WALLABIRZINE

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Tag - metOl

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lundi, octobre 2 2023

BARONESS - Stone


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Le cœur d'un mélomane n’oublie jamais l'âme d'un groupe qu’il aurait voulu aimer toute sa vie.

Baroness est apparue au milieu des années 2000 à  Savannah, dans l'État de Géorgie, comme peut-être le groupe le plus excitant et le plus polyvalent d'une renaissance grouillante du métal sudiste. La musique de Baroness a évolué dans le temps de maturité de ses musicien.nes, à la fois complexe, issue d'une terre de contraste et de cette simplicité qui émerveille mon cœur à chaque écoute, par sa présence et son aura. Le groupe a fait le deuil des rives entre les styles pour la création unique de son genre.

Depuis le « Red Album » les pochettes sont toujours colorées, avec une teinte principale qui en notifie le nom de l'album, tonifiée par d'une présence féminine, animales, florales, et de matériaux. On les déchiffre avec autant de minutie qu'une pochette d'Iron Maiden, chaque détail compte, et met en relation avec les compositions de l'opus en question. « Stone » est la première pochette a rompre avec le thème chromatique, je n'ai pas trouvé trace de clous cette fois-ci. Premier point qui me permet de pointer la variation du groupe. Baroness est l'un des groupes les plus remarquables et les plus compétents à l'intersection du heavy metal, du hard rock et du psychédélisme, avec un mélange des Allman Brothers Band, Pink Floyd, Genesis, Neurosis, Eyehategod, Kylesa.

Les tempêtes de pluie de « Stone » m'apportent la paix intérieure,une obscurité précoce, et son tonnerre enflamme mon âme. Le groupe y agite sa mélancolie avec la douceur des mains de la pluie, et malgré l'obscurité sa musique fleurit comme une orchidée noire. Baroness compose des titres d'Americana avec la peau d'un rock stoner avec des écailles, des nerfs de sludge capiteux.

Mort à l'ancre, Baroness largue les amarres, part dans son délire d'encre vaporeuse, un art pictural qui donne vie à la musique le soin de traduire ses rêves. Il trouve toujours cette capacité explosive de lancer sa bulle émotive vers les cieux avec des lignes trémolos de guitares mélodiques, des harmonies vocales, et en même temps de faire télescoper les écumes rageuses, effrontément ténébreuses. Sans qu'il en soit une simple dualité de ton, mais plutôt une saveur unanime, les compositions des Américains parviennent à sonder dans les profondeurs sensibles, à souder toute une épopée sonique, à sourdre un geyser d'agonie et de félicité rêveuse abstraite, pour transplanter en quête de sens musicale cette traduction rêveuse.

Les paroles ailées font naître des errances poétiques noctambules éprises de songes, dont la moiteur est teintée de résilience et de souffrance. Pour une fois la production n'est pas « noyée » dans un maelstrom, ce qui permet d'entendre toutes les nuances.

Baroness nage dans son expression musicale avec une liberté de création, et de ton qui le distingue dans la branche des grands auteurs Américains. Si il paraît évolué dans un prog décousu composées de pièces détachées rouillées, il faut admettre qu'au-delà du domaine des songes, Baroness apporte une lecture vive et métaphorique de son évolution de la scène métal underground contemporaine, ainsi que de son élévation de l'Americana rock avec des titres tentaculaires et concis. Il te faut pénétrer dans ce mirage, vision, chimère, méditation, phantasme, avec la capacité d’accueillir ce qui vient à toi et en toi, sans comparaison avec la discographie du groupe, pour être au plus près.

