est vrai qu'avoir un peu de recul sur les choses demeure délicat au Hellfest tant dans le week-end tu vibres, ressens, un paquet de sensations extrêmes à la fois. Ce qui en somme demeure l'épicentre de sa destinée, de sa déflagration, et ce fut suffisamment nécessaire dans le cas de Mars Red Sky pour que l'on en conserve un moment privilégié. Par conséquent c'était vraiment le set parfait pour débuter en apesanteur dans les enfers du Hellfest, et mon meilleur depuis 2009.


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Pendant que Gui de Champi est allé faire le tour du propriétaire, on s'était filé rendez-vous devant l'ingé son, mais je ne l'ai revu que pour retourner au gîte vers les 2H00 du mat. Pourtant il y a une pléthore de lieu pour ce filer rendez-vous, mais il y a tellement de concerts les uns après les autres non stop à ne pas rater, et du monde à gaver, que s'est ardu de se retrouver finalement.

Bon si tu es un mélomane et indépendant c'est géant comme week-end, même si c'est épuisant malgré tout, tant physiquement qu’émotionnellement. Car tu passes d'un univers musical à un autre à la vitesse de la lumière, enfin de ton déplacement d'une scène à l'autre aussi, et que c'est fortement bouleversant. Ce que je veux dire surtout, et qui est important, c'est que parfois il te faudra un temps d'adaptation entre les uns et les autres groupes, parce que tu as laissé une partie de toi avec le groupe d'avant.

Ce fut le cas pour moi avec FIRST BLOOD et son hardcore funny, propageant la même chaleur de plomb dans le ciel que dans les enceintes. Mais il y avait un tel choc thermique entre l'ombrage de la Valley et la musique de Mars Red Sky et les rayons solaires plein feu de la Warzone avec le hardcore de First Blood, que je ne suis pas totalement rentré dans leur concert.

En arrivant devant la Warzone j'ai pu observer que l'élargissement de son entrée permettait une meilleure fluidité de circulation, et j'établissais de fait, que les remarques de l'année passée avaient eu gain de cause une fois de plus. Par voie de conséquence, il est évident que le crew est à l'écoute des moindres exigences/remarques judicieuses que son public lui remontent, et il s'avère que cet échange est constructif et pérenne pour une relation exclusive, qui possède peut-être maintenant le même rapport inséparable qu'avec les festivaliers du Wacken désormais.

First Blood ce fut un moment frais et juvénile pour un set qui a déroulé son rouleau compresseur. Dans le pit les jeunes lions du HxC n'attendaient que ça pour faire couler leur énergie dans l’effluve sanguine de First Blood, et les lionnes du Hellfest étaient dans le même état chaotique que pendant leur menstrue.


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Au Hellfest, si on n'en a pour les oreilles, d'emblée c'est par les yeux, et à ce jeu là, c'est la grande roue qui attirait la vision. Cette nouvelle attraction permettait de créer du changement, de dater l’événement par le biais de sa singularité, car elle était dotée d'un point de vue exceptionnel sur tout le site. Puis venait ensuite la tête de mort du hellfest en zeppelin, elle rappelait les baudruches gonflables utilisées par AC/DC et consorts dans leur show des 90's.

On sait à ce propos que le crew du hellfest connaît la recette pour se ré-approprier un lieu, lui donner une signification, de l'envergure, et de devenir un lien entre les histoires des festivaliers via un nouvel emblème qui aussitôt sera vécu comme familier, géographique, et émotionnel. Cette année et peut-être plus qu'une autre encore, le festival a procédé à un check-up de son mode de fonctionnement pour une politique attractive de surenchère et de fidélisation.

Comme vous avez pu le lire c'est carrément devenu too much en terme de scénographie et de décor digne d'un péplum, et le soir c'est carrément le conte des milles et une nuits, et le résultat est concluant puisque le festival poursuit cette exception en faisant du lieu une scène géante, où chacun devient acteur et non plus simple spectateur, créant différentes atmosphères, climats, et marquant les environnements par une spécificité dont plus de 152000 personnes pour les trois jours en ont confirmées le délire, avec des tonnes de photos souvenirs propagées sur la toile et réseaux sociaux. Ce qui s'avère fondamental dans une époque qui veut que vous partagiez votre vécu en temps réel. A ce propos, il devenait manifeste que les tweets que le public des mainstages pouvait lire durant tout le week-end sur l'écran géant suivaient cette tendance technologique.

Il apparaît néanmoins légitime que chaque génération soit reliée par le biais d'un dénominateur commun, et ici, cela demeure la communion d'un brassage culturel très étendu. Si chacun est libre, cette liberté d'action et de pensée se juxtaposent à un respect mutuel, dont la confrérie métAl en exige la fraternité solennelle pour la pérennité du festival et de sa communauté, ainsi que pour la sérénité de fêter cet événement sans ambiguïté. Ce qui est d'autant plus déroutant pour toutes les personnes qui sont opposées au festival. Et oui il y aura encore et toujours du monde contre, car c'est un combat permanent et qui ne prendra jamais fin.


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AHAHAHAHAHAH, quel sens de l'humour provocateur !!!!


Mais par Crom, là-bas dans cet antre où le public avait les cheveux longs c'était CONAN sur scène, et son acier était toutefois trop lourd et adipeux pour prétendre nous réveiller au goût du sang en bouche. Je m'attendais a un set doté d'une musculature Swarchzynesque, et le trio a musclé son set dans des boucles rythmiques de force de la nature mais avec une sensation ventripotente version hercule 2.0. Parce que Conan le barbare n'avait pas l'agilité requise pour manier une épée trop lourde en cette aube festivalière, mais juste de quoi écraser de tout son poids en transperçant notre acuité matinale par un concert digne d'une énorme bataille homérique et colossale.

Ce qui avouons-le n'est déjà pas si mal pour être rossé de cette façon de bon matin.

Dans la niche de la Warzone, les chiens fous de BRUTALITY WILL PREVAIL ont aboyé le HxC avec un bon groove pour un set fédérateur en la loyauté Hardcore. Par contre ils ont abusé des grosses transitions qui temporisent pour que leur chanteur puisse reprendre du souffle avec toute la poussière que soulevait le pit. Avec lui, nous avons eu droit à tous les gimmicks scéniques de Jon Joseph, mais quand tu pèses 60 kg tout mouillé cela ne fait pas du tout le même effet quand même. Avoir du charisme légitime pour beaucoup une attitude sur scène, mais avoir la carrure adéquate en est une autre.

FUELED BY FIRE a fait son job, avec son thrash oldschool soulevant la fureur des limbes, le feu sacré du soleil et la couillardise des thrasheurs déjà rôtis dans la fosse. Ce fut une sorte de triangulaire assez saillante pour que le public tourne comme des bourriques en circle pit la mâchoire tendu et le sourire au lèvre.

C'est juste après que je suis allé me fourvoyer dans l'espace VIP...


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...où la décoration était elle aussi à l'honneur, j'ai commandé un jus d'orange avé mon accent et on m'a servi un orangina, bref j'ai eu mon gobelet annuel, fétiche nostalgique d'un temps mémoriel qui possédera son importance dans les années futures. Il y avait peu de monde à cette heure matinale, le pic d'affluence arrivera à saturer le couronnement des petits malins dans cette cour royale, où le culte de l'apparence côtoie le vice de la démonstration relationnelle et commerciale. C'est le seul moment où j'y ai foutu les pieds, non pas par timidité provinciale, mais préférant rester avec la gueuse populace qui se couche à même le sol comme des clébards, afin d'être au diapason des conditions du festivalier lambda pour un véritable rendu authentique dans mon report.

En fait je préfère cela plutôt que de faire le paon au milieu des buées flatulentes de logorrhée égocentrique, et finir par envoyer tout ce beau monde au diable, par le témoignage du caractère austère de la campagne et du mépris des castes que je possède. Je vous avoue que j'ai en plus un coquet mépris pour le genre d'énergumènes qui ne va jamais au charbon, mais pavoise comme un général à l'arrière des lignes en se prenant pour celui qu'il n'est pas.


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J'espère néanmoins que ma prose et le trip du WBZ suffiront à l'obtention du pass presse, et que ne viendra le jour où l'on me refusera pour préférer un matou qui connaît l'oncle du gars qui répare la photocopieuse du magazine qui marche bien en ce moment.

