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Le groupe Les $heriff est un bolide du sud ayant enlevé les étoiles du drapeau américouaiiiiin pour les projeter dans leur moteur à explosion punk’n’roll. Suivant le blitzkrieg Ramonesque dans le feu de bengale d’une discographie furibarde aux titres qui collent la punk-gum dans le citron, il fallait bien un bouquin pour narrer « La saga des $heriff par les $heriff ».

Si en France la caisse de résonance habituelle permet de tout, tout, tout vous serez tout sur la variet, il en est autrement pour se cultiver avec l’underground. Jean-Noël Levavasseur (journaliste et écrivain ) et Stéphane Cupillard (big boss kicking crew) ont disséqué et analysé pendant le confinement la famille des $heriff et fourni 322 pages chez Kicking Music pour l’odyssée rawk’n’rollesque des despérados du punk hexagonal.

L’introduction déjà mérite rien que l’achat. Elle est de Thierry Saltet alias Punky ( livres : PUNK ROCK FESTIVAL MONT DE MARSAN 1976-1977 ; "La France et Johnny Thunders - Dans l'ombre de la croix" ; 20 auteurs, 20 nouvelles électriques autour d'O.T.H.), c’est une prose crémeuse qui vous attend, subtile et embaume de sa belle saveur littéraire.

Quand les Sheriff sont arrivés ils n’avaient pas le truc aristocratique des rockers punk de la capitale, ils ne chiaient pas dans la colle avec dédain. Ils venaient du sud et leurs riffs, leurs paroles et leurs énergies étaient prolétaire, ça parlait à beaucoup de monde, en plus dans dans la langue maternelle, et cette exaltation musicale a toujours fédéré. Ce n’est pas pour rien qu’il y a une bonne énergie à chaque concert des Sheriff, leur exaltation sonique est une filiation qui trouve encore aujourd'hui de génération électrique en génération numérique l'exact télescopage d'une explosion de colt riffique.

Le confessionnal parle de toutes les époques, de tous les membres, et ce n’est pas un isoloir où chacun campe dans ses fortifications, mais ouvre des parenthèses sur des passages de leur vie qui ont façonnés leur existence. De Vonn à la création des Sheriff prise directement depuis le Pan ! cimentant les générations atomiques jusqu’au Grand Bombardement Tardif, les décennies n’écourtent en rien la langue décibel de chaque musicien ayant télescopé son existence dans celle du groupe fétiche. À l’intérieur du réacteur avec les deux doigts dans la prise l’historique s’ouvre à cœur ouvert sur l’intensité d’une vie à sabler le fer d’un mode vie alternatif. De l’enfance à l’enrobée des tournées, la sulfateuse du temps émet et passe au crible du goudron au plume toute l’aventure. Il y a aussi un passage d'Euthanasie Juliette membre du label Gougnaf et manageuse des $heriff et un autre passage avec le Cu ! qui a pris la relève du management, ce type est un génie et il ne sort pas d’une lampe à pétrole mais de Dijon, il monte tous ses projets en étant aussi chaud que la moutarde.

Avé l’accent chantant et la sagesse des caillasses sudistes, les $heriff se racontent épistolaire, au plus près de la corde raide, lézardant sous un soleil de plomb avec le revolver des Dickies à OTH pour dégainer d’innombrables anecdotes touchantes, hilarantes, flamboyantes, où toute la légende pistolero de ces punkers se livre autour du calumet de la joie, attention le canon est toujours chaud !