« Une ligne directrice importante chez Baroness est que nous n’aimons pas nous répéter. Tout dépend de la volonté de prendre des risques. Quand j'étais plus jeune, le but de la musique était d'être différent, de ne pas faire la même chose, de ne pas écouter les parents ou de respecter les règles. C'est un peu bête, mais en pratique, ça marche. C'est vraiment terrifiant d'en être au sixième disque de sa carrière et de penser qu'il va falloir suivre son histoire plutôt que d'inventer continuellement. Nous avons donc redoublé d’efforts pour inventer continuellement pour voir où cela nous mène. Je pense que ce disque en est un bon reflet. Stone est beaucoup plus vivant, plus direct. » John Dyer Baizley (chanteur, guitariste, compositeur)




lundi, septembre 11 2023

Harms Way - Common Suffering


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Bâtit en 2006, composé de James Pligge – chant, Christopher Mills – batterie, Nick Gauthier – guitare, Bo Lueders – guitare, Casey Soyk – basse, Harm's Way poursuit son chemin chaotique ou/et décousu de barbelé nihiliste, tressant un d-beat thrashycore au groove salement indus.

L’angle d’attaque de ce nouvel opus vient brutaliser avec un contraste subtil, en lieu et place d’un mur en béton impassible et mural des précédents opus « Rest » et « Posthuman ». Le groupe frappe avec un tison, de fait c’est plus long à se mettre en place, même si la douleur est persistante, elle a cette adresse vicieuse d’être présente constamment.

C’est avec ce contrepoint furibard de la misanthropie à son point de confusion explosive que le producteur Will Yip (Turnstile, Code Orange) s’est acharné à donner un son moderne à cette musique suffocante, dont « Common Suffering » vient avec son paradigme de fureur et de contusion.

Le groupe y explore les thèmes des luttes personnelles autour de la santé mentale, des relations, bouleversements politiques, à la corruption, et pouvoir politique, avec des bombes à fragmentation sonique. C’est lourd, écrasant, et en même temps il y a cette fois-ci des espaces pour reprendre son souffle, des envolées de souplesse même, c’est dire. Harm's Way vient tendre sans esbrouffe mais avec subtilité, toute la toxicité latente de cet album au poison intense, fielleux. Incandescent de malice, dans la brèche d’un Fear Factory/Godflesh sous méthadone, le groupe inocule avec une inertie de sludge chaud et mélancolique, des reflets Hardcore, Crust et doomesque issu d’un venin atrabilaire, pincée poudrée du groupe Kylesa, en étant toujours aussi industriel.

« On a vraiment essayé de ne pas se contenter de parties, se souvient le guitariste Nick Gauthier. « Parfois, une direction que nous aurions pu prendre dans une chanson semblait trop évidente… Nous résolvions simplement ce problème jusqu'à ce que nous nous sentions créatifs de la direction que nous prenions. »




jeudi, juillet 13 2023

NUCLEAR POWER TRIO - Wet Ass Plutonium


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Les telluriens sont à la recherche d’une musique suffisamment cosmopolite pour les satisfaire à différents moments de la journée. Nuclear Power Trio avait sorti l'EP "A Clear and Present Rager" avec la ferveur incessante d’un funk-djent alimenté par une guitare nylon entre Animals As Leaders, Infectious Grooves et Annihilator. Formé par Greg Burgess (Allegaeon) à la guitare sous le masque de Donald Trump, Pete Webber (Havok) à la batterie sous le masque de Vladimir Poutine et Nick Schendzielos (ex-Havok, Cephalic Carnage, Job For A Cowboy) à la basse sous celui de Kim Jong-Un.

Disparu des écrans radars aussi rapidos que le kickflip de Marty McFly, le groupe revient pimpé avec les néons de la synthwave de Miami Vice, jante alliage de l'année 2179, solos intergalactique, les arrangements incluent des cordes, une véritable harpe shred, des sections de cuivres et des orchestrations de Jesse Zuretti (Marvel), pour des pistes synthwave complètes.

Les solos des invités que sont Chris Broderick (In Flames, Megadeth), Ben Ellis (Scar Symmetry), Brian Hopp (Cephalic Carnage) et Scott Carstairs (Fallujah) élèvent les chansons à des sommets inattendus.