La teneur en vitamine de l'orangina n'étant pas celle d'un jus d'orange, j'ai pu trouver ma ration d'énergie avec les belges de NASTY. Ils avaient la patate et ont proposé un très bon set de HxC beatdown, avec la frite et des tripailles de death. Le groupe a réussi à enthousiasmer, notamment pour leur down tempo hyper violent et bas du front qui vous plaquait contre un mur par un sacré coup de tronche. Grâce à son leader et chanteur qui parlait frenchies, et dont l'effort de dialoguer dans la langue de molière fut saluer par une intensité dans le pit assez efficace pour tousser jusqu'au soir.

Le sol fut tellement piétiné que la terre n'était plus qu'une fine couche de poussière desséchée, et il y aurait pu passer un dromadaire que cela n'aurait étonné personne en fait. D'ailleurs la majorité du public a craché du sable pendant le set de Nasty, car ce n'était que vocifération d'injonctions à soulever le sol pour qu'il transforme le pit en dune: SUMMERBLAST !


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Il m'apparaissait important de se dessabler les cages à miel avec GEHENNA, un groupe dont la recherche identitaire tant dans le style qu'avec un line up solide demeura un obstacle à sa carrière pourtant.

Toutefois leur dernier album « Unravel » appose un black épuré que le combo martèlera avec la témérité scandinave adéquate, et l'apport d'un piano inspirant des cantiques d'immolations méphistophéliques proche du groupe Ghost.

Leur set fut lancinant, féerique et diabolique à la fois, car étant plus dans l'introspection que dans la démonstration.

La crudité spleenétique de Gehenna était un gouffre sensoriel dans lequel on entendait remonter des limbes le souffle mélancolique de diablesses en feu s'accouplant avec des anges en rut.


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Est ce que Gehenna a essayé d'engloutir tel un boa constrictor un public hypnotisé, où complètement engourdi par la strangulation sonique, là fut la question ?! Je ne connais pas la réponse parce que la Temple était clairsemée à ce moment là, et que les réactions étaient pour le moins réservées. Était ce dû à un changement de public dans la Temple ?

Il faut dire que le festivalier d'aujourd'hui n'a plus rien à voir avec le true black métalleux du début, qui se contentait d'un pack de kro chaud pour unique pitance et des sets à la pyrotechnie élémentaire en restant debout les bras croisés. En 2014 la diversité de la population du site impose une multitude de possibilité de distraction autre que les concerts. Le Graspop a ses autos-tamponneuses nan ?

Oui il devient urgent de l'annoncer, désormais le Hellfest n'est plus un festival lambda, il va bien au-delà, il est devenu ce géant fantasmagorique que l'on traverse avec les sens en éveil, émerveillé de redécouvrir année après année de l'innovation et de la créativité. Comme de mettre en avant une partie de la scène oldschool death métal française, dans laquelle LOUDBLAST est arrivé en patron et a produit des arcs électriques de death'n'roll :


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Le groupe venait de faire une date à Dubaï fin mai, soulignant l'accessibilité d'une nouvelle terre à affranchir (voir le livre de Mark Levine chez camion blanc « LE METAL DANS LES PAYS MUSULMANS - Cette jeunesse qui a contribué au Printemps arabe » ) et de son omniprésence en étant un groupe pilier de la scène française, avec un chanteur et leader, Stéphane Buriez connu pour son émission TV "Une Dose De Metal".

Ok, Loudblast a du métier, il en maîtrise les rouages ainsi que toute la subtilité. Bon en terrain conquis c’est plus facile de déployer toute son intensité tant la ferveur et la communion étaient palpable, mais encore faut il rester originel, sans révéler le même set de tâcheron. No soucis, les nordistes répandirent la bestialité primitive dans une ambiance de catacombes en ouvrant les viscères de leur discographie et surtout de leur dernier « Burial ground ». Nous n'étions plus en transit entre le ciel et les ténèbres, mais prêt à se noyer dans l'eau noire de Loudblast.

Ce fut la guerre mais sans les armes, parce que le groupe a expurgé sur scène l'indicible musique extrême avec l'invisibilité aveuglante de son audace et de son halo.


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Pouvait on alors ressentir une telle morsure après ? Peut être bien mais il fallait un temps de sursis à coup sûr...



Quoiqu'il en soit, avec le nombre de chevelus au cm2, on imagine fort bien qu'une infection capillaire de poux garantissant au shampoing Marie-rose spécialiste en la matière une manne financière non négligeable, fasse saliver autant ou même plus qu'une rentrée de cours préparatoires.

Sans chercher de poux sur la tête d'un chauve, le set de METHOD Of DESTRUCTION n'a pas révélé le culte pour un groupe dont j'avais élevé une stèle invulnérable. Même si je suis super heureux d'avoir vu Billy Milano (parfois aphone) in da place, il est quand même arrivé en surveat de joueur de pétanque marseillaise. Ouch !!! D'autant plus que l'embonpoint ne favorisera pas une endurance mise à rude épreuve en plein cagnas. Mais il a gardé toute sa déconne (un comique de répétition avec son big up à Gérard Depardiouuuuuuuuu) et le fun qui caractérisent son mélange de thrash et de punkcore. La nostalgie sera vivace et finalement ce fut bien cool de voir réapparaître ce gars et son crossover 90's quoiqu'il en soit.


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Revival 90's ? Et bien justement c'est avec THERAPY que nous avions rendez-vous dans l'après-midi devant la mainstage. Whaouuuuuu même si il a maigri par rapport à la dernière fois que je l'avais vu sur scène en 2006 à Castres devant 200 personnes,  Andy Cairns manque de punch et de justesse vocale malgré une présence scénique chaleureuse et professionnelle. Le bassiste Michael McKeegan avait lui une pêche d'enfer et faisait de sa présence scénique ombrage à Andy.

Le trio a joué des coudes pour imposer sa dynamique à coup de boucles rythmiques indus-rock, et ce fut en soi un bon retour de Therapy au premier rang, car c'était et c'est encore cool d'entendre en live le son volumineux du groupe de rock qui a marqué les 90's de son empreinte. Parait même qu'un prochain album verra le jour...

Le groupe a même fait une cover du « Breaking The Law » de Judas Priest pour l'occasion et « Isolation » de Joy Division. Le public a participé de bon cœur (surtout la jauge des trentenaires et des quadras) mais déjà on sentait que la majorité était là, uniquement pour Maiden.


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Cela a fait du bien de retrouver par la suite du binaire avec KADAVAR. D'ailleurs le groupe a fait l’unanimité grâce à un trip de stoner rock hyper fluide et groovy, et aussi à mon humble avis parce que la hype bat pour eux en ce moment dans les salons de coiffures et des barbiers européens. Leur heavy blues tenait très bien au corps. Le batteur moulinait comme un fou et possède en fait les mêmes caractéristiques scéniques qu'Animal le batteur des muppets. Si le groupe est composé de la qualité allemande, depuis peu le bassiste est français. Le groupe a alterné sa set list avec des titres de son premier et de son dernier album et a fait reluire le stupre de ses sonorités vintages dans une tente de la Valley gavée à mort.

On ressortait groogy par l’assaut de cette mannschaft et de nouveau on ne pouvait qu'être éberlué par le site, car le hellfest possède une qualité d'adaptation et de prise de risque qui lui permettent de se remettre en question en sortant de sa zone de confort, et en essayant chaque année de nouvelles choses. C'est vraiment dingue, et un truc aussi fou c'est que franchement je ne saisirais vraiment jamais la méfiance de mes contemporains pour KYLESA ?

Avec toujours en controverse cette variation des titres et des rythmiques (2 batteurs contestés pour jouer la même chose) qui permettent pourtant un entrelacement efficaces de différentes atmosphères pour répandre un très bel envoûtement au final.

Leur dernier album « Ultraviolet » part de nouveau dans une nouvelle direction, et lui donne un nouveau leader charismatique en la personne de Laura Pleasants. Elle est la plupart du temps au chant maintenant, elle a pris une assurance scénique incroyable par rapport à ne serais-ce que cinq ans en arrière. J'ai ressenti ce set comme une réussite totale de bout en bout. J'adore Kylesa qui me fait penser à Sonic Youth la partie arty contemporain en moins bien sûr. Et je n'étais pas le seul, loin de là. Je pense que Kylesa est un groupe qui a su modifier son angle de vue artistique et pas son soi-disant public.


