presentation.gif

ACTE II

J’ai une question pour toi, vois-tu le Hellfest comme émancipateur des lignes trop permissives des puristes du heavy metal aka musiques extrêmes ? Si oui, alors tu reconnais l’existence des puristes, baptisés les trves, qui abandonnent le site au fur et à mesure de l’expropriation mainstream.

Si Julien Doré a interprété un chanteur de black-métal dans le film Pop Redemption, cela n’en fait pas un défenseur des musiques extrêmes, mais un simple acteur. Il aurait pu défendre l’esprit de la marque Citroën en réparant des ami8 comme garagiste dans un court-métrage que c’était pareil. Par contre dénaturer cette musique extrême par une approche tronquée, aseptisée, etc…Oblige ses protecteurs à la défendre pour en conserver la pureté. Qui sont-ils pour prétendre la prohiber ?

La grande différence se trouve entre écouter et entendre. Celui qui ressent la vibration d’une musique est un trve. Cette musique est composé avec des parties de lui. Il ne peut expliquer d’où lui vient cette attirance pour cette nébuleuse, comment cette étincelle a pu instantanément l’enflammer ainsi. Il cheminera et apprendra en large et en/à travers cette musique dans une spiritualité et non dans une résine brûlée par de fausses incantations. Il la ressent partout comme une aura. ‘’Maléfique senteur ammoniaquée’’ diront certains, les autres la définiront comme une essence de brûler d’envie perpétuelle.

Puriste, est ce entre pure et purin ? Le trve est un sage, mage, cartomancien, gardien de but orthodoxe, fanatique cerbère d’une antique conciergerie…Sa caricature est simple à peindre. Le trve n’aime pas que l’on change ses rituels, il a arrêté le temps. C’est l’esprit d’un vieux garçon dont les habitudes définissent l’humeur. Nostalgique et rétrograde, sa planche de salut est faite dans un bois à l’écorce dense et profonde, sa constellation a valeur de respect, il est habité par et pour. Sa maison est une caverne dans laquelle il trace aux murs les desseins de sa passion en parlant un langage ésotérique, il est oldschool, tout le reste ne sera qu’un savon à ramasser sous une douche pénitentiaire.


kermit.gif

La guitariste Nita Strauss, connue pour son travail avec Alice Cooper et Demi Lovato, a récemment fait des commentaires percutants sur la communauté Rock et Metal. Bien qu’elle se considère comme faisant partie de cet univers qu’elle décrit comme son “foyer”, Strauss n’a pas hésité à dénoncer une tendance qu’elle observe : une résistance au changement et une attitude protectrice excessive. Dans une interview accordée à Metal Hammer (via Guitar.com), Strauss a exprimé son opinion sur l’accueil souvent réservé aux artistes qui sortent des sentiers battus : “Le monde du rock et du metal — que j’aime et qui est mon chez-moi — est rempli de bébés pleurnichards.” Strauss a également évoqué son expérience sur la tournée Holy Fvck de Demi Lovato, une artiste connue pour avoir exploré des sonorités rock et metal : “Demi a fait un super album rock, alors les gens de son équipe ont engagé un groupe rock pour un show rock. Demi est une vraie fan de metal. Je passais devant sa loge, et elle écoutait Megadeth. Elle m’a même fait découvrir un excellent groupe de Deathcore, Bodysnatcher.” Elle a relevé la différence entre les fans de Lovato, qu’elle décrit comme loyaux et ouverts, et ceux de la scène metal : “Ses fans sont tellement dévoués qu’ils la suivent quoi qu’elle fasse. Contrairement aux fans de metal qui, dès qu’il y a un changement, réagissent comme si c’était une trahison.”

Strauss a également abordé le phénomène du “gatekeeping”, où certains fans cherchent à “protéger” leur scène de toute influence extérieure : “Beaucoup pensent qu’ils doivent protéger notre scène et la garder intacte — qu’aucun étranger ne peut y entrer. Ce que je trouve absurde. Si un artiste pop veut faire un album rock, tant mieux. Si un artiste rock veut faire un album R’n’B, tant mieux. La musique n’appartient à personne.” : voir article complet dans Metalzone !

Trve force de proposition unilatérale
trve_force_de_proposition_unilaterale.gif

La jeunesse des 90’s a vécu l’ascension du rap, l’avènement du métissage sonique, celle des 2000’s les revivals et la mixture des genres par le biais du ‘’duty free du web’’. Aujourd’hui la génération Z veut vivre sa life par des impulsions insolentes en adéquation avec ce qui fonde et détermine son émancipation légitime. Elle impose ses diktats et bouleverse la façon de consommer, elle a saisi que la nef fondatrice vient de l’underground, que le mélange des sous-genres définit son expansion, les nouvelles valeurs à imposer seront la définition de son essence, de son existence, de son incarnation. Dans quelques années elle deviendra elle aussi trve pour défendre sa patrie nostalgique devant son vieillissement naturel, en recevant les coups de bélier des nouvelles générations actives avec leurs nouvelles pierres sur l’édifice.