"Nous n'arrêtions pas de dire au label, nous avons fait un excellent travail, mais ce n'est pas encore fini, et quand nous finirons, ce sera dans une position comme il ne l'a jamais été, peut-être jamais", a déclaré le guitariste principal Donny. "Vous y réfléchissez, et vous demandez vraiment à n'importe qui, vraiment, ce qui pourrait rendre 2023 incroyable, et ils vous diront que c'est" Wet Ass Plutonium ". "Donny m'a dit que c'était un" trio "… Un harpiste présidentiel et un couple sections de klaxon des services secrets plus tard, il y avait plus de 750 pistes dans le projet. Chaque fois que j'en parle, il menace de «m'envoyer par-dessus le mur», quoi que cela signifie. Je suis à peu près sûr qu'il s'agit d'un détournement de fonds gouvernementaux, mais je me tais." - a plaisanté le producteur du groupe Dave Otero (Cattle Decapitation, Archspire).

Un album de musique d’ascenseur pour geekou, une soirée cocktail dans un bar à tapas, la bande son d’un jeu électronique sur les BBQ ? Qu’importe ce que vous êtes en train de faire « Wet Ass Plutonium » est un délire à satisfaire.





jeudi, juillet 6 2023

DAD WAS A BAD MOTHER - Blurred


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Blurred » est l’album autoproduit 8 titres du quatuor lorrain DadWasABadMother basé à Metz, après leur EP « Dawning » sorti en 2018.

Un riffing accrocheur, une bonne allonge rythmique, un chant à l’aigreur mouvante (l’accent français pêche parfois) un feu que les ombres des mots font craquer dans le reflet figé de la pluie couverte de rouille, de mousse et de cratères sous un ciel noirci par l’obscurité grunge (Pearl Jam, Stone Temple Pilots, Alice in Chains) et hard blues (Led Zeppelin, Rival Sons) « Step Aside » et « A Dog Chasing Cars ».

Les âmes perdues se tordent de douleur, leur peau brûle sous la chaleur infernale de ce grunge. Leurs cris résonnent dans leurs ténèbres. Les démons soniques rient, savourant le bucher. Ces âmes qui ont choisi de se consumer dans les flammes, reflet éternel de nos passions, tensions, exaspérations, et de nos choix qui nous ont à la rédemption pour ceux qui cherchent le changement.

DadWasABadMother s’est restructuré pour tendre vers une musique épidermique, la granulométrie vocale est en adéquation avec la force rugueuse de leur musique, cousue dans l’écrin des souffrances et des flammes, pour un album de possession.


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lundi, mars 27 2023

WALKING ON CLOUDS WITH KLONE


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Nous naissons provisoirement dans une origine que le temps perméable fera ressusciter des limbes par des vibrations que l'art compose en nous. De ce lieu divin nous naissons définitivement dans notre manifeste par les sens. Assister à un concert de Klone est un épanouissement des sens orageux et de quiétude amoureuse, dans une atmosphère phosphorique.


Samantha en photographe et oim en chroniqueur, presque une heure d'avance sur l'ouverture des portes, miracle. Des nuages capricieux stagnent dans la densité de la zone, le grand voyage se profile, des percées solaires ajourent un interstice dans une faille, nous sommes dans le refuge du rêveur, dans ce prolongement d'implosion intérieure et de contemplation externe.

A côté de notre voiture un camion aménagé se gare, un couple de travellers en sort avec un vieux chien au poil gris. Le parking se peuple, nous rentrons dans la salle du Bikini. La soirée débute tôt.

Fixation, les aha du metalcore Norvégien sont apparus en 2020 et se sont rapidement fait un nom avec la sortie d'un premier E.P "Global Suicide". En 2022, ils poursuivent leur ascension avec la sortie des singles "More Alive", ''Claustrophobic" et des performances à des festivals, ainsi que des dates de tournée avec des groupes comme Leprous, Smash Into Pieces et Djerv.