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A ce moment là, on arrivait à l'épicentre du spectacle du vendredi devant les mainstages. Putain mais quel monde, j'avais jamais vu ça à Clisson. Ça débordait de partout, c'était un océan de personne et ça faisait chier un max. Je ne me sentais pas du tout à ma place. On attendait le mythe comme des sardines japonaises dans le métropolitain de Tokyo. Ça m'a saoulé au plus haut point d'emblée, mais j'ai tenu bon juste pour voir l'entrée en matière.

Puis est apparu la pucelle de l'empire britannique, fière et ardente, percluse de cette volonté tenace de propager les enfers ici-bas. Si pour l'histoire elle n'a pas du tout la même auréole de sainte que la notre de France que l'abbé cauchon à fait brûler vive, et que la dynastie Lepen a récupéré en symbole pique nique sauciflard à ses fins électorale, elle appartient à l'histoire musicale du hard-rock, alors les grenouilles du pays de Charlemagne lui font une standing ovation, et pas que pré-posthume.


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Le groupe anglais est là avec tout son décorum, toute sa légende tableau après tableau représentant les pochettes des albums. Mais voilà comme la plupart des groupes mythiques, IRON MAIDEN vit sur ses rentes. La vierge de fer ressemble à margaret thatcher aujourd'hui, le vagin froid et l'impassibilité d'entreprendre les réformes nécessaires, et se contente de la gloire de sa tenue narcissique.

Mais le public s'en branle car les vieilles gueules noires de la NWOBHM acquiescent avec fidélité à sa démonstration de force, comme de vieux grognards bonapartistes. Pourtant, certains jeunes mineurs ont défait le coup de grisou ininterrompue que le groupe se doit de propager, ne comprenant pas la raison de descendre dans cette mine désaffectée vu les novices qu'ils sont en la matière.

Si il faut savoir tuer le père, on n'a pas détourné le regard devant le spectacle de la mère en train de tapiner, et en sentant l'odeur de cramer de la sapinette pour ce groupe mythique.


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Il restait pourtant ses hymnes repris ardemment, faisant souffler le souffle germinal de la classe ouvrière, cet autel glorieux, et cette foi en quelque chose d'unique, dont la fierté apposait son étendard claquant le vent comme le fouet sur une fesse. Mais la filiation ne s'est pas faîte, je sentais que les jeunes mineurs étaient écrasés par le point de l'histoire, avec le spectre féodal que requiert le passé glorieux du groupe, et le respect dû à la longévité de leur carrière. Car même si nous nous sommes reliés dans le shuttle méphistophélique, les nouvelles générations ne suivaient pas l'ancien mouvement. La vierge a pourtant fait la pute en aguichant, et le public en salivait car le groupe connaît son boulot et revissait sans cesse les boulons de sa destinée.

J'ai vécu le truc avec difficulté car c'est difficile d'assister à un set de ce genre de groupe culte, soit tu te fonds dans la foule pour former qu'une seule et même matière, soit tu fuis car il y a trop de monde. Donc je suis parti sans mot dire, en me disant qu'il ne reste plus à Iron Maiden qu'à vendre sa virginité sur le net, sinon elle finira seule dans le cloître de son couvent, momifiée pour l'éternité dans le sarcophage de l'histoire de sa musique singulière, peut-être méprisée par la populace ordinaire, mais seulement glorifiée par les hardos qui ont grandis avec.

Pendant que la nuit recouvrait les âmes des damnés du Hellfest par une noirceur sépulcrale, WATAIN illumina les abîmes par un set digne d'un opulent sacrifice en pourchassant les chrétiens baptisés. Le bruit et l'odeur de Belzébuth hantera la nuit et nos esprits par des rêves obscurs par la suite, car ce fut une purification par des flammes puissantes.


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Des silhouettes noires aux cheveux longs et aux barbes hirsutes, parfois ornées de corne, recrachèrent les hosties de la providence en s'immolant dans le brasier vermeil de Watain. Une odeur de viande cramé flottait dans un air vicié d'excitation. J'avais la saveur de l'hémoglobine en bouche et je plantais mes crocs dans cette chair musicale jusqu'à en subir le châtiment suprême : Un orgasme sonique qui me fouettait les tripes. Le public était en contemplation dans la mystique d'une écoute religieuse où le spirituel apparaissait en spectre et non plus en cliché. Titre après titre, rite après rite, la célébration devenait encore plus intense.

Le groupe était composé pendant cette nuit noire là, d'êtres diaboliques au pays de l'éternelle souffrance, et Watain a fourni une prestation menaçante égale à la flotte de l’étoile noire : Impériale.

Un autre monolithe de noirceur était programmé à proximité, et c'était le groupe DEATH TO ALL. Contre toute attente leur set fut bien interprété et aura permis de faire « revivre » une époque, celle du groupe DEATH, un homme : Chuck Schuldiner...C'était le seul but de cette tournée après tout. Par contre il y avait une enceinte qui grésillait sans cesse, mais peut-être étais-ce le spectre de Chucky-Schuldiner ?!


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Pendant que j'attendais sous la Valley avec une fatigue physique et cérébrale accumulée durant toute la journée, les ombres arrivaient par un flux impressionnant, on aurait dit qu'elles se multipliaient dans l'obscurité pour la même fratrie occulte d'ELECTRIC WIZARD.

Le groupe est arrivé sur scène et Jus Osborn avait l'air à côté de ses pompes, bourré ? Ouaie peut être bien en fait, d'ailleurs le reste du groupe essaya de se caler sur lui et mettait bien 2 à 3 mn pour le début de chaque morceau, puis pendant 5 à 6 mn c'était bon et ça repartait à va l'eau pour le final avec 2 à 3 mn dans les choux. Je pense que depuis que j'assiste à leur concert, je n'ai jamais vu le même groupe. Il faut dire que tous ces changements de line up commencent à faire mordre la poussière au groupe et le fige peut être dans la cendre de son culte, mais plus de son aura. Le bassiste fait minot à côté de Jus, et l'image qu'il apporte est beaucoup moins dangereuse que celle de Tas Danazoglou par exemple. Bon ceci dit il fait le job musicalement. Mais bon le visuel dans Electric Wizard est hyper important, il fait partie de l’envoûtement.


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Déçu ? Oui forcément un peu, puisque il ne passe jamais dans le sud et que le Hellfest est la seule occaz que j'ai pour assister à leur concert. Je pardonne car j'adore ce groupe, vraiment. Alors j'ai pris mon pied, fallait juste être patient et l'effet faisait son office. Surtout avec des titres comme « Witchcult Today », « Return Trip »,« Dopethrone », et « Futuropolis » au final, non vraiment on va pas faire la fine bouche non plus, même si je n'ai pas eu le corps qui s'est soulevé par un son monumental à faire vibrer les tripes, par contre j'avais la tête dans le mood luciférien, prêt pour le sacrifice suprême.

Electric Wizard reste un groupe mythique et absolument diabolique pour ne pas être ensorcelé par lui de toute façon. Les couleurs du giallo ont apporté cette atmosphère pesante et baroque essentielle à la maestria scénique du groupe comme d'habitude. Ok, je reprends mon report car je sens que ma plume s'emporte pour le groupe : Le set était cool, géant, génial, j'en avais le froc tout mouillé, car nous pénétrions dans l'antre crépusculaire d'une musique aussi profonde qu'un puits sans fond. On entendait hurler le public pour cet amour sacré du profane avec le délice d'en être contaminé.

Le prochain album des increvables Electric Wizard se nommera « Time To Die », j'espère que ce sera une résurrection et qu'il répondra à leur abstinence discographique après leur ep « Legalize Drugs & murder » datant de 2012.

Un avant goût avec le titre éponyme.

Pendant que j'attendais Gui De Champi du webzine W-fenec et Mat Gaz du groupe Red Mars Sky pour rentrer au logis, juste à côté de moi elle avait le visage d'une sculpture en marbre de l'antiquité et sa peau laiteuse faisant éclater ses tatouages en fresque tribale.

Il faisait encore bon pour des nordiques en t-shirt à cette heure dorée où les âmes s'éteignent.


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L'arbre maléfique était notre lieu de rendez-vous et il le demeura soir après soir, comme pour tant d'autres festivaliers.



SAMEDI c'était The Number of the Beast


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Le Hellfest est une manifestation culturelle, et a cet effet il joue un rôle prépondérant de lien social. C'est une fête et un lieu de vie où règne la fraternité du métOl. Tu y vas avec des ami(e)s, tu rencontres d'autres personnes passionnées pour une culture identique, similaire, voire proche, et l'espace du festival devient un théâtre de liberté où tu te sens enfin chez toi, et surtout toi même.