Car pour chaque transition générationnelle il y a incompréhension, la nouvelle met un poids supplémentaire là où l’ancienne croit davantage à la conservation d’une filiation à l’édifice, et pour la protection de celui-ci. Comme le panneau sur la porte : « Merci de laisser l’endroit dans l’état où vous l’avez trouvé ».

Entre l’enclume et le marteau le Hellfest a choisi de suivre l’autoroute du libéralisme pour survivre aux différents mutations de l’industrie de la musique et des artifices de la société du spectacle, quitte à vendre du concept, à faire vivre une expérience, à la croyance de faire partie d’un mythe, à l’invocation de rituel ancestral, à la magie publicitaire pour vendre la corde qui le pendra, à l’incarnation d’un trip, d’une spiritualité, pour la pérennité de passeur d’âmes soniques dans les musiques dîtes ‘’extrêmes’’.

Le drainage dans la programmation permet depuis quelques années de projeter la tendance du tri générationnel actuel, déjà par la reconnaissance des nouveaux groupes émergents, ceux au fort potentiel pour en permettre la légitimité en tête d’affiche (headliner pour les franglais), puis de pallier le déficit des vieux groupes et de leur passage redondant. Mais aussi d’affirmer sa voie sur un marché concurrentiel.

Le travail de longue haleine fut la dédiabolisation des mystères liés aux musiques extrêmes afin d’aseptiser une reconnaissance dans les médiums consensuels de France, et de trouver des partenaires et mécènes pour garantir l’expansion et son implantation dans le territoire Nantais. Ce fut pour grand nombre de découvrir que son n+1 était fan de Mayhem…Non je déconne.

Mais l’effet escompté était de faire sortir du bois des personnes ordinaires, grimées pour une occasion spéciale le temps d’un week-end hors normes, mais consciencieux de leur apporter et garantir un panel d’offres en fonction de leurs envies préférentielles. Dans un camping naturiste le statut social disparaît et au Hellfest c’est pareil, l’on ne peut différencier un employé de la poste avec un directeur d’une usine à gaz une fois que chacun se retrouve avec une casquette et un t-shirt Hellfest.

Quid de l’avenir avec le gars en veste patchée cependant ? Qui lui a en revanche défendu et défend encore sa culture et non pas le temps d’un week-end festif qu’il faut avoir coché dans une vie, comme à Vilius pendant un EVG dans une extrapolation délirante, phénoménale, anormale (encadrer la mention ressentie).

Le trve creuse dans ses ténèbres alors que l'hybride le regarde piocher sur son Iphonemac !


trve_plus_underground_que_l__underground_WBZ.gif

L’expansion du site a apporté confort, sécurité, réglementation pour rassurer et attirer les investisseurs, un public cosmopolite, hétéroclite, mais aussi asseoir une image de Park à thème familiale, passionnée, inventive, unique.

Le prix toujours plus cher permet l’espérance d’un confort dépaysant, d’une offre musicale pléthorique et déroutante (tant pour l’initié que pour le novice), siégeant ainsi en demeure grandiloquente d’une confection française, royale ‘’de luxe’’.

Tout ceci à multiplier la convoitise, au point que la demande à l’expérience Hellfest a explosé, et l’offre réduite en excite beaucoup à franchir l’étape d’obtenir le saint graal. Désormais la quantité de place demandée est égale à la quantité de notes joués par un shredder sur un triple album, instrumental. La quantité de groupes à l’affiche est de 184 pour 6 scènes, 3 scènes jouant en même temps…Les gens hurlent sur la programmation chaque année alors qu’il est impossible d’assister à tout. Tu pourrais avoir la meilleure affiche que tu souhaites mais comment ferais-tu pour assister à tous les concerts ? Comme il est impossible d’écouter tous tes disques puisque une journée comporte 24h00. Donc comme d’hab avant de crisper tes doigts dans le reflux de ton animosité sur ton clavier, inspire, expire plusieurs fois de plus en plus calmement, puis pète un coup (*), tu vas voir ça détend.

  • voir la recette du cassoulet, et il existe bien entendu une version Veg.

L’opulence des styles regroupent des milliers d’attente et est ainsi réparti tout au long du week-end. Il y a de tout pour tout le monde. Sauf que le glissement musical javélise la pente savonneuse déjà établie depuis des années antérieures vers la soustraction d’un style principal pour l’avènement de plusieurs nouveaux et énième sous-genre, davantage en adéquation avec les jeunes générations (de 15 à 30 ans). C’est le cycle du renouveau !

Si tu es trop vieux, tu sens que l’on te pousse ainsi dans un domaine à base de pêche à la ligne, d’apéro suze pétanque bière en écoutant sur un ghettoblaster l’album « Hell Awaits », jusqu’à finir par faire des ricochets avec rage, puis essayer en toute fin de repêcher les boules de pétanque dans la rivière avec le ramasse boule magnétique. Attention la suze est traite…

La pop c’est l’Antéchrist, c’est celui qui prétend œuvrer pour le bonheur global mais qui vous damne dans sa prison dorée du cycle des désirs inassouvis et asservissant...And that it's true, (ça c'est trve!)

Prochainement suite vers ACTE III...


wbz_ca_fait_reagir.gif