Leur musique combine élément électronique, post-metal pour un tourbillon de musc et d'émotions pastel. Très peu éclairé au début avec un son très light et tight, ça prend de l'envergure au fil d'un set court, joué avec enthousiasme et énergie. Le chanteur dispose d'une belle voix, variée, charismatique et une prestance parfois un peu too much, leurs riffs permettent le décollage avec de la profondeur rythmique, la recette de Fixation reste comparable au metalcore 2.0, donc Norway 4 points.


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En 1995 Sowat a été le terreau de ce qui deviendra en 1999 Klone. Depuis des arbres majestueux se sont dressés sur l'autel d'un groupe novateur et unique.

Ce soir là il partage à nouveau la scène avec Devin Townsend pour une tournée Européenne, et une première aussi dans la salle du Bikini à Tolosa. C'est cool, par ailleurs nous serons très nombreu.ses à ressentir de la frustration au set trop court des poitevins, tant la magie émanant de leur musique se vit avec intensité . Cela me paraît à chaque fois impensable que Klone ne soit pas reconnu à la hauteur de sa musique. Il me semble que mes mots ne font que trébucher à l'orée de la densité de leur musique, parce que c'est un art des plus exquis de toucher l'âme de quelqu'un avant de toucher sa peau.


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Il y a des groupes capables de nous émouvoir de façon pérenne, de nous arrimer à leur diapason vibratoire malgré les parcours isolés de chacun. C'est la magie de la connexion, de la reconnexion, un rattachement de soi et d'émoi. Notre rapport aux vibrations musicales métamorphose l’impermanence existentielle. C'est fort, puissant, intense. La musique sait allonger le pas d'une consistance, d'une abondance de force délicate. Dans ce silence au cœur tendre qui retient sur ses lèvres la brûlure sonique, Klone nous amène dans ce pays de collision atmosphérique où les tremblements d’âme communient dans l’exaltation.

Une respiration de neige douce remplit l’espace d'une nuit ombreuse dans la salle du Bikini avant que l'aube orageuse ne vienne étourdir la demeure des songes. Ce soir Klone est un ange ténébreux entre deux draps de lin blanc, il plonge dans un soir de soie avec des vagues de lave rageuse. "Meanwhile" enregistré en février 2022 avec le producteur Chris Edrich (TesseracT, Leprous, The Ocean Collective) sera défriché en filigrane dans ce set intense.


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Le public pénétrait l’antre en s’entassant dans l'étamine à peine tamisée de lumière. Quand Klone arrive sur scène le soleil entre aussi, comme les fleurs se prosternent pour sa lumière. Le groupe ouvrait dans son velour sombre ses corolles florales avec « Elusive », et débutait avec « Rocket Smoke » un son tonitruant dont on pouvait déjà voir des personnes répandre la saignée du jour. Klone se déchaînait et nous prenions vulnérables ce cosmos de frissons sauvages, avec tous les joyaux d'intensité fiévreuse que le quintette inondait de la pureté de sa force centrifugeuse, et de sa délicate torpeur. Le groupe sait faire entendre entre murmure et crépitement, entre tonnerre et caresse, cet endroit précieux de mer immense, de houle existentielle, et des merveilles de l'éden.

Klone a sollicité les vapeurs des ténèbres afin de corroder à sa puissance ses comètes atmosphériques. Il y a là une telle vigueur sous les coups de semonces, de cendres vaporeuses, sous toutes ces foudres, il y germe une semence ou gronde un désir sonique, et une fragilité violente. Le groupe fait jaillir ses tripes, des troncs ardents de mélodie et de cristaux harmoniques, des levains volcaniques, toute la mélancolie des cieux et d'une même chair résonne les tréfonds de la nuit.

Les eaux de la tendresse révèlent cette lumière que Klone fait sourdre, fait sertir à chaque riffs. Chaque partie mélodique témoigne d’un recueil de sensibilité que le son cristallin de la guitare de Guillaume le compositeur fait mouvoir. Chaque rythme est un écueil qui vous propulse dans les ténèbres rugissantes. Cet ensemble vogue, plane, transperce, et vous mène dans le spleen. Même quand le volcan post-metal se réveille, quand il brille, tonne et crache l’intensité de son brasier, il se raccroche à son explosibilité d'une teinte de porosité sombre. Cette lave spleenétique se répand tel un ange ailé de flamme et nous montre la lumière des limbes, avec le Styx en embuscade.