Le Hellfest est une manifestation cultuelle, et à cet effet il joue un rôle prépondérant de liant pour toutes les musiques extrêmes et éclectiques.

Pendant que le premier public arrivait en courant devant les deux mainstages, au sol je remarquais à côté des bars les plus proches qu'il y avait des copeaux de bambous dont les propriétés et option écologique servaient à l’assainissement des éventuels chutes d'eaux habituelles, voire des « eaux usées » sans générer de boues, ils offraient l'avantage d'être un socle doux avec un tel climat bouillant. Pourtant ils sont aussi un combustible par définition. Danger ? Hypothétiquement oui il le devient, je me demandais si le crew avait réfléchi à cette option ?

Afin de poursuivre par une subtile transition d'horticulture, ami(e)s du jardinage bonjour, car le premier groupe de la Valley c'était HARK, un trio qui a découpé, scié le bois avec un stoner écorché, oui, à fleur de peau, donc attention aux échardes qui dépassaient, car le groupe nous a ôté notre écorce dès le réveil. J'ai noté qu'il manquait un peu de fluidité à leur variation rythmique, ainsi que des thèmes mélodiques pour que l'on prenne racine, sinon c'était du gros stoner, en plus les gars avaient la pêche pour nous filer un bon set dans le tronc.

Je me déplaçais vers une autre scène et admirais les pèlerins qui regagnaient la Altar tête baissée en signe de soumission, en sachant par avance que le sort qu'il leur était réservé, méritait l'abnégation pieuse de choir à un abandon absolu, afin d'être transpercer par la lame pestilentielle de MERCYLESS.


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Saigneur parmi les saigneurs, le combo est une demeure de nuit et brouillard de death. Dans la pénombre des vapeurs morbides du combo, l'aurore déchirait la nuit en mettant en sépulture le corps d'un death métAl oldschool. Ce fut un gros set, hypra cool qui redonnait envie de se replonger dans la discographie du groupe, et de son dernier et excellent opus « Unlogy Black Splendor » que je vous conseille.

A quelque pas de là, le sludge stoner d'HERDER avait de l'épaisseur et assez de tension pour nous faire tourner les têtes en enserrant le cœur d'une épaisseur de gras. Le chanteur possédait le charisme nécessaire pour capter ton attention, et puis quel hurleur bordel de merde !!! Les guitares avaient des mélodies ésotériques pour te filer la transe et de super sonorités. Ce groupe a su gonfler ses prétentions artistiques dans l'érection phallique de sa démonstration de force, un peu comme le développement cénobite que civitas est capable de proclamer dans un accès de bouffée de chaleur, en éructant que Madonna qui a voulu déculottée la fille aînée de l'église catholique romaine en appelant sa fille Lourdes, mériterait le bûcher que les cathares ont bâti pour réduire en cendres leur foi d'hérétiques à Montségur en 1244. D'ailleurs si l'histoire des albigeois vous intéresse je vous conseille d'assister au deuxième XTREMEFEST le premier week-end d’Août 2014 à Albi justement, afin de vous brûler les ailes.


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Je poursuivais la programmation marinière/tricolore du jour, en prenant la foudre avec le death de BENIGHTED. Leur set fut aussi velu que groovy, parce que les frenchies ont laissé les traces d'une électrocution en plein pendant le repas de midi. Déjà à 8 euros le plat, ( ohhhh pitaing on est pas à Courchevel ! ), la digestion est plus que difficile, mais avec les rafales des excellents Benighted nous n'étions plus qu'à l'état de lépreux à genou sur le sol à gratter l'herbe comme des déments, pour nourrir des plaies à vif impossible à cicatriser.

Le combo nous a foutu son dernier album  « Carnivore Sublime » dans les canines avec du blast-beat sauvage en guise de batte de baseball. J'ai appris récemment que le guitariste et bassiste avaient foutu les voiles, merde, une issue est survenu depuis avec l'arrivée de Bert à la guitare (High for a Dive, Sorastrella, Soulbreeder, ex-Winds of Torment) et Pierre à la Basse/Backing Vocals (High For A Dive, Poumon, Aabsinthe) pour les festivals d'été.

S'ensuivit une plongée bouillonnante dans le bain amniotique de SUPURATION, en suintant dans la torpeur de leur musique glaciale qui réchauffe les sens. Nous étions saisi à vif par l'effroi qui émanait de leur concert, un genre de sueur froide en pleine canicule émotionnelle qui fondait comme un glaçon disparaissant à jamais dans l'invisibilité.

Nous vivions l'instant avec toute l'attente onirique vécu en amont pour un tel groupe culte. Au point parfois de nous échapper du bout des doigts parce que le set est passé très vite, sans que nous puissions en sculpter un souvenir, qui nous servirait de sceptre à brandir quand on n'emploiera plus que le passé composé pour parler de ce que l'on ressentira à l'état de fossile couvert de pisse. Le groupe a joué l'intégralité de leur chef d’œuvre «  Cube » et nous a délivré la sagesse de sa froideur reptilienne par une atmosphère dont il a le secret, et la possession qui va avec pour qu'on en emporte la sublimation dans notre côté le plus obscur.


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Je ne sais pas si vous êtes au courant mais depuis l'année dernière, le Hellfest fidélise et accroît son attractivité par la création du fan club officiel « THE (HF)CULT » . Cela permet des accès et des services exclusifs avec la contre partie d'obtenir des points obtenus via le merch du festival. Bien entendu il y a une limitation d'adhésion chaque année, une subtilité qui créer un désir d'appartenance exclusive.

Le festival étant devenu super fat, il poursuit son évolution et sait offrir une offre singulière tout en sachant se remettre en question permanente en s'adaptant au marché mondial, aux évolutions technologiques et sociales, et aux nombreuses évolutions créatives qui requiert aujourd'hui et de manière pérenne la survie d'un tel mastodonte. Le Hellfest possède une exigence qui dépasse désormais le soucis du détail.

Pendant que j'étais à l'ombre, dans la noirceur des deux scènes Altar et Temple attendant maître cornu...


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...Quand soudain....

...Ahhhhh merde est arrivé TROLLFEST. C'était comment vous dire cela sans froisser personne ?...Disons auparavant que c’est du métOl festif,, et qu'il a fait l’unanimité.

Et bien oui la joie irradiait les visages, c'était le gueuleton traditionnel du paganiste, du folkeux des grottes avec son stéréotype de mousse des bois à la bière. Pas du tout mon trip, ayant des difficultés avec ce qui correspond à l'esprit germanique de la fête de la binouze. Sans faire un foin de tout les diables le groupe s'est amusé dans son folklore païen à faire ripaille comme au temps des dragons.

C'est fou comme je ressentais la bouffonnerie d'une telle démarche par un ricanement de désolation, parce que je ne comprenais pas ce sens de la festivité, qui m’apparaissait désuet.

En étant rentré dans la quarantaine comme un vieux con de sXa, je ressentais un éloignement des intérêts indispensables de la jeunesse pour la bringue, et même pour la facétie d'une expression absurde qui se répand en une traînée de poudre débile, afin de relier les gens par la magie de cette balourdise expressive reprise en cœur à s'en vider le trip délirant jusqu'à plus soif. Ma vision est tout autre de ce que eux peuvent vivre, et j'en remarquais la vraisemblance dans le sourire de connivence des personnes de mon age que je croisais.

Un truc important aussi dans ce genre de célébration festive à Clisson c'est qu'il ne faut jamais confondre ovin avec Odin chez les paganistes breton, au risque de ternir une soirée où le biniou de la berrigourdine va servir de gourdin. C'est con mais faut le savoir.

Et oui le Hellfest se prépare en amont par le culte d'un corps lexical et d'un physique sculptural !


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Je souhaiterais évoquer une particularité maintenant, c'est que pendant qu'INCANTATION psalmodiait son cantique maléfique de death, ses adeptes buvaient du regard l'expression de son aura démoniaque avec ce goût fétide qui sied si bien à la grandeur de cette pestilence musicale. La messe était dite dès l'entrée du groupe sur scène, du coup le rituel fut consommé dans une camisole de démence, et toutes les brebis égorgées sur place. Incantation nous a délivré un set maléfique des plus évocateur de sa détermination musicale. UH !

Je fis le trajet me menant sous la toile de la Valley pour constater que son sol était jonché d’herbe sèche apportant cette sensation de pâturage proche de Salt Lake City, dont la pilosité du public lui proférait une équivalence au look prédominant chez les mormons. J'attendais avec eux que WITCH MOUNTAIN me délivre du mal. La chanteuse Uta Plotkin s'est avancée pendant le soundcheck et a chanté a cappella, j'avais déjà les poils hérissés et des frissons partout.

Leur doom processionnaire fut un véritable coup de cœur. Uta était dotée d'une voix blues intense, je le savais sur disque mais sur scène elle tenait un public absorbé à ses lèvres par une écoute qui laissait sans voix. C'était un choc émotionnel dont on a pu ressentir s'adoucir notre quiétude intérieure par l'éclat de ce heavy doom. Tellement en fait que le somptueux « Beekeeper » résonnait encore dans les ténèbres de mon corps vibrant d'extase des semaines après. Tout comme la torpeur orgiaque de « Shelter » bourdonnait à mon désir sauvage de conjurer le sort, en me jetant nu dans les eaux troubles de la musique enchanteresse du groupe et de leur album « Cauldron of the Wild ». Le sculptural « Never Know » m'emplissait tout entier à lui, j'en ressentais la caresse et l'odeur de sa voix dans mon âme, et je sais que l'écrin brûlant de son sortilège ne me quittera plus jamais désormais, tant le set fut lascif.


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Je poursuivais sur la même note avec Lori S, une femme qui a prouvé de sa puissance avec ACID KING, dont je retiens en premier que c'était mieux que leur dernière performance au Hellfest en 2012. Le trio a joué dans une sorte d'introspection naturelle qui lui a permis de sortir du carcan de son aura diabolique, et le set fut dans cet état d'esprit avec des titres de leur album « Busse Woods » et « III ». Sur disque, leur doom est puissant et lourd à faire aplatir le cervelet par une discographie épaisse, là il devenait surpuissant et carrément massif. Si Acid King est considéré comme un acteur mineur dans la scène métAl, il est vénéré chez les doomers avec la dévotion correspondante à sa puissance tellurique, cette prestation justifie à elle seule une telle vénération.

En restant inlassablement sous chapiteau, je commençais à ressembler à cet ermite que l'on compare à un païen chez les hippies, ou à un gothique exsangue chez les nudistes de la méditerranée, du coup je me suis dirigé vers la Warzone pour y voir PROTEST THE HERO et ses lignes mélos avec du tapping de Van Halen en version métalcore, donc pas de gros riffs mais de la démonstration. Le groupe a fait son job comme on pointe à l'usine, par contre il était assez adroit et malin pour que cela passe inaperçu pour un public résolument composé de jneus en feu, et en famille...


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Juste avant le début des retrouvailles avec CLUTCH, il y a gars qui est arrivé avec les yeux rivés sur son téléphone, il a bousculé deux, trois gars sans s'excuser, s'est planté là en mode bad-rocker cogitant sur l'habillage de son roadster en vapotant,  puis a reluqué devant lui deux filles se présentant à son goût comme des sucrerie cup cake,  et leur a baragouiné d'une voix musqué : " Mhh je boufferai bien ces deux petits culs en forme de choux à la crème !". Ensuite il a reçu le magnifique retour de manivelle : " C'est proscrit aux diabétiques, branle toi à l'insuline ducon ! " en étant complètement pris de court par ce sens de la répartie féminine, que j'adore car c'est tout le temps un spectacle divin ! Ah ouaie putain c'était vraiment cool comme renvoi, et comme on dit chez les vieux : L O L = Lucifer Our Lord.

Bon, c'était donc sous la Valley que Clutch était attendu, et l'attente est un désir qui se décuple avec le temps. Si vous en doutez et bien l'annulation de Clutch l'année passée lui a apportée une exponentielle audience pour fêter sa venue. Le chapiteau était plein à ras bord, et en fusion idyllique avec les amerloques de ce fait. Le set fut gigantesque de passion et de charme dans cette amourette où chacun a pu être cajolé par ce flirt. Sinon mon conseil pour les fans de Clutch c'est d’écouter les premiers albums de ZZTOP hein...

Sans avoir envie d'être mutilé, j'ai finalement pris le chemin de traverse où l'on y rencontre un éventreur afin de retrouver BRUTAL THRUTH en serial killer. La vérité est souvent brutale mais je vais vous la révéler, leur set fut une fournaise de violence, le son était un monticule de haine et au final, oui mes amies ça y est j'ai enfin vu Brutal Thruth au Hellfest après deux ratés notables dû à mon inconscient oubli. Le dépucelage est consommé, enfin, consumé, parce qu'avec le set de sodomite qui restera dans les annales pour tous ceux qui en ont eu mal au cul ! On s'est fait cramer le conduit à force d'être pilonner de la sorte.


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Ouille ça pique !

Au vue de la programmation sénile, il m'a semblé que l'absence en nombre du rustre paganiste avait dû préférer l'incontinence solitude de sa grotte plutôt que la tentation collective. Par contre les papys du rock ont eu une belle affiche cette année. Je pense même que des défibrillateurs étaient stockés en nombre pour pallier à tout incident cardiaque, et même à proximité des scènes. Cet étonnement mélange de génération avait tout le charme de la diversité d'un tel rendez-vous musical.

Si les jeunes avaient l'insouciance du surnombre et semblaient ignorer en tournant le regard à la vue d'un plus vieux ou d'une plus vieille, les anciens connaissaient le goût du temps qui passe et n'en perdaient pas une miette en concédant à leur vitalité un rythme plus alangui pour tenir tout le week-end. Je n'ais toutefois pas pris la peine d'assister au concert des dinosaures Deep Purple, pas plus qu'à celui de Statu Quo (apparemment un triomphe, c'était le groupe dont tout le monde se foutait de la tronche mais qui a mis tout le monde sur le cul, et il y en a un chaque année au Hellfest ), par contre j'ai vu un chouia celui d'Aerosmith qui a répondu parfaitement à l'esprit du jeu télévisé des chiffres et des lettres que chérit tant le troisième age : Ding Dong, à  vous Monsieur Critique " Et bien en 8 lettres, ENCULAGE ", et vous monsieur suceur : " Oh et bien pas mieux hein ! "

Quand aux nanas de LEZ ZEPPELIN, elles ont enflammé le Zeppelin, le calcinant d'une langueur monotone chère à la particularité hippie très chiante des seventies du combo plagié.


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Si tu ne possèdes pas le don d'ubiquité au Hellfest, tu ne restes qu'un simple mortel, dont le corps de supplicié sert de défouloir à des groupes de sauvageons qui refoulent une brutalité sonique à la hauteur de leur amour viscéral pour la violence musicale. Mais avouons le, seul les magazines et des webzines de renom sont capables de réunir une horde de fantassins pour permettre la traduction intégrale des concerts du festival et des set list exécutées. Si le WallaBirZine est Samson VS Goliath en ces termes, l'exigence de son compte rendu singulier prévaut dans cette absurdité de consommation courante qui voit défiler un nombre pharaonique de groupes en un temps record.

M'enfin entre Aerosmisth et MONSTER MAGNET, si je n'ai pas voulu mourir idiot en allant zieuter la catastrophe glam rock, j'ai très vite pris la poudre d'escampette pour constater que si il est un peu plus bouffi, cela demeure toujours aussi spécial d'entendre le son spatial de Monster Magnet et son heavy rock'n'roll. L'enfumage de la scène sembla poser une tenture nuageuse pile dans le space rock du groupe et a ravi un public amateur de hash. Ce fut une revue discographique du groupe avec quasiment que des vieux tubes crachant du rock cosmique dans une étuve.


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Ben ouaie on peut voir la chose comme Descartes de manière rationnelle aussi !

Sympathique de fraîcheur et de ligne mélodique punk rock qui raclait les tympans par une once de sucre bien fun, AGAINST ME a su se départir de la grosse beuverie nocturne par un concert efficace. Il faut dire que la chanteuse américaine était en super forme vocale aussi. De quoi ce n'est pas une fille ? Brésilienne alors !...

Bon assez rigolé les fans arc en ciel des bisounours, passons au gros lourd du soir, mais ouaie messieurs, dames il y en a dans ce fest.

ANSELMO a été très lourd. Musicalement le gars est un monsieur qui balance tout le temps son punch vocal en pleine poire avec des breaks démentiels qui crépitent comme un feu de Bengale. Rien à redire artistiquement, ni sur sa prestation...( le public qui scande « Philou, Philou » ce fut quelque chose de marrant ).