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Guillaume Bernard délivrera dans ses arpèges, solos, lignes mélodiques cette boule de cristal qui communique avec la clarté océane, l’évanescence céleste et le grondement des orages. Son empreinte sonore aux textures tentaculaires est une brume envoûtante et une vérité/révélation pour l'âme.

Morgan Berthet ne pouvant assurer cette tournée, c'est le batteur Jelly Cardarelli de Disconnected, d’Adagio et Lalu qui œuvrera à l'ossature ultra-puissante du groupe, avec une rythmique grondante et mélodieuse.

Le guitariste Aldrick Guadagnino tracera une fulgurance tellurique à ses riffs et solos. Bougeant comme un diable, alternant des riffs lourds et planants. Il avait remplacé au pied levé Christian Andreu repartit dans l'hexagone pour assister à la naissance de son fils pour la tournée nord Américain de Gojira en 2022. Une charge sonique qu'il a su implanter dans le live de Klone.

Yann Ligner a allongé son puissant et subtil chant dans les eaux ténébreuses, et a flotté à fleur de peau de nénuphar dans notre émoi. La soie de son grain vocal submerge dans les songes de l’aurore une lumière baignée de mystère, à l’endroit des élans les plus purs qui ne sortent de l'âme tant qu'un ange ne les appelle.

Enzo Alfano (basse) prolongera tout le long du set de sublimes atmosphères aériennes en tissant de lourdes toiles sonores hypnotiques.

Le groupe transpire la profondeur de ces choses ineffables qui font et défont nos vies dans l’au-delà. Leur musique déploie ses ailes stratosphériques pour nous remplir avec autant de douceur que de force. Ce qu’elle dégageait nous retenait à sa nuit, à ses formes nuageuses, à sa volupté tumultueuse, nous savions que son contrôle se dissiperait au moindre modelage de notre possession, et que son étendu à ciel ouvert advenait une fois que nous ouvrions notre cœur à sa puissance.

Nous naissions à sa réverbération comme des filtres vibratoires, elle était l’empreinte d’une intimité à laquelle nous pouvions sombrer librement, à toute ivresse. « Bystander », « Night & Day » s’enchaînaient à ce drapé d'embruns et de fougères denses dans une forêt d'émeraudes.


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Quand nous avons plongé en « Immersion », mes bras s’enroulaient autour de Samantha, nous basculions ensemble à cet instant où je lui avais fait écouter ce titre des années auparavant, où je lui avais fais percevoir un univers musical qu’elle n’avait jamais entendu, vécu avec autant de profondeur, d'intensité, d'immensité, d'infini. Nous nous liquéfions en un océan de houle intérieure, où nos eaux s’évaporaient en buée et brume d’amour.

La brillance du reflet musical de la cover de Björk « Army of Me » et de « Yonder » pour le final était un océan de force vive et de vaporeuse lame de fond lacrymale, faisant émerger de manière substantielle une douceur…Et pas n’importe laquelle.

La douceur. Celle qui se répand avec chaleur, vient mourir dans les roses, nous fait évoluer en tant qu’âme. Intemporelle et inconditionnelle, elle illumine de sa grâce et de son absolution par la permanence de son soleil, de son apposition sur les cœurs, jusqu’à la place dévolue de son ombre, et au caractère âpre de son grondement.


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A toutes ces vagues que Klone a fait émerger, à ces levés d’obstacles, à cette résistance d’où les fleurs poussent à travers les fissures du macadam, le groupe puisait pendant ce concert dans cette fleur terreuse le nectar de son essence musicale, et nous offrait un bouquet vertigineux dont nous nous entrelacions dans son parfum. Nos yeux jointaient dans cette espace étoilé où nous étions immergé.es cette sérénité retentissante que leur musique recouvrait tous les bruits du monde. Nous étions dans son cocon assouvi.e, jamais éreinté.es par le vagissement déflagrateur du fracas de météore que la nuit constellait alors.

Le ciel chargé d’écumes de Klone baignait dans une braise céleste changeant le marbre en chair. Une comète d’éther venait d'un grondement tellurique et d’éternité sonique se bouleverser une fois encore en nous, et nous élever à son vertige.

Merci à Guillaume Bernard, à KLONE, Fixation, Devin Townsend, à la salle du Bikini.


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vendredi, janvier 27 2023

FAST AS A SHARK


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Nous étions le 24/01/2023, il faisait un froid de gueux, la motivation pour foutre un pied dehors parle autant que la capitale du Tadjikistan. Mais làààààààààààà, le cul à l’air s’il avait fallu, et pourquoi ?

La Mannschaft nous a balancé sa mitraille pendant 2 heures, rigoureusement, avec précision, régularité, à l’allemande quoi, avec son putain de heavy metOl âpre, rêche, dënse, øldschool. Tu comprends aisément pourquoi nous avons toujours pris des branlées monumentales face au casque à pointe teuton lors des 2 dernières guérillas.


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Nous sommes venu.es de Castres Dowtown, 85km jusqu' à la salle du Bikini à Toulouse, le parking était aussi plein qu’une barrique de fioul dans les monts de Lacaune en cette période hivernale. J'ai garé le véhicule dans un coin, au froid, peinard, nous retrouvons d’autres comparses quadra et quinquagénaires, la moyenne du soir. Je laisse l’amicale du houblon se matelasser la vessie et déblatérer avec la couillardise méridionale. Bon on se marre bien, je vois passer le présentateur Olivier Minne avec un shirt de Saxon, j’suis pas certain que c’était lui, peut-être un clone alors avé l'accent, mais tout aussi taillé (3 à 4h00 de muscu par semaine au moins). Derrière moi il y avait un groupe de personnes qui ont très certainement vu la filmographie entière de Louis De Funes dans les années 80. Attention je suis certain que ces personnes très détendues ont un stock de viagra et rien ne peut les arrêter quand il s’agit de copuler avec le Heavy MetOl.

Du pays d'Oc la soirée part d'un pet sur les côtes Anglo-saxonnes, en première partie c’est The Iron Maiden’s, le coverband féminin Américain de la vierge Britannique.

The Iron Maiden’s est un groupe féminin de heavy metal américain, originaire de Los Angeles, en Californie. Formé en 2001 par la chanteuse Jenny Warren et la bassiste Melanie Sisneros, anciens membres du groupe Wrathchild, également coverband d'Iron Médané !! Après des changements de line up dont la guitariste Courtney Cox (depuis avec Alice Cooper), le groupe se compose pour cette date de Kirsten Rosenberg (Bruce Dickinson) au chant ; Nikki Stringfield (David Murray) guitare et chœurs ; Courtney Cox (Adrian Smith) – guitare, et chœurs ; Wanda Ortiz (Steve Harris) basse et chœurs ; Linda McDonald (Nicko McBrain) batterie et chœurs. Le groupe rend hommage au groupe britannique Iron Maiden qui apprécie leur travail, et ces filles tournent dans différents pays jouant en ouverture de groupes comme Kiss, Great White, Cypress Hill, Snoop Dogg, GWAR, et Accept.

Bien interprété tout au long d’un set foutrement érectile (le son bordel, l’ingé son poussait les potards à balle dès le moindre solo), le public savourera en reprenant en chœur les hits. Ces nanas ont fouetté le public par des salves de solos intergalactiques, le chant était lui aussi parfait, et quand on connait la vigueur de Bruce Dickinson en live, l’on ne peut que saluer la prestation de la dame. Une personne grimée dans la créature d’Eddie, créée par Derek Riggs est venu pendant 2 chansons sur le devant de la scène, bon, je pense que ce n’était pas nécessaire ce subterfuge grand guignolesque.