Par contre entre chaque titre, toutes ses longues réflexions philosophiques de maçons coffreurs ont permis de tenir en haleine un public médusés par tous les crachats et rôts que le gars nous a servi sur un plateau en argent. Ce fut la grande classe de l'élégance, me remémorant le savoir-vivre de mes anciens collègues du bâtiment et des travaux publics. A un moment j'ai pensé que monsieur Anselmo avait sûrement un grave problème gastrique pour nous faire subir ses désagréments intestinaux, j'ai même vu le moment où il allait chier sur scène, c'est dire.

Bon ceci dit, le mythe n’est pas usurpé, le gars est un punk, mais il prend la gueule un peu comme Jello Biafra à trop digresser. Bon Anselmo était évidement bourré, ce qui explique et justifie son comportement, mais sinon, il est comment quand il n'est pas bourré le gazier ?


DIMANCHE c'était Somewhere in Time


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Dernier jour de messe, je me levais le premier à la cloclo comme d'habitude, en allant directement sous la douche pour mes ablutions quotidiennes.

« Azur ! Nos bêtes sont bondées d'un cris. Je m'éveille songeant aux fruits noirs de la nube dans leurs cupulles véruqueuses et tronquées. » et oui moi aussi dès que j'ai les fesses à l'air je ne peux m'empêcher de citer Saint John-Perse.

Gui & Mat reposaient encore dans les bras de Morphée, ainsi que ce photographe allemand dont j'ai oublié le nom, pendant que je déjeunais comme Stephen Eicher en paix.

Alors que nous arrivions sur le site et à en juger par l'ampleur professionnelle en constante expansion du festival, me vint ce jugement brillant dans lequel j'imaginais fort bien que le crew du Hellfest s'était posé la bonne question : Qui connaît, et qu'elle est l'endroit qui consacre une grande concentration de personne dans le but de les divertir ?

La réponse est : Les parcs d'attractions.

A partir de là et en synthétisant les connaissances de gestion de tout ce qui concerne le fonctionnement d'un parc, vous déduisez que le Hellfest en arrive à gérer son festival comme un parc d'attraction.

Oui je sais c'est loin d'être con comme raisonnement, je le conçois moi aussi, merci.


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Nous décidâmes d'assister au concert de YEAR OF GOAT qui était mou malgré le signe de Lucifer sur les mains du guitariste/chanteur, mais cool comme premier groupe. Je n'ai rien d'autre à dire de plus, si ce n'est que j'étais déçu car sur disque il m'apparaissait vachement moins mollasse.

Le cas de BLUES PILLS est pour le moins plus épineux, car si cela manquait un poil de volume pour mettre en avant le touché du jeune guitariste. La chanteuse était parfaite. Ce fut néanmoins un très beau moment de communion hippie et un bon set de blues rock psychédélique. D'ailleurs je me suis dit qu'il serait plus qu’intéressant de juger sur disque si Blues Pills appliquait les préceptes du vintage jusqu'au bout d'une production idoine dont je ne doute pas une seule seconde qu'elle ne le soit point. Étant donné du jus seventies de leurs compositions, du look, et tout et tout, Blues Pills évoque cette nouvelle vague bluesy psychédélique qui émerge dans une époque en pleine confrontation liberticide VS libertaire.


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Nous sommes restés au mainstage dans le même mood avec SCORPIO CHILD et son blues rock psyché 70's vraiment too much, qui nous a fait comprendre pourquoi les punks sont arrivés à crever l’abcès de ce genre de groupe indigeste par moment. Trop de tout, de vocalises chichiteuses à n'en plus finir, de solos molasses et inutiles de pentatoniques. Du coup cela me fait revenir sur les prestations de Year Of Goat pour vous annoncer que c'était vraiment bon et que par corrélation Blues Pills c'était vraiment très très cool à côté.

Le début du set de LOLOFOFORA s'est fait avec le panache qu'il convient pour séduire Mat Gaz dans ses premières impressions décisives. C'est un référent aussi primordial pour lui qu'une fin de concert, la chose pouvait devenir matière à débat, mais nous avons tous trouvé que c'était quelque chose qui avait son importance.

heyyyy ! vous savez quoi ? Mat vient de sortir un book vraiment excellent et INDISPENSABLE : "T'arrives ou tu repars ? "

Je quittais sur cet entre-fait jovial mes camarades et personne n'avait la larme à l’œil parce que la poussière du pit se soulevait à peine en ce début de concert.


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Si OBLITERATION est une action qui sert à supprimer quelque chose, c'est surtout un groupe de death dont l'efficacité scénique se résume en tout et pour tout à quelques centimètres de modification faciale.

Leur composition démontrera une synthèse parfaite pour engloutir le public à leur enthousiasme et traduire cette ode à la barbarie death, ce qui en fait une oblitération sonique dévastatrice aussi.

Que le combo ZODIAC ait fait des vagues, n'étonnera personne. j'ai présupposé comme il m'arrive souvent de le faire quand mon esprit est happé dans un trou noir de divagation, que le lead et chanteur avait un passif de hard rocker tant ses compositions et partie vocale étaient proches de ce genre d'accointance. J'ai noté aussi de très bon solos planants, avec une mise aérienne du super touché à la guitare. C'était un moment très cool pour ce rock bluesy, avec adhésion du public à la clef.

A la Warzone cela m'a fait du bien d'entendre le retour du rythme binaire une fois de plus, avec le punk rock ramonesque et classique de BONES, oui cela faisait un bien fou mais c'était sans la bubblegum qui colle à la converse par contre. Le combo a jeté un enthousiasme fédérateur à son punk sous le feu d'une torpeur solaire qui était à son zénith.

Si LOW RIDER a emporté le plébiscite du public avec la coolitude de son doom vespéral par une grosse chaleur et clameur en fin de set, le public était plongé tout le long du set dans le même état comateux d'indolence que leur doom. Indolence certaine du fait d'un temps estival assommant j'ai présumé aussi. Il est vrai que d'habitude à Clisson il pleut et cela sent le marais poitevin.

Cette année c'était la calufle et ça puait un mélange de chaussette de vestiaire et de cabécou périmé. Il y avait un gars juste à côté de moi que j'ai maudit parce que dès qu'il levait les bras pour applaudir, j'étais obligé de me boucher le nez tellement qu'il puait des aisselles.


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C'était insoutenable.



Dès que tu les vois, il y a des groupes dont l'avenir semble certain, tel est le cas avec BLACK TUSK, dont le concert fut 1000 fois mieux que tout ce qu'a pu faire Anselmo. Les gars ont joué comme des possédés en suractivité volcanique, avec le sourire aux lèvres. Ils prenaient leur panard et nous avec. Whaouuuuuuu il y avait tellement de grosses boucles de sludge qu'elles produiront un dôme de lave et des coulées soniques dans lesquelles nous nous sommes noyés en feu.

Ces gars savent vraiment couper du bois en rondin, d'ailleurs je ne leur confierai pas le mobilier en châtaigner de ma belle mère. Donc oui je l'écris en gras : ÉnOooorme set qui justifie à lui seul la solide réputation que le groupe possède désormais avec une telle prestation, qui a fait l'unanimité. Je vais creuser dans leur discographie tellement que le combo m'a enthousiasmé, et j'affirme ici-bas que le groupe ne concède à aucun artifice comme d'autres ont pu le faire durant le week-end.


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Je longeais le sous-bois baignant un parterre de corps indolent pour retrouver la Warzone et l'immense brouhaha des discussions formant la caisse de résonance d'impatience et d'excitation mêlées. La working-class était présente, fin prête pour la oi de THE LAST RESORT. Bien entendu j'ai eu une pensée pour mon pote Olivier, skinhead bordelais. Mais d'ailleurs où étaient les skins ?!? Il n'y avait que des pounks, et pas mal d'iroquois, apparemment cela redevient tendance la crête.

Bon The Last Resort ce n'est pas ma came, et surtout cela m'est apparu étrange, voire même contraire à cette musique oi de rue pour l'entendre en plein jour, face au soleil. Cela à l'air idiot mais ce style trimballe avec elle tellement de leitmotiv du macadam britannique grisâtre et pluvieux, que là les gars faisaient extraterrestre, surtout dans cette surenchère médiéväle de viking païen à proximité. Ils ont du vécu, donc même en traînant la patte car ils ne sont plus tout jeune non plus, ils ont fait leur show avec conviction.