L’on retiendra la performance, UN son maousse costaud pour une qualité d’interprétation volumineuse du répertoire de Steve Harris & co. The Iron Maiden’s le meilleur coverband de la vierge de fer.


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Entre la deuxième fournée, les coupaings pompent le houblon. Y’avait un gars, environ la bonne cinquantaine qui parlait tout seul, et bennnnnnn je ne savais pas qu’à cet âge l’on pouvait encore avoir d’ami imaginaire.

Le plat de résistance du soir : ACCEPT

Le public est venu écouter les classiques, et en même temps il prend religieusement les derniers titres avec ce sens du pèlerin qui se forge une critique en battant le fer tant qu’il est chaud. Celui du soir était fumasse, ne fallait pas y foutre les pognes au risque de se brûler ardemment.

L’esthétique musicale des Schleus se distingue par un heavy metal incisif et surpuissant. Si pour la première partie le son était opulent, tu imagines que pour la tête d’affiche le gars à la console à balancer les potards se faire foutre jusqu’à Ouarzazate. Bingo, un son chaud, rond, et percutant quand il le fallait. Merci dude !

Accept est réputé pour ces nombreuses références à la musique classique, et on le doit à son compositeur Wolf Hoffmann (le Bruce Willis Prussien) depuis 1976 et unique membre restant. Ses solos extrêmement lyriques gratifient dynamisme, mélodicité et expressivité du son du groupe. C’est aussi le moment où nous sommes au comble de la ringardise populaire en reprenant en chœur de grand airs de musique classique, dont Tchaïkovski étant un de ses compositeurs préférés. Il en a fait de nombreuses reprises au sein d'Accept : la Marche slave (Tchaikovski), La Lettre à Élise (Beethoven), la Danse du sabre (Khatchatourian), Pomp and Circumstance (Elgar) et, en live, le thème du destin de Carmen (Bizet), Dans l'antre du roi de la montagne (Grieg), le Boléro (Ravel).

Donc ces chorus seront tenacement scandés avec enthousiaste, chaleur et vigueur façon stade Pierre Fabre par le public Toulousain. (bimmm two points)


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Si dans les 80’s le groupe a connu la gloire, la relégation a pointé quand le heavy metal a passé les 90’s en étant désuet, suranné, révolu, et dépassé. Accept a bien essayé le hard FM, le metal alternatif, mais n’a fait qu’essuyer les plâtres. L’émergence pour le metal apparu depuis l’explosion du Hellfest, aura permis au vieux dinosaures du metOl de revenir des limbes et Accept à son comeback, depuis il est revenu à ses fondamentaux comme l’on dit en ovalie : Speed et heavy metal thunder, pour le reste…Va chier à la vigne.

Accept revient donc sur le devant de la scène encore plus balèze et méritant, c’est ce genre de groupe de fond, avec lequel les jeunots se sont pétés les poignées à apprendre les bases de la gratte qui torche des éclairs de feux. Et surtout qui est reconnu et adoubé par les ténors du thrash, speed (dont le groupe est l’instigateur avec le titre « Fast As Shark ») power et autres dérivés stylistique du metOl ardent. Accept détient cet art béotien fait d'acier, il a le goût métallique et des arêtes vives, son peuple se vautre dans cette fonderie avec la délectation d’un forgeron sculptant le fer et carbone pour en créer une lame étincelante.


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Pour ses lyrics Accept a souvent suscité des controverses absurdes de sympathies nazies (France et Pologne) pour l’introduction de leur chanson Fast as a Shark sur l'album "Restless and Wild", ainsi que la tenue paramilitaire du chanteur Udo Dirkschneider, alors que le groupe a de nombreux titres antinazies, antiracistes (Stone Evil, Prejudices, Objection Overruled) et antimilitaristes (Wargames, Man Enough to Cry, Walking in the Shadow, Stand Tight).