Le public a sué en plein cagnas et semblait ravi de perdre des glucides juste avant les congés d'été chez les rednecks.


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HOUSE OF THE BROKEN c'était du boogie stoner cool mais chiant aussi, j'ai préféré de loin assisté au show d'ANNIHILATOR.

Voilà un grand groupe de thrash progressif, au même titre que Voivod pour avoir élaboré une immense liberté musicale créative. Mais là où Voivod a établi un son singulier, un univers hors norme, Annihilator a lui bien des fois essayé de s'accrocher à la rame, s'adaptant au loi du marché pour continuer à exister selon l'intérêt du public. D'ailleurs il est encore là après une carrière de 30 ans, ce qui s'est avéré une bonne stratégie. Le line up semble s'être stabilisé et le groupe applique à la lettre le sacrement de son mentor Jeff Waters. La fosse était pleine et solo et dissonance ont électrocuté un parterre de festivalier attendant la messe noire du soir sabbathienne.

Le set fut joué à fond de cale, dans un mood super heavy, et la maestria des doigts de fée de Jeff Waters a tricoté des solos en or fin. Grandiose était la pureté musicale, nous étions fauchés par la qualité de ces musiciens, en complète béatitude à prendre l'ardeur de ce thrash et des successifs titres ornant une telle diversité créative.

De ce fait, quand tu passes à EQUILIBRIUM juste après, il y a un truc qui coince méchamment dans la braguette.


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Ne vous fiez pas aux apparences, le seul truc en équilibre c'était moi tout stoïque et médusé devant un tel spectacle.

Bon déjà je vous avoue que la sagesse païenne me laisse dubitatif, et même si ce jeu d'esprit pour l'age de pierre me séduise pour des raisons écologiques, je ne me sens pas en phase avec le folk pagan métOl. Je ne connaissais rien de ce groupe, c'était la première fois que j'entendais leur musique, qui pour moi ressemble à un mélange de Manowar à la fête du village du moyen-age avec un synthétiseur.

Le public était à donf avec cette farandole des plus festives, d'ailleurs je n'ai pas compris l’enthousiasme de la foule à demander un rappel ?? En fait et après mures réflexions, je me suis dit que le public métOl, et dans sa grande majorité écoute en permanence une musique brutale et sombre en écho à des textes tout aussi irascibles, et que là avec ce genre de groupe qui proclame un attrait pour la fête, il retrouve pour une fois une gaieté dont l’enthousiasme le galvanise à reprendre une choppe de bière et rejoindre la danse pour communier de cet instant festif. Ce qui semble légitime quand on ressent le rythme d'une telle débauche de convivialité, chose à laquelle je n'ai malheureusement pas eu le coup de sang, ayant encore dans la tête le génie d'Annihilator gambadant dans mon cerveau en faisant des ricochets impétueux.


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Je sortais de cet halo effervescent en me demandant à quel moment de la journée le site devenait une telle gigantesque fourmilière endiablée ?

On en vient à la contempler en écarquillant sa stupéfaction pour constater que dans ce magma bouillonnant la même passion se reflète sur des visages inconnus. Pourtant on peut se demander au bout de toutes ces heures de fureur sonique quel est le motif fondamental qui tient en haleine, pour continuer cette surconsommation de musique extrême ? Car même avec des conditions climatiques excellentes cette année, du moins pour les gars du sud comme moi, la fatigue se fera sentir sur des corps subissant un traitement intensif. Car le Hellfest se vit, et se mérite.

Donc il advient assez couramment que pendant ce genre de festival exténuant d'émotions et physiquement, que votre esprit ait besoin de repos. C'était ce qui était en train de m'arriver, j'ai donc pris le temps nécessaire pour rejoindre les corridors de l'extremarket désertés à cet heure dominicale, quand juste en face de moi une amazone s’avançait d'un pas languide avec un simple short en guise de vêtement. Le torse nu, la démarche fière elle paradait presque en tenue d'Eve, ses yeux observant ma réaction avec une légère gêne. Les femmes ont dans leur regard cette douceur qui fait de nous des hommes.

Vous savez, après tout des gars le torse nu il y en avaient plein le fest, pourquoi les filles ne pourraient elles pas adopter la même tenue pour le simple principe d'égalité ? Les seins féminins sont ils uniquement le fait d'une zone érogène ? Non. Je détournais mon regard et la laissais passer sans me retourner.

Au Hellfest garçon et fille combattent à armes égales.


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Ce n'est pas la seule fille que j'ai pu croiser avec les tétons à l'air, alors la liberté des femelles du Hellfest pour paraphraser Michel Sardou le françaouis : « C'est un cri c'est un chant, C'est aussi la douleur et le sang, Toutes les fureurs qu'elles portent en elles, La peur des hommes la peur du ciel... » Traduit cette liberté assouvie qui enfin l'honore, et pour laquelle les hommes se devront de se soumettre à cette égalité par la fraternelle reconnaissance sans qu'il y est la moindre objection de conscience.

Car la liberté de conscience au hellfest est son importance primordiale tant de manière artistique qu'avec le respect du vivre ensemble et des différences, mais elle en témoigne la considération égard à l'estime que chacun renvoi à l'autre. Sans cela le festival deviendrait comme de nombreux autres festivals une manne à pognon banale et déshumanisante, autant dire que nous sommes à des années lumière des prérogatives que le crew du Hellfest envisage, et ils sont des milliers chaque année à lui réintégrer leurs remerciements par l'achat d'un pass parce que PASSionnés qu'ils sont de revivre la chose.

Ce n'est pas si étrange d’apparaître bizarre !


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Du coup comme les nichons en pointe de la typesse m'avaient regonflées à bloc, je suis allé prendre une très grosse mandale ricaine avec BLACK DAHLIA MURDER . Ah les cons, ils n'avaient rien perdu de leur vitalité. Quelle patate !!! La pression atmosphérique a tourné à la connerie monumentale et les ricains ont fait tourner la fosse en tempête du désert. BDM est un combo de malade mental, tout est fait pour que la sauvagerie détienne le trône, et ce groupe de sanguin a appliqué à la nervosité de leur set une telle action démonstrative qu'il ne serait pas surprenant que dans le public certain se soit casser le dents. Faudra penser à changer le sang de ces gars, il est vraiment trop vif.

Je présume en outre que les mystiques moshers du Hellfest pensent que la répétition de leur danse va les conduire à la perception d'un dieu, à cause de la pratique du même rituel année après année en synthétisant la lévitation de se faire soulever par la fraternelle houle du pit.


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A l'initiative des pompiers de l'eau a été pulvérisée sur le coté de la MS2, whaouuuuu ça rafraîchissait un max, merci à eux, cette acte de prudence honore leur engagement et devra à l'avenir préparer la direction du Hellfest à repenser une solution d'urgence dans le cas où se répète un week-end saharien de cette importance. Puis du frais il en fallait pour atténuer le brasier des abîmes, car avec la haine de l'enfer & la fureur des limbes BEHEMOTH nous a apporté la cime époustouflante du week-end, à laquelle nous avons écarquillé les yeux face à une telle débauche de retour de flamme.

Lucifer est venu et les chrétiens se sont fait dessus : Hellfest is burning.


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Le groupe a utilisé la rhétorique musicale belliciste pour invoquer le tréfonds et répandre l'obscurité. Le public demeurait dans cet état d'inconscience en épousant l'innocence croyance des ténèbres. L'ensemble formait l'harmonie du crépuscule dans un nuage de cendre, que des canons ont projeté en petit papier de couleur noire. Car le visuel chez Behemoth a autant de signification que la musique elle même, et traduit à merveille l'onirisme de l'occulte.

Les voies du saigneur Nergal ressemblent à celles de Ragnar Lodbrok dans l'excellente série cathodique « VIKINGS » et en projettent l'impénétrable côté malicieux. Elles font un écho licencieux au mal et à l'adoration païenne.

Nergal nous a sorti son collier de chez Kentucky Fried Chicken ou celui des poulets bio du Gers élevés en plein air à la fleur de ronce sauvage, je ne sais pas, désolé je les confonds ? Mais ça pète un max ce truc morbide.

Il faisait chaud et le groupe s'est quand même trimballé avec une tenue de sado-maso noire faite de cuir et de clous. C'était toute la symbolique satanique et sa théâtralité qui honoraient un set d'une grandiloquence dédiée au divinité du spectacle.


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Le show était cousu de main de maître, rien ne fut laisser à l'abandon, le choix du détail ayant toujours son importance, la saveur d'un tel concert ne laissera personne insensible. Les flammes, le sang, le feu, le souffre, les croix renversées, le noir, les symboles, la gestuelle, tenue de scène, masque, etc...C'était un tout, un spectacle vivant dont le souffle ardent provoquait un bouleversement parce que le groupe imposait une force de frappe, une attraction tant visuelle qu'avec un impact sonore global. Chaque mot avait son importance, c'était rôdé sur un fil d'écrin, et le public était obligé d'être dans le mood, sinon il faisait preuve d'une mauvaise foi indubitable.

Le quatuor délivrera le set du week-end selon moi, et c'est bien la première fois que je vois un pit jouant des coudes, avec circle pit...Pendant un concert de black métAl.

Quand leur set fut fini je me remettais en tête un extrait du poème de Louis Aragon « Front Rouge »

Le plus beau monument qu'on puisse élever sur une place

La plus surprenante de toutes les statues

La colonne la plus audacieuse et la plus fine

L'arche qui se compare au prisme même de la pluie

Ne valent pas l'amas splendide et chaotique

Qu'on produit aisément avec une église et de la dynamite

Essayez pour voir.


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Pour le décollage dans les entrailles du passé doomesque, il ne fallait pas chercher la piste aux étoiles, mais la descente vertigineuses vers le tréfonds subliminal de ce style avec les liturgiques SPIRIT CARAVAN. J'attendais un moment intense, j'avais même prévu d'être immergé dans leur spectre sonique, puis comme tous les groupes dont on attend l'inégalable, il arrive souvent que l'on n'obtienne même l'inverse de ce que l'on espérait, car nous nous fabriquons à cet effet des chimères de l'ordre de l'utopie. Dans le cas de Spirit Caravan j'ai eu le bonheur d'obtenir davantage, puisque le groove était incroyable, et Wino était incandescent avec des solos puissants et divins.

J'ai un truc à dire sur le solo, car il se dégage dans notre époque une rareté du solo, hors l'insouciant usage ou abus du solo constitue en soi une profanation surtout si l'on admet la fonction sacré du solo comme quelque chose qui n'est pas anodin. Il requiert dans sa stipulation un profond respect. Il ne doit pas être entreprit sottement ou à la légère, et sans prétexte. Les considérations personnelles de succès sont bannis, voire proscrites. Il demeure le lieu explosif où le soliste est seul face à lui même et à l'assistance, c'est une joute terrible qui se joue, parfois au dépend du drame, et rien ne pourra en rattraper l'erreur. La guitare absorbe les esprits à son désir phallique de substitution comme une excitation sexuelle et extase divinatoire du rock'n'roll.


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Peut-être est ce pour cette raison que pendant le set de Spirit Caravan sur le côté de la scène il y avait de nombreuses femmes en admiration, je distinguais Lys Buckingam du groupe Electric Wizard. L'hypnose semblait féerique, entre la vision de cette beauté ensorcelante et la musique de Spirit Caravan, dont la teneur a électrisé par un concert fait de saveur ancienne et mythique qui me bouleversa par son aura mystique.

Je ne sais pas si c'est le fait d'une attirance sonique incroyable mais on ne pouvait que remarquer le déferlement de vigueur envers le groupe et celui des visages captivés qui me faisaient témoin, de mains tendues vers les cieux, de corps flottant au dessus des autres s'enfonçant dans les ténèbres du pit, en se jetant à corps perdu dans cet océan à la dérive, fait par les flots tumultueux d'une mer de bras fraternel, et qui finissaient par sombrer fatalement en retournant dans l'anonymat de la foule.

Brother & Sister je vous prie de le croire, l'éternel n'existe pas, pas plus que Satan, ce qui existe par contre c'est cette manifestation spectrale du divertissement rock'n'rollien en un trip hallucinant qui s'appelle Wino, oracle de magie noire qui vous fait découvrir un éclair de lumière qui trouble notre vision du spectacle populaire habituel. Spirit Caravan possède cette fibre qui laisse au groupe l'image d'un combo culte de seconde zone alors qu'il demeure un roi vivant ici-bas.

Le groupe quittait la scène et l'acte final nous donnait rendez vous avec le grand livre de l'histoire.


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La nuit se couvrira d'un noir linceul pour l'apparition du grand BLACK SABBATH. Nous étions les témoins privilégiés du pacte avec les cieux et les enfers, nous attendions nos divinités dans l'unique attente d'en être le témoin, et puis Ozzy s'est avancé vacillant comme ces grabataires de maison de fin de vie à la limite du pantomime. Oui le vieux avait bouffé cette chauve-souris de trop.

Musicalement s'était super en place, les musiciens étaient tous très bons, le solo de basse incroyable de Butler était fabuleux, et Iommi fut incandescent. Tommy Clufetos, le batteur d’ozzy en solo a apporté le punch pour que le Sabbat ne devienne molasse par un jeu moderne qui apportait l'ossature essentielle à sa tenue globale. Le visuel à l'écran derrière la scène a permis de pallier la partie vocale et a apporté une dimension conséquente en reliant plusieurs époques. Je ne suis pas resté car voir un groupe culte juste pour le foutre sur son tableau de chasse ne me contente guère, et puis je suis parti aussi pour ne pas galvauder l'aura que ce groupe a eu sur moi.

Black Sabbath est un groupe que j'adule et dans tous les groupes de heavy et de doom résonnent du Black Sabbath, car ce groupe est la mèche qui a fait explosée le Hard rock.

J'ai fini avec UNIDA pour un set très cool de stoner rock, mais entaché par le détachement de John Garcia en fin (peut-être déjà la tête dans la promotion de son album solo). On retrouvait Andrew Fidler le guitariste de Black Tusk ici, autant dire que ça l'a fait géant.

Comme c'était la fin du week-end, les organismes étaient à bout. On sentait l'essoufflement du public qui n'arrivait plus au bout de trois chansons à propager autant de vigueur. Les traits étaient tirés, marqués par le surplus d'exaltation que les gens venaient de fournir dans un ultime geste de survie. Comme le corps sécrète une augmentation exponentielle de température, la sueur répandait une forte odeur de musc dont l'air était soudainement vicié. Une fille était au bord de s'évanouir de la chaleur qui d'un coup remontait comme une boule de feu. Elle me regarda avec un œil qui dit merde à l'autre et essaya de se frayer un passage pour absorber de l'air pur. John Garcia venait de revenir et le groupe avait repris en quelque seconde le flux titanesque de sa fureur sonique, et apportait l'impression que la mort nous souriait à tous. La fille a finalement un peu vomi sur la veste patchée d'un chevelu qui secouait la tête comme si il était en transe dans un mantra tibétain.

Ouaie c'était carrément rock'n'roll cette année.


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Je vais conclure avec une citation de la meilleure ambassadrice du Hellfest depuis le début de ses controverses, sainte Christine Boutin, gloire à elle : « A la maison, dans l'eau, ma philosophie c'est zéro vêtement. J'aime être nue, libre de mes mouvements. C'est mon côté direct. Et ça évite de se faire tailler des costards ! »

Ahhhhhhhhhh la salope, après la fornication avec son cousin je suis certain qu'elle aimerait se vautrer chez les libertins du Cap d'Agde maintenant. Allez fais pas ta mijaurée christ, tu restes clouées sur tes principes de refoulé et c'est la crØix et la bannière pour toi.

Mais tu sais en fait ton principal problème c'est que tu es vulnérable, et que tu as un mal fou à refréner des pulsions bestiales. Comme tu transfères tout de toi sur les autres, ce n'est uniquement pour cela que tu veux au nom de ta morale liberticide transformer le pays en Batracie avec des grenouilles de bénitier. frog.gif

Alors qu'il te suffit d'acheter un pass pour le Hellfest 2015 et ta catharsis sera sur la scène, un peu comme au rugby où la violence est uniquement présente sur le terrain et non dans l'animosité entre les supporters.

Tu vois, nous on sait d'avance que l'année prochaine, on regardera encore les stars du heavy métOl avec émerveillement, parce que ces étoiles brillent dans une voie lactée faîte avec nos vieux démons. C'est en cela aussi que le hellfest est le lieu mirifique de cette constellation où l'on sent battre le retour d'une seconde jeunesse, et où l'on vit sa jeunesse en perdant les plumes de son innocence.


Mes remerciements vont à tous ceux qui font de cet événement ce qu'il est : L'instant inoubliable d'une brûlure.


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