Le groupe a été accusé de sympathies soviétiques (USA) pour son opus « Russian Roulette » (1986 pendant la guerre froide), et gay-friendly notamment avec le titre « Love Child » qui traite des problèmes d'identification d'un homosexuel dans la société, activant la polémique à cause de l'imagerie provocatrice et ambiguë, cela a favorisé l'interprétation d'autres chansons de l'album « Balls to the Wall » de 1983 comme avec les titres ‘’London Leather Boys’’, ‘’Head Over Heels’’ et ‘’Turn Me On’’ sous l'angle d'une thématique homo-érotique, et apportera à l’opus d’être centré sur l'homosexualité.

Depuis les mœurs ont évolué et Accept est en sorte et malgré ses intentions premières un précurseur dans la ‘’libération’’ des gay-friendly. Rob Halfort s'en mord encore les couilles !


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La salle bourrée (à la bière) du Bikini a élargi ses cages à miel pour les vétérans du metal teutonique.

Le vieux groupe joue devant un parterre de gars qui ont déjà lâché un billet de 200 francs en téléphone et minitel rose. Mais ça les valait à l'époque (Tania la coquine savait y faire). Oui les richards Clayderman du heavy nous ont sulfaté leur muzak ferrugineuse, nous étions faits de bois, et en soufflant sans cesse sur les braises du heavy nous n'étions plus que des allumettes réduites en cendres heureuses. Pour cela il y avait trois guitaristes sur scène pour électriser les riffs d’aciérie et de solis stratosphériques. Pour gagner des places si tu avais mentionné Philip Shouse dernier gratteux en date (2019) qui a joué avec Gene Simmons et Ace Frehley (mais aussi avec John Corabi, ex-Mötley Crüe et Dead Daisies) tu résolvais l'énigme entre Accept et KISS pour répondre à Jata Live Experiences.

Les passes d'armes entre Shouse et Hoffmann ont démontré une incandescence de vélocité et de bravoure. Hey pour celles et ceux qui vont assister à la déflagration des fritz, mettez vous en haut des flammes, ça brûle moins.

La rythmique martiale a martelé avec la régularité allemande et maintenu une assise de char de combat, de toute façon avec cette cohésion et précision chirurgicale Accept a très honnêtement gagné une fois encore son statut, son culte et sa longévité, en étant le fer de lance de la charge heavy Wagnérienne.



Mark Tornillo, le chanteur, a honoré le grain vocal d'Udo avec un surplus d'âme selon moi, je le préfère, il apporte cette hargne et diablerie essentielle à l'aciérie de la Mannschaft. Puis il a la dégaine prolétaire à la cool de Brian Johnson d'AC/DC. C'est un débat vocal qui rencontre aujourd'hui encore des joutes expressives entendu dans l’enceinte du Bikini, tout comme ozzy ou ronnie chez Sabbath...

Pied au plancher le groupe a entamé son set comme les panzers de la wehrmacht dans les Ardennes Belge. Bon ben quand ça a commencé à pleuvoir du plomb avec « Restless And Wild » et « Midnight Mover », nous étions éventré.es par les pilonnages soniques de la Accept-Luftwaffe. Notre petite bande n'arrêtait pas de hurler, montant l'octave au point de contre-ut de king diamond, secouant les cheveux, les poils, les oreilles (pour les dégarnis). La charge reprenait de plus belle avec le big bang « Fast As A Shark » et son dépassement de la vitesse du son, et un « Metal Heart » inusable, pour des amplis devenues rougeâtres avec pour le final « Balls To The Wall » en extraballe et la cover des australiens en culotte courte « I’m A Rebel ».

Deux heures de plomb, d'acier et d'un heavy immortel, merci les schleus, ce n'est pas grave la mâchoire à Patrick Battiston tout compte fait, hein.

Merci aux copains, Au Bikini, à The Iron Maiden's, et Accept pour cette belle soirée !


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